Grand Carême
Liturgie des Présanctifiés
Saint Chrysanthe et son épouse sainte Darie (ou Daria), avec leurs compagnons : saint Claude, sainte Hilarie son épouse, leurs fils saints Jason et Maur ainsi que saints Diodore, prêtre, et Marien, diacre, tous martyrs à Rome (283) ; saint Panchaire, martyr à Nicomédie (vers 302) ; saint Léonce, évêque de Saintes (640) ; saint Mansuet, évêque en Bretagne (Vème s.) ; sainte Bassa, moniale de Pskov-Petchersky (1473) ; saint Innocent de Vologda (1521) ; saint Dimitri le tourneur, néo-martyr grec (1564) ; saint Syméon de Daïbabé (Serbie, 1941) ; saints néo-martyrs de Russie : Jean (Blinov), confesseur, Matrone (Alexeïev), moniale et martyre (1938)
SAINT CHRYSANTHE ET SON ÉPOUSE DARIA
Chrysanthe était fils d’un homme illustre d’Alexandrie, le sénateur Polémios, qui alla s’installer avec lui à Rome au temps de l’empereur Numérien (283-284). Ayant achevé ses études élémentaires Chrysanthe commença à étudier la philosophie ; mais, restant insatisfait de ce qu’il y trouvait, il découvrit avec émerveillement l’Évangile, le livre de la Sagesse personnifiée. Guidé par la Providence, il trouva bientôt le guide qu’il cherchait en la personne du prêtre Carpophore qui se cachait dans une caverne, à cause de la persécution. Il fut initié par lui aux mystères de la Foi et reçut la nouvelle naissance par le saint baptême. De retour en ville sept jours après, il commença à prêcher le Christ au grand dam de ses parents. Polémios essaya d’abord de lui faire changer d’avis par les promesses des plaisirs et des richesses ; puis, ayant échoué, il l’enferma dans un sombre cachot, en espérant vaincre sa volonté par la faim.
Comme il voyait son fils renforcé par le jeûne et la retraite, sur le conseil d’un ami, il l’installa dans une salle magnifiquement ornée et envoya des jeunes filles, pour le vaincre par leurs baisers et leurs cajoleries. Mais, Chrysanthe restait insensible à leurs charmes, en invoquant Dieu à son secours et en se rappelant l’exemple de la chasteté du patriarche Joseph (cf. Gn 39). Et, chaque fois que les impudiques jeunes filles approchaient, elles étaient accablées d’un lourd sommeil. On recommanda alors à Polémios une jeune et belle vierge, originaire d’Athènes et habile dans la philosophie, nommée Daria. On la présenta à Chrysanthe parée de magnifiques atours, et elle tenta de le prendre au filet de ses discours enjôleurs. Chrysanthe lui répondit en lui présentant la perspective de la mort et du Jugement dernier ; puis, comme elle essayait de lui rappeler l’honneur dû aux dieux, le vrai philosophe réfuta sans difficulté ses arguments en lui montrant qu’il n’y a rien de plus contraire à la raison que d’adorer les éléments, la terre, l’eau et le feu, en leur donnant des formes humaines. À l’audition de ces paroles, Daria s’éprit, elle aussi, de la vraie sagesse, et ils décidèrent de simuler un mariage, afin de pouvoir vivre dans la virginité jusqu’à la mort et de se préparer à de chastes noces dans le Ciel. Puis ils se mirent à prêcher avec ferveur à la jeunesse de Rome, entraînant nombre de jeunes gens et de jeunes filles à garder pour Dieu la virginité.
Les païens s’en alarmèrent et les dénoncèrent au préfet Célerinus qui ordonna leur arrestation et livra Chrysanthe au tribun Claude. Conduit devant le temple de Jupiter, il refusa de sacrifier et fut lié avec des nerfs de bœufs trempés dans l’eau, de sorte qu’en séchant ils pénètrent lentement jusqu’aux os. Mais Dieu le délivra et le fit miraculeusement échapper à d’autres supplices imaginés par ses oppresseurs. On le jeta dans un cachot, et celui-ci resplendit de lumière divine. On le soumit aux verges, et elles devinrent douces comme des plumes qui le caressaient. Claude reconnut alors la puissance de Dieu avec toute sa famille : son épouse Hilaria, et ses fils Jason et Maur, ainsi que les soldats qui étaient sous ses ordres, et il demanda au saint de les instruire. Ils se préparèrent au baptême en rendant grâces à Dieu et se déclarèrent prêts à souffrir toutes sortes de tourments pour son Nom.
