Grand Carême
Saint Alexis de Rome, l’homme de Dieu (411) ; saint Marin, martyr ; saint Patrick (ou Patrice), évêque, apôtre de l’Irlande (461) ; saint Agricole, évêque de Chalon-sur-Saône (580) ; sainte Gertrude, vierge, abbesse de Nivelles-en-Brabant (659) ; saint Théostéricte, higoumène du monastère du Pélécète en Bithynie, confesseur (VIIIème s.) ; saint Macaire, abbé de Kaliazine, thaumaturge (1483) ; saint Gabriel le mineur, moine et martyr (Géorgie, 1802) ; saint néo-martyrs de Russie : Alexandre (Polivanov), prêtre (1919), Victor (Kiranov), prêtre (1942).
SAINT ALEXIS L’HOMME DE DIEU
Saint Alexis naquit à Rome, au temps de l’empereur Arcade (395-408), d’un noble et pieux sénateur nommé Euphimien et de son épouse Aglaïs, au terme de longues années d’une pénible stérilité. Il reçut la meilleure éducation et, quand il parvint à maturité, ses parents organisèrent son mariage avec une jeune fille en vue de la noblesse romaine. La nuit même des noces, au moment de rejoindre son épouse dans la chambre nuptiale, Alexis, qui n’était épris que de la sainte et parfaite virginité, lui murmura quelques mots à l’oreille, lui remit son anneau et s’enfuit secrètement. S’étant embarqué sur un navire en se confiant à la Providence, il parvint jusqu’à Laodicée et, de là, il se joignit à une caravane de marchands qui allait à Édesse, en Mésopotamie. Il s’y arrêta dans une église consacrée à la Mère de Dieu et y demeura dix-sept ans dans le narthex, couvert de vêtements pauvres et déchirés, et nourri par la charité des fidèles qui venaient à l’église pour prier. Entre-temps, son père avait envoyé des serviteurs dans toutes les directions à sa recherche, tandis que sa mère, revêtue d’un cilice, demeurait prostrée et inconsolable, et que son épouse, imitant l’amour de la tourterelle pour son époux, guettait l’arrivée de quelque nouvelle. Quelques-uns des envoyés d’Euphimien parvinrent jusqu’à Édesse, ils passèrent devant Alexis et lui donnèrent l’aumône, bien loin de soupçonner qu’il s’agissait de leur noble maître, tant son corps avait été transformé par l’ascèse et les mauvais traitements qu’il supportait avec action de grâces par amour de Dieu.
Au terme de cette longue ascèse menée en secret, la Mère de Dieu apparut un jour au sacristain de l’église, en lui demandant d’y faire entrer l’« Homme de Dieu ». Se voyant découvert et désormais exposé aux honneurs des hommes, Alexis prit de nouveau la fuite et s’embarqua sur un navire en direction de Tarse ; mais les vents contraires, ou plutôt la Providence divine, poussèrent le navire jusqu’au port de Rome. Le saint se soumit à ce signe divin et se dirigea sans retard vers la maison familiale, où il demanda l’aumône, comme un mendiant, à son père qui sortait. Sans reconnaître son fils bien-aimé, Euphimien, qui avait encore plus de propension qu’auparavant pour la charité depuis cette perte douloureuse, ordonna à ses serviteurs de fournir un abri à ce pauvre homme et de le nourrir des restes de sa table aussi longtemps qu’il le voudrait. L’Homme de Dieu demeura encore dix-sept années à la porte de la maison paternelle en subissant, sans un mot de protestation, et même avec plaisir, les outrages et les moqueries des valets. Quant il sentit que le jour de son départ de cette terre approchait, il demanda qu’on lui apporte du papier et de l’encre, et c’est la plume à la main, en rédigeant toute l’histoire de sa vie, qu’il s’endormit pour rejoindre les demeures éternelles.
