GRAND JEUDI
Liturgie de saint Basile le Grand
Dispense d’huile et de vin
Mémoire de la Cène mystique
Saint Hypace, évêque de Gangres, martyr (vers 326) ; saint Apolonios d’Égypte (IVème s.) ; saint Hypace, moine médecin des Grottes de Kiev (XIVème s.) ; saint Jonas, métropolite de Moscou (1461) ; saint Innocent (Veniaminov), métropolite de Moscou, apôtre de l’Amérique du Nord et de la Sibérie (1879) ; saint hiéromartyr Jean (Blioumovitch), prêtre (1938).
SAINT HYPACE, ÉVÊQUE DE GANGRES

Saint Hypace était évêque de Gangres (auj. Çankiri), important évêché de Paphlagonie, au nord de l’Asie Mineure, au temps de saint Constantin le Grand. Il prit part au Concile de Nicée (325) et ramena par la suite nombre d’hérétiques à la vraie foi par son enseignement et ses écrits inspirés. Il éleva dans tout son diocèse des églises, dans lesquelles il plaçait des prêtres formés par lui, et fit construire des hospices et autres établissements de bienfaisance dans sa cité. Lorsqu’il voyageait pour ses tournées pastorales, il se déplaçait monté sur un âne, à l’imitation du Christ, accompagné seulement de deux moines. Son mode de vie était tout semblable à celui de saint Jean-Baptiste et, malgré ses responsabilités de pasteur, il vivait dans l’hésychia, comme un moine, et aimait à se retirer dans quelque grotte pour y prier ou y méditer l’Écriture sainte. C’est de ces méditations dans la solitude qu’il tirait la substance de ses écrits, en particulier un commentaire des Proverbes de Salomon, adressé à l’une de ses nobles disciples, Gaïenne, qu’il parvint ainsi à incliner à la générosité. Après la lecture du livre, celle-ci subit une telle transformation qu’elle distribua tous ses biens en faveur des œuvres de l’Église.
En pasteur accompli, Hypace se souciait non seulement de l’édification des âmes, mais il venait aussi en aide à ses ouailles dans leurs difficultés matérielles, grâce à la puissance de Dieu qui habitait en lui. C’est ainsi qu’il délivra la contrée des taupes qui ravageaient les récoltes. Sa renommée de thaumaturge étant parvenue jusqu’à l’empereur Constance (352-360), celui-ci fit convoquer Hypace à Constantinople et lui demanda de le débarrasser d’un dragon redoutable qui s’était installé devant la porte du trésor impérial et en interdisait l’entrée. Dès que l’évêque se présenta devant le monstre, il lui enfonça dans la gueule son bâton surmonté d’une croix et, invoquant le Nom de notre Seigneur Jésus-Christ, il le traîna jusqu’au forum et le jeta sur le bûcher qu’il y avait fait préparer. En signe de reconnaissance, Constance fit graver l’image du saint sur la porte du trésor et exempta Gangres des impôts annuels qui écrasaient les pauvres (le xylelaion) ; mais il n’en abandonna pas pour autant ses sympathies pour l’hérésie arienne.
Sur le chemin du retour, Hypace fut pris dans une embuscade préparée, dans le défilé de Luziana, par des schismatiques novatiens qui lui portaient une haine implacable. Ils tombèrent sur lui et le frappèrent à coups de pierres, de bâtons et d’épées. Laissé à demi-mort le saint trouva assez de force pour prononcer les paroles du premier martyr : « Seigneur, ne leur impute pas ce péché ! » (Act 7, 60). Une femme se rua alors sur lui et, d’un coup de pierre, elle le frappa mortellement à la tempe. De peur qu’on ne les prît, les criminels cachèrent le corps dans un tas de paille et s’enfuirent. Quelque temps plus tard, le propriétaire du champ étant venu prendre de la paille pour ses animaux, eut la surprise de voir, accompagnée de mélodies angéliques, une lumière surnaturelle recouvrir l’endroit où se trouvait le corps. Les habitants de Gangres prévenus, vinrent procéder en grande pompe au transfert de cette sainte dépouille et, aussitôt après, la meurtrière, qui avait été possédée du démon à la suite de son forfait, fut guérie. Le tombeau de saint Hypace resta dans la suite des temps une source de miracles.
(Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras)
TROPAIRES ET KONDAKIA DU JOUR
Tropaire du saint et grand Jeudi, ton 8
Lorsqu’à la Cène, au Lavement des pieds, les glorieux disciples étaient illuminés, Judas l’impie, malade d’avarice, se couvrait de ténèbres et aux juges iniques il Te livrait, Toi le juste Juge. Vois donc, toi qui t’attaches aux richesses, comment à cause d’elles il s’est pendu ! Fuis l’âme insatiable qui osa commettre un tel acte contre le Maître. Toi qui es bon envers tous, Seigneur, gloire à Toi.
