Écrits par Cyrille Gueorguévitch Chévitch (le futur archimandrite Serge) à partir de 1927 alors qu’il appartenait au groupe politique des Mladorossi, ces articles ont été publiés dans le but d’ouvrir les yeux des émigrés sur la situation réelle de l’Église en Russie et les inciter à collaborer à la lutte spirituelle pour sa survie.
Le premier article publié en Juillet 1927 dans le Messager de l’ACER : « La Russie de Tikhon et l’émigration » décrit de manière complète et précise la situation d’alors.
On sait qu’en 1927, monseigneur Serge (Stragorodski) métropolite de Nijni-Novgorod, locum tenens du Patriarche en remplacement du métropolite Pierre de Krutitsy, put obtenir des autorités soviétiques la reconnaissance légale de l’Eglise (appelée alors « Tikhonienne », par opposition aux Rénovateurs et aux autres sectes soutenues par le régime). Grâce à la déclaration de loyauté vis-à-vis du régime, la population russe revint en masse vers l’Eglise qu’on ne pouvait plus accuser d’activité contre révolutionnaire.
La situation réelle de l’Église en Russie n’était, malheureusement, pas du tout comprise par les émigrés, à commencer par ses premiers hiérarques, et se produisit le premier schisme dans l’Église de l’émigration qui donna naissance au Synode de l’Eglise Hors Frontière – celui-ci s’affirmait seule autorité légitime, non seulement dans l’émigration mais en Russie même. C’est à ce propos que Nicolas Berdiaev écrivit à la revue Pout la lettre dont nous publions ici le texte et la traduction, « Le cri de l’Eglise russe ».
Une deuxième rupture se produisit en 1930 qui, celle fois-ci, entraîna dans le schisme le métropolite Euloge lui-même resté jusque-là fidèle au Patriarcat, et la quasi-totalité des orthodoxes russes présent en diaspora. Sur les circonstances de cette seconde séparation, les lecteurs peuvent se reporter à Lydia Ouspensky, Notes et matériaux pour servir à l’histoire de l’Eglise russe en Europe occidentale, Paris, 2023, pp. 36 à 57.
Pendant ces années où se jouait l’avenir de l’Eglise en Russie, Cyrille G. Chévitch, aidé de quelques correspondants, déchiffrait les publications de la propagande athée et arrivait à décripter, derrière la proclamation des succès de l’athéisme militant, la manière dont se passait sur le terrain la lutte contre les organisations religieuses, ses réussites mais aussi ses échecs. C’est le résultat de ces investigations et l’interprétation spirituelle et pastorale qui en est faite qui constituent l’essentiel de ces réflexions de jeunesse du futur archimandrite Serge.