Saint Jean Chrysostome, archevêque de Constantinople (407) ; saints martyrs Antonin, Nicéphore et Germain, sainte martyre Manathas, à Césarée de Palestine (vers 308) ; saint Mitre, martyr à Aix-en-Provence (vers 300) ; saint Brice, évêque de Tours (444) ; saint Quintien, évêque de Clermont (vers 527) ; saint Amand, évêque de Rennes (IVème s.) ; saint Dalmas, évêque de Rodez (vers 580) ; sainte Maxellende, vierge, martyre à Cambrai (vers 670) ; saint moine et néo-martyr Damascène de Constantinople (1681).
SAINT JEAN CHRYSOSTOME
Astre radieux dans le firmament des saints, colonne de l’Église et docteur de l’univers, saint Jean vit le jour vers 349 à Antioche, de parents chrétiens : Secundus — qui était général de l’armée stationnée en Syrie — et Anthouse, une femme admirable de foi et de piété. Celle-ci devint veuve alors qu’elle avait à peine vingt ans et, au lieu de se remarier, elle préféra consacrer le reste de sa vie à Dieu et à l’éducation de son fils. Elle inspira à Jean l’amour de la chasteté et planta en lui les semences des vertus. Lui-même témoignait d’ailleurs d’une nature ardente pour la piété et la justice, d’un zèle intrépide et d’un courage inébranlable. Sa mère lui donna une éducation soignée dans les lettres helléniques auprès des meilleurs maîtres, dont le célèbre Libanios. Ses dons pour l’art oratoire étaient tels qu’on pensait faire de lui un brillant avocat en vue d’un service dans la chancellerie impériale, et Libanios désirait l’avoir comme successeur. Mais Jean ne se laissa pas happer par les vanités du monde. Baptisé à l’âge de dix-huit ans, et ordonné lecteur quelque temps après, il se tourna dès lors vers la vraie Philosophie, celle des saints. À partir de son baptême, personne ne l’entendit jamais prononcer ni injure, ni mensonge, ni médisance, ni même se complaire dans la raillerie ou la critique de son prochain. Il se revêtit vraiment du Christ, en s’ornant de la parure des vertus par un combat intense et quotidien. À l’exemple de son ami Basile, avec lequel il partageait le même amour de Dieu, il délaissa toutes relations mondaines pour se retirer dans la maison familiale et y pratiquer l’ascèse. Très sévère envers lui-même, le jeune homme se livrait avec ardeur au jeûne, à la veille et à la prière, sans jamais se permettre aucune distraction. Il restait en permanence seul avec Dieu dans le silence, attentif à repousser les élans de la volupté comme ceux de la colère. Il fit si bien qu’il acquit très tôt la capacité de prier sans distraction et de garder en toute circonstance une intelligence impassible et une douceur inébranlable. Quand, plus tard, il lui arrivait de s’emporter dans ses sermons, c’était toujours pour la correction de ses ouailles et sans jamais perdre la souveraine maîtrise de lui-même. Lorsqu’il parvint à l’âge de vingt-cinq ans, la réputation de sa vertu s’était déjà répandue et l’évêque d’Antioche voulut le faire prêtre, mais l’humble Jean, effrayé par la grandeur redoutable de cette charge, préféra la fuite et, grâce à une sainte ruse, parvint à faire ordonner son ami Basile à sa place .
À la mort de sa mère, il put réaliser le désir qu’il nourrissait depuis longtemps, à savoir de renoncer totalement au monde et d’aller se retirer parmi les moines qui vivaient dans les montagnes aux environs d’Antioche. Il se plaça sous la direction d’un ascète syrien, dans l’obéissance, la pauvreté absolue, le jeûne et la prière. Les moines se levaient chaque jour vers minuit et priaient ensemble jusqu’au lever du soleil, puis chacun rentrait dans sa cellule pour y passer, dans le silence, le reste du jour, occupés à d’humbles travaux ou à la méditation de la sainte Écriture. Pour toute nourriture, ils ne prenaient qu’un peu de pain et de sel, après le coucher du soleil. Ensuite ils s’entretenaient quelques instants de sujets spirituels avant de prendre un léger repos. Au bout de près de quatre ans de ce mode de vie, dans lequel il se montra un modèle pour ses frères, Jean décida de se retirer pour vivre seul à seul avec Dieu dans une grotte du mont Sylpios, dans laquelle il put se livrer aux combats les plus acharnés pour soumettre la chair à l’esprit. Il passa toute cette période sans jamais s’asseoir, même pour dormir, et prenait un peu de repos en se suspendant par les épaules à une corde accrochée au plafond. Tout son temps était consacré à la prière et à la méditation de l’Écriture sainte, dont il tira une connaissance d’une profondeur unique. Il s’exposa cependant à de telles austérités, qu’au bout de deux ans il fut atteint d’une grave maladie des reins et dut retourner à Antioche. Pendant cette brève période de vie monastique, Jean acquit une extraordinaire connaissance des choses divines et, malgré son jeune âge, il commença à enseigner par la rédaction de plusieurs traités sur la vie spirituelle.
