Jour de jeûne
Saint Chariton, reclus en Palestine, confesseur (vers 350) ; saint Baruch, prophète (VI av. J.-C.) ; saints Alexandre, Alphée, Zosime, Marc, berger, Nicon, Néon, Héliodore et leurs compagnons, martyrs à Antioche de Pisidie (IV) ; saint Exupère, évêque de Toulouse (411) ; saint Faust, évêque de Riez (495) ;saints Cyrille et Marie, moine et moniale du grand-habit, parents de saint Serge de Radonège (vers 1337) ; synaxe des Pères des Grottes proches de Kiev ; saint Chariton de Sanejma (1509) ; saint Hérodion d’Hiloezersk (1541) ; saint Vinceslas, prince de Bohème, martyr (935) ; saints néomartyrs de Russie : Anne (Lykochina) (1925), Hilarion (Gromov), moine, Michèle (Ivanov), moniale (1937), Tatienne (Tchekmazov), moniale (1942).
VIE DE SAINT CHARITON
Notre saint Père Chariton naquit et fut élevé à Iconium, en Asie Mineure, à l’époque d’Aurélien (270-276). Au début de son règne, l’empereur ne se montra pas hostile aux chrétiens, mais, poussé par le démon, il déclencha par la suite une violente persécution contre ceux qui invoquaient le Nom du Christ. Le décret impérial étant parvenu à Iconium, Chariton, qui était réputé pour sa piété et sa vertu, fut arrêté par les soldats de l’empereur et emmené devant le consul. Ayant confessé sans crainte le Christ et condamné les idoles, il fut étendu à terre et si violemment fouetté que ses chairs furent réduites en charpie. On le jeta en prison pour l’en ressortit quelques jours plus tard et le présenter à nouveau devant le tribunal. Libéré, il se réfugia en Égypte, jusqu’à la fin de la persécution.
Portant en son corps les marques de la Passion du Christ, Chariton suivit dès lors avec un zèle accru la voie de l’imitation du Christ par une vie d’ascèse et d’austérité. Aux souffrances volontaires qu’il infligeait à son corps pour le réduire en servitude et le faire obéir à la loi de l’Esprit, s’ajoutèrent les épreuves involontaires. Un jour, alors qu’il se dirigeait vers Jérusalem, il rencontra sur la route une bande de brigands, qui le ligotèrent et l’emmenèrent dans leur grotte, située dans un lieu nommé Pharan. Mais ils furent bientôt victimes du jugement divin, car ils périrent tous après avoir bu du vin, dans lequel une vipère avait craché son venin. Chariton, resté seul, fut miraculeusement libéré de ses liens, et devint ainsi l’héritier du butin qu’avaient amassé les brigands. Il distribua une large part de ces richesses mal acquises aux pauvres, utilisa le reste pour la construction d’églises à la gloire de Dieu, et il s’installa dans la grotte, afin de s’approcher du ciel par l’ascèse et la prière.
Retiré du monde et dégagé de tous ses vains soucis, couvrant d’une simple tunique de crin les marques encore vives des supplices qu’il avait endurés pour le Christ, l’homme de Dieu persévérait dans les jeûnes, les veilles, la prière et la psalmodie. Mais la renommée des miracles que la grâce divine accomplissait par son entremise ne tarda pas à attirer un grand nombre d’infidèles, juifs ou païens, qui embrassèrent la foi et suivirent l’exemple de sa vie angélique. Contemporain de saint Hilarion [21 oct.], qui avait inauguré le monachisme érémitique en Palestine, saint Chariton reçut de Dieu la mission de réunir les ermites dispersés et de leur donner une certaine forme d’organisation, c’est ainsi que sa grotte devint bientôt le centre de la Laure de Pharan.
Comme cette affluence l’arrachait à sa solitude bien-aimée, Chariton partit s’installer dans une autre grotte plus éloignée. Avant de se retirer, il plaça le meilleur de ses disciples à la tête de la communauté de Pharan, et il exhorta ses enfants spirituels à garder strictement la tempérance dans la nourriture et le sommeil, à prier la nuit et le jour, aux heures qu’il leur avait prescrites, et à recevoir le pauvre et l’étranger comme le Christ lui-même. Il vécut alors caché dans une grotte située dans les environs de Jéricho, sur le Mont de la Quarantaine (Dôk) où le Seigneur avait été tenté (cf. Mt 4, 8), ne se nourrissant que d’herbes sauvages et de la contemplation de Dieu. Mais il ne put rester bien longtemps à converser seul à seul avec Dieu, car de nombreux disciples vinrent se joindre à lui et l’obligèrent à construire un second centre monastique qui prit le nom de Laure de Doukas.