Kondakion du saint et grand Jeudi, ton 2
Ayant reçu le pain dans Ses mains, le traître les tend en secret pour recevoir le prix de Celui qui a façonné l’homme de Ses propres mains. Il est demeuré incorrigible, lui le serviteur et félon.
ÉPITRE DU JOUR
1 Co XI,23-32
Car j’ai reçu du Seigneur ce que je vous ai enseigné ; c’est que le Seigneur Jésus, dans la nuit où il fut livré, prit du pain, et, après avoir rendu grâces, le rompit, et dit : Ceci est mon corps, qui est rompu pour vous; faites ceci en mémoire de moi. De même, après avoir soupé, il prit la coupe, et dit : Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang ; faites ceci en mémoire de moi toutes les fois que vous en boirez. Car toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne. C’est pourquoi celui qui mangera le pain ou boira la coupe du Seigneur indignement, sera coupable envers le corps et le sang du Seigneur. Que chacun donc s’éprouve soi-même, et qu’ainsi il mange du pain et boive de la coupe ; car celui qui mange et boit sans discerner le corps du Seigneur, mange et boit un jugement contre lui-même. C’est pour cela qu’il y a parmi vous beaucoup d’infirmes et de malades, et qu’un grand nombre sont morts. Si nous nous jugions nous-mêmes, nous ne serions pas jugés. Mais quand nous sommes jugés, nous sommes châtiés par le Seigneur, afin que nous ne soyons pas condamnés avec le monde.
ÉVANGILE DU JOUR
(Matth. XXVI, 1-20 ; Jn XIII, 3-17 ; Matth. XXVI, 21-39 ; Lc XXII, 43-45 ; Matth. XXVI, 40 – XXVII, 2)
Lorsque Jésus eut achevé tous ces discours, il dit à ses disciples: Vous savez que la Pâque a lieu dans deux jours, et que le Fils de l’homme sera livré pour être crucifié. Alors les principaux sacrificateurs et les anciens du peuple se réunirent dans la cour du souverain sacrificateur, appelé Caïphe; et ils délibérèrent sur les moyens d’arrêter Jésus par ruse, et de le faire mourir. Mais ils dirent: Que ce ne soit pas pendant la fête, afin qu’il n’y ait pas de tumulte parmi le peuple. Comme Jésus était à Béthanie, dans la maison de Simon le lépreux, une femme s’approcha de lui, tenant un vase d’albâtre, qui renfermait un parfum de grand prix; et, pendant qu’il était à table, elle répandit le parfum sur sa tête. Les disciples, voyant cela, s’indignèrent, et dirent: A quoi bon cette perte? On aurait pu vendre ce parfum très cher, et en donner le prix aux pauvres. Jésus, s’en étant aperçu, leur dit: Pourquoi faites-vous de la peine à cette femme? Elle a fait une bonne action à mon égard; car vous avez toujours des pauvres avec vous, mais vous ne m’avez pas toujours. En répandant ce parfum sur mon corps, elle l’a fait pour ma sépulture. Je vous le dis en vérité, partout où cette bonne nouvelle sera prêchée, dans le monde entier, on racontera aussi en mémoire de cette femme ce qu’elle a fait. Alors l’un des douze, appelé Judas Iscariote, alla vers les principaux sacrificateurs, et dit: Que voulez-vous me donner, et je vous le livrerai? Et ils lui payèrent trente pièces d’argent. Depuis ce moment, il cherchait une occasion favorable pour livrer Jésus. Le premier jour des pains sans levain, les disciples s’adressèrent à Jésus, pour lui dire: Où veux-tu que nous te préparions le repas de la Pâque? Il répondit: Allez à la ville chez un tel, et vous lui direz: Le maître dit: Mon temps est proche; je ferai chez toi la Pâque avec mes disciples. Les disciples firent ce que Jésus leur avait ordonné, et ils préparèrent la Pâque. Le soir étant venu, il se mit à table avec les douze. Jésus, qui savait que le Père avait remis toutes choses entre ses mains, qu’il était venu de Dieu, et qu’il s’en allait à Dieu, se leva de table, ôta ses vêtements, et prit un linge, dont il se ceignit. Ensuite il versa de l’eau dans un bassin, et il se mit à laver les pieds des disciples, et à les essuyer avec le linge dont il était ceint. Il vint donc à Simon Pierre; et Pierre lui dit: Toi, Seigneur, tu me laves les pieds! Jésus lui répondit: Ce que je fais, tu ne le comprends pas maintenant, mais tu le comprendras bientôt. Pierre lui dit: Non, jamais tu ne me laveras