Peu après son retour à Antioche (381), il fut ordonné diacre par saint Mélèce [12 fév.], et fut élevé à la prêtrise, quelques années plus tard, par le successeur de ce dernier, Flavien (386). Le peuple accueillit son pasteur avec allégresse et saint Jean assuma pendant douze ans la véritable direction spirituelle de la grande métropole, qui souffrait d’une situation ecclésiastique déplorable depuis de nombreuses années. On raconte qu’au moment de son ordination, certaines personnes virent une colombe blanche se poser sur sa tête et, de fait, la grâce du Saint-Esprit qui, le jour de la Pentecôte, descendit sur les Apôtres sous la forme de langues de feu, habita désormais Jean et donna à sa parole la puissance du feu divin. Son éloquence était si brillante qu’il réunissait la ville entière à chacun de ses sermons dans les différentes églises, et déclenchait un si grand enthousiasme chez ses auditeurs qu’il était souvent interrompu par un tonnerre d’applaudissements. Ses paroles étaient semblables aux eaux abondantes du fleuve qui réjouit la cité de Dieu (Ps 45, 5) ; elles pénétraient profondément dans les cœurs et élevaient les âmes vers Dieu, leur inculquant l’amour de la vertu.
De tous les Pères de l’Église, c’est sans doute saint Jean qui excella le plus dans l’éloquence, c’est pourquoi, de son vivant, on prit bientôt l’habitude de l’appeler CHRYSOSTOME, c’est-à-dire « Bouche d’or ». Sa prédication se fondait surtout sur la sainte Écriture, dont il avait laborieusement savouré le miel dans la solitude. Il aimait en expliquer le sens littéral et montrer l’unité du plan divin qu’elle révèle, en l’appliquant toujours à la vie chrétienne immédiate. Il sondait l’abîme des mystères divins et contemplait la richesse des dogmes, mais il savait montrer que ceux-ci trouvent leur rayonnement dans les vertus évangéliques, en particulier l’aumône, la justice, l’humilité, la pénitence et la componction du cœur fondée sur la confiance en la grandeur infinie de la miséricorde divine. C’est pourquoi on l’a souvent appelé le « Prédicateur de la Miséricorde » et l’« Œil éclairé de la pénitence ». Mais il ne se contentait pas d’assurer le ministère de la prédication, il organisait aussi les œuvres de bienfaisance, dirigeait les cérémonies et les prières, s’occupait de chacun comme de sa propre âme, et arbitrait des affaires publiques, comme il le fit, par exemple, lorsque les statues de l’empereur Théodose furent renversées par le peuple (387). Sans l’intervention du saint, cette révolte aurait entraîné de sanglantes répressions.
En 397, l’archevêque de Constantinople, saint Nectaire [11 oct.], mourut et son siège vacant devint l’objet d’âpres convoitises, en particulier de la part de Théophile, l’archevêque d’Alexandrie qui, jaloux de l’influence grandissante de la ville impériale, voulait y placer un de ses hommes de confiance, Isidore. Cependant la renommée de saint Jean avait largement dépassée les limites de la province d’Antioche et il paraissait comme le seul véritablement digne d’assumer ce ministère. Sous la pression du premier ministre, Eutrope, l’empereur Arcade le désigna comme archevêque et le fit venir à Constantinople, grâce à un stratagème, pour le mettre devant le fait accompli, car on savait bien que son humilité n’aurait jamais accepté une telle charge. Il fut intronisé le 26 février 398 par Théophile, qui lui garda une profonde rancune. Aussitôt devenu évêque, Jean fit briller avec éclat son talent d’orateur et sa sainteté. Il prêchait en tout lieu sans se lasser, réunissant des foules immenses qui l’écoutaient avec enthousiasme. Il témoignait de son amour paternel envers ses fidèles en s’adressant à eux avec familiarité, se réjouissant de leur progrès dans la vertu et versant des larmes lorsque ses leçons restaient sans résultat.
