3 avril (ancien calendrier)/16 avril (nouveau)

Grand Carême

Saint Nicétas le Confesseur, higoumène du monastère de Médice en Bithynie (824); saint Urbice, évêque de Clermont (IIème s.) saints martyrs Elpidophore, Dios, Bythonios et Galycos; saint Hillyrios ; sainte martyre Théodosie, vierge (308) ; sainte Burgondofare (ou Fare), abbesse de Faremoutiers (657); saint Joseph l’hymnographe (886) ;  saint Paul le Russe, néo-martyr grec (1683), mort par le glaive.

SAINT NICÉTAS LE CONFESSEUR

Notre saint Père Nicétas vit le jour à Césarée de Bithynie, près de Prousse. Sa mère étant décédée huit jours après sa naissance, il fut consacré à Dieu, tel un nouveau Samuel, et mis au service d’une église par son père, Philarète, qui ensuite devint moine. L’évêque de la cité prit avec lui l’enfant pour lui enseigner les saintes lettres et, vers l’âge de douze ans, il l’ordonna lecteur. Méditant avec zèle les livres saints et saisi d’une divine ardeur quand il lisait les paroles du Seigneur exhortant ses disciples à quitter le monde, il décida d’imiter l’exemple de son père et de prendre à son tour sa croix pour suivre le Christ. Il se rendit auprès d’un saint ascète, nommé Étienne, qui demeurait près de la ville dans une grotte, et vécut avec lui pendant quelque temps dans un grand renoncement. Mais l’ermite lui conseilla cependant de se livrer, pour le profit de son âme, aux épreuves de la vie commune. « Tu trouveras là, lui dit-il, l’affliction qui procure la joie et tu pourras acquérir, par les épreuves de la vie cénobitique, le discernement et le progrès dans l’ascension vers Dieu. »

L’adolescent se rendit donc au monastère du Médikion, récemment fondé au Mont Olympe de Bithynie par saint Nicéphore [4 mai]. Son obéissance exemplaire, son amour sans bornes pour son père spirituel, sa tempérance et sa patience le firent aimer de tous les frères et, cinq ans plus tard, il fut ordonné prêtre par le patriarche saint Taraise [25 fév.]. Dès son retour au monastère, saint Nicéphore, sans renoncer officiellement à son titre d’higoumène, lui confia de fait la direction de la communauté qui comptait près de cent moines, en collaboration avec un moine renommé du monastère des Symboles, Athanase, qu’il avait chargé du temporel. Le zèle pour la vertu de ces saints hommes fit du Médikion un modèle pour tous les autres monastères du temps et un véritable ciel terrestre, où jamais on entendait une seule parole vaine. Saint Nicétas était pour les frères une image vivante de toutes les vertus et il les dirigeait avec une rigueur mêlée d’une humilité pleine de douceur. Par la grâce de Dieu, qu’il avait à demeure en lui, il prédisait l’avenir et guérissait nombre de malades qui se présentaient au monastère. Mais, au bout de quelque temps, il se vit privé successivement d’Athanase et de son père spirituel, Nicéphore, et dut accepter, sous la pression des moines et du patriarche Nicéphore Ier [2 juin], la charge d’higoumène.

En ce temps-là, Léon V l’Arménien (815), ayant renouvelé la persécution contre les défenseurs des saintes icônes, convoqua à Constantinople les higoumènes les plus en vue, dans l’espoir de les attirer à son parti et de gagner ainsi par eux l’ensemble du peuple resté fidèle à l’Orthodoxie. Comme le souverain invoquait la prescription du Seigneur de prier en esprit et en vérité (Jn 4, 22) pour justifier le rejet des saintes icônes, Nicétas lui répliqua audacieusement que ceux qui, comme lui, agissent ainsi, renient la réalité de l’Incarnation de notre Seigneur Jésus-Christ. Voyant que ses arguments restaient vains et craignant la réputation de sainteté de l’higoumène du Médikion, le tyran décida de passer à la violence. Il fit jeter le saint dans un cachot, dont la seule odeur était insupportable, et le livra aux outrages et aux injures de ses envoyés, qui venaient régulièrement l’interroger.

La présence des confesseurs dans la capitale représentant une menace pour l’application de ses desseins, Léon envoya Nicétas et ses compagnons à pied, en plein hiver, au fort de Massalaia, en Asie Mineure et, sitôt parvenus à destination, il les fit revenir à Constantinople. Il leur annonça alors qu’il leur suffirait de communier une seule fois avec Théodote (815-821), lequel avait été substitué au patriarche saint Nicéphore envoyé en exil, car celui-ci possédait, prétendait-il, des icônes chez lui et les « vénérait », mais sans les « adorer ». Épuisés par un long emprisonnement et trompés par les paroles hypocrites de l’empereur, les confesseurs acceptèrent de communier avec l’intrus et convainquirent Nicétas de les imiter (Pâques 815).

