Jour de jeûne
Après-fête de la Théophanie ; saint martyr Polyeucte (259) ; saint Pierre, évêque de Sébaste en Arménie (IVème s.) ; sainte Paschasie, vierge, martyre à Dijon (vers 180) ; saint Vaneng, moine à Fécamp (688) ; saint Mauront, abbé de Saint-Florent-le-Vieil (700) saint Eustrate le thaumaturge (IXème s.) ; saint Philippe, métropolite de Moscou, thaumaturge (1569) ; saint Jonas, fondateur du monastère de la Sainte-Trinité à Kiev (1902) ;saint hiéromartyr Paul (Nikolsky), prêtre (1943).
LE SAINT MARTYR POLYEUCTE
Au commencement de la persécution de Dèce (249-251), Polyeucte et Néarque, deux officiers, grecs d’origine, de la douzième légion romaine, alors stationnée à Mélitène en Arménie, étaient liés par une tendre et profonde amitié. Néarque s’était converti au christianisme, tandis que Polyeucte était encore adonné au culte des idoles malgré ses nombreuses vertus. Lorsqu’on publia le premier édit de persécution, obligeant tous les militaires à sacrifier publiquement pour montrer leur fidélité au culte officiel de l’empereur, Néarque fit part à Polyeucte avec chagrin que cet édit allait bientôt les séparer à tout jamais. Polyeucte, déjà instruit en partie de la religion de Jésus-Christ par ses entretiens avec son ami, lui répondit le visage plein de joie : « Non, nous ne serons pas séparés, car la nuit dernière, le Christ que tu adores m’est apparu en vision, il m’a revêtu d’une chasuble lumineuse après m’avoir défait de mon vêtement militaire, et m’a fait présent d’un cheval ailé. » Il venait de comprendre qu’il s’agissait de la prédiction figurée de son prochain transfert au ciel, parmi la glorieuse cohorte des martyrs victorieux. Chrétien, il l’était déjà depuis longtemps par l’intention et la bonne disposition de l’âme ; il ne lui en manquait que le nom et que le sceau divin par le saint baptême. L’un et l’autre s’encouragèrent alors mutuellement à mépriser les biens et les joies périssables de cette terre pour obtenir la béatitude céleste. Lorsque Néarque apprit à Polyeucte que le martyre peut suppléer le baptême et toute autre cérémonie pour nous enrôler dans l’armée du Christ et faire vivre le Maître en nous, celui-ci, ne brûlant plus désormais que du désir d’être martyrisé, lui dit : « Mon esprit ne pense plus qu’aux choses du Ciel, j’ai devant les yeux de mon âme le Christ, et sa splendeur illumine mon visage. Convenons donc de souffrir ensemble le martyre, sortons et allons lire l’édit de l’empereur. » Une fois arrivé devant l’inscription, le brave Polyeucte l’arracha aux yeux de la foule étonnée et, se précipitant au milieu d’une procession païenne, il brisa en morceaux les idoles que portaient les prêtres.
Immédiatement arrêté et traduit devant le tribunal, Polyeucte fut condamné, comme sacrilège, à souffrir quantité de tourments. Rien ne pouvait le faire cesser de se déclarer chrétien. Après les bourreaux, qui las de le frapper avaient vainement essayé de le convaincre, son beau-père Félix, le gouverneur de la province, s’efforça de le faire fléchir en lui rappelant le souvenir de son épouse et de ses enfants. « Quelle femme ? Quels enfants ? reprit-il ; ma pensée n’est plus là, elle ne se tourne désormais que vers les biens célestes et incorruptibles. Quant à ta fille, si elle consent à me suivre elle sera bienheureuse, si non elle ira à la perdition avec ceux que vous appelez vos dieux. »
Son épouse Pauline s’avança alors en larmes : « Quelle démence s’est emparée de toi ? lui dit-elle. Qui t’a trompé au point de te pousser à briser nos douze dieux ? » — « Si moi seul j’ai vaincu tes douze dieux, répondit Polyeucte, il n’y a donc plus de moyen pour toi de trouver de dieu ici-bas. Il ne te reste plus, ô Pauline, qu’à venir avec moi adorer le vrai Dieu et qu’à te hâter d’échanger cette vie passagère contre la vie céleste et éternelle. » En constatant que l’athlète du Christ triomphait même de l’affection pour les siens et entraînait ainsi de nombreux idolâtres à se convertir, les juges prononcèrent la sentence de mort.
Polyeucte marcha vers le lieu du supplice avec joie, le visage rayonnant, comme s’il allait vers sa libération, en donnant des paroles d’encouragement aux chrétiens qui l’accompagnaient. À la vue de Néarque, il le salua en lui rappelant la promesse qu’ils s’étaient faite l’un à l’autre. Puis, tendant bravement la nuque sous le glaive, il consomma son martyre en étant baptisé dans son propre sang. Les plus zélés d’entre les chrétiens enlevèrent son corps et l’ensevelirent à Mélitène, alors que Néarque recueillait son sang dans un linge et le transportait, l’année suivante, dans la ville des Cananéotes.
(Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras)
TROPAIRES ET KONDAKIA DU JOUR
Tropaire de la Théophanie, ton 1
Lors de Ton baptême dans le Jourdain, Seigneur, fut manifestée l’adoration due à la Trinité : car la voix du Père Te rendit témoignage en Te donnant le nom de Fils bien-aimé, et l’Esprit, sous la forme d’une colombe, confirmait l’irréfragable vérité de cette parole. Christ Dieu qui es apparu et qui as illuminé le monde, gloire à Toi !
Tropaire du saint martyr Polyeucte, ton 4
Ton Martyr, Seigneur, pour le combat qu’il a mené * a reçu de toi, notre Dieu, la couronne d’immortalité; * animé de ta force, il a terrassé les tyrans * et réduit à l’impuissance l’audace des démons; * par ses prières sauve nos âmes, ô Christ notre Dieu.
Tropaire de saint Philippe de Moscou, ton 8
Successeur des primats de Moscou, colonne de l’Orthodoxie, défenseur de la vérité, nouveau confesseur, saint hiérarque Philippe, tu as donné ta vie pour ton troupeau. Aussi, ayant la liberté auprès du Christ, prie pour les Chrétiens orthodoxes, pour la cité et les hommes qui vénèrent dignement ta sainte mémoire.
Kondakion du saint martyr Polyeucte ton 4
Le Maître, inclinant sa tête au Jourdain, * broya les têtes des dragons ; * et la tête du Martyr victorieux, * lorsqu’elle fut retranchée, * couvrit de honte le perfide Séducteur.
Kondakion de saint Philippe de Moscou, ton 3
Louons le maître de l’Orthodoxie et l’annonciateur de la vérité, le zélateur à la bouche d’or, le luminaire de la Russie, Philippe le très-sage, qui, a rassasié spirituellement ses enfants par la nourriture de ses paroles. Par la langue, il adressait des louanges, par les lèvres, il élevait des hymnes, comme initié aux mystères de la Grâce de Dieu.
Kondakion de la Théophanie, ton 4
Tu es apparu au monde en ce jour, Seigneur, et Ta lumière s’est manifestée à nous qui, Te connaissant, Te chantons : Tu es venu, Tu es apparu, Lumière inaccessible.
ÉPITRE DU JOUR
Jc I, 1-18
Jacques, serviteur de Dieu et du Seigneur Jésus Christ, aux douze tribus qui sont dans la dispersion, salut ! Mes frères, regardez comme un sujet de joie complète les diverses épreuves auxquelles vous pouvez être exposés, sachant que l’épreuve de votre foi produit la patience. Mais il faut que la patience accomplisse parfaitement son œuvre, afin que vous soyez parfaits et accomplis, sans faillir en rien. Si quelqu’un d’entre vous manque de sagesse, qu’il la demande à Dieu, qui donne à tous simplement et sans reproche, et elle lui sera donnée. Mais qu’il l’a demande avec foi, sans douter ; car celui qui doute est semblable au flot de la mer, agité par le vent et poussé de côté et d’autre. Qu’un tel homme ne s’imagine pas qu’il recevra quelque chose du Seigneur : c’est un homme irrésolu, inconstant dans toutes ses voies. Que le frère de condition humble se glorifie de son élévation. Que le riche, au contraire, se glorifie de son humiliation ; car il passera comme la fleur de l’herbe. Le soleil s’est levé avec sa chaleur ardente, il a desséché l’herbe, sa fleur est tombée, et la beauté de son aspect a disparu : ainsi le riche se flétrira dans ses entreprises. Heureux l’homme qui supporte patiemment la tentation ; car, après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que le Seigneur a promise à ceux qui l’aiment. Que personne, lorsqu’il est tenté, ne dise : C’est Dieu qui me tente. Car Dieu ne peut être tenté par le mal, et il ne tente lui-même personne. Mais chacun est tenté quand il est attiré et amorcé par sa propre convoitise. Puis la convoitise, lorsqu’elle a conçu, enfante le péché ; et le péché, étant consommé, produit la mort. Nous vous y trompez pas, mes frères bien-aimés : toute grâce excellente et tout don parfait descendent d’en haut, du Père des lumières, chez lequel il n’y a ni changement ni ombre de variation. Il nous a engendrés selon sa volonté, par la parole de vérité, afin que nous soyons en quelque sorte les prémices de ses créatures.
ÉVANGILE DU JOUR
Mc X, 11-16
Il leur dit : Celui qui répudie sa femme et qui en épouse une autre, commet un adultère à son égard ; et si une femme quitte son mari et en épouse un autre, elle commet un adultère. On lui amena des petits enfants, afin qu’il les touchât. Mais les disciples reprirent ceux qui les amenaient. Jésus, voyant cela, fut indigné, et leur dit : Laissez venir à moi les petits enfants, et ne les en empêchez pas ; car le royaume de Dieu est pour ceux qui leur ressemblent. Je vous le dis en vérité, quiconque ne recevra pas le royaume de Dieu comme un petit enfant n’y entrera point. Puis il les prit dans ses bras, et les bénit, en leur imposant les mains.