Jour de jeûne
Saints hiéromartyrs Denys l’Aréopagite, évêque d’Athènes, Rustique, prêtre, et Éleuthère, diacre (96), saint Cyprien, évêque de Toulon (VI), saint Jean le Chozébite, évêque de Césarée (VI), saint Hésychius du Mont Horeb (VI), saint Denis, reclus de la Laure des Grottes de Kiev (XV), saints néo-martyrs de Russie : Agathange, métropolite de Yaroslavl (1928
SAINT DENYS L’ARÉOPAGITE
Saint Denys vivait à Athènes à l’époque des apôtres. Issu d’une riche et noble famille, il avait acquis une telle sagesse et une vertu si éminente par les moyens que lui procurait la science païenne, qu’il avait été choisi comme l’un des neuf conseillers de l’Aréopage, tribunal suprême de la cité. Lorsque, guidé par le Saint-Esprit, le grand Apôtre Paul vint proclamer la bonne nouvelle du salut à Athènes, c’est Denys qui l’invita lui-même à prendre la parole sur l’Aréopage. Du haut de ce rocher qui surplombe la ville, le pauvre monteur de tentes dénoua les sophismes des philosophes, et révéla clairement aux Athéniens que le « Dieu inconnu » — dont leur raison naturelle leur avait donné une vague intuition — est le Seigneur du ciel et de la terre, qui a fait le monde et tout ce qui s’y trouve, et qui n’habite pas dans des temples faits de main d’homme. Il n’est pas non plus servi par des mains humaines, comme s’il avait besoin de quoi que ce soit, lui qui donne à tous vie, souffle et toutes sortes de biens (Act 17, 23-25). Il leur enseigna aussi que l’homme est fait à l’image de Dieu, et qu’il est appelé à participer à la vie de Dieu en Jésus-Christ, son Fils, qui s’est incarné, est ressuscité des morts et reviendra pour juger le monde.
En entendant parler de résurrection des morts, la plupart des auditeurs, l’intelligence enténébrée par les préjugés de la sagesse humaine, se moquèrent de saint Paul. Néanmoins quelques hommes eurent alors le cœur touché par ces paroles de vie éternelle et ils embrassèrent la foi. Parmi eux se trouvaient saint Hiérothée et saint Denys. En entendant parler de la Passion du Sauveur et des prodiges qui accompagnèrent sa mort, le sage Denys se souvint qu’en effet, plusieurs années auparavant, alors qu’il se trouvait à Héliopolis en Égypte avec d’autres sages, il avait assisté un jour à une éclipse du soleil, qui défiait toutes les lois de l’astronomie. Il s’était alors écrié : « Ou Dieu souffre ou c’est la fin du monde ! » Ainsi préparés à reconnaître Celui en qui, selon son bon vouloir, les lois de la nature sont vaincues, Denys et son maître Hiérothée écoutèrent avec avidité l’enseignement du saint Apôtre et lui demandèrent le baptême.
Après quelque temps, Paul partit pour de nouvelles tribulations en laissant saint Hiérothée comme évêque d’Athènes. Tel l’aigle qui peut regarder en face l’éclat du soleil, Hiérothée pénétrait les mystères divins, mais il livra peu de chose par écrit, préférant initier oralement et dans le secret son disciple Denys aux ineffables contemplations que Dieu lui accordait. À la mort de Hiérothée, Denys devint à son tour évêque d’Athènes et reçut de Dieu la grâce de pouvoir révéler, par écrit, les sublimes enseignements de ses maîtres sur l’infinité inexprimable de la nature divine — à laquelle conviennent seulement des expressions négatives et antinomiques (théologie apophatique ou négative) — et sur la richesse inépuisable de sa révélation par ses Noms et ses énergies (théologie affirmative ou cataphatique). Il décrivit comment le monde sensible et le monde intelligible sont unis à Dieu en une grandiose disposition hiérarchique. Il expliqua comment la hiérarchie de l’Église — de d’évêque au moine — reproduit sur la terre les neuf ordres angéliques et distribue à chacun la divine lumière selon le degré de sa purification. Certains l’ont accusé d’être un philosophe néo-platonicien déguisé, mais l’Église Orthodoxe, illuminée par les rayons lumineux de son enseignement, croit, quant à elle, que le « divin Denys », a certes emprunté le langage philosophique de son époque, mais en renversant totalement les thèses fondamentales de la philosophie païenne. Usant de ce stratagème pour montrer que la folie de la Croix a rendu folle la sagesse de ce monde (1 Cor 1), tout au long de ses écrits, il affirme que Celui qui est au-delà de tout nom et de toute essence, et qui demeure impassiblement dans la ténèbre plus que lumineuse du Silence, est apparu dans la chair pour nous faire participer à sa lumière.
Denys parvint à un si haut degré dans la contemplation, qu’il fut jugé digne d’être compté parmi les apôtres et, avec eux, il fut mystérieusement transporté à Jérusalem pour la célébration des funérailles de la Mère de Dieu. De retour à Athènes pour quelque temps, il s’employa à convertir les païens et à guider avec sagesse son troupeau spirituel.