Le même jour, comme on célébrait la Liturgie dans la basilique Saint-Pierre, sous la présidence du pape et en présence de l’empereur Honorius (395-423) et d’une grande foule, une voix se fit entendre de l’autel, qui clamait : « Cherchez l’Homme de Dieu : il priera pour la ville et pour vous tous. Car déjà il sort du corps ! » Comme toute la foule s’était mise en prière, la voix se fit entendre de nouveau pour révéler qu’il se trouvait dans la demeure d’Euphimien. Lorsque l’imposant cortège, avec l’empereur et le pape en tête, parvint à la maison, le serviteur qui subvenait à ses besoins révéla que le mendiant qui se tenait depuis tant d’années à la porte, distribuait sa nourriture aux plus pauvres que lui et ne se nourrissait que le dimanche d’un peu de pain et d’eau, en restant imperturbable et même joyeux quand les autres serviteurs le couvraient d’outrages. On se rendit à sa cabane et on le trouva déjà mort, tenant un papier en main. Lorsqu’on le lut en public, tous restèrent muets de stupéfaction devant la manière admirable dont ce serviteur de Dieu avait combattu contre la nature pour obtenir les biens qui sont au-dessus de la nature. L’empereur et le patriarche, voyant les larmes et les lamentations des parents du saint, leur conseillèrent de se réjouir plutôt et d’exulter pour avoir donné le jour à un tel saint qui allait régner avec le Christ pour l’éternité. La foule s’empressait autour du lit mortuaire, les aveugles recouvraient la vue, les sourds entendaient, les muets glorifiaient Dieu à haute voix, les esprits mauvais s’enfuyaient, le tout dans un tel tumulte que le cortège funèbre ne pouvait avancer. L’empereur fit alors jeter des pièces d’or, dans l’espoir que la foule se détournerait du cercueil pour les ramasser. Mais il n’en fut rien, et le peuple méprisa l’or corruptible pour recevoir la grâce incorruptible en touchant le corps du saint. Finalement, il fut déposé dans la basilique de saint Boniface dans un cercueil rehaussé d’or et de pierres précieuses, d’où se répandait avec profusion un baume délicieusement parfumé qui guérissait toutes sortes de maladies.
(Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras)
TROPAIRES ET KONDAKIA DU JOUR
Tropaire de saint Alexis, ton 4
T’élevant sur les vertus et purifiant ton esprit, / tu as atteint l’objet suprême de ton désir; / l’absence de passions fut la parure de ta vie, / étonnante fut l’ascèse que d’un cœur pur tu embrassas; / demeurant dans la prière tel un ange incorporel, / comme soleil tu as brillé / sur le monde, bienheureux Alexis.
Kondakion de saint Alexis, ton 4
Célébrant en ce jour avec foi / la sainte fête du bienheureux Alexis, / chantons-lui: Réjouis-toi, pur joyau des Moines saints.
Lectures de l’Ancien Testament
Isaïe VIII, 13- IX, 7
Ne sanctifie que le Seigneur, et que seul Il soit l’objet de ta crainte. Et si tu mets en Lui ta confiance, Il sera ta sanctification; et tu ne te heurteras pas à Lui comme à une pierre d’achoppement, comme à une roche qui croule. Mais les maisons de Jacob sont dans un piège, et les habitants de Jérusalem sont dans une fosse. C’est pourquoi beaucoup d’entre eux seront sans force, et ils tomberont, et ils seront brisés ; ils approcheront du filet, et ils y seront pris. Alors apparaîtront manifestement ceux qui ont été marqués d’un sceau pour n’avoir pas appris la loi. Et je dirai: J’attendrai Dieu, qui a détourné Sa face de la maison de Jacob, et je mettrai en Lui ma confiance. Et moi, me voici avec les fils que Dieu m’a donnés. Et il y aura des signes et des prodiges dans la maison d’Israël, envoyés par le Seigneur Dieu des armées, qui habite sur la montagne de Sion. Et si l’on vous dit : Consultez les magiciens et ceux qui font sortir leur voix de la terre, et les diseurs d’imposture qui parlent du ventre, répondez : Est-ce que chaque nation ne consulte pas son Dieu? Pourquoi consulter les morts au sujet des vivants? Car Dieu a donné une loi pour qu’on y ait recours et qu’on dise : Ce n’est pas selon ce précepte qui interdit de donner pour cela des présents. Et il viendra sur vous une cruelle famine, et, quand vous aurez faim, il arrivera que vous serez dans l’affliction, et vous maudirez le prince et les coutumes de vos ancêtres ; et le peuple lèvera les yeux au ciel. Puis il les abaissera vers la terre; et voilà qu’il y aura détresse et ténèbres, tribulation et angoisses; et les ténèbres seront telles qu’on ne verra plus, et celui qui sera dans l’angoisse y sera pour longtemps. Bois d’abord ceci, hâte-toi, terre de Zabulon, et toi, terre de Nephthali, et vous, restes des habitants de la côte, et toi, Galilée des gentils au delà du Jourdain ! Peuples qui marchez dans les ténèbres, voyez une grande lumière ; et vous qui habitez dans la région ténébreuse de la mort, une lumière luira sur vous; sur vous qui êtes la plus grande part d’un peuple que Tu as amené, Seigneur, à Tes joies; et ils se réjouiront de Ta vue, comme ceux qui se réjouissent d’une moisson, ou qui se partagent des dépouilles; parce que Tu as ôté le joug qui pesait sur eux, et la verge qui courbait leur cou. Car le Seigneur a brisé la verge de ceux qui les pressuraient, comme au jour où Il s’est déclaré contre Madian. Ils rendront le prix des robes qu’ils ont accumulées par fraude, et des manteaux qu’ils ont eus par les vicissitudes de la guerre; et ils consentiront à les voir brûlés par le feu. Car un petit enfant nous est né, et un fils nous a été donné; la principauté repose sur son épaule, et Il est appelé de ce nom l’Ange du grand conseil. Par Lui J’amènerai la paix sur les princes, par Lui la santé et la paix. Sa principauté est grande et à la paix qu’Il donne il n’est point de limites; Il s’asseoira sur le trône de David et Il possédera son royaume pour le conduire et raffermir dans l’équité et la justice, maintenant et dans tous les siècles; l’amour du Seigneur des armées fera ce prodige.
