3 août

Carême de la Dormition

Saints Isaac, Dalmate et Fauste, moines à Constantinople (IV-Vème s.) ; saint Rajdène, protomartyr à Tsromi en Géorgie (457) ; saint Euphrone, évêque d’Autun (475) ; saint Côme, ermite en Palestine (VIème s.) ; saint Bergat, diacre à Tréguier (vers 620) ;  saint Antoine le romain, thaumaturge de Novgorod (1147) ; les 9000 Géorgiens tués à la bataille de Marabda (1625) ; saints nouveaux martyrs de Russie : Venceslas Loukanine, diacre (1918 ; Nicolas Pomerantsev, prêtre (1938).

 Sants Isaac, Dalmate et Fauste

Issu d’une famille distinguée, notre saint Père Dalmate s’était engagé dès sa jeunesse dans la profession des armes. Il servait comme officier dans la Seconde Compagnie des gardes du palais et montrait, malgré son entourage, une vive piété. Lorsqu’on rapporta à l’empereur Théodose que l’ermite syrien Isaac avait prédit à Valens sa défaite contre les Goths et qu’il lui avait annoncé sa mort misérable, le souverain vint lui rendre hommage en compagnie de Dalmate. Enchanté par l’aspect angélique d’Isaac et par ses paroles inspirées du Saint-Esprit, Dalmate vint peu après passer sept jours en sa présence, pour jouir de ses instructions. De retour à son foyer, le cœur enflammé de zèle pour Dieu, il fit part à son épouse de sa décision de renoncer au monde. Il lui céda tous ses biens, la renvoya dans sa famille avec sa fille et, emmenant avec lui son tout jeune fils, Fauste, il se rendit en hâte auprès du saint ermite. Renonçant à tout honneur et aux vains soucis de ce monde, il devint bientôt le plus éminent des disciples d’Isaac, tant par l’ardeur qu’il manifestait dans les labeurs ascétiques, que par son amour de l’hésychia et sa compassion pour les pauvres qui affluaient au monastère. C’est ainsi qu’il resta pendant tout un Carême sans manger, et le jour de l’Ascension étant arrivé, il fut transporté en extase dans l’église des Saints-Maccabées, où célébrait l’archevêque. Saint Isaac s’étant endormi en paix (406), les moines unanimes demandèrent à l’archevêque que Dalmate prenne la succession. Malgré ses réticences, le saint accepta, et il accrut ses austérités pour se rendre digne de cette charge. Il restait constamment reclus dans son monastère et refusa même d’en sortir, quand l’empereur Théodose II le pressa de venir se joindre aux processions organisées dans la ville pour apaiser la colère de Dieu lors d’un grand tremblement de terre. Par faveur qu’il avait obtenue auprès de Dieu, il acquit le pouvoir de percer les secrets des cœurs et de rendre la justice. Ce fut surtout à l’occasion de l’hérésie nestorienne que sa sainteté resplendit pour le triomphe de la Vérité. Lorsque Nestorius, dissimulant encore sa fraude, fut élu archevêque, il alla rendre visite au saint reclus. Mais Dalmate le congédia en disant : « Corrige d’abord ce que tu as caché dans ton cœur, et alors tu pourras entrer dans ma cellule ! » Une fois le prélat parti, Dalmate dit à ses moines et aux laïcs qui se trouvaient présents : « Prenez garde, car une bête méchante est entrée dans cette ville, et elle va blesser bien du monde. » Nestorius ayant dévoilé ses perfides desseins et son opinion hérétique à l’égard de la Mère de Dieu, on réunit le troisième saint Concile Œcuménique à Éphèse [9 juin]. Grâce à l’action énergique de saint Cyrille d’Alexandrie, l’hérésie fut aussitôt condamnée par les évêques ; mais les partisans de Nestorius, forts de leur ascendant sur l’empereur et la cour, espéraient encore faire échouer le Concile en empêchant toute communication avec la capitale. Saint Cyrille parvint néanmoins à faire parvenir une lettre à saint Dalmate, par l’entremise d’un homme déguisé en mendiant, qui avait caché la missive dans un bâton creux. Apprenant, à la lecture de cette lettre, que les Pères du Concile étaient menacés par les troupes impériales, Dalmate se mit en prière et reçut d’une voix céleste l’ordre de sortir de son monastère, pour la première fois depuis quarante-huit ans, afin de sauver l’Église en péril. Suivi de tous ses moines, auxquels se joignit en chemin une foule d’autres religieux et de laïcs, tenant en main des cierges et chantant des psaumes, le saint fut admis en présence de l’empereur Théodose, tout surpris de voir devant lui celui qu’il avait tant de fois convoqué sans succès. Dalmate lui lut la lettre du Concile et supplia le souverain de rendre la liberté aux évêques et d’œuvrer pour le triomphe de la vérité. Informé sur ce qui s’était réellement passé et éclairé par le saint sur les agissements de Nestorius, l’empereur envoya à Éphèse un édit ordonnant de se conformer aux décisions du Concile en ce qui concernait la déposition de Nestorius, et il prescrivit à ce dernier de se retirer dans son monastère de la région d’Antioche. En sortant du palais, Dalmate communiqua au peuple, du haut de l’ambon de l’église Saint-Mocius, la teneur de la lettre du Concile et rapporta son entretien avec l’empereur, puis il écrivit à saint Cyrille, au nom des supérieurs des monastères et des notables de la capitale, pour l’assurer de leur indéfectible soutien. C’est à la suite de ces événements, qui marquèrent une étape décisive en vue de la victoire de l’Orthodoxie, que saint Dalmate fut nommé par le Concile archimandrite et exarque de tous les monastères de la capitale, titre qui fut transmis à ses successeurs et qui fit du monastère de Dalmate, le premier des monastères de la ville et le rempart de l’Orthodoxie. Saint Maximien [21 avr.] ayant gouverné l’Église pendant peu de temps, ce fut sous l’épiscopat de saint Proclos [20 nov.] que saint Dalmate s’endormit en paix, à l’âge de quatre-vingt-cinq ans (440). Dès que se répandit la nouvelle de son décès, toute la ville se précipita au monastère, jeunes et vieux, moines et laïcs, tous tenant un cierge en main. Les funérailles furent célébrées par saint Proclos à la Grande Église, puis le corps fut ramené dans son monastère. Au bout de trois jours, un baume parfumé commença à suinter du sarcophage dans lequel le corps du saint avait été déposé, et nombre de ceux qui s’en oignirent furent guéris de leurs maux. Informé des dernières volontés du saint, l’archevêque consacra son fils Fauste higoumène et archimandrite de tous les monastères. Brillant de la grâce du Saint-Esprit, portant une barbe vénérable qui le rendait semblable à Aaron, et doté de la douceur de Moïse, saint Fauste ne se montra pas seulement l’émule des vertus de son père, mais il imita aussi son zèle pour la défense de la vraie foi lors de la condamnation d’Eutychès (448), et il hérita également de ses pouvoirs de thaumaturge. Après avoir sagement gouverné son troupeau spirituel, il partit rejoindre Isaac et Dalmate dans l’assemblée des saints, sous le règne de Marcien (450-457).