Étranger à une reconnaissance servile envers les grands de la cour, qui avaient soutenu sa nomination, il s’attaqua sans tarder à l’excès de luxe, aux plaisirs et à la piété hypocrite des riches, sans toutefois jamais les accuser nommément. Il montra lui-même l’exemple de la pauvreté évangélique en retranchant tout le luxe attaché à la personne de l’évêque. Il fit vendre des biens de l’archevêché et des objets précieux, pour en distribuer le produit aux pauvres et faire construire des hôpitaux et des hospices pour les étrangers. Il ne possédait rien en propre et s’était déchargé de tous les soucis liés aux réceptions et aux dîners officiels en mangeant toujours seul, juste de quoi soutenir son corps malade et décharné. Il n’acceptait jamais d’invitation, afin de fuir les conversations mondaines, mais pratiquait par contre largement l’hospitalité, visitait lui-même les malades et les prisonniers, assistait les pauvres et les nécessiteux. Pour éviter les jeux et les spectacles corrupteurs des âmes, il organisa des processions et des psalmodies, qui retentissaient dans la ville dès le matin et jusque dans la nuit. On célébrait en effet souvent des vigiles pour que ceux qui travaillaient le jour pussent venir prier dans le calme de la nuit. Jean exhortait d’ailleurs chacun à interrompre son sommeil pour consacrer quelque temps à la prière. C’est alors qu’il composa les prières de la Divine Liturgie que nous célébrons de nos jours . Lorsqu’il célébrait, il voyait souvent descendre du ciel une multitude d’anges qui venaient entourer l’autel. Malgré toutes ses tâches pastorales, sa première occupation restait la contemplation et la méditation de la sainte Écriture. Il s’y absorbait avec une telle intensité, qu’il oubliait souvent de prendre nourriture et repos. Une nuit, son disciple Proclos [20 nov.], qui l’observait en secret dans sa cellule, vit que saint Paul en personne se tenait à ses côtés et lui dictait le commentaire de ses épîtres. Le zèle de Jean pour la vertu s’étendait sur tout son entourage et il s’employa avec énergie à redresser les mœurs du clergé et à faire excommunier certains évêques simoniaques . Par ailleurs, il encourageait et prenait soin des missions auprès des peuples barbares, en particulier des Goths, auxquels il donna une église à Constantinople.
Toute cette activité pastorale pour la réforme des mœurs suscita bientôt de nombreuses oppositions à l’égard du saint évêque, de la part de quelques nobles dévotes et d’évêques mondains, qui exploitèrent tous les prétextes pour le calomnier. Théophile d’Alexandrie profita lui aussi de ces rumeurs et de la protection que saint Jean avait accordée aux Frères Longs et à un groupe d’une cinquantaine de moines, taxés d’origénisme, qui s’étaient enfuis de Nitrie [10 juil.], pour l’accuser et tenter de le faire déposer par le Concile du Chêne, composé uniquement de ses partisans (403). Au lieu de répondre aux accusations grossièrement mensongères et aux intrigues de cour, Jean préféra imiter le Christ, son Maître, qui garda le silence devant ses accusateurs et se livra à la Passion comme une brebis menée à l’abattoir. Il se laissa donc condamner et déposer, et, bien que le peuple fût prêt à se soulever pour défendre son pasteur bien-aimé, il se livra de lui-même aux soldats qui le conduisirent en Bithynie. Mais sitôt le départ du saint, un tremblement de terre se déclencha dans la capitale, suivi d’autres catastrophes qui firent réaliser sa faute à l’impératrice Eudoxie et lui firent rappeler Jean. De retour sur son siège dans l’enthousiasme populaire, Jean n’en était pas pour autant prêt à faire des concessions ni à se laisser aller à des compromis. Il garda une bonne entente avec l’impératrice pendant quelques mois seulement, jusqu’au moment où elle fit inaugurer une statue en son honneur, au milieu de fêtes et de manifestations tumultueuses qui troublèrent les offices de l’église et entraînèrent le blâme de saint Jean. Les intrigants