Carême de la Nativité
Après-Fête de la Présentation au Temple de la Très-Sainte Mère de Dieu et toujours vierge Marie (jusqu’au 25 Novembre). Saint Amphiloque, évêque d’Iconium (394) ; sainte Félicité et ses sept fils : saints Janvier, Félix, Philippe, Sylvain, Alexandre, Vital et Martial, martyrs à Rome (vers 164) ; saint Clément, premier évêque de Metz (IIIème s.) ; saint Sisine, évêque de Cyzique, et Théodore d’Antioche, martyrs (IVème s.) ; saint Colomban, missionnaire, abbé de Luxeuil (615) ; saint Grégoire, évêque d’Agrigente (630) ; sainte Vulfétrude, abbesse à Nivelles (669) ; saint Trond, prêtre en Hesbaye, Belgique (vers 690) ; saint Alexandre de la Neva, prince russe (1623) ; saint Mitrophane, évêque de Voronège (1703) ; saint Antoine de lezeru-Vâlcea en Roumanie (XVIIIème s).
SAINT ALEXANDRE DE LA NEVA
À l’époque la plus critique de l’histoire mouvementée du peuple russe, saint Alexandre brilla par son courage et ses vertus de chef d’état chrétien. Énergique, vaillant, défenseur de la foi et de la justice, il reçut de Dieu la mission d’offrir sa vie au service de son peuple assailli de toutes parts. Fils de Iaroslav Vsevolodovitch, prince de Pereïaslavl-Zalesski, au nord de Moscou, saint Alexandre naquit en 1220. Dès son plus jeune âge, le prince fut initié au métier des armes et à l’art du gouvernement par son père ; mais il apprit aussi à user de l’un et de l’autre avec sagesse et modération pour la cause de la piété et de la justice, grâce à la fréquentation assidue de l’église et à la méditation des saintes Écritures. Alexandre était si beau, si vaillant et se comportait avec un tel esprit évangélique, qu’il faisait l’admiration même de ses ennemis.
En 1228, âgé de seulement dix ans, il était devenu avec son frère aîné, Théodore, prince de la fière et grande ville de Novgorod. Il fit de bonne heure l’expérience des difficultés du gouvernement, car les habitants de la ville étaient divisés par des luttes fratricides, qui opposaient les riches au pouvoir et les pauvres écrasés par les taxes et la tyrannie des notables. En 1231, cette situation fut aggravée par une terrible famine et un hiver exceptionnellement rigoureux, qui firent de nombreuses victimes. Le jeune prince manifesta alors ses vertus chrétiennes en ouvrant toutes ses réserves et en venant en aide personnellement aux riches comme aux pauvres. Il se fit ainsi aimer de ses sujets et put, peu à peu, imposer son autorité aux habitants qui avaient refusé jusque-là de le reconnaître. Ami du clergé, des moines et des pauvres, il consacrait toute son énergie à la sauvegarde de sa ville menacée.
Depuis 1223, les Tatares (Mongols), venus des steppes d’Asie centrale, avaient envahi et ravagé d’immenses territoires et, entre 1237 et 1239, ils déferlèrent sur la Russie, massacrant la population et pillant tout ce qui se trouvait sur leur passage. Ils s’emparèrent de Vladimir, mais s’arrêtèrent à environ cent kilomètres de Novgorod pour se diriger vers Kiev qu’ils réduisirent en cendres. Ils se fixèrent ensuite dans la partie sud-est de la Russie, sur un territoire d’une grande importance stratégique, la Horde d’Or , qui contrôlait l’accès à la mer Noire, au Caucase et à l’Asie centrale. Ils soumirent pour plus de deux cents ans les principautés russes à de très lourds tributs, les menaçant constamment de meurtrières invasions en cas de rébellion.
Devenu seul prince de Novgorod à la mort de son frère en 1236, Alexandre eut à affronter un danger plus pressant encore venu d’Occident : le royaume de Suède, celui de Lituanie et les chevaliers teutoniques faisaient en effet converger leurs efforts pour s’emparer des principautés russes affaiblies par l’invasion mongole et par leurs divisions. Le 15 juillet 1240, Alexandre fut contraint de réunir une faible armée pour s’opposer à une violente et massive incursion des Suédois. Mais la veille au soir, saints Boris et Gleb apparurent sur un mystérieux bateau descendant la Neva, en exhortant les rameurs célestes à se hâter pour venir au secours de leur « parent, Alexandre ». Encouragés par cette apparition et assistés par la Mère de Dieu, le jeune prince et ses hommes infligèrent alors une défaite écrasante à leurs ennemis, c’est ce qui lui valut le surnom d’Alexandre « de la Neva ». Malgré cette victoire, le peuple de Novgorod, à nouveau divisé, expulsa quelque temps après son héros. Mais, lorsque, l’année suivante, les chevaliers teutoniques, qui s’étaient emparés de Pskov, menacèrent de prendre Novgorod, on rappela en hâte Alexandre qui, sans rancune, accourut au secours de son peuple et remporta une nouvelle victoire sur les eaux glacées du lac Peïpous (5 avril 1242). Il fut alors accueilli triomphalement à Novgorod et passa les quatre années suivantes à s’opposer aux incursions répétées des Lituaniens, qu’il repoussa définitivement, en 1245, près de Vitebsk.
