Une nouvelle page commence aujourd’hui pour l’église Saint-Procope à Tirana, car après plus de trente ans de patience et de « liens » bureaucratiques, cette église, qui avait été convertie en restaurant par le régime athée d’Enver Hodja, est revenue à qui elle appartenait, à l’Église orthodoxe. À cette occasion, l’archevêque Anastase n’a pas manqué de faire référence à la « captivité » dans laquelle les biens ecclésiastiques se trouvent toujours en Albanie, car le gouvernement dans de nombreuses régions du pays les détient encore, sans les avoir rendus à leur propriétaire légitime. Le samedi 8 juillet, l’église historique de saint Procope, située dans une partie centrale de la capitale albanaise, a célébré la fête de son saint protecteur. La divine Liturgie a été présidée par l’évêque de Byllis Astios, en concélébration avec les prêtres de l’église et de l’archevêché de Tirana, et en présence de Sa Béatitude l’archevêque Anastase de Tirana, Durrës et toute l’Albanie. L’église Saint-Procope est l’un des nombreux exemples de lieux de culte orthodoxes qui, lors du régime dictatorial athée d’Enver Hodja, avaient été transformés en lieux de divertissement. En effet, cette église, dont la présence remonte au XVIIIème siècle, avait été transformée en restaurant, car son emplacement, dans le parc de Tirana, permettait aux « inspirateurs d’un monde meilleur » d’offrir des moments de détente aux habitants de la capitale albanaise. Cependant, le « monde meilleur » n’est jamais venu. Il a commencépeu à peu à s’effondrer comme un château de cartes dans les premières années des années 1990. Là où beaucoup pensaient que Dieu était mort, l’Église orthodoxe, avec pour devise « Le Christ est ressuscité », s’est relevée. À travers une variété de difficultés. L’une d’elles étaient les lieux de cultes. Ils avaient été en grande partie rasés et, au mieux, étaient devenus des cinémas, des gymnases, des lieux de loisirs. Depuis lors et jusqu’à aujourd’hui, une lutte devait commencer qui, en raison des difficultés et des obstacles posés par l’État albanais, n’a pas été surmontée. L’archevêque d’Albanie a évoqué ces difficultés lors de son bref discours lors de la fête de saint Procope avant-hier, appelant les fidèles à louer Dieu pour la grande joie du retour définitif de l’édifice à l’Église orthodoxe. « Louons Dieu pour les nombreux dons qu’il nous a accordés pendant toutes ces années. Je me souviens qu’il y a trente ans, nous avons fait la grande procession depuis l’église de l’Annonciation pour venir ici, alors que c’était encore un restaurant selon les ordres donnés par le gouvernement athée. Il n’était pas du tout certain qu’ils nous la laisseraient faire, mais les jeunes étaient en tête et nous sommes venus dire à tout le monde ici que nous ne venions pas pour arrêter leurtravail, qu’ils trouveraient un autre emploi et que nous les y aiderions. Nous avions espéré que nous obtiendrions très vite la permission de reconstruire l’église Saint–Procope, il n’est pas facile d’imaginer l’Albanie sans difficultés. Nous avons donc attendu trente ans. Dieu merci, après de nombreux efforts, le maire m’a annoncé que tout était terminé sur lepapier, que ce terrain très important au cœur du parc appartenait désormais à l’Église orthodoxe et que nous pouvions procéder à la reconstruction de l’ancienne église », a déclaré l’archevêque.Cependant, la lutte continue de rendre digne et juste le retour définitif des biens ecclésiastiques. « Encore une fois, ce n’était pas très simple parce que malheureusement, notre gouvernement a encoregardé la propriété dans de nombreuses régions d’Albanie et nos finances ne sont pas simples du tout. Nous avons un grand nombre de terrains sur la rive de la mer ionienne, mais d’autres personnes s’empressent, en collaboration avec les autorités, de s’en emparer. Nous continuons à parler de justice et de vérité », a-t-il ajouté. Malgré les obstacles qui peuvent exister à cause des difficultés qui surgissent, ce qui est positif, c’est que l’Albanie commence à se familiariser avec une vieille coutume des orthodoxes, celle du don. Sa Béatitude a remercié un jeune homme d’affaires, Michalis Deligiorgis, qui s’est annoncé pour prendre en charge les coûts de la reconstruction. « Ce qui est très remarquable dans la nouvelle phase de Saint-Procope, c’est qu’un membre de notre Église s’est annoncé pour prendre en chargetous les coûts de la reconstruction de l’édifice. C’est un jeune homme qui travaille en Albanie depuis trente ans maintenant et qui a créé une entreprise depuis rien. Donc, à partir de lundi, nous aurons ici un chantier. Aujourd’hui, notre frère bien-aimé Michalis Deligiorgis a entrepris ce don. Il est temps de retrouver la vieille tradition des orthodoxes, la tradition des donateurs », a-t-il déclaré. « Tout ce que l’Église orthodoxe possède, elle le doit à ses membres et, tandis que ceux qui avaient maintes foiscombattu l’Église et pensaient l’avoir anéantie, ellese réjouit encore une fois de la résurrection et du nouveau progrès. Je tiens à vous féliciter tous, tout d’abord le père Élie et tous les membres de la paroisse ici. Vous avez fait croître la fraternité, l’amour mutuel au sein de votre paroisse. Félicitations également à la chorale qui chante avec beaucoup de cœur et à tous ceux qui ont contribué. Il est très significatif que l’une des plus belles parties de la capitale de l’Albanie ait un bel espace qui sera un havre de prière, de consolation, de renouveau spirituel et d’espoir d’un cheminement vers l’avenir. Demandons à Dieu de nous accorder quelque chose de la pureté de saint Procope, de son endurance, de sa patience et, surtout, de son amour, qu’il a vécu dans le Christ, rayonnant d’espérance et de force pour tous ceux qui l’honorent. Une fois de plus, que notre cheminement à nous tous soit béni », a conclu Sa Béatitude.