Aussitôt après cet événement, le saint, brûlé de remords, s’enfuit d’abord vers l’île de Proconnèse (mer de Marmara), en vue de faire pénitence dans un lieu retiré ; puis, pensant à l’influence néfaste qu’avait eu dans l’opinion du peuple cette communion avec les hérétiques, il revint à Constantinople et se rétracta sur la place publique, en se frappant la poitrine et se condamnant pour cette faute commise par respect humain (818) . Il fut aussitôt arrêté et interné dans l’île Sainte-Glycérie, au cap Akritas, où il fut soumis pendant six années aux persécutions d’un certain Anthime, qu’on avait surnommé Caïphe à cause de son attitude cruelle envers le disciple du Christ. Enfermé dans un cachot sans lumière, nourri de quelques morceaux de pain moisi et d’eau croupie, saint Nicétas endurait avec patience ces souffrances, décidé à tout supporter jusqu’à la mort pour effacer sa faute et préserver la foi orthodoxe. Mais si son corps était oppressé de toutes manières, son âme, elle, s’élevait librement dans les hauteurs de la contemplation et Dieu lui accordait d’accomplir des miracles en faveur de ses amis en danger.

À la mort de Léon V (820), la paix étant revenue, Nicétas fut libéré, mais il ne rentra pas au Médikion. Se jugeant en effet indigne de reprendre la direction du monastère après sa chute, et décidé à offrir sa vie, si ce n’était par le martyre du sang tout au moins par celui de la conscience, il passa de lieu en lieu dans les îles proches de Constantinople, vivant seul avec Dieu et offrant l’assistance de ses prières pour la consolation des malades et des affligés. Finalement, il s’installa dans un petit domaine sur la Corne d’Or, en face de Constantinople, où il mena une vie angélique plus qu’humaine. Au bout de quelques mois, exténué par les souffrances de l’emprisonnement et par ces nouvelles austérités, il tomba gravement malade et rendit son âme à Dieu, le 3 avril 824. Un grand nombre de moines et de confesseurs de l’Orthodoxie assistèrent à ses funérailles, parmi lesquels saint Joseph de Thessalonique [14 juin], et ils accompagnèrent son corps en procession jusqu’au monastère du Médikion, où il fut déposé aux côtés de saint Nicéphore.

(Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras)

TROPAIRES ET KONDAKION

Kondakion de saint Nicétas, ton 2 :

Au ciel ayant conformé ton esprit et ta vie, dans la lumière de tes oeuvres tu brillas comme soleil, illuminant ceux qui gisaient dans les ténèbres, ici-bas, et les conduisant tous vers le Christ notre Dieu; sans cesse auprès de lui intercède pour nous.

LECTURES DE L’ANCIEN TESTAMENT

Isaïe XL, 18-31   

A qui avez-vous comparé le Seigneur ? A quel simulacre l’avez-vous assimilé? Est-ce qu’un artisan a jamais fait son image? Est-ce qu’un fondeur, en jetant de l’or dans un moule, l’a fait en or et a reproduit sa ressemblance? L’ouvrier a choisi un bois incorruptible; puis il cherche avec soin de quelle manière il posera sa statue, pour qu’elle ne soit point ébranlée. Ne savez-vous pas cela? Ne l’avez-vous pas ouï dire? Ne vous l’a-t-on pas appris dès le commencement? Ne connaissez-vous pas les fondements de la terre ? C’est Lui qui tient dans Sa main le cercle de la terre, et, comme une nuée de sauterelles, tous ceux qui l’habitent. C’est Lui qui a posé les cieux comme une voûte, et qui les a tendus comme la tente où Ton s’abrite. C’est Lui par qui règnent les princes qui sont comme un néant devant Lui. C’est Lui qui a créé la terre et la regarde comme un néant. Car les princes ne planteront pas, ils ne sèmeront pas et leur racine ne prendra pas en terre. Il a soufflé sur eux et ils se sont desséchés ; la tempête les emportera comme des broussailles. Maintenant donc, à qui m’avez-vous comparé pour que Je m’en glorifie? dit le Saint. Levez les yeux et voyez; qui vous a montré toutes ces choses ? C’est Celui qui produit au jour, selon le nombre, l’ordre de l’univers, qui dans Sa gloire les appelle tous par leur nom, et qui, dans la plénitude de Sa puissance, ne vous a rien caché. Et toi, qu’as-tu dit, Jacob? Pourquoi as-tu ainsi parlé, Israël? Ma voix est ignorée de Dieu, et mon Dieu m’a retiré sa justice, et il s’est éloigné. Et maintenant n’as-tu pas appris, n’as- tu pas entendu? Le Dieu éternel, le Dieu qui a assigné des limites à la terre ; Il ne sentira jamais la faim ni la fatigue; et il n’y a pas à pénétrer Sa sagesse. C’est Lui qui donne la force aux affamés, et non la tristesse à ceux qui sont dans la douleur. Car les adolescents auront faim, les jeunes gens seront fatigués, les hommes d’élite seront affaiblis. Mais ceux qui attendent le Seigneur trouveront des forces nouvelles; il leur poussera des ailes conme aux aiglons; ils courront, et ne seront point fatigués; ils marcheront, et n’auront pas faim .