En apprenant cette nouvelle, Numérien furieux ordonna de jeter Claude à la mer avec une pierre au cou, et de décapiter ses fils et ses soldats. Des chrétiens déposèrent les corps des saints martyrs dans un endroit souterrain près de la voie Salaria, où Hilaria s’installa pour entretenir des veilleuses et prier devant leurs tombeaux. Des soldats étant venus pour l’arrêter, elle leur demanda d’aller prier une dernière fois devant les tombes des saints martyrs et elle y rendit son âme au Seigneur. Ses servantes l’ensevelirent en ce lieu et y construisirent par la suite une petite église.
Craignant que les conversions ne se multiplient, l’empereur fit enfermer Chrysanthe dans la terrible prison Mamertine, infecte et pleine d’immondices, et envoya Daria dans une maison de débauche. Mais le Seigneur visita une fois de plus ses saints, Il entoura Chrysanthe d’une lumière et d’un parfum indicibles, et envoya un lion pour protéger Daria des assauts des hommes dépravés. La sainte empêcha la bête de dévorer le premier d’entre eux et, faisant appel à sa raison avec douceur, elle réussit à le convertir au Christ, pendant que le lion montait la garde à la porte. D’autres hommes furent amenés par le lion, et ils se convertirent eux aussi en entendant les paroles de Daria. Après cela, comme Célerinus avait fait mettre le feu à l’entrée, Daria renvoya l’animal dans la nature et se tint prête pour son ultime combat.
Chrysanthe et Daria furent soumis à de nouveaux supplices, mais sans aucun résultat. On les jeta finalement dans une fosse qu’on recouvrit de pierres et de terre. C’est ainsi qu’ils accomplirent leur martyre et rejoignirent le Royaume des cieux. L’année suivante, comme des chrétiens se réunissaient sur les lieux pour célébrer la mémoire de leur naissance au ciel, Numérien ordonna de boucher l’entrée de la grotte dans laquelle ils s’étaient réunis pour assister à la Divine Liturgie célébrée par le prêtre Diodore et le diacre Marien. Ils reçurent tous la sainte Communion pendant que les soldats remplissaient d’en haut l’endroit de terre, et ils rejoignirent ainsi dans la joie Chrysanthe, Daria et leurs compagnons.
(Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras)
TROPAIRES ET KONDAKIA DU JOUR
Tropaire de saints Chrysanthe et Daria, ton 1
Vénérons le couple unanime des Martyrs, / Chrysanthe, fleur de pureté, et la vénérable Daria ; / unis chastement par la foi, / ils communièrent ensemble au Verbe divin; / selon les règles ils ont lutté pour lui / et sauvent désormais les fidèles chantant: / Gloire à celui qui vous donna ce pouvoir, / gloire à celui qui vous a couronnés, / gloire à celui qui opère en tous, par vos prières, le salut.
Tropaire de sainte Sophie, princesse de Sloutsk, ton 5
Bienheureuse mère Sophie, Dieu t’a honoré par l’incorruptibilité de tes reliques et l’éclat de tes miracles ; à ceux qui commémorent ta vie de juste, nous te prions de demander la santé pour nos corps et le salut pour nos âmes.
Tropaire de saint Syméon de Daïbabé, ton 1
Tu as témoigné du Sauveur et Seigneur par ta vie, prêchant avec zèle la vérité évangélique ; accomplissement des révélations mystiques de Dieu, ô notre vénérable père Syméon, louange du monastère de Daïbabé, règle des moines et consolation des orthodoxes, intercède pour nous ardemment devant le trône du Roi de gloire.
Kondakion de saints Chrysanthe et Daria, ton 1
En abondance exhalant comme un lis d’or, / victorieux Chrysanthe, le parfum de la foi, / tu entraînas vers la connaissance du salut / ta compagne de lutte, Daria; / ensemble ayant repoussé l’auteur du mal, le serpent, / comme il est juste, vous avez accédé / aux pures noces du royaume des cieux.