À la mort de son père, en 1246, Alexandre fut convoqué à la Horde d’Or, auprès du khan tatare avec les autres princes russes. L’usage voulait qu’en rendant hommage au souverain mongol, on se soumît aussi aux rites païens, sous peine de mort . Alexandre le savait, mais il ne voulait pour rien au monde trahir la sainte foi, aussi se prépara-t-il à la mort. Arrivé devant le khan, il s’inclina respectueusement devant son suzerain, mais refusa de se soumettre au rite païen, en disant : « Majesté, je te rends honneur car Dieu t’a octroyé la souveraineté, cependant je ne peux vénérer les idoles, car je suis chrétien et j’adore le seul Dieu en trois Personnes, le Créateur du ciel et de la terre ! » Le khan, impressionné par son courage et ayant été mis au courant des exploits du saint prince, ordonna qu’on ne lui fît aucun mal, et il lui offrit une hospitalité pleine d’égards. De là, Alexandre et son frère André furent envoyés auprès du grand khan, à Qaraqorum, aux extrêmes confins de la Mongolie. Alexandre revint à Novgorod en 1251, épuisé et malade après ce long voyage, mais ayant été confirmé prince de Novgorod et de Kiev, et en ayant acquis la confiance des occupants.
En 1252, André, prince de Vladimir, se révolta contre les Tatares et s’allia aux Suédois, exposant la Russie à de terribles représailles. Alexandre se rendit de nouveau à la Horde d’Or et put éviter l’invasion. Il racheta de nombreux prisonniers avec les réserves de l’État et, ayant obtenu le pouvoir sur toute la Russie, il entreprit de rassembler le peuple de Kiev dispersé. Par la suite, il se rendit une troisième, puis une quatrième fois auprès du khan pour intercéder en faveur de son peuple rebelle aux lourdes taxes et au recensement fiscal imposés par les Tatares.
À la même époque, le saint prince dut résister aux menaces persistantes de l’Ouest. Le pape de Rome, Innocent IV, avait envoyé des missionnaires vers les principautés russes pour convertir le peuple orthodoxe à la foi romaine, mais Alexandre réagit fermement en repoussant les dogmes étrangers à la tradition apostolique transmise au peuple russe par l’intermédiaire de Byzance. Les puissances catholiques levèrent alors une véritable croisade contre lui. En 1256, Suédois, Danois, Finnois et chevaliers allemands se précipitèrent vers Novgorod ; mais Alexandre repoussa la coalition et occupa même la Finlande.
En 1260, les tributs exigés par les Mongols augmentèrent à nouveau et ceux qui ne pouvaient pas s’en acquitter étaient pris comme esclaves par les mercenaires chargés du recouvrement des impôts. On enrôlait également de force de nombreux Russes pour servir dans la campagne engagée par le khan en Perse. Saint Alexandre partit à nouveau en mission à Saraï, obtint l’allégement des taxes et put éviter la conscription obligatoire. Mais, épuisé par le voyage et la maladie, il mourut en route, le 14 novembre 1263, après avoir revêtu le Grand Habit monastique sur son lit de mort, sous le nom d’Alexis.
De nombreux miracles et apparitions eurent lieu auprès de son tombeau, particulièrement à la veille des grandes victoires des Russes contre les Mongols en 1380, 1552 et 1572. En 1380, à la veille de la grande bataille de Koulikovo, les reliques de saint Alexandre furent trouvées intactes. Son culte se développa au sein du peuple, et il fut officiellement reconnu lors du Concile de Moscou de 1547. En 1721, à la suite de sa victoire contre la Suède, le tsar Pierre le Grand fit procéder à la translation des reliques de saint Alexandre à Saint-Pétersbourg, dans l’église principale de la laure qui lui avait été dédiée, et il le proclama protecteur du peuple russe .
(Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras)
TROPAIRES ET KONDAKIA DU JOUR
Tropaire de la fête de l’Entrée au temple, ton 4
C’est aujourd’hui la préface de la bienveillance de Dieu et l’annonce du salut des hommes. Dans le temple de Dieu, la Vierge se montre clairement et d’avance, elle annonce le Christ à tous. Et nous, chantons-lui d’une voix forte : Réjouis-toi, accomplissement de l’économie du Créateur.
Tropaire de saint Amphiloque, ton 4
Dieu de nos Pères, dont la clémence agit toujours envers nous, n’éloigne pas de nous ta miséricorde, mais par leurs supplications gouverne notre vie dans la paix.