Genèse XV, 1-15

Après ces paroles, Abram dans une vision entendit la parole de Dieu qui lui disait : sois sans crainte, Abram, je te couvre de ma protection ; ta récompense sera immense. Abram répondit : Seigneur Dieu, que me donneras-Tu ? Je m’en vais sans enfants ; mais j’ai le fils de Masec, ma servante née chez moi ; c’est Damas-Eliézer. Abram ajouta : Puisque Tu ne m’as point accordé de postérité, mon serviteur né chez moi recueillera mon héritage ! Et soudain la voix du Seigneur se fit entendre et lui dit : Ce n’est pas lui qui sera ton héritier ; il naîtra de toi celui qui aura ton héritage. Ensuite le Seigneur l’emmena dehors et lui dit : Regarde le ciel, compte les étoiles si tu le peux : telle, ajouta-t-il, sera ta postérité. Abram crut en Dieu, et sa foi, lui fut imputée à justice. Le Seigneur lui dit : Je suis le Dieu qui t’a amené de la terre des Chaldéens pour te donner en héritage cette terre. Il répondit : Seigneur Dieu, à quoi reconnaîtrai-je que j’en hériterai ? Dieu lui dit : Prends une génisse de trois ans, une chèvre de trois ans, un bélier de trois ans, un pigeon et une colombe. Abram prit les victimes, les coupa par moitiés, et plaça les moitiés vis-à-vis les unes des autres ; mais il ne divisa pas les volatiles. Et des oiseaux descendirent sur les corps, sur les moitiés de corps, et Abram s’assit à côté. Vers le coucher du soleil, Abram tomba en extase ; une terreur profonde pleine de ténèbres s’empara de lui. Et il fut dit à Abram : Apprends que ta postérité habitera une terre étrangère ; où les réduira en servitude, on les opprimera, et on les humiliera pendant quatre cents ans. Mais la nation à laquelle ils seront soumis, je la jugerai ; ensuite ils en sortiront pour venir ici avec de grandes richesses. Quant à toi, tu t’en iras en paix vers tes pères, après avoir joui d’une heureuse vieillesse.

Lecture des Proverbes XV, 7-19

Les lèvres des sages sont liées par la discrétion ;
le cœur des insensés n’offre pas de sécurité.
Les sacrifices des impies sont en abomination au Seigneur ;
les vœux des cœurs droits Lui sont agréables.
Les voies des impies sont en abomination au Seigneur ;
Il aime ceux qui suivent la justice.
L’instruction d’un cœur innocent apparaît même aux yeux des passants ; ceux qui haïssent les réprimandes finissent honteusement.
L’enfer et la perdition sont visibles pour le Seigneur;
comment n’en serait-il pas de même du cœur des hommes ?
L’ignorant n’aime point ceux qui le reprennent ;
il ne fréquente point les sages.
Le visage fleurit des joies du cœur ; il s’assombrit dans la tristesse. Un cœur droit cherche le discernement ;
la bouche des ignorants connaîtra le mal.
Tout le temps, les yeux des méchants attendent le mal ;
ceux des bons sont toujours pleins de sérénité.
Mieux vaut une modeste part, avec la crainte du Seigneur, que de grands trésors sans cette crainte.
Mieux vaut un repas hospitalier,
un plat de légumes offert avec bonne grâce et amitié,
qu’un bœuf entier servi avec de la haine.
Un homme coléreux prépare des querelles ;
un homme patient adoucit même celles qui allaient naître. L’homme patient éteindra les divisions ; l’impie les allumera. Les voies des paresseux sont semées d’épines ;
celles des hommes forts sont aplanies.

À propos de l'auteur

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Jivko Panev

Jivko Panev, cofondateur et journaliste sur Orthodoxie.com. Producteur de l'émission 'Orthodoxie' sur France 2 et journaliste.
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