TROPAIRES ET KONDAKIA DU JOUR

Tropaire des saints Isaac, Dalmate et Fauste, ton 1

Vénérons le trio des moines saints, Dalmate et Fauste et l’illustre Isaac; la triple lampe de leur ascétique vie a dissipé la nuit des passions, illuminant de leurs saintes vertus ceux qui chantent de tout cœur: Gloire à celui qui fit des merveilles pour vous, gloire à celui qui vous a magnifiés, gloire à celui qui opère en tous, par vos prières, le salut.

Tropaire de saint Antoine le Romain de Novgorod, ton 4

Ayant quitté l’ancienne Rome, ta patrie, tu montas sur un roc qui te servit de radeau: sur lui tel un ange tu voguas surnaturellement, la divine providence te guidant, jusqu’à parvenir à Novgorod, la grande cité, où tu fondas un monastère, Antoine, Père saint, et là tu laissas la relique de ton corps comme un don sanctifié; c’est pourquoi, nous t’en prions, intercède auprès du Christ notre Dieu pour le salut de nos âmes.

Kondakion des saints Isaac, Dalmate et Fauste, ton 2

Ces astres ayant brillé par leur ascèse ici-bas et renversé les hérésies par leur foi, Dalmate, Fauste et leur maître Isaac, comme serviteurs du Christ en nos hymnes chantons-les, car en sa présence ils intercèdent pour nous tous.