les pieds. Jésus lui répondit: Si je ne te lave, tu n’auras point de part avec moi. Simon Pierre lui dit: Seigneur, non seulement les pieds, mais encore les mains et la tête. Jésus lui dit: Celui qui est lavé n’a besoin que de se laver les pieds pour être entièrement pur; et vous êtes purs, mais non pas tous. Car il connaissait celui qui le livrait; c’est pourquoi il dit: Vous n’êtes pas tous purs. Après qu’il leur eut lavé les pieds, et qu’il eut pris ses vêtements, il se remit à table, et leur dit: Comprenez-vous ce que je vous ai fait? Vous m’appelez Maître et Seigneur; et vous dites bien, car je le suis. Si donc je vous ai lavé les pieds, moi, le Seigneur et le Maître, vous devez aussi vous laver les pieds les uns aux autres; car je vous ai donné un exemple, afin que vous fassiez comme je vous ai fait. En vérité, en vérité, je vous le dis, le serviteur n’est pas plus grand que son seigneur, ni l’apôtre plus grand que celui qui l’a envoyé. Le soir étant venu, il se mit à table avec les douze. Pendant qu’ils mangeaient, il dit: Je vous le dis en vérité, l’un de vous me livrera. Ils furent profondément attristés, et chacun se mit à lui dire: Est-ce moi, Seigneur? Il répondit: Celui qui a mis avec moi la main dans le plat, c’est celui qui me livrera. Le Fils de l’homme s’en va, selon ce qui est écrit de lui. Mais malheur à l’homme par qui le Fils de l’homme est livré! Mieux vaudrait pour cet homme qu’il ne fût pas né. Judas, qui le livrait, prit la parole et dit: Est-ce moi, Rabbi? Jésus lui répondit: Tu l’as dit. Pendant qu’ils mangeaient, Jésus prit du pain; et, après avoir rendu grâces, il le rompit, et le donna aux disciples, en disant: Prenez, mangez, ceci est mon corps. Il prit ensuite une coupe; et, après avoir rendu grâces, il la leur donna, en disant: Buvez-en tous; car ceci est mon sang, le sang de l’alliance, qui est répandu pour plusieurs, pour la rémission des péchés. Je vous le dis, je ne boirai plus désormais de ce fruit de la vigne, jusqu’au jour où j’en boirai du nouveau avec vous dans le royaume de mon Père. Après avoir chanté les cantiques, ils se rendirent à la montagne des oliviers. Alors Jésus leur dit: Je serai pour vous tous, cette nuit, une occasion de chute; car il est écrit: Je frapperai le berger, et les brebis du troupeau seront dispersées. Mais, après que je serai ressuscité, je vous précèderai en Galilée. Pierre, prenant la parole, lui dit: Quand tu serais pour tous une occasion de chute, tu ne le seras jamais pour moi. Jésus lui dit: Je te le dis en vérité, cette nuit même, avant que le coq chante, tu me renieras trois fois. Pierre lui répondit: Quand il me faudrait mourir avec toi, je ne te renierai pas. Et tous les disciples dirent la même chose. Là-dessus, Jésus alla avec eux dans un lieu appelé Gethsémané, et il dit aux disciples: Asseyez-vous ici, pendant que je m’éloignerai pour prier. Il prit avec lui Pierre et les deux fils de Zébédée, et il commença à éprouver de la tristesse et des angoisses. Il leur dit alors: Mon âme est triste jusqu’à la mort; restez ici, et veillez avec moi. Puis, ayant fait quelques pas en avant, il se jeta sur sa face, et pria ainsi: Mon Père, s’il est possible, que cette coupe s’éloigne de moi! Toutefois, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux. Alors un ange lui apparut du ciel, pour le fortifier. Étant en agonie, il priait plus instamment, et sa sueur devint comme des grumeaux de sang, qui tombaient à terre. Après avoir prié, il se leva, et vint vers les disciples, qu’il trouva endormis de tristesse, Et il vint vers les disciples, qu’il trouva endormis, et il dit à Pierre: Vous n’avez donc pu veiller une heure avec moi! Veillez et priez, afin que vous ne tombiez pas dans la tentation; l’esprit est bien disposé, mais la chair est faible. Il s’éloigna une seconde fois, et pria ainsi: Mon Père, s’il n’est pas possible que cette coupe s’éloigne sans que je la boive, que ta volonté soit faite!Il revint, et les trouva encore endormis; car leurs yeux étaient appesantis. Il les quitta, et, s’éloignant, il pria pour la troisième