Kondakion de saint Syméon de Daïbabé, ton 2
Par le jeûne, les veilles et les prières ardentes, tu a vaincu les épreuves démoniaques et ayant vécu chastement, tu fus un vase d’élection de l’Esprit Saint et devins digne de la grâce d’opérer des guérisons ; tu reçus aussi du Seigneur le don de clairvoyance céleste, père très-béni Syméon, luminaire de l’Église de Dieu. Aussi prie le Christ Dieu pour nous qui accourons avec foi et amour vers toi et glorifions ta sainte mémoire.
Lectures de l’Ancien Testament
Isaïe X, 12-20
Puis voici ce qui arrivera : quand le Seigneur aura achevé d’accomplir ce qu’Il veut faire en la montagne de Sion et à Jérusalem, Je visiterai ce cœur superbe, ce roi des Assyriens, et la gloire altière de ses yeux. Car il a dit : J’agirai dans ma force; et dans la sagesse de Mon intelligence J’effacerai les bornes des nations, et Je les dépouillerai de leur puissance. Et J’ébranlerai les villes habitées; et la terre entière, Je la prendrai comme un nid dans Ma main ; et Je t’enlèverai comme des œufs abandonnés; car nul ne peut m’échapper ou me contredire. Mais la cognée peut-elle se glorifier sans celui qui s’en sert pour abattre? La scie peut-elle s’enorgueillir sans celui qui la tire ? Comme si le bâton soulevait celui qui n’est pas de bois: mais il n’en est pas ainsi. Le Seigneur des années enverra contre ton honneur le déshonneur et contre ta gloire il allumera un feu ardent. Et la lumière d’Israël sera cette flamme; elle le sanctifiera avec un feu ardent et dévorera la forêt comme une herbe sèche. En ce jour s’évanouiront montagnes, collines et forêts, et la lumière d’Israël dévorera tout, depuis l’âme jusqu’aux chairs. Et celui qui fuira sera comme un homme qui fuit une flamme ardente; et ceux qui resteront seront en petit nombre, et un petit enfant pourra les compter. Et en ce jour voici ce qui arrivera: ce qui restera d’Israël, et ceux de Jacob qui auront été sauvés n’auront plus foi en ceux qui leur auront nui ; mais ils se confieront en vérité à Dieu, au Saint d’Israël.
Genèse VII, 6-9
Il était âgé de six cents ans, lorsque le déluge vint sur la terre. Bientôt Noé, et avec lui ses fils, et sa femme, et les femmes de ses fils entrèrent dans l’arche, à cause de l’eau du déluge. De tous les oiseaux purs et de tous les oiseaux impurs, de tous les bestiaux et de tous les bestiaux impurs, ainsi que de tous les animaux qui rampent sur la terre, Deux couples mâles et femelles entrèrent auprès de Noé dans l’arche, selon que le Seigneur avait prescrit à Noé.
Proverbes IX, 12-1
Mon fils, si tu es sage, tu le seras pour toi-même et tes proches ; mais si tu deviens mauvais, toi seul en recueilleras des maux. Celui q8ui s’appuie sur des mensonges tente de gouverner les vents ou de poursuivre les oiseaux dans leur vol, car il a quitté les voies qui mènent à sa vigne ; il a égaré la charrue de son labourage ; il marche au travers d’un désert aride, d’une terre où l’on meurt de soif ; il recueille de ses mains la stérilité. La femme insensée et hardie, qui ne connaît pas la pudeur, en viendra à manquer d’un morceau de pain. Elle est assise devant la porte de sa maison, sur un siège apparent dans la rue, appelant les passants qui vont droit leur chemin disant : que le plus insensé d’entre vous se détourne vers moi ; et à ceux qui manquent de sagesse, je m’adresse, en leur disant: Goûtez avec joie des pains que je recèle, et de l’eau douce à la dérobée. Or il ne sait pas que des géants mêmes périssent auprès d’elle, et qu’il met le pied sur la trappe de l’enfer ; mais hâte-toi, point de retard en lieu ; n’arrête pas ton regard sur elle.