Saint hiéromartyr Grégoire, illuminateur de la Grande Arménie (vers 335) ; saints Victor et Ours, martyrs à Soleure en Suisse (IIIème s.) ; saintes Ripsime, Gaïenne et leurs compagnes, vierges, martyres en Arménie (IVème s.) ; saint Jérôme (420). sainte Eusébie, vierge, à Marseille (vers 497) ; saint Victurnien, ermite (VIème s.) ; saint Lumier, évêque de Châlons (621) ; saint Léry, moine (VIIème s.) ; saint Ansbert, abbé de Moissac (VIIème s.) ; saint Michel, premier métropolite de Kiev (992) ; saint Grégoire de Pelchemsk, thaumaturge de Vologda (1442) ; saints nouveaux martyrs de Russie : Procope (Popov), prêtre (1918), Pierre (Soloviev) , Wenceslas (Zankov), Pierre (Pouckinsky), Syméon (Lileev), Basile (Gouriev), Alexandre (Orlov), prêtres, Séraphim (Vasilenko), diacre, Alexandra (Tcherviakov), moniale, Alexis (Serebrennikov) et Matthieu (Soloviev), moine, Apollinaria (Toupitsyne), moniale (1937), Nicolas (Zagorovsky), dans le monachisme Séraphim, confesseur, prêtre (1943).
VIE DE ST GRÉGOIRE L’ILLUMINATEUR DE LA GRANDE ARMÉNIE[1]
Le royaume d’Arménie, situé aux confins des empires romain et perse, et voué à des invasions permanentes et à des guerres tout au long de son histoire tragique, reçut — semble-t-il — les premières semences de la Bonne Nouvelle dès l’époque apostolique. Mais, à part quelques foyers chrétiens, la plus grande partie du peuple, suivant l’exemple de ses souverains, resta attachée aux mœurs païennes, jusqu’à la mission providentielle de saint Grégoire le nouvel Apôtre, justement surnommé l’Illuminateur. Saint Grégoire naquit vers l’année 240. Il était fils du satrape parthe Anak qui, sur l’ordre du roi sassanide de Perse, Ardashir (226-241), avait égorgé le roi d’Arménie, Khosrov (217-238), de la dynastie arsacide. En châtiment de ce crime, toute la famille d’Anak fut exécutée, à l’exception de Grégoire et de l’un de ses frères, encore enfants, que leur nourrice emmena à Césarée de Cappadoce. C’est à l’occasion de cet exil en territoire romain que Grégoire fut initié aux saints dogmes et baptisé. Il épousa une jeune fille de sang royal, Juliette, qui lui donna deux fils : Aristakès et Verthanès (voir mémoire suivante). Tiridate III, l’un des fils du roi assassiné, se trouvait, lui aussi, exilé à Césarée par le roi des Perses. Apprenant sa présence, Grégoire se mit à son service, sans toutefois lui révéler son origine. En 297, Tiridate accéda de nouveau au trône d’Arménie, grâce à l’appui des Romains, en remerciement du soutien qu’il leur avait offert lors de la campagne de Maximien Galère contre les Perses. Mais, loin de reconnaître la main bienveillante du seul Dieu Créateur et Bienfaiteur de l’univers, Tiridate fit bientôt preuve d’un zèle farouche pour le culte des idoles. Il convoqua Grégoire à son palais, et lui proposa d’offrir de l’encens et une couronne de fleurs à la déesse Anahit (Artémis) dans le temple d’Erzinjan, en action de grâces pour sa restauration sur le trône. Comme Grégoire refusait de renier le Christ, le roi, oubliant toute reconnaissance envers celui qui l’avait servi aux jours difficiles de leur exil, s’emporta avec fureur contre lui, et le soumit à des tortures d’une telle cruauté que seule l’imagination du démon pouvait les lui suggérer. Suspendu par un pied, la tête au-dessus d’un brasier où brûlaient des excréments, le saint fut flagellé pendant des jours entiers. On lui écrasa ensuite les os des jambes en les serrant dans des étaux, puis on lui introduisit dans les narines un mélange de potasse, de sel et de vinaigre, lequel lui monta jusqu’au cerveau. Ses tortionnaires lui plantèrent des clous dans les pieds et le forcèrent à courir. Ils lui enfoncèrent ensuite la tête dans un sac plein de cendres brûlantes, et lui firent subir encore tant d’autres tourments qu’on se lasserait à les énumérer. Revêtu de l’invincible panoplie de la foi, Grégoire restait néanmoins inflexible et