20 octobre

Jour de jeûne

Saint Artème, grand-martyr à Antioche (362) ; saint Caprais, martyr à Agen (303); saint Sonnace, évêque de Reims (VIIème s.) ; saint Artème de Verkolsk, enfant (1545) ; transfert des reliques de saint Gérasime le nouveau, ascète dans l’île de Céphalonie (1579) ; sainte Matrone de Chio (XVème s.) ; saints néo-martyrs de Russie : Nicolas Lioubomoudrov, prêtre (1918) ; Jean Rodionov, archiprêtre ; Nicolas Figourov, Jean Gantchev, Léonide Nikolski, Alexandre Orlov, Zosime Pepenine, Jean Retchkine, Jean Talyzine, prêtres, Michel Isaev et Pierre Kravets, diacres, Paul Botcharov (1937).

SAINT GRAND-MARTYR ARTÈME

Saint Artème
Saint Artème, grand-martyr à Antioche (362)

Le saint et glorieux martyr du Christ Artème vécut sous le règne de Constantin le Grand. De noble famille, il jouissait des faveurs de l’empereur, qui lui attribua les dignités de patrice et de duc augustal (gouverneur militaire) d’Alexandrie et de toute l’Égypte (vers 330). Mais ces honneurs ne lui firent pas perdre sa foi et son souci de répandre partout la Bonne Nouvelle du salut. À la mort de Constantin (337), l’Empire fut partagé entre ses trois fils. Constance, qui hérita de toute la partie orientale de l’Empire (de l’Illyricum à la Perse, la Palestine et l’Égypte), s’installa à Constantinople. Ayant appris que les reliques de l’Apôtre André se trouvaient à Patras (Péloponnèse) et celle de saint Luc à Thèbes (Béotie), il confia à saint Artème le soin de les transférer dans la ville impériale et de les déposer dans l’église des Saints-Apôtres.
Quelque temps après, Constance dut se rendre à Antioche avec son armée pour y combattre contre les Perses. Profitant de cette diversion, son cousin Julien s’empara de l’Empire d’Occident, que Constance avait annexé en 351, et voulut se faire proclamer empereur à sa place. Constance se mit aussitôt en route pour rétablir la situation, mais il mourut sur le chemin du retour, en Cilicie, n’ayant que le temps de recevoir le saint Baptême. Julien devint alors seul empereur (360), et il entreprit aussitôt de restaurer les anciens cultes païens, dont il croyait avoir été divinement institué nouveau prophète. Il envoya en tout lieu des édits ordonnant la restauration du culte des idoles dans les temples qui avaient été transformés en églises sous Constantin. Il interdit aux maîtres et rhéteurs chrétiens d’enseigner librement, et il fit asperger d’eau lustrale les marchés, afin de contraindre les habitants à ne manger que des aliments consacrés aux idoles, si bien que dans plusieurs endroits de l’Empire on vit fleurir à nouveau les palmes du martyre.

