Début du Carême des saints Apôtres
Saint Lucillien, sainte Paule, vierge, et les 4 enfants saints Claude, Hypace, Paul et Denis, martyrs à Nicomédie (270-275) ; sainte Clotilde, reine des Francs (545) ; saint Liphard, ermite à Meung-sur-Loire (vers 565) ; saint Hilaire, évêque de Carcassonne (VIème s.) ; saint Genès, évêque de Clermont (662) ; saints nouveaux martyrs de Russie : Cyprien (Nelidov), moine (1934) ; Michel (Markov), prêtre (1938).
SAINTE CLOTILDE, REINE DES FRANCS
Sainte Clotilde était fille de Chilpéric, qui partageait avec ses deux frères le royaume des Burgondes, du Jura à la Durance. Elle naquit vers 475, au moment où, après l’effondrement de l’Empire romain, les peuples barbares : Burgondes, Wisigoths, Francs et Alamans, rivalisaient pour se partager la Gaule. Orthodoxe par sa mère, alors que tous les autres souverains burgondes étaient acquis à l’arianisme, elle dut s’exiler après l’assassinat de ses parents par son oncle, et vécut dans la piété à Genève. La jeune et belle princesse ayant été remarquée par des ambassadeurs de Clovis, roi des Francs, ce dernier la demanda en mariage, pour sceller l’alliance de son peuple avec les Burgondes (vers 492). Par sa douceur et l’exemple de sa conduite vertueuse, la reine acquit un grand ascendant sur Clovis, qui accepta de faire baptiser leur enfant malade, lequel guérit grâce aux prières de sa mère. Mais Clovis continua, quant à lui, de rester sourd aux exhortations de son épouse ; jusqu’au jour où, devant affronter les Alamans à Tolbiac, au-delà du Rhin (496), effrayé par la supériorité de l’adversaire, il invoqua le « Dieu de Clotilde » et lui promit d’accepter le baptême s’il lui donnait la victoire. Les Francs ayant triomphé, le roi tint sa promesse et, après avoir suivi l’enseignement catéchétique prodigué par saint Vaast [6 fév.], il fut baptisé par saint Remi, évêque de Reims [1er oct.], le jour de Noël 496. Ce baptême de Clovis et, avec lui, de plus de trois mille nobles et soldats francs, ouvrit la voie à la conversion de son peuple, destiné à devenir une nation chrétienne à l’avenir plein de promesse.
Par la suite la reine Clotilde continua d’inspirer au souverain la mansuétude à l’égard de ses ennemis et le respect des institutions de l’Église. Elle fit construire à Paris, leur capitale, une basilique dédiée aux Saints Apôtres (aujourd’hui Sainte-Geneviève), dans laquelle on ensevelit les restes de sainte Geneviève [3 janv.], que Clotilde vénérait avec une grande ferveur.
À la mort de Clovis, la reine, âgée d’à peine quarante ans, se retira à Tours, auprès de la basilique de saint Martin [11 nov.], dont elle encouragea également le culte, et elle passa le reste de ses jours dans les œuvres de piété agréables à Dieu. Disposant d’une immense fortune, elle répandit ses bienfaits sur un grand nombre d’églises et de monastères. Saint Grégoire de Tours écrit à son sujet : « Elle était considérée en ces temps non pas comme une reine, mais comme une servante personnelle de Dieu… Elle ne se laissa pas séduire par la puissance du royaume de ses fils, ni par les richesses, ni par l’ambition du siècle, mais elle arriva à la grâce par l’humilité » . Elle donna tant qu’à sa mort, elle n’avait, dit-on, plus rien à distribuer.
Cruellement frappée par la perte de son fils aîné Clodomir, dans la guerre contre les Burgondes, elle recueillit ses trois jeunes enfants à Tours. Lorsque ses deux autres fils, Clotaire et Childebert, lui demandèrent de leur envoyer les orphelins à Paris pour les élever sur le trône, elle obtempéra sans méfiance, mais elle apprit peu après avec horreur qu’ils avaient été cruellement assassinés par leurs oncles, le plus jeune d’entre eux, Clodoald, ayant réussi à se réfugier dans un monastère . À la même époque, elle perdit aussi sa fille, qui avait été donnée en mariage au cruel et violent roi des Wisigoths Amalaric. Privée dès lors de toute consolation terrestre, Clotilde dédia toute sa vie à la vénération de saint Martin. Lorsque ses deux fils entrèrent en guerre, en 534, elle se précipita sur la tombe du saint pour implorer son intercession, et une tempête vint miraculeusement séparer les deux armées, incitant les deux frères à se réconcilier.