ne cessait de rendre grâce à Dieu de l’avoir rendu digne de souffrir pour son Nom. Lorsque Tiridate apprit que Grégoire était le fils du meurtrier de son père, sa rage ne connut plus de borne. Il fit jeter le saint dans une fosse profonde, pleine de reptiles et de toutes sortes d’animaux venimeux, où Grégoire demeura pendant quinze ans (298-313), nourri secrètement par une veuve. Après le martyre de sainte Ripsime et de ses compagnons (voir ci-après), Tiridate, frappé par la colère divine, perdit la raison et se mit à vivre en compagnie des porcs, marchant à quatre pattes et dévorant sa propre chair. Sa sœur, Khosroviducta, apprit, au cours d’un rêve, que seul saint Grégoire pourrait, par son intercession, obtenir la guérison du roi. On fit donc remonter de sa fosse l’athlète du Christ qui, à la surprise de tous, apparut plein de vigueur et de santé. Il guérit le roi par sa prière, et le convainquit d’adhérer à la foi chrétienne pour sauver son âme des châtiments éternels, bien plus redoutables que les souffrances qu’il avait endurées pendant sa folie. Subissant par la grâce de Dieu une heureuse transformation, Tiridate fit renverser les idoles dans tout son royaume et décréta l’abolition du paganisme. Puis, accompagné de sa sœur, ils aidèrent de leurs propres mains à la construction d’une église en l’honneur de sainte Ripsime et de ses compagnons. Mais il n’y avait pas d’évêque pour consacrer ces églises et sceller la conversion du roi par le saint baptême. Aussi, envoya-t-il Grégoire, accompagné d’une brillante escorte, à Césarée, où le métropolite Léonce le consacra évêque et catholicos de la nouvelle Église d’Arménie (314). De retour dans sa patrie, apportant avec lui des reliques de saint Jean-Baptiste et du martyr Athénogène, saint Grégoire baptisa le souverain dans l’Euphrate, en compagnie d’un grand nombre de notables et de ses sujets. Il installa son siège dans la ville d’Ashtishat, sur les rives de l’Araks, qui était le centre du culte païen, et entreprit des tournées missionnaires dans tout le pays pour y répandre la Bonne Nouvelle. À la suite de son ardente prédication, les prêtres des idoles détruisirent leurs temples et, après avoir reçu le saint baptême et l’imposition des mains de Grégoire, ils devinrent prêtres du Dieu Très-Haut, si bien qu’en peu de temps, grâce au soutien du roi Tiridate, toute l’Arménie fut couverte d’églises et résonna des échos des hymnes sacrées. C’est ainsi qu’avant la conversion de saint Constantin le Grand, l’Arménie devint le premier royaume officiellement chrétien et que, de là, la lumière de l’Évangile se répandit aux peuples voisins du Caucase. Après avoir confirmé la foi dans le royaume d’Arménie et dans les contrées voisines, en y installant une quinzaine d’évêques, saint Grégoire désigna son fils cadet, Aristakès, comme catholicos de la Grande Arménie, puis il se retira dans une grotte isolée du mont Sabuh (vers 320), ne mangeant qu’une fois tous les quarante jours et s’entretenant continuellement avec Dieu. C’est là qu’il s’endormit en paix pour jouir éternellement de la lumière de la Sainte Trinité, dont il avait répandu les rayons sur son peuple (328). Son corps, qui avait été découvert par des bergers, fut enterré à Thordan, sur les rives de l’Euphrate. Par la suite, ses saintes reliques furent découvertes par un ermite, nommé Garhnik, et transférées à Constantinople, avec celles de sainte Ripsime, sous le règne de Zénon (474-491). Bien longtemps après, sous le règne de Basile Ier (vers 870), un jeune homme fut délivré du démon devant le reliquaire, et l’esprit impur révéla le nom des saints qu’il contenait. Lorsque le roi d’Arménie, Ashot le Grand, eut connaissance de ce miracle, il institua une fête en l’honneur de l’invention des reliques des saints illuminateurs. Une partie des précieuses reliques de saint Grégoire est vénérée aujourd’hui dans la cathédrale d’Etchmiadzine.
(Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras)
TROPAIRES ET KONDAKIA DU JOUR
Tropaire du saint hiéromartyr Grégoire l’Illuminateur, ton 4
Émule des Apôtres dans leur vie, leur successeur sur leurs trônes, tu as trouvé dans la pratique des vertus, ô inspiré de Dieu, la voie qui mène à la contemplation. Aussi, dispensant fidèlement la parole de vérité, tu as lutté pour la foi jusqu’au sang, ô Hiéromartyr Grégoire, prie le Christ Dieu de sauver nos âmes.
Tropaire de saint Michel, métropolite de Kiev, ton 4
En ce jour la prophétie du premier des Apôtres s’accomplit, car en nos contrées la grâce a brillé et la foi s’est accrue; ceux qui dans l’incroyance avaient vieilli sont renés dans les fonts baptismaux, devenant le peuple du renouveau, un sacerdoce royal, une sainte nation, le troupeau du Christ, dont tu fus le premier pasteur, toi qui l’as baptisé le premier; désormais en présence du Maître, le Christ notre Dieu, prie-le de sauver tous les fils de ta patrie: tu en as le pouvoir en tant que pontife et ministre de Dieu.
Tropaire de saint Grégoire de Vologda, ton 8
Illuminé par l’amour du Christ, Père aux pensées divines, tu brillas par tes vertus et, repoussant toute charnelle volupté, tu habitas le désert où tu as accompli de grands exploits en cette vie, dans les jeûnes, les veilles et la louange du Seigneur; c’est pourquoi le Christ t’a donné le pouvoir des miracles; souviens-toi de nous qui célébrons ta mémoire sacrée, vénérable Père Grégoire, et prie le Christ notre Dieu de sauver nos âmes.
Kondakion du saint hiéromartyr Grégoire l’Illuminateur, ton 2
Fidèles, par des cantiques et des hymnes sacrées * célébrons tous en ce jour * l’illustre Pontife divin, * Grégoire, le docteur et pasteur vigilant, * ce flambeau qui éclaire le monde entier; * pour le salut de nos âmes il intercède auprès du Christ.
Kondakion de saint Michel, métropolite de Kiev, ton 2
Tu as été un second Moïse pour la Russie, car ta vigne spirituelle, tu l’as transplantée de cette Egypte où elle servait les faux-dieux vers la terre que les prophètes ont d’avance contemplée; et d’elle en image il est dit: La foi s’affermira dans le pays, au sommet des montagnes de Kiev s’élèvera, plus haut que le Liban, le fruit qui nourrit le monde entier; et nous qui avons goûté de ce fruit, saint pontife Michel, nous te disons bienheureux.
Kondakion de saint Grégoire de Vologda, ton 8
Vénérable Père, blessé par l’amour du Christ, en ton irréversible penchant tu l’as suivi, dédaignant toute jouissance de la chair et tu demeuras dans le désert où tu menas de sublimes combats; aussi as-tu reçu du Christ un don miraculeux: de nous qui vénérons ta brillante mémoire souviens toi, afin que nous puissions te chanter: réjouis-toi, vénérable Père Grégoire.
ÉPITRE DU JOUR
Éph. II, 19- III, 7
Ainsi donc, vous n’êtes plus des étrangers, ni des gens du dehors; mais vous êtes concitoyens des saints, gens de la maison de Dieu. Vous avez été édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus Christ lui-même étant la pierre angulaire. En lui tout l’édifice, bien coordonné, s’élève pour être un temple saint dans le Seigneur. En lui vous êtes aussi édifiés pour être une habitation de Dieu en Esprit. À cause de cela, moi Paul, le prisonnier de Christ pour vous païens… si du moins vous avez appris quelle est la dispensation de la grâce de Dieu, qui m’a été donnée pour vous. C’est par révélation que j’ai eu connaissance du mystère sur lequel je viens d’écrire en peu de mots. En les lisant, vous pouvez vous représenter l’intelligence que j’ai du mystère de Christ. Il n’a pas été manifesté aux fils des hommes dans les autres générations, comme il a été révélé maintenant par l’Esprit aux saints apôtres et prophètes de Christ. Ce mystère, c’est que les païens sont cohéritiers, forment un même corps, et participent à la même promesse en Jésus Christ par l’Évangile, dont j’ai été fait ministre selon le don de la grâce de Dieu, qui m’a été accordée par l’efficacité de sa puissance.
