6ème dimanche après la Pentecôte
Sainte Marie-Magdeleine, myrrhophore, égale aux apôtres (Ier s.) ; saint Panchaire, évêque de Besançon (vers 346) ; saint Wandrille, abbé de Fontenelle (668) ; saint Baudry, fondateur de l’abbaye de Montfaucon (VIIème s.) ; saint Ménélé, abbé en Auvergne (vers 720) ; saint Corneille de Péréyaslav (1693) ; nouveaux martyrs de Russie : Michel Nakariakov, prêtre (1918) ; Alexis Ilyinsky, prêtre (1931).
SAINTE MARIE MAGDELEINE, ÉGALE-AUX-APÔTRES
Magdala (ou Magada ou Dalmanoutha), petit village de pêcheurs situé sur la rive occidentale du lac de Génésareth, à cinq kilomètres de la ville de Tibériade, était la patrie de sainte Marie Madeleine. Vierge fortunée, elle vécut dans la crainte de Dieu et l’observation de ses commandements, jusqu’au jour où elle se trouva possédée de sept démons (cf. Mc 16, 9 ; Lc 8, 2) . Affligée et ne pouvant trouver aucun répit, elle apprit que Jésus-Christ était parvenu dans la contrée, après avoir traversé la Samarie, et qu’Il attirait de grandes foules à sa suite, par ses miracles et son enseignement céleste. Pleine d’espoir, elle courut vers Lui et, ayant assisté au miracle de la multiplication des pains et des poissons, en nombre suffisant pour nourrir plus de quatre mille hommes (Mt 15, 30-39), elle alla se jeter aux pieds du Sauveur et lui demanda de la guider sur la voie de la vie éternelle. Ayant été délivrée de cette épreuve, elle renonça à ses biens et à tout attachement au monde pour suivre Jésus dans tous ses périples, avec les Apôtres, la Mère de Dieu et d’autres pieuses femmes qui s’étaient mises à son service après avoir été guéries par lui de diverses maladies : Marie, mère de Jacques le petit et de Joset ; Marie de Clopas ; Jeanne, femme de Chouza ; Suzanne, et Salomé, mère des fils de Zébédée. Lorsqu’Il eut rempli son ministère en Galilée, le Seigneur se dirigea vers Jérusalem, malgré les avertissements de ses proches. Marie Madeleine le suivit sans hésitation, et se lia d’amitié avec Marthe et Marie de Béthanie. Alors que le Seigneur venait de délivrer un possédé qui était muet, et affirmait qu’Il chassait les démons par l’Esprit de Dieu, une voix s’éleva de la foule et s’écria : Heureuses les entrailles qui t’ont porté, et les seins qui t’ont allaité ! (Lc 11, 27). Cette voix, suppose-t-on, était celle de Marie Madeleine. Elle était présente également lors de la résurrection de Lazare, et fut alors confirmée dans sa foi au Fils de Dieu. Tandis que les autres disciples avaient abandonné le Maître au moment de son arrestation, elle le suivit jusque dans la cour du grand prêtre puis au tribunal de Pilate, elle assista à son procès inique, à sa Passion et se tint auprès de la Croix, en compagnie de la Mère de Dieu et de saint Jean le Théologien (Jn 19, 25). Tout étant accompli et le sang du Sauveur ayant coulé de son côté pour purifier la terre, Marie, surmontant la douleur, prit l’initiative de son ensevelissement. Sachant que le noble conseiller, Joseph d’Arimathie [31 juil.], avait fait creuser près de là un tombeau neuf dans le roc, elle alla le trouver et le convainquit de céder ce sépulcre pour ensevelir le Crucifié. Encouragé par la foi résolue de cette femme, Joseph obtint l’autorisation de Pilate et, prenant avec lui Nicodème, le membre du Sanhédrin qui était disciple secret de Jésus, il descendit le corps de la Croix et le déposa dans un linceul pour le mettre au tombeau. Marie Madeleine ainsi que la Mère de Dieu assistaient à la scène, et elles élevèrent alors une hymne funèbre, accompagnée de larmes, dans lesquelles brillait cependant l’espoir de la résurrection . Une fois le tombeau fermé par une grosse pierre qu’on avait roulée à l’entrée, Joseph et Nicodème se retirèrent ; mais les deux saintes femmes restèrent assises, en pleurs en face du tombeau, jusque tard dans la nuit. En quittant l’endroit, elles décidèrent, sitôt le repos du sabbat expiré, de revenir au tombeau avec des aromates, pour embaumer une fois encore le corps du Sauveur (Mc 16, 1). Ayant donc observé le repos légal, au chant du coq, alors que le premier jour de la semaine commençait à peine à poindre, Marie Madeleine et l’« autre Marie » vinrent au sépulcre. Un ange resplendissant leur apparut, accompagné d’un tremblement de terre, et leur annonça que Jésus ne se trouvait plus à l’intérieur, mais qu’Il était ressuscité (Mt 28, 1). Toutes troublées, elles ne prirent pas même le temps de regarder dans le tombeau et coururent porter la nouvelle aux Apôtres. Le Seigneur ressuscité leur apparut en chemin et les salua en disant : « Réjouissez-vous ! » Il convenait en effet qu’Il annonçât à une femme la délivrance de notre nature, déchue et condamnée à la souffrance à la suite de la faute d’Ève. En entendant leur récit, les Apôtres crurent qu’elles déliraient. Pierre, cependant, courut jusqu’au sépulcre et, se penchant, vit que seules les bandelettes s’y trouvaient, et il se retira tout perplexe. Le jour s’étant levé, Marie Madeleine se rendit pour la seconde fois sur les lieux, afin de vérifier si elle n’avait pas été victime d’une hallucination. Constatant que le tombeau était effectivement vide, elle alla l’annoncer derechef à Pierre et Jean, qui se rendirent en courant sur les lieux. Une fois les deux disciples repartis, elle resta seule près du tombeau, se demandant qui avait bien pu enlever le corps (Jn 20, 11). Deux anges vêtus de blancs apparurent alors à l’emplacement de la tête et des pieds du Seigneur, et lui demandèrent pourquoi elle pleurait. Comme elle leur répondait, les anges se levèrent soudain, avec respect. Marie se retourna et vit Jésus qui lui posa la même question. Le prenant pour le jardinier, elle demanda si c’était lui qui avait enlevé le corps. Mais dès que Jésus l’eut appelée par son nom : « Marie », reconnaissant la voix de son bien-aimé Seigneur, elle s’écria : « Rabbouni (Maître) ! » et voulut se jeter à ses pieds pour les baiser. Désirant l’attirer à une compréhension plus élevée de l’état dans lequel se trouvait son corps après la résurrection, Jésus lui dit : « Ne me touche pas, car Je ne suis pas encore monté vers le Père ! » Et Il l’envoya annoncer à ses frères ce qu’elle avait vu. Devenue pour la troisième fois « apôtre des Apôtres », Marie Madeleine resta avec les disciples et la Mère de Dieu, partageant leur joie. Elle était probablement présente au Mont des Oliviers, lors de l’Ascension, tout comme dans la chambre haute, le jour de la Pentecôte, quand le Saint-Esprit descendit sous forme de langues de feu (Act 2). On raconte que la sainte quitta ensuite Jérusalem, pour se rendre à Rome et y demander justice à l’empereur Tibère de la condamnation inique prononcée par Pilate . Se présentant devant l’empereur avec un œuf en main, elle lui déclara qu’après avoir souffert la Passion, le Christ était ressuscité, apportant à tous les hommes la promesse de la résurrection ; et l’œuf se teignit alors en rouge . Le souverain écouta sa requête et convoqua Pilate, ainsi que les grands prêtres Anne et Caïphe. Caïphe mourut en route, en Crète ; quant à Anne, il fut supplicié en étant enfermé dans une peau de buffle. Pilate, s’étant présenté au tribunal de l’empereur, essaya de se justifier en avançant les pressions exercées par les Juifs et le risque de rébellion contre l’autorité romaine. Mais César resta insensible à son apologie et le fit jeter en prison. On rapporte que, poursuivant un cerf au cours d’une partie de chasse, organisée non loin de la prison par des amis de Pilate, l’empereur décocha une flèche qui alla frapper Pilate en plein cœur. De retour à Jérusalem, Marie Madeleine suivit l’enseignement de saint Pierre. Quatre ans s’étant écoulés depuis la Résurrection, et les Apôtres s’étant dispersés dans diverses régions du monde, elle se joignit à saint Maxime, l’un des Soixante-Dix Disciples, pour aller prêcher la Bonne Nouvelle. Ils furent bientôt arrêtés par les Juifs et abandonnés, avec d’autres chrétiens, en pleine mer, sans nourriture, dans un bateau