Grand Carême. Saints Eutrope, Cléonique et Basilisque, martyrs dans le Pont (vers 308) ; sainte Piame, vierge, ascète en Haute-Egypte (337) ; saint Théodoret, prêtre, martyr à Antioche (vers 363) ; saints Marin et Astère, martyrs à Césarée de Cappadoce (vers 445) ; saints Zenon et Zoïle ; sainte Camille, vierge, recluse à Ecoulives près d’Auxerre (448) ; saint Guénolé, abbé de Landevenec en Bretagne (vers 504) ; saint Calupan, reclus en Auvergne (576) ; saints néo-martyrs de Russie : Marthe (Kovrov), moniale et Michel (Stroïev), martyr (1938).
Saints Eutrope, Cléonique et Basilisque, martyrs dans le Pont (vers 308)
Ces saints martyrs, originaires de la ville d’Amasée, étaient parents et compagnons d’armes de saint Théodore Tiron. Cléonique était frère d’Eutrope et Basilisque, neveu de saint Théodore, mais ils étaient unis par une charité si profonde qu’ils se nommaient entre eux frères. Après le combat victorieux de saint Théodore, qui remit son âme en priant pour que ses compagnons soient eux aussi jugés dignes de la gloire du martyre, le gouverneur Puplius ayant péri lamentablement, un nouveau magistrat, Asclépiodote, homme cruel et inhumain, fut nommé à sa place pour exécuter les ordres de l’empereur Maximien Galère.
Dès qu’il commença son enquête sur les événements qui venaient d’agiter la cité, il se fit lire les Actes du martyre de saint Théodore et resta admiratif devant l’endurance et la bravoure du saint. Il fit alors convoquer ses trois compagnons, qui étaient mentionnés dans les Actes et avaient été incarcérés depuis dans la prison publique avec d’autres chrétiens. En les voyant partir pour le tribunal, leurs compagnons de captivité répandirent force larmes. Eutrope leur dit alors avec tendresse : « Ne pleurez pas, mes frères, car nous nous reverrons. Priez plutôt pour que le Seigneur nous confirme dans le combat qui se présente à nous ! » Encouragés par une voix céleste, les trois frères en Christ se présentèrent devant le gouverneur le visage radieux. Asclépiodote étonné leur demanda la cause de cet état inhabituel aux condamnés. Saint Eutrope lui dit : « Oui, en vérité, nous sommes joyeux, car le Christ est tous les jours notre joie et notre seule espérance, et Il rend véridique en nous cette parole : Le cœur joyeux épanouit le visage » (Prv 15, 13). Comme il continuait en se moquant des menaces du magistrat, celui-ci commanda à ses soldats de le frapper sur la bouche. Sous les coups, le saint continuait de se moquer des idoles sans vie et d’invectiver le gouverneur, de sorte que celui-ci, craignant de paraître ridicule à la postérité, ordonna à ses scribes d’interrompre leur transcription.
Se tournant vers Cléonique et Basilisque, Asclépiodote les menaça de souffrir pires tortures encore s’ils refusaient de sacrifier. D’une seule voix, les deux saints répondirent : « Nous sommes nous aussi fondés sur le roc inébranlable de la foi, comme l’a confessé notre frère Eutrope, et rien ne pourra nous séparer les uns des autres, car Jésus-Christ nous unit par la foi, et de même que la sainte et adorable Trinité est par nature une et indivisible, de même nous resterons inséparables à la vie et à la mort. » Soumis aux coups pendant un long moment, les saints martyrs laissaient les assistants et leurs bourreaux dans l’admiration par leur constance. Comme Eutrope levait les yeux au ciel pour rendre grâce au Christ de les avoir jugés dignes de souffrir pour son Nom, un tremblement de terre vint les délivrer de leurs liens et le Seigneur Jésus-Christ apparut entouré d’une myriade d’anges, en compagnie du saint martyr Théodore, pour les guérir de leurs plaies et les remplir de joie et de confiance. Devant ce spectacle, leurs bourreaux remirent leurs instruments de torture au gouverneur, qui était le seul à n’avoir rien vu, et renoncèrent à poursuivre leur besogne. De nombreux païens présents confessèrent à grands cris le Nom du Sauveur.