De nouveau troublé par la présence des hommes, le saint dut s’enfuir vers le sud, dans un endroit encore plus isolé, nommé Thécoué. Il s’installa, là aussi, dans une grotte avec quelques disciples, et cet endroit se transforma bientôt en une troisième laure, nommée en syriaque Souka (“monastère”) ou encore « l’Ancienne Laure ». Mais rien ne pouvait arrêter la foule des nouveaux disciples et des païens, qui accouraient pour se délecter du miel de ses paroles et pour contempler cette vivante image du Christ. Aussi Chariton, qui ne désirait en ce monde que la suavité de l’union à Dieu dans la solitude, se retira au-dessus de la Laure, dans une grotte si difficile d’accès que l’on ne pouvait l’atteindre qu’avec des échelles. Il y demeura de nombreuses années, s’abreuvant à une source que Dieu, à sa prière, avait fait jaillir dans la grotte. Comme le Seigneur lui avait révélé à l’avance la date de son repos, saint Chariton se fit transporter dans sa première laure de Pharan. De là, il rédigea un Testament spirituel à l’intention de ses disciples, dans lequel il indiquait la voie sûre pour parvenir à l’union avec Dieu, c’est-à-dire l’ascèse liée à l’humilité et à la charité envers tous. Ayant achevé son ultime enseignement, il s’étendit sur sa couche et s’endormit paisiblement pour rejoindre le chœur des anges et des saints.
(Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras)
TROPAIRES ET KONDAKIA DU JOUR
Tropaire de saint Chariton, ton 8
Par les flots de tes larmes tu as fait fleurir le désert stérile, * par tes profonds gémissements tu fis produire à tes peines cent fois plus, * par tes miracles étonnants tu devins un phare éclairant le monde entier: * vénérable Père Chariton, prie le Christ notre Dieu * de sauver nos âmes.
Kondakion de saint Chariton, ton 2
Fidèles, en ce jour, de nos hymnes couronnons * le professionnel de l’ascèse, le combattant de la foi, * célébrons par des éloges Charlton, * acclamons-le comme Pasteur et Docteur, * éponyme des charismes et Témoin de Jésus Christ, * porte-lumière éclairant le monde entier.
ÉPITRE DU JOUR
Ph I, 12-20
Je veux que vous sachiez, Frères, que ce qui m’est arrivé a plutôt contribué aux progrès de l’Évangile. En effet, dans tout le prétoire et partout ailleurs, nul n’ignore que c’est pour Christ que je suis dans les liens, et la plupart des frères dans le Seigneur, encouragés par mes liens, ont plus d’assurance pour annoncer sans crainte la parole. Quelques-uns, il est vrai, prêchent Christ par envie et par esprit de dispute ; mais d’autres le prêchent avec des dispositions bienveillantes. Ceux-ci agissent par amour, sachant que je suis établi pour la défense de l’Évangile, tandis que ceux-là, animés d’un esprit de dispute, annoncent Christ par des motifs qui ne sont pas purs et avec la pensée de me susciter quelque tribulation dans mes liens. Qu’importe ? De toute manière, que ce soit pour l’apparence, que ce soit sincèrement, Christ n’est pas moins annoncé : je m’en réjouis, et je m’en réjouirai encore. Car je sais que cela tournera à mon salut, grâce à vos prières et à l’assistance de l’Esprit de Jésus Christ, selon ma ferme attente et mon espérance que je n’aurai honte de rien, mais que, maintenant comme toujours, Christ sera glorifié dans mon corps avec une pleine assurance, soit par ma vie, soit par ma mort.
ÉVANGILE DU JOUR
Lc V, 33-39
En ce temps-là, les disciples de Jésus lui dirent : Les disciples de Jean, comme ceux des pharisiens, jeûnent fréquemment et font des prières, tandis que les tiens mangent et boivent. Il leur répondit : Pouvez-vous faire jeûner les amis de l’époux pendant que l’époux est avec eux ? Les jours viendront où l’époux leur sera enlevé, alors ils jeûneront en ces jours-là. Il leur dit aussi une parabole : Personne ne déchire d’un habit neuf un morceau pour le mettre à un vieil habit ; car, il déchire l’habit neuf, et le morceau qu’il en a pris n’est pas assorti au vieux. Et personne ne met du vin nouveau dans de vieilles outres ; autrement, le vin nouveau fait rompre les outres, il se répand, et les outres sont perdues ; mais il faut mettre le vin nouveau dans des outres neuves. Et personne, après avoir bu du vin vieux, ne veut du nouveau, car il dit : Le vieux est bon.