Sentant sa fin prochaine, sainte Clotilde convoqua auprès d’elle Clotaire et Childebert, et elle les exhorta à mener une vie conforme à la charité chrétienne, puis, leur ayant prédit des événements à venir, elle remit en paix son âme à Dieu, le 3 juin 545, en confessant la Sainte Trinité.
Modèle des veuves et des souveraines chrétiennes, sainte Clotilde a été vénérée comme la fondatrice et la protectrice de la monarchie française. D’après une légende, sur la révélation d’un ange, elle arma Clovis pour le combat d’un écu orné de trois fleurs de lis — symbole de la Sainte Trinité — qui devint l’emblème des rois de France.
(Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras)
TROPAIRES ET KONDAKIA DU JOUR
Tropaire du saint martyr Lucillien, ton 1
Comme un astre éblouissant, dans la nuit de l’erreur * par ta foi tu as brillé, Lucillien; * tu as combattu selon les règles * et mis à mort le perfide tyran; * avec Paule la vénérable et les quatre enfants martyrs * intercède pour nos âmes auprès du Christ.
Kondakion du saint martyr Lucillien, ton 2
Grâce aux tourments que tu affrontas avec courage, Lucillien, * tu as atteint la dignité des martyrs du Christ; * avec Paule et les saints Enfants tu chantas au Créateur: * Voici que par amour pour toi, Sauveur, nous sommes immolés comme brebis.
ÉPÎTRE DU JOUR
Rom. II, 28-III, 18
Le Juif, ce n’est pas celui qui en a les dehors ; et la circoncision, ce n’est pas celle qui est visible dans la chair. Mais le Juif, c’est celui qui l’est intérieurement ; et la circoncision, c’est celle du cœur, selon l’esprit et non selon la lettre. La louange de ce Juif ne vient pas des hommes, mais de Dieu. Quel est donc l’avantage des Juifs, ou quelle est l’utilité de la circoncision ? Il est grand de toute manière, et tout d’abord en ce que les oracles de Dieu leur ont été confiés. Eh quoi ! Si quelques-uns n’ont pas cru, leur incrédulité anéantira-t-elle la fidélité de Dieu ? Loin de là ! Que Dieu, au contraire, soit reconnu pour vrai, et tout homme pour menteur, selon qu’il est écrit : Afin que tu sois trouvé juste dans tes paroles, Et que tu triomphes lorsqu’on te juge. Mais si notre injustice établit la justice de Dieu, que dirons-nous ? Dieu est-il injuste quand il déchaîne sa colère ? (Je parle à la manière des hommes.) Loin de là ! Autrement, comment Dieu jugerait-il le monde ? Et si, par mon mensonge, la vérité de Dieu éclate davantage pour sa gloire, pourquoi suis-je moi-même encore jugé comme pécheur ? Et pourquoi ne ferions-nous pas le mal afin qu’il en arrive du bien, comme quelques-uns, qui nous calomnient, prétendent que nous le disons ? La condamnation de ces gens est juste. Quoi donc ! Sommes-nous plus excellents ? Nullement. Car nous avons déjà prouvé que tous, Juifs et Grecs, sont sous l’empire du péché, selon qu’il est écrit : Il n’y a point de juste, Pas même un seul ; Nul n’est intelligent, Nul ne cherche Dieu ; Tous sont égarés, tous sont pervertis ; Il n’en est aucun qui fasse le bien, Pas même un seul ; Leur gosier est un sépulcre ouvert ; Ils se servent de leurs langues pour tromper ; Ils ont sous leurs lèvres un venin d’aspic ; Leur bouche est pleine de malédiction et d’amertume ; Ils ont les pieds légers pour répandre le sang ; La destruction et le malheur sont sur leur route ; Ils ne connaissent pas le chemin de la paix ; La crainte de Dieu n’est pas devant leurs yeux.
ÉVANGILE DU JOUR
Matth. VI, 31 – 34, VII, 9-11
Ne vous inquiétez donc point, et ne dites pas : Que mangerons-nous ? Que boirons-nous ? De quoi serons-nous vêtus ? Car toutes ces choses, ce sont les païens qui les recherchent. Votre Père céleste sait que vous en avez besoin. Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu ; et toutes ces choses vous seront données par-dessus. Ne vous inquiétez donc pas du lendemain ; car le lendemain aura soin de lui-même. À chaque jour suffit sa peine. Lequel de vous donnera une pierre à son fils, s’il lui demande du pain ? Ou, s’il demande un poisson, lui donnera-t-il un serpent? Si donc, méchants comme vous l’êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison votre Père qui est dans les cieux donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui les lui demandent