dépourvu de voile et de rames. L’embarcation fut cependant guidée par le Christ, le Pilote de notre Salut, jusqu’à Marseille, en Gaule . Ayant débarqué sains et saufs, les saints apôtres eurent à subir la faim, la soif et le mépris des habitants de l’endroit, païens forcenés qui ne leur procuraient aucun secours. Un jour que ces derniers s’étaient réunis pour un de leurs sacrifices impies, sainte Marie Madeleine se mêla courageusement à l’assemblée et les exhorta à reconnaître le seul Dieu, Créateur du ciel et de la terre. Émerveillés par son assurance et par l’éclat de son visage, les païens prêtèrent attention à ses paroles. Elle réitéra son discours devant le gouverneur romain de la province, Hypatios, qui était venu en compagnie de son épouse apporter une offrande aux idoles, afin d’obtenir une progéniture. D’abord réticent, Hypatios, à la suite de trois apparitions de la sainte, accueillit Marie et ses compagnons en son palais et demanda à être instruit de leur doctrine. Grâce à l’intercession de Marie, il obtint un enfant, mais sa femme mourut en le mettant au monde. Après un court séjour à Rome, Hypatios entreprit un pèlerinage à Jérusalem ; mais changeant soudain d’avis, il décida de retourner à l’endroit où il avait enseveli son épouse et l’enfant. Quelle ne fut pas sa stupeur de les retrouver vivants et d’apprendre qu’ils avaient survécu grâce aux prières et aux soins de sainte Marie Madeleine ! Rendant grâces à Dieu, le magistrat et toute sa maison se firent alors baptiser et devinrent de fervents proclamateurs de la Vérité. Quittant la Gaule, sainte Marie Madeleine continua ses périples missionnaires en Égypte, Phénicie, Syrie, Pamphylie et autres lieux, répandant partout la bonne odeur du Christ. Elle passa quelque temps à Jérusalem, puis partit pour Éphèse, où elle retrouva saint Jean le Théologien, partageant ses épreuves et jouissant de ses enseignements inspirés. Ayant rempli la mission que le Seigneur lui avait confiée, elle remit là son âme à Dieu, après une brève maladie, et fut ensevelie à l’entrée de la grotte, où s’endormirent ensuite les Sept Enfants [4 août]. De nombreux miracles se produisirent en cet endroit, jusqu’au jour où, presque dix siècles plus tard (899), le pieux empereur Léon VI le Sage ordonna de transférer les reliques de la sainte Égale-aux-Apôtres à Constantinople [4 mai.]. Il les reçut avec une grande dévotion, en présence de tout le peuple, et les portant sur ses épaules, aidé de son frère Alexandre, il alla les déposer dans la partie gauche du sanctuaire du monastère de Saint-Lazare, qu’il avait fondé. Survivant aux péripéties de l’histoire, la main gauche de la sainte Myrophore, qui exhale un suave parfum, est aujourd’hui vénérée au monastère athonite de Simonos Pétra, qui honore sainte Marie Madeleine comme sa seconde fondatrice.
TROPAIRES ET KONDAKIA DU JOUR
Tropaire du dimanche du 5ème ton
Fidèles, chantons et adorons le Verbe coéternel au Père et à l’Esprit, né d’une Vierge pour notre salut : car il Lui a plu, en Sa chair, de monter sur la Croix, de subir la mort et de relever les défunts par Sa glorieuse Résurrection !
Tropaire de saint Marie Magdeleine, ton 1
Le Christ qui de la Vierge est né pour nous, Marie Madeleine, tu l’as suivi, gardant ses préceptes et ses lois; et nous qui célébrons ta mémoire sacrée, avec lui nous t’acclamons et te glorifions avec amour.
Kondakion de saint Marie Magdeleine, ton 4
Le Dieu suprême en ce monde venu, sainte Myrophore, dans la chair, en vraie disciple tu l’as aimé, portant sur lui tous les désirs de ton cœur; c’est pourquoi tu accomplis de nombreuses guérisons et, passée de terre vers les cieux, tu intercèdes pour le monde en tout temps.
Kondakion du dimanche du 5ème ton
Ô mon Sauveur, Tu es descendu aux enfers, brisant ses portes comme Tout-Puissant; et avec Toi, Créateur, Tu ressuscitas les morts, brisant l’aiguillon de la mort et libérant Adam de la malédiction, ô Ami des hommes ! Aussi, tous nous Te clamons : Seigneur, sauve-nous!
