6 avril

Grand Carême. Saint Eutyque, patriarche de Constantinople (582) ; saints martyrs Jérémie et Archile, prêtre (IIIème s.) ; sainte Platonide, diaconesse à Nisibe en Syrie (308) ; les 120 martyrs anonymes de Perse (344-347) ; saint Vinebaud, évêque de Troyes (vers 623) ; saint Gennard, abbé de Flay près de Beauvais (720) ; saint Méthode, archevêque de Moravie, apôtre des Slaves (885) ; saints néo-martyrs de Russie : Pierre (Joukov) et Prokhore (Mikhaïlov) (1918) ; hiéromartyr Jean (Boïkov), prêtre (1934) ; hiéromartyr Jacques (Boïkov), prêtre (1943) ; moine Sébastien (Fomine), confesseur (1966).

SAINT EUTYQUE, PATRIARCHE DE CONSTANTINOPLE

6 avril

Notre saint Père Eutyque était originaire d’un village de Phrygie (vers 512). Il fut élevé par son grand-père, skevophylax de l’église d’Augustopolis, puis alla poursuivre ses études à Constantinople. Comprenant cependant que la sagesse de ce monde est devenue folle (cf. 1 Cor 1, 18), il songeait à embrasser la vie monastique. Mais Dieu lui montra qu’Il l’appelait à un autre service pour l’édification de l’Église, et il fut ordonné prêtre à l’âge de trente ans, par le métropolite d’Amasée, qui le destinait à la charge d’évêque de Lazique. Un autre ayant été élu, Eutyque put réaliser son saint projet et se retirer au monastère d’Amasée, dont il devint par la suite higoumène.

L’empereur Justinien (527-565), soucieux d’expurger de l’Église toutes traces de l’hérésie nestorienne, réunit alors (544) un concile local dans le but de condamner, même après leur mort, Théodore de Mopsueste, Théodoret de Cyr et Ibas d’Édesse, nommés les « Trois Chapitres ». Le métropolite d’Amasée, empêché de se rendre à ce synode pour raison de santé, envoya Eutyque pour l’y représenter. Pendant les sessions, le pieux et savant Eutyque fit l’admiration des Pères par sa connaissance approfondie de l’Écriture sainte et par son habileté à réfuter les arguments des hérétiques. Rappelant l’exemple du roi Josias, qui avait fait déterrer et brûler les ossements des idolâtres (2 Rois 23, 16), il déclara qu’on pouvait anathématiser des morts, afin de protéger l’Église contre l’influence perverse de leur doctrine.

Le patriarche saint Mènas [25 août] le prit en affection et, à la suite d’une révélation divine, il prédit qu’il serait son successeur. Effectivement, dès le décès du patriarche, Eutyque fut désigné par l’empereur pour lui succéder, à la grande joie du peuple. Dès son avènement, le bon pasteur, désirant affermir la paix de l’Église sur les bases d’un concile œcuménique, convainquit le souverain de réunir le Cinquième saint Concile Œcuménique à Constantinople (553). Présidée par saint Eutyque, en présence de cent soixante-cinq Pères, la sainte assemblée confirma la doctrine des quatre Conciles précédents et promulgua quatorze anathématismes condamnant les écrits de Théodore de Mopsueste, Théodoret de Cyr et Ibas d’Édesse, et anathématisa de plus Origène et Évagre dont les écrits, malgré leur influence considérable dans la doctrine des Pères de l’Église, avaient occasionné à cette époque le réveil d’un dangereux courant origéniste.

Le Concile ayant été clos par une grande concélébration, les Pères se séparèrent et l’Église put jouir de la paix pendant une douzaine d’années. Mais, sur l’instigation du père de l’erreur, certains sophistes attirèrent l’empereur Justinien, toujours désireux de se rallier les monophysites, dans les rets d’une nouvelle doctrine hérétique : l’aphtartodocétisme, selon laquelle le corps du Christ aurait été impassible et incorruptible par nature et le Seigneur n’aurait, par conséquent, enduré les souffrances de la Passion que par un miracle de sa volonté . Réalisant qu’une telle doctrine n’était en fait qu’un monophysisme à peine déguisé, qui remettait en cause la réalité même de l’Incarnation de notre Seigneur Jésus-Christ, saint Eutyque s’opposa de toutes ses forces à la doctrine de l’empereur et de ses théologiens de cour. Le 25 janvier 565, alors qu’il célébrait la Liturgie au palais d’Hormisdas, il fut tiré du sanctuaire par les hommes d’armes et enfermé dans un monastère de Chalcédoine. Un tribunal d’évêques complaisants à la volonté du souverain déposa le saint prélat et le condamna à l’exil, sous les prétextes risibles qu’il mangeait des viandes délicates et priait à genoux pendant de longues heures.