fois, répétant les mêmes paroles. Puis il alla vers ses disciples, et leur dit: Vous dormez maintenant, et vous vous reposez! Voici, l’heure est proche, et le Fils de l’homme est livré aux mains des pécheurs. Levez-vous, allons; voici, celui qui me livre s’approche. Comme il parlait encore, voici, Judas, l’un des douze, arriva, et avec lui une foule nombreuse armée d’épées et de bâtons, envoyée par les principaux sacrificateurs et par les anciens du peuple. Celui qui le livrait leur avait donné ce signe: Celui à qui je donnerai un baiser, c’est lui; saisissez-le. Aussitôt, s’approchant de Jésus, il dit: Salut, Rabbi! Et il lui donna le baiser. Jésus lui dit: Mon ami, ce que tu es venu faire, fais-le. Alors ces gens s’avancèrent, mirent la main sur Jésus, et le saisirent. Et voici, un de ceux qui étaient avec Jésus étendit la main, et tira son épée; il frappa le serviteur du souverain sacrificateur, et lui emporta l’oreille. Alors Jésus lui dit: Remets ton épée à sa place; car tous ceux qui prendront l’épée périront par l’épée. Penses-tu que je ne puisse pas invoquer mon Père, qui me donnerait à l’instant plus de douze légions d’anges? Comment donc s’accompliraient les Écritures, d’après lesquelles il doit en être ainsi? En ce moment, Jésus dit à la foule: Vous êtes venus, comme après un brigand, avec des épées et des bâtons, pour vous emparer de moi. J’étais tous les jours assis parmi vous, enseignant dans le temple, et vous ne m’avez pas saisi. Mais tout cela est arrivé afin que les écrits des prophètes fussent accomplis. Alors tous les disciples l’abandonnèrent, et prirent la fuite. Ceux qui avaient saisi Jésus l’emmenèrent chez le souverain sacrificateur Caïphe, où les scribes et les anciens étaient assemblés. Pierre le suivit de loin jusqu’à la cour du souverain sacrificateur, y entra, et s’assit avec les serviteurs, pour voir comment cela finirait. Les principaux sacrificateurs et tout le sanhédrin cherchaient quelque faux témoignage contre Jésus, suffisant pour le faire mourir. Mais ils n’en trouvèrent point, quoique plusieurs faux témoins se fussent présentés. Enfin, il en vint deux, qui dirent: Celui-ci a dit: Je puis détruire le temple de Dieu, et le rebâtir en trois jours. Le souverain sacrificateur se leva, et lui dit: Ne réponds-tu rien? Qu’est-ce que ces hommes déposent contre toi? Jésus garda le silence. Et le souverain sacrificateur, prenant la parole, lui dit: Je t’adjure, par le Dieu vivant, de nous dire si tu es le Christ, le Fils de Dieu. Jésus lui répondit: Tu l’as dit. De plus, je vous le déclare, vous verrez désormais le Fils de l’homme assis à la droite de la puissance de Dieu, et venant sur les nuées du ciel. Alors le souverain sacrificateur déchira ses vêtements, disant: Il a blasphémé! Qu’avons-nous encore besoin de témoins? Voici, vous venez d’entendre son blasphème. Que vous en semble ? Ils répondirent : Il mérite la mort. Là-dessus, ils lui crachèrent au visage, et lui donnèrent des coups de poing et des soufflets en disant: Christ, prophétise; dis-nous qui t’a frappé. Cependant, Pierre était assis dehors dans la cour. Une servante s’approcha de lui, et dit: Toi aussi, tu étais avec Jésus le Galiléen. Mais il le nia devant tous, disant: Je ne sais ce que tu veux dire. Comme il se dirigeait vers la porte, une autre servante le vit, et dit à ceux qui se trouvaient là; Celui-ci était aussi avec Jésus de Nazareth. Il le nia de nouveau, avec serment: Je ne connais pas cet homme. Peu après, ceux qui étaient là, s’étant approchés, dirent à Pierre : Certainement tu es aussi de ces gens-là, car ton langage te fait reconnaître. Alors il se mit à faire des imprécations et à jurer: Je ne connais pas cet homme. Aussitôt le coq chanta. Et Pierre se souvint de la parole que Jésus avait dite: Avant que le coq chante, tu me renieras trois fois. Et étant sorti, il pleura amèrement. Dès que le matin fut venu, tous les principaux sacrificateurs et les anciens du peuple tinrent conseil contre Jésus, pour le faire mourir. Après l’avoir lié, ils l’emmenèrent, et le livrèrent à Ponce Pilate, le gouverneur.