« À la Directrice du Service d’État d’Ukraine pour l’Ethnopolitique et la Liberté de Conscience Bogdan O.V.
Honorée Elena Volodymyrivna !
Attestant de notre respect, nous vous remercions pour les éclaircissements concernant la procédure d’enregistrement du Statut sur la gestion de l’Église orthodoxe d’Ukraine avec les compléments et modifications qui furent adoptés le 27 mai 2022 au Concile de l’Église orthodoxe d’Ukraine.
Dans votre lettre N° 809/11-09/22 du 02.07.2022, vous indiquez que dans le but d’éclaircir les modifications dans la gestion de l’EOU avec les organes centraux et locaux du pouvoir d’État, les organes d’autogestion locale, la société civile, le SEPELC demande à l’EOU de fournir un éclaircissement écrit concernant l’article 1 section « Dispositions générales » de la rédaction renouvelée des Statuts sur le gouvernance de l’EOU.
L’Église orthodoxe d’Ukraine obtint l’indépendance et l’autonomie dans sa gestion et son organisation le 27 octobre 1990 conformément à la Gramota (Tomos) du patriarche de Moscou et de toute la Russie Alexis II. Il est dit notamment dans la Gramota : « L’Église orthodoxe d’Ukraine, unie par notre Église orthodoxe russe avec la Sainte Église catholique et apostolique, sans décision synodale de toute la Plénitude orthodoxe catholique, ne change rien en elle-même de ce qui concerne les dogmes de la foi et les saints canons ». Dans ce contexte, nous considérons comme nécessaire d’éclaircir cette formulation, qu’il faut comprendre ainsi : l’Église orthodoxe d’Ukraine (EOU) obtint l’indépendance et l’autonomie dans sa gestion et son organisation de l’Église orthodoxe russe (EOR), et par elle obtint aussi l’union avec la Sainte Église catholique et apostolique, c’est-à-dire avec les autres Églises orthodoxes. Une formulation similaire est reflétée dans les « Statuts de l’Église orthodoxe d’Ukraine (EOd’U) », où il est indiqué que « l’Église orthodoxe d’Ukraine (sou l’omophore du métropolite Epiphane NdT) est partie de l’Église une, sainte, catholique et apostolique et inséparablement unie avec la Grande Église du Christ à Constantinople et par elle avec toutes les autres Églises orthodoxes autocéphales » (article 1 section 1). De cela, on peut conclure que l’EOd’U non seulement par l’Église orthodoxe de Constantinople communique avec les autres Églises orthodoxes autocéphales, mais est aussi inséparablement unie avec l’Église orthodoxe de Constantinople.
Conformément aux statut renouvelés, l’EOU communique avec les autres Églises orthodoxes locales directement, et cela correspond à la pratique qui s’est formée au cours de plusieurs dernières décennies.
En raison de la partie suivante de la phrase de la Gramota, dans laquelle il est indiqué que « sans décision conciliaire de toute la Plénitude orthodoxe catholique, ne change rien en elle-même de ce qui concerne les dogmes de la foi et les saints canons », nous considérons comme nécessaire de préciser que dans cette phrase il s’agit d’instruction spirituelle, qui consiste en ce que l’EUI sans décision conciliaire (commune) de toutes les Églises orthodoxes du monde ne changeait pas en elle-même l’enseignement orthodoxe (dogmes de la foi et saints canons). Ainsi que l’enseignement orthodoxe pour toutes les Églises orthodoxes du monde est unique, et toutes questions qui s’y rapportent doivent être résolues de manière concilière, c’est-à-dire en commun.
Ainsi, cette formulation : « L’Église orthodoxe d’Ukraine, unie par notre Église orthodoxe russe avec la Sainte Église catholique et apostolique, sans décision conciliare de toute la Plénitude orthodoxe catholique, ne change rien en elle-même de ce qui concerne les dogmes de la foi et les saints canons », contient des instructions spirituelles concernant l’observance de l’enseignement orthodoxe, et ne prévoit aucune subordination administrative ou dépendance de l’EOU de l’EOR. Et ce ne sont pas seulement des dispositions déclaratives. Dans l’activité pratique, cela se confirme par l’indépendance et l’autonomie de l’EOI dans l’adoption de toutes décisions dans la vie ecclésiastique sans accord avec l’EOR. Par exemple, le Saint-Synode de l’EOU, qui siège à Kiev, crée indépendamment diocèse et monastères, élit et consacre évêques et nomme supérieurs de monastères. Il ouvre des paroisses de l’EOU à l’étranger. Mais ceci est l’une des principales marques d’indépendance de l’Église.
De plus, le 27 mai 2022 au Concile de l’Église orthodoxe d’Ukraine, des compléments et modifications furent apportés aus Statuts sur la gouvernance de l’Église orthodoxe ukrainienne, qui témoignent non seulement de l’indépendance administrative qui existait auparavant, mais aussi de la démarcation d’avec le patriarcat de Moscou. Il s’agit notamment du point dans lequel il était indiqué que l’Église orthodoxe ukrainienne est une partie auto-gouvernée de l’EOR. Désormais, les résolutions des Conciles de l’EOR ne constituent pas la base pour l’activité du Concile des évêques de l’EOU. Le métropolite de Kiev et de toute l’Ukraine cessa d’être membre du Saint-Synode de l’EOR. Le Primat de l’Église orthodoxe ukrainienne sera à l’avenir élu par l’épiscopat de l’EOU sans bénédiction supplémentaire. Aussi des Statuts fut exclu le point concernant la commémoration dans les services divins dans les églises et monastères de l’EOU du nom du patriarche de Moscou et de toute la Russie.
De plus, dans les Statuts fut inscrit que le centre directeur de l’Église orthodoxe ukrainienne se trouve à Kiev. Aussi au Concile furent examinées les questions de renouvellement de la préparation du saint-chrême à Kiev et d’ouverture de paroisses orthodoxes ukrainiennes à l’étranger en subordination directe de l’EOU pour les citoyens d’Ukraine. Ce qui se réalise déjà activement dans la vie ecclésiastique. Ces dispositions ont les caractéristiques d’indépendance de l’Église.
Nous attirons votre attention sur le fait que conformément à la tradition séculaire qui remonte aux temps de la Rus’ de Kiev, les offices divins dans l’EOU se déroulent en langue ecclésiastique slave. Les croyants respectent aussi fidèlement cette tradition comme symbole d’identité orthodoxe depuis le jour du Baptême de saint Vladimir. Cependant, en cas de questions concernant la langue des offices divins, elle peut être résolue par la communauté religieuse séparément, selon les besoins.
L’Église orthodoxe ukrainienne est toujours ouverte au dialogue et à l’interaction avec toutes les organisations religieuses d’Ukraine. Notre Église fait partie du Conseil œcuméniques des Églises, et aussi dans les conditions de guerre mène une mission sociale et humanitaire active dans la société ukrainienne. En même temps, nous attirons votre attention sur le fait que conformément aux canons de l’Église orthodoxe, les représentants de l’EOU – en tant que serviteurs de l’Église canonique — ne peuvent célébrer de prière commune ou d’office divin avec les représentants d’autres dénominations chrétiennes qui n’appartiennent pas à l’Orthodoxie univreselle ou ne sont pas reconnues par elle dans toute leur plénitude.
De notre côté, nous attestons de notre disposition à coopérer avec le SEPELC sur les bases de la
Avec respect,
+ Onuphre métropolite de Kiev et de toute l’Ukraine, primat de l’Église orthodoxe d’Ukraine«