Après quelque temps passé dans un monastère de l’île de Prinkipo, le saint fut renvoyé dans son monastère d’Amasée, en remerciant Dieu de l’avoir jugé digne de souffrir pour la cause de la Vérité. Pendant ce séjour à Amasée, il put jouir d’une quiétude bienfaisante et accomplir de nombreux miracles pour les fidèles éprouvés qui venaient demander ses prières.

Au terme d’un exil de douze années, il fut rappelé sur le trône de Constantinople par les co-empereurs Justin II et Tibère (576). Toute la cité, des plus hauts dignitaires au simple peuple, lui réserva un vibrant accueil et, sur le chemin du retour, la foule criait : « Béni soit celui qui vient au Nom du Seigneur ! » Le saint apaisa alors par sa prière l’épidémie qui ravageait la ville depuis quelque temps et lors de la Liturgie qu’il célébra à Sainte-Sophie, il distribua la sainte Communion à la foule pendant six heures entières.

Au cours de ce second épiscopat, qui dura un peu plus de quatre ans, saint Eutyque confirma son Église dans la vraie foi, appuyant son enseignement par la puissance de ses miracles. Il s’endormit en paix le dimanche de Thomas 582, après avoir prédit à l’empereur Tibère, accouru à son chevet, qu’il le suivrait quatre mois plus tard. Son corps fut inhumé sous l’autel de l’église des Saints-Apôtres, aux côtés des reliques des saints Apôtres André, Luc et Timothée.

(Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras)

TROPAIRES ET KONDAKIA DU JOUR

Tropaire de S. Eutyque, ton 3

Saint Pontife, ayant trouvé céleste vie, de la grâce tu devins l’urne justement, sanctionnant par tes paroles et par ta vie ton ministère divin ; et tu officias comme un ange pour le Créateur, joyau de l’Église, illustre Père Eutyque; de tout obstacle puisset-elle triompher par tes prières auprès du Christ notre Dieu.

Tropaire de S. Méthode, ton 4

À nous qui célébrons comme une fête la dormition de ton saint pontife, ô notre Dieu, fais-nous grâce du haut du ciel; et les portes de ton royaume, ouvre-les-nous en brisant les liens de nos péchés par la divine médiation de Méthode, notre Père et ton disciple, Seigneur.

Kondakion de S. Eutyque, ton 8

Tous ensemble, fidèles, chantons Eutyque comme grand pontife et suprême pasteur, comme sage docteur ayant chassé les hérésies, et de tout coeur disons-le bienheureux, car il intercède auprès du Christ en faveur de nous tous. Trépas de notre Père parmi les saints, Méthode, archevêque de Moravie et docteur des Slaves.

Kondakion de S. Méthode, ton 2

Venez, tous ensemble chantons Méthode, le fidèle pontife divin, et de tout cœur disons-le bienheureux comme grand pasteur des Slaves, vénérable serviteur de la sainte Trinité, illuminateur des peuples, qu’il affermit dans la foi par ses prières auprès du Christ en faveur de nous tous.

Lectures de l’Ancien Testament

Isaïe LXV, 8-16

Ainsi dit le Seigneur : De même que s’il se trouve un grain mûr dans un verjus, on dit: Ne le gâtez point, parce que la bénédiction est en lui; ainsi ferai-Je pour l’amour d’un seul qui me sert; pour l’amour de celui-là Je ne les détruirai pas tous. Et Je délivrerai la postérité de Jacob et de Juda; elle aura pour héritage ma montagne sainte ; mes élus et mes serviteurs l’auront pour héritage, et ils y demeureront. Et il y aura dans la forêt des bergeries pour les menus troupeaux; et dans la vallée d’Achor se reposeront les bœufs de mon peuple, de ceux qui m’auront cherché. Et vous qui m’abandonnez et qui oubliez ma montagne sainte, qui dressez une table pour le démon et qui mêlez le vin pour faire des libations à la fortune, Je vous livrerai au glaive, vous tomberez sous le couteau; car Je vous ai appelés, et vous ne m’avez point obéi; J’ai parlé, et vous n’avez pas entendu, et devant moi vous avez fait le mal, et ce que Je rejetais, vous l’avez choisi. C’est pourquoi, voici ce que dit le Seigneur : Ceux qui me servent mangeront ; et vous, vous aurez faim; ceux qui me servent boiront, et vous, vous aurez soif. Ceux qui me servent vivront dans la joie, et vous, vous serez confondus; ceux qui me servent tressailliront d’allégresse et vous vous crierez dans la tristesse de votre cœur et vous hurlerez dans le déchirement de votre esprit. Et vous laisserez votre nom comme un objet de dégoût à mes élus, et le Seigneur vous détruira, et un nom nouveau sera donné à ceux qui me servent. Et ce nom sera béni sur la terre; car ils béniront le Dieu véritable; et ceux qui jureront sur la terre jureront par le Dieu véritable ; ils oublieront leur ancienne affliction, qui ne reviendra plus en leur cœur.