Éph. III, 8-21 (jour suivant)
À moi, qui suis le moindre de tous les saints, cette grâce a été accordée d’annoncer aux païens les richesses incompréhensibles de Christ, et de mettre en lumière quelle est la dispensation du mystère caché de tout temps en Dieu qui a créé toutes choses, afin que les dominations et les autorités dans les lieux célestes connaissent aujourd’hui par l’Église la sagesse infiniment variée de Dieu, selon le dessein éternel qu’il a mis à exécution par Jésus Christ notre Seigneur, en qui nous avons, par la foi en lui, la liberté de nous approcher de Dieu avec confiance. Aussi je vous demande de ne pas perdre courage à cause de mes tribulations pour vous: elles sont votre gloire. À cause de cela, je fléchis les genoux devant le Père, duquel tire son nom toute famille dans les cieux et sur la terre, afin qu’il vous donne, selon la richesse de sa gloire, d’être puissamment fortifiés par son Esprit dans l’homme intérieur, en sorte que Christ habite dans vos cœurs par la foi; afin qu’étant enracinés et fondés dans l’amour, vous puissiez comprendre avec tous les saints quelle est la largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur, et connaître l’amour de Christ, qui surpasse toute connaissance, en sorte que vous soyez remplis jusqu’à toute la plénitude de Dieu. Or, à celui qui peut faire, par la puissance qui agit en nous, infiniment au-delà de tout ce que nous demandons ou pensons, à lui soit la gloire dans l’Église et en Jésus Christ, dans toutes les générations, aux siècles des siècles ! Amen !
ÉVANGILE DU JOUR
Mc XI, 11-23
Jésus entra à Jérusalem, dans le temple. Quand il eut tout considéré, comme il était déjà tard, il s’en alla à Béthanie avec les douze. Le lendemain, après qu’ils furent sortis de Béthanie, Jésus eut faim. Apercevant de loin un figuier qui avait des feuilles, il alla voir s’il y trouverait quelque chose; et, s’en étant approché, il ne trouva que des feuilles, car ce n’était pas la saison des figues. Prenant alors la parole, il lui dit: Que jamais personne ne mange de ton fruit! Et ses disciples l’entendirent. Ils arrivèrent à Jérusalem, et Jésus entra dans le temple. Il se mit à chasser ceux qui vendaient et qui achetaient dans le temple; il renversa les tables des changeurs, et les sièges des vendeurs de pigeons; et il ne laissait personne transporter aucun objet à travers le temple. Et il enseignait et disait: N’est-il pas écrit: Ma maison sera appelée une maison de prière pour toutes les nations? Mais vous, vous en avez fait une caverne de voleurs. Les principaux sacrificateurs et les scribes, l’ayant entendu, cherchèrent les moyens de le faire périr; car ils le craignaient, parce que toute la foule était frappée de sa doctrine. Quand le soir fut venu, Jésus sortit de la ville. Le matin, en passant, les disciples virent le figuier séché jusqu’aux racines. Pierre, se rappelant ce qui s’était passé, dit à Jésus: Rabbi, regarde, le figuier que tu as maudit a séché. Jésus prit la parole, et leur dit: Ayez foi en Dieu. Je vous le dis en vérité, si quelqu’un dit à cette montagne: Ôte-toi de là et jette-toi dans la mer, et s’il ne doute point en son cœur, mais croit que ce qu’il dit arrive, il le verra s’accomplir.
Mc. XI, 23-26 (jour suivant) Je vous le dis en vérité, si quelqu’un dit à cette montagne: ôte-toi de là et jette-toi dans la mer, et s’il ne doute point en son cœur, mais croit que ce qu’il dit arrive, il le verra s’accomplir. C’est pourquoi je vous dis: Tout ce que vous demanderez en priant, croyez que vous l’avez reçu, et vous le verrez s’accomplir. Et, lorsque vous êtes debout faisant votre prière, si vous avez quelque chose contre quelqu’un, pardonnez, afin que votre Père qui est dans les cieux vous pardonne aussi vos offenses. Mais si vous ne pardonnez pas, votre Père qui est dans les cieux ne vous pardonnera pas non plus vos offenses.