profitèrent de ce retournement de la faveur impériale pour passer une nouvelle fois à l’attaque. Théophile et les siens réussirent à convaincre l’empereur de ne pas assister aux cérémonies de Pâques présidées par Jean (404), prétextant l’illégalité de sa position. Arcade fit alors expulser l’évêque de son église et donna l’ordre de chasser des églises le clergé qui lui était resté fidèle ainsi que les fidèles, au moment même où l’on célébrait les baptêmes, le Samedi Saint, de sorte que le sang coula jusque dans les piscines baptismales. Les troubles se prolongèrent les jours qui suivirent Pâques. Jean restait enfermé dans son palais, étroitement surveillé par les soldats. Finalement, quelques jours après la Pentecôte, malgré les craintes d’Eudoxie de voir se renouveler les catastrophes de son précédent départ, l’empereur se décida à ordonner l’exil de Jean. Celui-ci se livra de lui-même, mais le peuple amassé autour de Sainte-Sophie s’agita. Des bagarres éclatèrent et le feu crépita, détruisant une grande partie de la cathédrale et du palais du Sénat. On ne manqua pas d’en accuser les partisans du saint qui furent poursuivis et persécutés avec haine.
Pendant ce temps, saint Jean subissait toutes les rigueurs d’un âpre bannissement. D’abord conduit à Nicée, il fut emmené jusqu’à Cucuse en Petite Arménie (auj. Göksun), où il souffrit de la rigueur du climat, de la famine, des incursions des barbares et de l’isolement. Mais inébranlable dans son courage et son espérance, il ne cessait de réconforter par une abondante correspondance ceux qui souffraient exil et persécution à cause de lui . Sa situation éveilla l’intérêt du pape de Rome, Innocent, qui essaya de le soutenir, mais sans succès. Comme sa seule présence constituait une condamnation pour ses ennemis, ceux-ci entreprirent de le faire transférer dans un lieu encore plus inhospitalier, Pityonte, sur les bords de la mer Noire, au pied du Caucase. Sans égard pour son âge et ses infirmités, les soldats de son escorte obligeaient le saint évêque à marcher par tous les temps à travers des chemins escarpés. Au bout de trois mois, ils atteignirent la ville de Comane dans le Pont et s’arrêtèrent près d’une chapelle consacrée au martyr local, saint Basilisque [22 mai]. Pendant la nuit, alors que Jean priait malgré son extrême épuisement, le saint martyr lui apparut, en compagnie de saint Lucien d’Antioche [15 oct.], et ils lui dirent : « Bon courage, frère Jean ; demain nous serons réunis ! » Au matin, les soldats voulurent reprendre la route, mais constatant l’état de leur prisonnier, ils rebroussèrent chemin et revinrent à Comane. Le saint prélat demanda des vêtements blancs, communia aux saints Mystères, et après avoir prié pour ceux qui étaient présents, il rendit son âme à Dieu en prononçant ces mots restés célèbres : « Gloire à Dieu pour toutes choses ! » (14 septembre 407).
L’Église de Constantinople souffrit encore pendant bien des années du schisme provoqué par la déposition de saint Jean, car ses disciples, qui le vénéraient comme un martyr , ne reconnaissaient pas les remplaçants installés par l’empereur. La paix revenue et la sainteté de Jean unanimement reconnue, ses précieuses reliques furent triomphalement ramenées à la capitale en 438 .
(Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras).
TROPAIRES ET KONDAKIA DU JOUR
Tropaire de saint Jean Chrysostome, ton 8
La grâce de ta bouche, comme un flambeau, a illuminé l’univers, révélant au monde des trésors où l’avarice n’a point de part et nous montrant la grandeur de l’humilité. En nous instruisant par tes paroles, ô Jean Chrysostome notre Père, prie le Verbe, le Christ Dieu, de sauver nos âmes.
Kondakion de saint Jean Chrysostome, ton 6
Tu as reçu des cieux la grâce divine, et de tes lèvres tu as enseigné à tous à adorer le Dieu unique en la Trinité ; ô Jean Chrysostome, vénérable Père bienheureux, nous t’acclamons dignement car tu es notre maître, éclairant pour nous les choses divines.