Asclépiodote, voyant que l’affaire risquait de tourner à l’émeute, fit exécuter les nouveaux convertis et décida de convoquer tous les habitants de la cité avec les chrétiens qui se trouvaient dans les prisons, pour offrir un sacrifice public au temple d’Artémis. Le lendemain, toute la ville ayant été rassemblée aux cris des hérauts, un grand nombre d’habitants présenta son culte à la déesse. Quand vint le tour des trois soldats chrétiens, Eutrope éleva vers Dieu une prière, en lui rappelant l’aide qu’Il avait jadis apportée aux Trois Jeunes Gens dans la fournaise, au prophète Daniel dans la fosse aux lions et dernièrement à saint Théodore. Dès qu’il acheva son invocation, un terrible tremblement de terre ébranla le temple et fit s’effondrer la statue d’Artémis, tandis qu’une voix se faisait entendre du ciel, recommandant aux saints de transformer ce lieu en une église chrétienne. Le plus grand nombre des païens s’était dispersé effrayé, mais le gouverneur, telle une bête fauve pleine de rage, ordonna de faire bouillir trois chaudrons pleins de goudron et de verser le liquide brûlant sur le corps des saints attachés à quatre poteaux. Comme le goudron coulait, telle de l’eau sur du marbre, sur leurs corps rendus incorruptibles par la grâce de Dieu, il les fit écorcher vif puis flageller. Mais dès qu’ils furent jetés ensanglantés dans leur cachot, le Christ leur apparut de nouveau pour les guérir.
Le lendemain, on les convoqua une nouvelle fois au tribunal. Eutrope et Cléonique furent condamnés à mort comme mages ; et, à l’instigation du diable, le père de toute division, le gouverneur ordonna de renvoyer Basilisque en prison, en vue de priver les saints de leur belle unité. Toute la population païenne suivit les condamnés jusqu’au lieu de leur supplice avec une cruelle avidité. Quand on les eut cloués chacun sur une croix, ils rendirent grâce au Christ de les avoir jugés dignes d’une mort semblable à la sienne, et une voix se fit entendre du ciel pour les accueillir dans la demeure des saints. Leurs corps furent ensevelis dans deux endroits différents, à quelque distance d’Amasée, où, dans la suite des temps, ils procurèrent d’abondantes bénédictions aux chrétiens.
TROPAIRES ET KONDAKIA DU JOUR
Tropaire des saints martyrs, ton 4
Tes Martyrs, Seigneur, pour le combat qu’ils ont mené / ont reçu de toi, notre Dieu, la couronne d’immortalité ; / animés de ta force, ils ont terrassé les tyrans / et réduit à l’impuissance l’audace des démons ; / par leurs prières sauve nos âmes, ô Christ notre Dieu.
Lectures de l’Ancien Testament
Isaïe XI, 10 – XII, 2
Et en ce jour apparaîtra la racine de Jessé et Celui qui s’élèvera pour régner sur les nations, et les nations espéreront en Lui, et son repos fera sa gloire. Et en ce jour le Seigneur montrera encore sa main, et il montrera son zèle pour les restes de son peuple, échappés aux Assyriens, à l’Égypte, à Babylone, aux Éthiopiens, aux Élamites, aux peuples du Levant et aux Arabes. Et il élèvera son étendard sur les nations, et il rassemblera les égarés d’Israël, les dispersés de Juda, et il les réunira des quatre ailes de la terre. Et la jalousie d’Éphraïm sera détruite, et les ennemis de Juda périront; Éphraïm ne portera plus envie à Juda, et Juda n’affligera plus Éphraïm. Ils voleront sur les eaux dans les barques des Philistins ; ils se feront une proie des peuples de la mer, de ceux de l’Orient et de l’Idumée, et d’abord ils mettront la main sur Moab; mais les fils d’Ammon seront les premiers soumis. Et le Seigneur désolera la mer d’Égypte, et au milieu d’une violente tempête Il fera tomber son bras sur le fleuve, et Il en frappera les sept bouches, de sorte qu’on les traversera avec des sandales. Et ce sera un passage pour mon peuple resté en Égypte y et il arrivera à Israël comme au temps où il sortit de la terre d’Égypte. En ce jour-là, Israël, tu diras: je Te bénis Seigneur parce que Tu as été irrité contre moi; puis Tu as détourné Ta colère et Tu as eu pitié de moi. Voici mon Dieu et mon Sauveur; je mettrai en lui ma confiance et je serai sans crainte; parce que le Seigneur est ma gloire, Il est ma louange, Il est mon salut.