Genèse VI, 9-22
Voici les générations de Noé. Noé, homme juste, irréprochable dans sa vie, Noé était agréable à Dieu. Et Noé engendra trois fils : Sem, Cham et Japhet. Or, la terre était corrompue devant Dieu, et pleine d’iniquités. Et le Seigneur Dieu vit la terre toute corrompue, parce que toute chair sur la terre avait corrompu ses voies. Et le Seigneur Dieu dit à Noé : Le temps fatal de tous les hommes est arrivé devant moi, parce que la terre est pleine de leurs iniquités ; voilà donc que je vais détruire eux et toute la terre. Ainsi, fais-toi une arche de pièces de bois équarries ; tu composeras l’arche de cellules, et tu l’enduiras de bitume, au dedans et en dehors. Voici comment tu feras l’arche : trois cents coudées de long, cinquante coudées de large, trente coudées de haut. Tu construiras l’arche en rassemblant les bois les uns au-dessus des autres ; tu donneras au faîte une coudée de plus d’élévation ; tu feras la porte de l’arche sur les flancs ; elle aura des chambres basses, un étage au-dessus, et un troisième étage. Car voilà que Je prépare un déluge ; J’amènerai de l’eau sur la terre pour anéantir toute chair ayant souffle de vie sous le ciel, et tout ce qui est sur la terre périra. J’établirai mon alliance avec toi; puis tu entreras dans l’arche, et avec toi entreront tes fils, ta femme, et les femmes de tes fils. De tous les oiseaux ailés, par espèces, et de tous les reptiles se traînant à terre, selon leurs espèces, deux couples, pris parmi tous, mâles et femelles, entreront près de toi, pour être nourris avec toi. En même temps tu prendras avec toi de tous les aliments que vous mangez, tu les transporteras près de toi, et ce sera pour votre nourriture et pour la leur. Et tout ce que lui ordonna le Seigneur Dieu, Noé l’accomplit exactement.
Proverbes VIII, 1-21
Tu proclameras la Sagesse, afin que la prudence t’obéisse. Car elle se tient sur les cimes des monts; elle est debout au milieu des sentiers. Elle s’assied devant les portes des riches, et à l’entrée des villes, elle chante. C’est vous, ô hommes, que J’appelle ; J’élève ma voix devant les fils des hommes. Comprenez, innocents, la subtilité ; et vous, ignorants, déposez la science en votre cœur. Écoutez-moi ; car Je vais dire des choses saintes, et proférer de mes lèvres la justice. Car ma langue va méditer la vérité, et J’ai en abomination les lèvres menteuses. Toutes les paroles de ma bouche sont selon la justice ; en elles rien d’oblique et de tortueux. Elles sont toutes offertes à ceux qui comprennent, et justes pour ceux qui trouvent la Sagesse. Recevez l’instruction et non l’argent, et la science plutôt que l’or raffiné. Car la sagesse a plus de prix que les pierres précieuses, et rien de ce que l’on estime de plus précieux ne la vaut. Moi, la Sagesse, J’ai demeuré avec le conseil et le savoir ; J’ai appelé à moi l’intelligence. La crainte du Seigneur hait l’iniquité, et l’insolence, et l’orgueil et les voies des méchants ; et moi aussi, Je hais les voies tortueuses des méchants. C’est à moi le conseil et la fermeté, à moi la prudence, à moi la force. Par moi, les rois règnent, et les princes écrivent des jugements équitables. Par moi, les grands sont glorifiés ; par moi, les monarques commandent à la terre. Moi J’aime ceux qui m’aiment, et ceux qui me cherchent me trouvent. De moi dépendent la fortune et la gloire, et les grandes richesses et la justice. Mieux vaut recueillir mes fruits que de l’or et des pierres précieuses, et mes rejetons sont meilleurs que l’argent le plus pur. Je me promène dans les voies de l’équité, et Je reviens par les voies de la justice ; pour distribuer à ceux qui m’aiment une part de mes richesses, et remplir de biens leurs trésors.