Tropaire du saint prince Alexandre de la Neva, ton 4
Tel le précieux rejeton d’une pieuse racine, bienheureux Alexandre, le Christ te manifesta comme un trésor divin de la terre de Russie, un nouveau thaumaturge, très glorieux et agréable à Dieu. Assemblés pour célébrer en ce jour ta mémoire avec foi et amour, par les psaumes et les chants, nous glorifions avec joie le Seigneur qui t’a donné la grâce des guérisons. Aussi prie-Le de sauver cette cité, que le pays des tiens soit agréable à Dieu, et que les fils de la Russie soient sauvés.
Kondakion de saint Amphiloque, ton 2
Tonnerre divin, trompette de l’Esprit, planteur de la foi et cognée abattant les hérésies, Amphiloque, pontife bienheureux, sublime serviteur de la sainte Trinité, toi qui vis avec les Anges pour toujours, ne cesse pas d’intercéder pour nous tous.
Kondakion du saint prince Alexandre de la Neva, ton 8
Nous te vénérons comme une étoile étincelante, qui se leva en orient et parvint en occident, enrichissant tout ce pays par des miracles et par la bonté, illuminant ceux qui vénèrent ta mémoire avec foi, bienheureux Alexandre. Aussi nous, ton peuple, fêtons en ce jour ta dormition ; prie afin que ta patrie soit sauvée ainsi que tous ceux qui accourent à tes reliques et qui t’acclament : réjouis-toi soutien de notre cité !
Kondakion de la fête de l’Entrée au temple, ton 4
Le temple très-pur du Sauveur, la très précieuse Chambre nuptiale et Vierge, le Trésor sacré de la gloire de Dieu, est conduite en ce jour dans la maison du Seigneur, introduisant avec elle la grâce de l’Esprit divin ; les anges de Dieu proclament : « Voici le tabernacle céleste ».
ÉPITRE DU JOUR
I Thess. V, 9-13 ; 24-28
Car Dieu ne nous a pas destinés à la colère, mais à l’acquisition du salut par notre Seigneur Jésus Christ, qui est mort pour nous, afin que, soit que nous veillons, soit que nous dormions, nous vivions ensemble avec lui. C’est pourquoi exhortez-vous réciproquement, et édifiez-vous les uns les autres, comme en réalité vous le faites. Nous vous prions, frères, d’avoir de la considération pour ceux qui travaillent parmi vous, qui vous dirigent dans le Seigneur, et qui vous exhortent. Ayez pour eux beaucoup d’affection, à cause de leur œuvre. Soyez en paix entre vous. Celui qui vous a appelés est fidèle, et c’est lui qui le fera. Frères, priez pour nous. Saluez tous les frères par un saint baiser. Je vous en conjure par le Seigneur, que cette lettre soit lue à tous les frères. Que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ soit avec vous !
ÉVANGILE DU JOUR
Lc XIX, 12-28
Il dit donc : Un homme de haute naissance s’en alla dans un pays lointain, pour se faire investir de l’autorité royale, et revenir ensuite. Il appela dix de ses serviteurs, leur donna dix mines, et leur dit: Faites-les valoir jusqu’à ce que je revienne. Mais ses concitoyens le haïssaient, et ils envoyèrent une ambassade après lui, pour dire : Nous ne voulons pas que cet homme règne sur nous. Lorsqu’il fut de retour, après avoir été investi de l’autorité royale, il fit appeler auprès de lui les serviteurs auxquels il avait donné l’argent, afin de connaître comment chacun l’avait fait valoir. Le premier vint, et dit : Seigneur, ta mine a rapporté dix mines. Il lui dit : C’est bien, bon serviteur ; parce que tu as été fidèle en peu de chose, reçois le gouvernement de dix villes. Le second vint, et dit : Seigneur, ta mine a produit cinq mines. Il lui dit : Toi aussi, sois établi sur cinq villes. Un autre vint, et dit : Seigneur, voici ta mine, que j’ai gardée dans un linge ; car j’avais peur de toi, parce que tu es un homme sévère ; tu prends ce que tu n’as pas déposé, et tu moissonnes ce que tu n’as pas semé. Il lui dit : Je te juge sur tes paroles, méchant serviteur ; tu savais que je suis un homme sévère, prenant ce que je n’ai pas déposé, et moissonnant ce que je n’ai pas semé ; pourquoi donc n’as-tu pas mis mon argent dans une banque, afin qu’à mon retour je le retirasse avec un intérêt ? Puis il dit à ceux qui étaient là: Otez-lui la mine, et donnez-la à celui qui a les dix mines. Ils lui dirent : Seigneur, il a dix mines. Je vous le dis, on donnera à celui qui a, mais à celui qui n’a pas on ôtera même ce qu’il a. Au reste, amenez ici mes ennemis, qui n’ont pas voulu que je régnasse sur eux, et tuez-les en ma présence. Après avoir ainsi parlé, Jésus marcha devant la foule, pour monter à Jérusalem.