Kondakion de saint Antoine le Romain de Novgorod, ton 8

Si Rome te vit naître et pousser, la grande Novgorod a vu ta floraison en la grâce de Dieu; là tu fus agréable au Seigneur par tes nombreuses peines et tes exploits; c’est pourquoi tu as reçu de lui ton pouvoir miraculeux et ton corps est demeuré de longues années à l’abri de la corruption; quant à nous, te vénérant, dans l’allégresse de nos cœurs nous te chantons: Père Antoine, réjouis-toi.

ÉPÎTRE DU JOUR

1 Cor. XIV, 6-19

De quelle utilité vous serais-je, si je venais à vous parlant en langues, et si je ne vous parlais pas par révélation, ou par connaissance, ou par prophétie, ou par doctrine ? Si les objets inanimés qui rendent un son, comme une flûte ou une harpe, ne rendent pas des sons distincts, comment reconnaîtra-t-on ce qui est joué sur la flûte ou sur la harpe ? Et si la trompette rend un son confus, qui se préparera au combat ? De même vous, si par la langue vous ne donnez pas une parole distincte, comment saura-t-on ce que vous dites ? Car vous parlerez en l’air. Quelque nombreuses que puissent être dans le monde les diverses langues, il n’en est aucune qui ne soit une langue intelligible ; si donc je ne connais pas le sens de la langue, je serai un barbare pour celui qui parle, et celui qui parle sera un barbare pour moi. De même vous, puisque vous aspirez aux dons spirituels, que ce soit pour l’édification de l’Église que vous cherchiez à en posséder abondamment. C’est pourquoi, que celui qui parle en langue prie pour avoir le don d’interpréter. Car si je prie en langue, mon esprit est en prière, mais mon intelligence demeure stérile. Que faire donc ? Je prierai par l’esprit, mais je prierai aussi avec l’intelligence ; je chanterai par l’esprit, mais je chanterai aussi avec l’intelligence. Autrement, si tu rends grâces par l’esprit, comment celui qui est dans les rangs de l’homme du peuple répondra-t-il Amen ! à ton action de grâces, puisqu’il ne sait pas ce que tu dis ? Tu rends, il est vrai, d’excellentes actions de grâces, mais l’autre n’est pas édifié. Je rends grâces à Dieu de ce que je parle en langue plus que vous tous ; mais, dans l’Église, j’aime mieux dire cinq paroles avec mon intelligence, afin d’instruire aussi les autres, que dix mille paroles en langue.

ÉVANGILE DU JOUR

Matth. XX, 17-28

Pendant que Jésus montait à Jérusalem, il prit à part les douze disciples, et il leur dit en chemin : Voici, nous montons à Jérusalem, et le Fils de l’homme sera livré aux principaux sacrificateurs et aux scribes. Ils le condamneront à mort, et ils le livreront aux païens, pour qu’ils se moquent de lui, le battent de verges, et le crucifient; et le troisième jour il ressuscitera. Alors la mère des fils de Zébédée s’approcha de Jésus avec ses fils, et se prosterna, pour lui faire une demande. Il lui dit: Que veux-tu? Ordonne, lui dit-elle, que mes deux fils, que voici, soient assis, dans ton royaume, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche. Jésus répondit: Vous ne savez ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je dois boire? Nous le pouvons, dirent-ils. Et il leur répondit: Il est vrai que vous boirez ma coupe; mais pour ce qui est d’être assis à ma droite et à ma gauche, cela ne dépend pas de moi, et ne sera donné qu’à ceux à qui mon Père l’a réservé. Les dix, ayant entendu cela, furent indignés contre les deux frères. Jésus les appela, et dit: Vous savez que les chefs des nations les tyrannisent, et que les grands les asservissent. Il n’en sera pas de même au milieu de vous. Mais quiconque veut être grand parmi vous, qu’il soit votre serviteur; et quiconque veut être le premier parmi vous, qu’il soit votre esclave. C’est ainsi que le Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie comme la rançon de plusieurs.

À propos de l'auteur

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Jivko Panev

Jivko Panev, cofondateur et journaliste sur Orthodoxie.com. Producteur de l'émission 'Orthodoxie' sur France 2 et journaliste.
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