Genèse XLVI, 1-7

Israël étant parti avec tout ce qu’il possédait, arriva au puits du serment, et il offrit un sacrifice au Dieu de son père Isaac. Et Dieu, pendant la nuit, parla, en une vision, à Israël, disant : Jacob, Jacob; celui-ci répondit : Qu’y a-t-il ? Le Seigneur lui dit : Je suis le Dieu de tes pères, ne crains pas de descendre en Égypte. Je t’y ferai chef d’une grande nation. Je descendrai avec toi en Égypte, et je ne cesserai de te grandir jusqu’à ta mort, et Joseph te fermera les yeux. Jacob se leva du puits du serment, et les fils d’Israël firent monter leur père, avec ses femmes et ses richesses, sur les chars que Joseph avait envoyés pour les transporter. Et ayant pris tout ce qui leur appartenait, tout le bétail qu’ils avaient acquis dans la terre de Chanaan, ils entrèrent en Égypte : Jacob, et, avec lui, toute sa race, Ses fils et les fils de ses fils, ses filles et les filles de ses filles ; car il avait conduit en Égypte toute sa race.

Proverbes XXIII, 15 – XXIV, 5

Mon fils, si ton cœur est sage, tu réjouiras aussi mon cœur ; et si tes lèvres sont droites, elles converseront avec mes lèvres. Que ton cœur ne porte point envie aux pécheurs ; mais sois toujours dans la crainte de Dieu. Car si tu observes ces choses, tu auras des descendants, et ton espérance ne sera pas trompée. Écoute, mon fils, et sois sage ; et maintiens droites les pensées de ton cœur. Ne sois pas buveur de vin ; évite les longs banquets et la profusion des viandes. Car l’ivrogne et le débauché mendieront ; le paresseux sera revêtu de haillons en lambeaux. Écoute, mon fils, le père qui t’a engendré, et ne méprise pas ta mère parce qu’elle a vieilli. Un père juste élève bien ses enfants, et la sagesse d’un fils réjouit son âme. Que ton père et ta mère se réjouissent en toi, et que celle qui t’a enfanté soit heureuse. Mon fils, donne- moi ton cœur ; que tes yeux gardent mes voies. La maison étrangère est comme un tonneau percé ; il est étroit le puits de l’étranger. Celui qui les recherche périra bientôt, et tout pécheur sera détruit. Pour qui les gémissements ? Pour qui le trouble ? Pour qui les contestations ? Pour qui les ennuis et les entretiens frivoles ? Pour qui les repentirs inutiles ? Pour qui les yeux livides ? N’est-ce pas pour ceux qui passent leur temps dans l’ivresse et qui hantent les lieux où l’on boit ? Ne vous enivrez pas ; mais faites votre société des hommes justes, et fréquentez-les publiquement. Car si vos yeux s’arrêtent sur les fioles et les coupes, plus tard vous marcherez plus nu qu’un pilon à mortier. L’homme ivre finit par s’étendre comme si un serpent l’avait mordu ; le venin se répand sur lui comme de la dent d’un reptile. Si tes yeux regardent une femme étrangère, la langue aussitôt divaguera, et tu seras gisant comme au sein de la mer, et comme un pilote au milieu de l’orage. Et tu diras : On m’a frappé, et je n’en ai pas souffert ; on s’est joué de moi, et je ne m’en suis pas douté ; quand viendra l’aurore, pour m’en aller encore chercher des hommes avec qui je puisse me retrouver ? Mon fils, ne rivalise point avec les méchants, et ne désire pas être avec eux. Car leur cœur médite des fraudes, et leurs lèvres disent des paroles affligeantes. La sagesse bâtit sa maison ; l’intelligence la dirige ; avec la doctrine on remplit les celliers de tout ce qu’il y a de riche, de précieux et de bon. Mieux vaut le sage que le fort, et un homme de bon sens que de vastes domaines.

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Jivko Panev

Jivko Panev, cofondateur et journaliste sur Orthodoxie.com. Producteur de l'émission 'Orthodoxie' sur France 2 et journaliste.
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