Vers la fin du règne de Néron (vers 68), il se rendit, dit-on, à Rome pour rendre compte de ses missions à son maître saint Paul. Il assista à son martyre puis repartit pour la Grèce. De retour à Rome sous le pontificat de saint Clément [24 nov.], sur l’ordre de ce dernier, il partit avec ses disciples, le prêtre Rustique et le diacre Éleuthère, pour évangéliser la Gaule. Après avoir proclamé la Parole de vérité en de nombreux endroits, Denys s’installa à Paris, qui n’était encore qu’une petite ville plongée dans les ténèbres de l’ignorance et du paganisme. Il y bâtit une église, dans laquelle il célébrait les saints Mystères et proclamait les grandeurs de Dieu. Il accomplit aussi de nombreux miracles, si bien qu’en quelque temps ses disciples se multiplièrent et partirent répandre le saint Évangile en Grande-Bretagne et même jusqu’en Espagne.
La notoriété de saint Denys attira la jalousie du démon, lequel insinua dans la pensée de l’empereur Domitien (vers 96) que cet évêque grec, qui proclamait un nouveau Dieu, voulait fomenter des troubles et susciter la révolte contre son autorité. C’est en vain que l’on tenta de persuader Denys et ses compagnons de renier le Dieu pour lequel ils vivaient et désiraient mourir. Aussi, ce fut pour eux une joie d’apprendre qu’ils avaient été condamnés à avoir la tête tranchée. Dieu ne se contenta pas de donner au saint évêque la grâce de la connaissance et de l’enseignement, il voulut aussi montrer par son martyre que, par la foi, les chrétiens ont vaincu la mort. Après avoir été décapité, saint Denys se releva, à la stupeur de tous les assistants, prit sa tête entre ses mains et marcha ainsi sur une distance de deux milles, jusqu’à ce qu’il rencontre une femme vertueuse, nommée Catoula, à qui il remit cette précieuse relique. La plus grande partie du crâne de saint Denys est aujourd’hui vénérée au monastère de Dochiariou au Mont Athos, auquel l’empereur Alexis Comnène (xie s.) en fit don.
TROPAIRES ET KONDAKIA DU JOUR
Tropaire de saint Denys l’Aréopagite, ton 4
Maître en douceur, sobre en tout * et de noble conscience, comme prêtre, revêtu, * au Vase d’élection tu as puisé * les ineffables vérités; * tu as gardé la foi et, comme lui, * mené ta course à bonne fin; * pontife et martyr, saint Denys, * prie le Christ notre Dieu * de sauver nos âmes.
Kondakion de saint Denys l’Aréopagite, ton 8
Toi qui as franchi les portes célestes en esprit * comme disciple de l’Apôtre qui fut ravi jusqu’au troisième ciel, * tu as acquis la science parfaite des mystères ineffables, saint Denys, * et tu as illuminé ceux qui dormaient * dans les ténèbres de l’ignorance; c’est pourquoi nous te chantons: * réjouis-toi, Père célébré par tout l’univers.
Éph. III, 8-21
À moi, qui suis le moindre de tous les saints, cette grâce a été accordée d’annoncer aux païens les richesses incompréhensibles de Christ, et de mettre en lumière quelle est la dispensation du mystère caché de tout temps en Dieu qui a créé toutes choses, afin que les dominations et les autorités dans les lieux célestes connaissent aujourd’hui par l’Église la sagesse infiniment variée de Dieu, selon le dessein éternel qu’il a mis à exécution par Jésus Christ notre Seigneur, en qui nous avons, par la foi en lui, la liberté de nous approcher de Dieu avec confiance. Aussi je vous demande de ne pas perdre courage à cause de mes tribulations pour vous: elles sont votre gloire. À cause de cela, je fléchis les genoux devant le Père, duquel tire son nom toute famille dans les cieux et sur la terre, afin qu’il vous donne, selon la richesse de sa gloire, d’être puissamment fortifiés par son Esprit dans l’homme intérieur, en sorte que Christ habite dans vos cœurs par la foi; afin qu’étant enracinés et fondés dans l’amour, vous puissiez comprendre avec tous les saints quelle est la largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur, et connaître l’amour de Christ, qui surpasse toute connaissance, en sorte que vous soyez remplis jusqu’à toute la plénitude de Dieu. Or, à celui qui peut faire, par la puissance qui agit en nous, infiniment au-delà de tout ce que nous demandons ou pensons, à lui soit la gloire dans l’Église et en Jésus Christ, dans toutes les générations, aux siècles des siècles ! Amen !
Évangile du jouR
Lc VI, 46 – VII, 1
Pourquoi m’appelez-vous Seigneur, Seigneur ! et ne faites-vous pas ce que je dis ? Je vous montrerai à qui est semblable tout homme qui vient à moi, entend mes paroles, et les met en pratique. Il est semblable à un homme qui, bâtissant une maison, a creusé, creusé profondément, et a posé le fondement sur le roc. Une inondation est venue, et le torrent s’est jeté contre cette maison, sans pouvoir l’ébranler, parce qu’elle était bien bâtie. Mais celui qui entend, et ne met pas en pratique, est semblable à un homme qui a bâti une maison sur la terre, sans fondement. Le torrent s’est jeté contre elle: aussitôt elle est tombée, et la ruine de cette maison a été grande. Après avoir achevé tous ces discours devant le peuple qui l’écoutait, Jésus entra dans Capernaüm.