Julien l’Apostat s’installa à Antioche, afin de pouvoir continuer la guerre contre les Perses, et il demanda à tous les gouverneurs des provinces de venir le rejoindre avec leurs troupes. L’ordre parvint à Artème qui, fidèle aux autorités selon les recommandations de l’Écriture (Rm 13, 1-2), leva son armée et partit d’Alexandrie pour Antioche. À l’issue de ce long voyage, ils arrivèrent dans cette ville, où fut prononcé pour la première fois le nom de « chrétiens » (Act 11, 26), au moment où l’empereur faisait comparaître devant lui deux prêtres, Eugène et Macaire, pour les contraindre à renier leur foi et à se soumettre au culte insensé des dieux de l’empereur. Mais ceux-ci répliquaient bravement à tous les sophismes de Julien en proclamant la divine doctrine de la Rédemption. À court d’arguments, l’Apostat donna l’ordre de leur infliger cinq cents coups de verges. Révolté devant ce spectacle, Artème s’avança vers l’empereur et lui déclara : « Toutes tes machinations contre les chrétiens, que te suggère le diable, sont vaines et inutiles car, par la Croix du Christ, la puissance orgueilleuse des démons a été vaincue. Les dieux que tu adores sous le nom d’Hermès ou d’Apollon n’ont d’autre réalité que le bois ou le métal fondu de leurs statues inanimées. » La surprise de l’empereur se changea en fureur lorsqu’il apprit que celui qui s’adressait à lui avec une telle assurance était Artème le duc d’Égypte, qu’il soupçonnait d’avoir été l’instigateur de la mort de son frère Gaïus Constantin, césar pour l’Orient, lequel avait été assassiné sous les ordres de l’empereur Constance. Il commanda donc d’arrêter sur-le-champ Artème, de lui arracher les insignes de sa charge et de le faire comparaître devant lui le lendemain, afin que son audace soit châtiée. Sans aucun respect pour sa dignité, les soldats le ligotèrent et, après l’avoir roué de coups de fouet, ils le jetèrent en prison, tout meurtri, avec Eugène et Macaire. Plein de joie, Artème élevait sa prière vers Dieu en lui disant : « Je te remercie, Seigneur, de m’avoir rendu digne d’être soumis à la torture pour ton amour et d’être compté dans le chœur de tes saints. » Le lendemain, Eugène et Macaire furent envoyés en exil vers les régions hostiles de l’Arabie, où ils furent décapités quelque temps après (le 20 décembre) .
L’empereur se fit amener Artème et lui promit d’abord tous les honneurs dus aux familiers du souverain, et même la charge de grand prêtre de ses dieux, s’il acceptait d’abandonner la croyance de ceux qu’il nommait les « Galiléens ». De telles propositions ne pouvaient faire aucun effet sur le saint qui, avec le Christ, était déjà mort au monde et à ses illusions. Il lui sembla également inutile de faire une longue apologie du christianisme devant Julien qui avait reçu, dans sa jeunesse, une éducation chrétienne. Il se contenta de se disculper des accusations mensongères sur son rôle dans la mort de Gaïus, et d’affirmer à l’Apostat que rien au monde ne pourrait lui faire abandonner le roc de la foi. Il ne restait donc plus au despote impuissant qu’à exprimer sa rage par la torture. Il fit percer le corps du saint au moyen de broches rougies au feu. Mais à sa grande déception, pas un cri ni même un gémissement ne sortit de la bouche d’Artème. Le soir venu, le Christ lui apparut dans son cachot et le guérit de ses blessures. Réconforté par cette vision, Artème demeura quinze jours sans manger ni boire, debout, occupé jour et nuit à la prière et à la contemplation des mystères célestes.
Pendant ce temps, Julien s’était rendu à Daphni, aux environs d’Antioche, d’où il avait fait transférer les reliques de saint Babylas [4 sept.] dans un cimetière de la ville, en vue d’édifier à l’endroit de sa sépulture une statue en or d’Apollon et un temple consacré à son culte. Mais, une nuit, alors que les prêtres s’affairaient en sacrifices et prières instantes pour que le prétendu dieu daigne ouvrir sa bouche de bois et de métal pour proclamer son oracle, un feu descendit du ciel et ravagea entièrement le temple et la statue, sans que personne ne puisse l’éteindre. Rejetant la responsabilité sur les chrétiens, Julien fit alors fermer les églises qui avaient été récemment bâties, et il intensifia ses persécutions dans tout l’Empire. À Samarie (Sébaste), il ordonna de jeter au feu les reliques des prophètes Élisée et Jean-Baptiste. Dans la ville de Césarée de Philippe, il fit renverser la statue du Christ qui avait été confectionnée par l’Hémorroïse . Il donna également l’ordre de laisser les Juifs reconstruire leur temple à Jérusalem (lequel avait été détruit en l’an 70) avec les fonds de l’État, afin de manifester la tromperie des prophéties du Christ sur la fin du culte de l’ancienne Loi. Partout les chrétiens étaient persécutés avec une cruauté inouïe. C’est alors que Julien fit sortir Artème de sa prison, décidé à mettre fin à ses jours et à son influence sur le peuple. Après avoir fait couper en deux un gros rocher qui se trouvait près du théâtre, il fit étendre le saint sur l’une des parties et ordonna de laisser retomber sur son corps l’autre moitié. Lorsque la pierre s’affaissa, tous purent entendre le bruit des os qui se brisaient. On laissa ainsi le saint martyr jusqu’au lendemain, pensant qu’il avait rendu l’âme. Mais quel ne fut pas l’étonnement du tyran, lorsqu’on souleva la pierre et qu’il vit cet homme dont les os étaient broyés, les entrailles répandues à terre et les yeux arrachés, continuer à se moquer des faux dieux et à se glorifier dans la Croix du Christ. Loin de se convertir devant ce prodige, Julien ordonna de le décapiter. Artème accueillit avec joie cette sentence, et éleva ses mains vers le ciel pour rendre grâce à Dieu et prier pour le salut de l’Église. Il se rendit seul jusqu’au lieu de l’exécution, se prosterna trois fois vers l’Orient, puis il présenta avec joie sa nuque au glaive du bourreau. Une pieuse et noble dame acquit par la suite le corps du saint martyr et le fit transporter à Constantinople où, pendant des siècles, il fut vénéré avec ferveur par les fidèles et accomplit d’innombrables guérisons .

(Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras)

TROPAIRES ET KONDAKIA DU JOUR

Tropaire du saint grand-martyr Artème, ton 4

Ton Martyr, Seigneur, pour le combat qu’il a mené * a reçu de toi, notre Dieu, la couronne d’immortalité; * animé de ta force, il a terrassé les tyrans * et réduit à l’impuissance l’audace des démons; * par ses prières sauve nos âmes, ô Christ notre Dieu.

Tropaire de sainte Matrone de Chio, ton 3

Pas à pas ayant suivi le Christ, tu renonças aux charmes d’ici-bas et tu imitas la vie des Anges dans la chair, vénérable Mère, c’est pourquoi tu as fait briller des grâces de l’Esprit l’île de Chio, qui dans l’allégresse te chante: Réjouis-toi!

Tropaire de saint Gérasime le Nouveau, ton 1

Comme ange dans la chair et protecteur des croyants louons, fidèles, ce thaumaturge porteur-de-Dieu, Gérasime, le nouveau saint qui a reçu de Dieu la grâce méritée d’opérer sans cesse les guérisons, car il rend la santé aux infirmes et chasse les démons; à ceux qui le vénèrent il procure le salut.

Kondakion du saint grand-martyr Artème, ton 2

Tous ensemble, acclamons par des hymnes, comme il se doit, * le porteur de couronne, le Témoin de la foi, * Artème, le sublime martyr, * l’abondante source de merveilleuses guérisons, * car auprès du Seigneur il intercède pour nous tous.

Kondakion de saint Gérasime le Nouveau, ton 3

En ce jour, l’île de Céphalonie invite la multitude des croyants aux chants d’action de grâces pour glorifier l’illustre saint qui a brillé récemment, la gloire de l’orthodoxie, Gérasime, son patron et son fidèle protecteur.

ÉPITRE DU JOUR

Phil. III, 8-19

Je regarde toutes choses comme une perte, à cause de l’excellence de la connaissance de Jésus Christ mon Seigneur, pour lequel j’ai renoncé à tout, et je les regarde comme de la boue, afin de gagner Christ, et d’être trouvé en lui, non avec ma justice, celle qui vient de la loi, mais avec celle qui s’obtient par la foi en Christ, la justice qui vient de Dieu par la foi, afin de connaître Christ, et la puissance de sa résurrection, et la communion de ses souffrances, en devenant conforme à lui dans sa mort, pour parvenir, si je puis, à la résurrection d’entre les morts. Ce n’est pas que j’aie déjà remporté le prix, ou que j’aie déjà atteint la perfection ; mais je cours, pour tâcher de le saisir, puisque moi aussi j’ai été saisi par Jésus Christ. Frères, je ne pense pas l’avoir saisi ; mais je fais une chose : oubliant ce qui est en arrière et me portant vers ce qui est en avant, je cours vers le but, pour remporter le prix de la vocation céleste de Dieu en Jésus Christ. Nous tous donc qui sommes parfaits, ayons cette même pensée ; et si vous êtes en quelque point d’un autre avis, Dieu vous éclairera aussi là-dessus. Seulement, au point où nous sommes parvenus, marchons d’un même pas. Soyez tous mes imitateurs, Frères, et portez les regards sur ceux qui marchent selon le modèle que vous avez en nous. Car il en est plusieurs qui marchent en ennemis de la croix de Christ, je vous en ai souvent parlé, et j’en parle maintenant encore en pleurant. Leur fin sera la perdition ; ils ont pour dieu leur ventre, ils mettent leur gloire dans ce qui fait leur honte, ils ne pensent qu’aux choses de la terre.

ÉVANGILE DU JOUR

Lc VII, 31-35

À qui donc comparerai-je les hommes de cette génération, et à qui ressemblent-ils ? Ils ressemblent aux enfants assis dans la place publique, et qui, se parlant les uns aux autres, disent : Nous vous avons joué de la flûte, et vous n’avez pas dansé ; nous vous avons chanté des complaintes, et vous n’avez pas pleuré. Car Jean Baptiste est venu, ne mangeant pas de pain et ne buvant pas de vin, et vous dites : Il a un démon. Le Fils de l’homme est venu, mangeant et buvant, et vous dites : C’est un mangeur et un buveur, un ami des publicains et des gens de mauvaise vie. Mais la sagesse a été justifiée par tous ses enfants.

À propos de l'auteur

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Jivko Panev

Jivko Panev, cofondateur et journaliste sur Orthodoxie.com. Producteur de l'émission 'Orthodoxie' sur France 2 et journaliste.
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