Une réunion d’experts entre des représentants de la Commission européenne et des défenseurs internationaux des droits humains s’est tenue à Bruxelles pour discuter de la situation autour de l’Église orthodoxe ukrainienne – sous l’omophore du métropolite Onuphre (EOU) – et du respect de la liberté de conscience en temps de guerre. Ont participé aux échanges les représentants de l’UE Martin Mulek et Vincent Depaigne, ainsi que les chercheurs Nikolaï Mitrokhine, Yustina Panina, Dimitri Krihan et le journaliste et défenseur des droits humains Denys Lapin.
Les inquiétudes des défenseurs des droits : l’EOU devient une « cible symbolique ».
Les défenseurs des droits humains ont exprimé leur préoccupation face aux pressions croissantes exercées sur l’EOU. Selon le sociologue Nikolaï Mitrokhine, ces pressions s’expliquent moins par des enjeux de sécurité que par une tentative de créer dans la société l’image d’un « ennemi intérieur ».
Les chercheurs ont souligné que l’EOU adopte une position patriotique, apporte une aide aux militaires et aux réfugiés, et que le nombre réel d’affaires anti-étatiques visant des membres du clergé reste extrêmement faible au regard de l’ampleur de l’Église.
Les participants ont également attiré l’attention sur la montée de la stigmatisation des croyants. Le nombre d’agressions et de cas de pression sociale augmente — des incidents qui ne sont pas nécessairement liés à l’action directe de l’État, mais qui se déroulent dans un climat médiatique de plus en plus hostile.
Il a également été souligné que l’EOU maintient une rhétorique pacifique, ce qui en fait une « cible commode » dans un contexte de polarisation politique.
Certains experts ont établi des parallèles entre les pratiques actuelles en Ukraine et le système soviétique de contrôle de la sphère religieuse, ainsi qu’avec la politique russe, où des groupes vulnérables sont régulièrement qualifiés « d’extrémistes » sans fondements solides.
Dimitri Krihan a indiqué qu’un tel mécanisme peut être utilisé pour mobiliser une partie de la société et consolider le soutien politique en temps de guerre.
Position de l’UE : équilibre entre sécurité et droits fondamentaux
Les représentants de la Commission européenne ont confirmé que les questions de liberté de conscience demeurent intégrées au processus de négociation de l’adhésion de l’Ukraine à l’UE. Bruxelles évoque régulièrement les droits humains — y compris la liberté religieuse et la liberté de la presse — dans son dialogue avec Kiev.
Les responsables européens ont souligné la nécessité de respecter les droits fondamentaux même en temps de guerre, et précisé que toute restriction imposée aux organisations religieuses doit être proportionnée et fondée sur des procédures juridiques claires.
La discussion a également abordé l’état actuel de la communication entre les autorités ukrainiennes et l’EOU, que les participants jugent encore lente et insuffisamment transparente.
Les défenseurs des droits humains ont averti que la montée d’une rhétorique négative autour de l’EOU pourrait mener à une radicalisation accrue de l’opinion publique. Selon eux, des tensions sociales grandissantes se manifestent déjà à travers des cas isolés de violence et d’hostilité envers les fidèles et le clergé.
Les experts ont souligné que l’absence de dialogue constructif entre l’État et les communautés religieuses complique la situation et pourrait avoir des conséquences à long terme pour le pluralisme religieux dans le pays.
La partie européenne a déclaré qu’elle continuerait d’analyser les informations fournies et de les considérer dans ses consultations ultérieures avec Kiev. Les défenseurs des droits humains ont exprimé leur disponibilité à fournir des documents et données factuelles supplémentaires.