ÉPÎTRE DU JOUR
Rom. XII, 6-14
Puisque nous avons des dons différents, selon la grâce qui nous a été accordée, que celui qui a le don de prophétie l’exerce selon l’analogie de la foi ; que celui qui est appelé au ministère s’attache à son ministère ; que celui qui enseigne s’attache à son enseignement, et celui qui exhorte à l’exhortation. Que celui qui donne le fasse sans calcul ; que celui qui préside le fasse avec zèle ; que celui qui pratique la miséricorde le fasse avec joie. Que la charité soit sans hypocrisie. Ayez le mal en horreur ; attachez-vous fortement au bien. Par amour fraternel, soyez pleins d’affection les uns pour les autres ; par honneur, usez de prévenances réciproques. Ayez du zèle, et non de la paresse. Soyez fervents d’esprit. Servez le Seigneur. Réjouissez-vous dans les temps d’espérance. Soyez patients dans l’affliction. Persévérez dans la prière. Pourvoyez aux besoins des saints. Exercez l’hospitalité. Bénissez ceux qui vous persécutent, bénissez et ne maudissez pas.
1Co IX,2-12 (Ste Marie Magdeleine)
Si pour d’autres je ne suis pas apôtre, je le suis au moins pour vous ; car vous êtes le sceau de mon apostolat dans le Seigneur. C’est là ma défense contre ceux qui m’accusent. N’avons-nous pas le droit de manger et de boire ? N’avons-nous pas le droit de mener avec nous une sœur qui soit notre femme, comme font les autres apôtres, et les frères du Seigneur, et Céphas ? Ou bien, est-ce que moi seul et Barnabas nous n’avons pas le droit de ne point travailler ? Qui jamais fait le service militaire à ses propres frais ? Qui est-ce qui plante une vigne, et n’en mange pas le fruit ? Qui est-ce qui fait paître un troupeau, et ne se nourrit pas du lait du troupeau ? Ces choses que je dis, n’existent-elles que dans les usages des hommes ? La loi ne les dit-elle pas aussi ? Car il est écrit dans la loi de Moïse : Tu n’emmuselleras point le bœuf quand il foule le grain. Dieu se met-il en peine des bœufs, ou parle-t-il uniquement à cause de nous ? Oui, c’est à cause de nous qu’il a été écrit que celui qui laboure doit labourer avec espérance, et celui qui foule le grain fouler avec l’espérance d’y avoir part. Si nous avons semé parmi vous les biens spirituels, est-ce une grosse affaire si nous moissonnons vos biens temporels. Si d’autres jouissent de ce droit sur vous, n’est-ce pas plutôt à nous d’en jouir ? Mais nous n’avons point usé de ce droit ; au contraire, nous souffrons tout, afin de ne pas créer d’obstacle à l’Évangile de Christ.
ÉVANGILE DU JOUR
Matth. IX, 1-8
Jésus, étant monté dans une barque, traversa la mer, et alla dans sa ville. Et voici, on lui amena un paralytique couché sur un lit. Jésus, voyant leur foi, dit au paralytique : Prends courage, mon enfant, tes péchés te sont pardonnés. Sur quoi, quelques scribes dirent au dedans d’eux : Cet homme blasphème. Et Jésus, connaissant leurs pensées, dit : Pourquoi avez-vous de mauvaises pensées dans vos cœurs ? Car, lequel est le plus aisé, de dire : Tes péchés sont pardonnés, ou de dire : Lève-toi, et marche ? Or, afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a sur la terre le pouvoir de pardonner les péchés : Lève-toi, dit-il au paralytique, prends ton lit, et va dans ta maison. Et il se leva, et s’en alla dans sa maison. Quand la foule vit cela, elle fut saisie de crainte, et elle glorifia Dieu, qui a donné aux hommes un tel pouvoir.
Lc VIII, 1-3 (Ste Marie Magdeleine)
Ensuite, Jésus allait de ville en ville et de village en village, prêchant et annonçant la bonne nouvelle du royaume de Dieu. Les douze étaient avec de lui et quelques femmes qui avaient été guéries d’esprits malins et de maladies: Marie, dite de Magdala, de laquelle étaient sortis sept démons, Jeanne, femme de Chuza, intendant d’Hérode, Susanne, et plusieurs autres, qui l’assistaient de leurs biens.