Genèse VII, 11 – VIII, 3
L’an six cent de la vie de Noé, le vingt-septième jour de la seconde lune, toutes les sources de l’abîme jaillirent et les cataractes du ciel furent rompues. La pluie tomba sur la terre quarante jours et quarante nuits. En ces jours-là, Noé, Sem, Cham, Japhet, fils de Noé, la femme de Noé et les trois femmes de ses fils, étaient entrés dans l’arche. Et toutes les bêtes fauves, par espèces ; tous les bestiaux, par espèces ; tous les reptiles se traînant à terre, par espèces ; tous les oiseaux ailés, par espèces ; Étaient entrés auprès de Noé, dans l’arche, par deux couples, mâles et femelles, de toute chair en laquelle était souffle de vie. Tous les mâles et femelles de toute chair étaient donc entrés dans l’arche, selon ce que le Seigneur avait prescrit à Noé, et le Seigneur Dieu avait fermé l’arche en dehors. Et le déluge fut sur toute la terre quarante jours et quarante nuits ; l’eau se gonfla, et emporta l’arche qui s’éleva bien au-dessus de la terre. Et l’eau dominait ; elle montait, montait toujours sur la terre, et l’arche était portée sur la surface de l’eau. Et l’eau dominait beaucoup, beaucoup sur la terre ; et elle couvrait toutes les hautes montagnes qui étaient sous le ciel. L’eau s’éleva à quinze coudées au-dessus de leur sommet. Alors mourut toute chair se mouvant sur la terre, oiseaux et bestiaux, bêtes fauves et reptiles se traînant à terre, et tout homme. Tout ce qui avait souffle de vie, et tout ce qui vivait sur la terre ferme mourut. L’eau effaça tout ce qui se mouvait sur la face de la terre, depuis l’homme jusqu’aux bestiaux, tous les reptiles, et les oiseaux du ciel. Ils furent tous effacés de la terre. Noé seul resta, et ceux qui étaient dans l’arche avec lui. L’eau se maintint au-dessus de la terre cent cinquante jours. Puis, Dieu se souvint de Noé, et de toutes les bêtes fauves, et de tous les bestiaux, et de tous les oiseaux, et de tous les reptiles qui étaient avec lui dans l’arche. Il fit souffler un vent sur la terre, et l’eau céda. Les sources de l’abîme furent fermées, ainsi que les cataractes du ciel, et la pluie du ciel cessa. L’eau qui fuyait sur la terre s’affaissa, et diminua après cent cinquante jours.
Proverbes X, 1-22 Le fils sage réjouit son père ; le fils insensé est le chagrin de sa mère. Les trésors ne serviront de rien aux pervers ; mais l’équité délivrera de la mort. Le Seigneur ne laissera pas mourir de faim l’âme du juste ; mais Il détruira la vie des impies. L’indigence abaisse l’homme ; mais des mains fortes enrichissent. Le fils bien enseigné sera sage, et il se fera servir par l’insensé. Le fils prudent n’a point à souffrir de la grande chaleur ; mais le fils pervers est un épi consumé par le vent pendant la moisson. La bénédiction du Seigneur est sur la tête du juste ; mais des deuils imprévus couvrent la tête des impies. La mémoire des justes a la louange pour elle ; mais le nom des impies s’éteint. Le sage recueille les commandements en son cœur ; mais l’homme aux lèvres indiscrètes prend des détours et trébuche. Celui qui marche en sa simplicité, marche avec confiance ; celui qui se détourne dans ses voies sera découvert. Celui qui approuve d’un regard rusé prépare toute sorte de chagrins aux hommes ; mais celui qui réprimande avec franchise est un pacificateur. Il y a une source de vie dans la main du juste ; mais la perdition est cachée dans la bouche des impies. La haine suscite la discorde ; l’amitié protège tous ceux qui n’aiment point les querelles. Celui dont les lèvres professent la sagesse frappe d’une verge l’homme privé de sens. Les sages cachent leur science ; mais la bouche du téméraire le conduit à la confusion. La fortune des riches est leur forteresse, et la pauvreté est pour les impies le brisement du cœur. Les œuvres des justes donnent la vie ; mais les fruits des impies sont autant de péchés. L’instruction garde droites les voies de la vie ; mais l’instruction superficielle égare. Les lèvres justes couvrent la haine ; mais ceux qui se répandent en injures sont des plus insensés. Par la multitude des paroles, tu n’éviteras pas le péché ; par la discrétion des lèvres, tu seras sage. La langue du juste est de l’argent pur ; mais le cœur de l’impie est sans valeur. Les lèvres des justes savent des vérités sublimes ; les insensés meurent dans l’indigence. La bénédiction du Seigneur est sur la tête du juste ; elle l’enrichit, et il ne s’y joindra aucune tristesse de cœur.