ÉPITRE DU JOUR
I Thess. I, 6-10
Vous-mêmes, vous avez été mes imitateurs et ceux du Seigneur, en recevant la parole au milieu de beaucoup de tribulations, avec la joie du Saint Esprit, en sorte que vous êtes devenus un modèle pour tous les croyants de la Macédoine et de l’Achaïe. Non seulement, en effet, la parole du Seigneur a retenti de chez vous dans la Macédoine et dans l’Achaïe, mais votre foi en Dieu s’est fait connaître en tout lieu, de telle manière que nous n’avons pas besoin d’en parler. Car on raconte, à notre sujet, quel accès nous avons eu auprès de vous, et comment vous vous êtes convertis à Dieu, en abandonnant les idoles pour servir le Dieu vivant et vrai, et pour attendre des cieux son Fils, qu’il a ressuscité des morts, Jésus, qui nous délivre de la colère à venir.
Hébr. VII, 26 – VIII, 2 (S. Jean Chrysostome)
Il nous convenait, en effet, d’avoir un souverain sacrificateur comme lui, saint, innocent, sans tache, séparé des pécheurs, et plus élevé que les cieux, qui n’a pas besoin, comme les souverains sacrificateurs, d’offrir chaque jour des sacrifices, d’abord pour ses propres péchés, ensuite pour ceux du peuple, -car ceci, il l’a fait une fois pour toutes en s’offrant lui-même. En effet, la loi établit souverains sacrificateurs des hommes sujets à la faiblesse; mais la parole du serment qui a été fait après la loi établit le Fils, qui est parfait pour l’éternité. Le point capital de ce qui vient d’être dit, c’est que nous avons un tel souverain sacrificateur, qui s’est assis à la droite du trône de la majesté divine dans les cieux, comme ministre du sanctuaire et du véritable tabernacle, qui a été dressé par le Seigneur et non par un homme.
ÉVANGILE DU JOUR
Lc XIV, 25-35
De grandes foules faisaient route avec Jésus. Il se retourna, et leur dit : Si quelqu’un vient à moi, et s’il ne hait pas son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, et ses sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut être mon disciple. Et quiconque ne porte pas sa croix, et ne me suis pas, ne peut être mon disciple. Car, lequel de vous, s’il veut bâtir une tour, ne s’assied d’abord pour calculer la dépense et voir s’il a de quoi la terminer, de peur qu’après avoir posé les fondements, il ne puisse l’achever, et que tous ceux qui le verront ne se mettent à le railler, en disant : Cet homme a commencé à bâtir, et il n’a pu achever ? Ou quel roi, s’il va faire la guerre à un autre roi, ne s’assied d’abord pour examiner s’il peut, avec dix mille hommes, marcher à la rencontre de celui qui vient l’attaquer avec vingt mille ? S’il ne le peut, tandis que cet autre roi est encore loin, il lui envoie une ambassade pour demander la paix. Ainsi donc, quiconque d’entre vous ne renonce pas à tout ce qu’il possède ne peut être mon disciple. Le sel est une bonne chose ; mais si le sel perd sa saveur, avec quoi l’assaisonnera-t-on ? Il n’est bon ni pour la terre, ni pour le fumier ; on le jette dehors. Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.
Jn. X, 9-16 (S. Jean Chrysostome)
Je suis la porte. Si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé; il entrera et il sortira, et il trouvera des pâturages. Le voleur ne vient que pour dérober, égorger et détruire; moi, je suis venu afin que les brebis aient la vie, et qu’elles soient dans l’abondance. Je suis le bon berger. Le bon berger donne sa vie pour ses brebis. Mais le mercenaire, qui n’est pas le berger, et à qui n’appartiennent pas les brebis, voit venir le loup, abandonne les brebis, et prend la fuite; et le loup les ravit et les disperse. Le mercenaire s’enfuit, parce qu’il est mercenaire, et qu’il ne se met point en peine des brebis. Je suis le bon berger. Je connais mes brebis, et elles me connaissent, comme le Père me connaît et comme je connais le Père; et je donne ma vie pour mes brebis. J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cette bergerie; celles-là, il faut que je les amène; elles entendront ma voix, et il y aura un seul troupeau, un seul berger.