Le patriarche d’Antioche Jean X, dans son homélie prononcée à l’occasion du Dimanche de l’orthodoxie le 9 mars 2025 a dénoncé les persécutions religieuses en Syrie :
« Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, le Dieu unique, Amen.
Ce dimanche, qui est le premier dimanche du Grand Carême, est le Dimanche de l’orthodoxie, c’est-à-dire le dimanche de la rectitude de la pensée ou de l’opinion juste. Cela souligne la nécessité d’avoir une pensée droite, que notre Seigneur accorde par la clarté de l’esprit et la pureté du cœur. La rectitude de la pensée est un message qui impose à celui qui la possède de l’exprimer et de la proclamer. Ne demandez-vous pas dans chaque divine liturgie au Seigneur Tout-Puissant d’accorder à l’évêque cette rectitude de pensée et de l’annoncer lorsque vous dites : « Souviens-toi, Seigneur, en premier lieu de notre père et grand prêtre (un tel)… qui dispense avec droiture la parole de ta vérité » !
Et c’est en raison de cette responsabilité envers vous, mes bien-aimés, envers notre cher pays, sa sécurité, sa stabilité et l’unité de son territoire, que je m’adresse au président en disant :
Monsieur Ahmed al-Sharaa, respecté président de la République arabe syrienne, nous vous avons béni et félicité pour la victoire de la révolution, ainsi que pour votre accession à la présidence de la République. Vous êtes maintenant le Premier Seigneur et le Président du pays, et nous vous voulons président d’une Syrie une et unie dans toutes ses régions, ses couleurs, ses communautés, ses tribus et ses confessions.
Monsieur le président, j’ai entendu il y a deux jours l’un des cheikhs, un ami à moi, dire publiquement que le noble Prophète a recommandé à ses disciples « que s’ils attaquaient un peuple, ils ne devaient pas agresser les innocents, ni trahir, ni mutiler, ni tuer une femme, ni tuer un enfant, et s’ils voyaient un moine dans son monastère, ils ne devaient pas le tuer. Telle est la tradition du Prophète, et quiconque la transgresse n’est pas de notre religion ni de nos valeurs… Notre religion nous interdit de tuer des innocents. Tuer des personnes âgées n’est pas de notre religion, et brûler des maisons n’est pas conforme à notre religion et à nos rites. Notre révolution est une révolution aux grands principes, et nous ne permettrons à personne de la détruire, de lui nuire ou de ternir sa réputation. » Voilà ce qu’a dit notre honorable cheikh.
Mes bien-aimés, nous implorons avec force la miséricorde de Dieu sur tous ceux qui sont tombés parmi les civils et les forces de sécurité, et nous souhaitons guérison aux blessés. Nous soutenons la formation d’une commission d’enquête et la responsabilisation de ceux qui ont fait couler le sang des civils et des forces de sécurité.
Monsieur le président, que Dieu vous protège,
Les événements sanglants qui se produisent sur la côte syrienne ont fait de nombreux morts et blessés parmi les civils et les forces de sécurité. Mais ces victimes ne sont pas toutes des résidus du régime ; la plupart sont des civils innocents et sans défense, des femmes et des enfants.
La dignité et l’honneur des gens ont été violés, et les cris et slogans utilisés sèment la discorde et conduisent au sectarisme et à la déstabilisation de la paix civile. De nombreuses villes, localités et villages ont vu leurs maisons brûlées et leurs contenus volés. Les zones ciblées étaient des lieux où vivaient des Alaouites et des Chrétiens. De nombreux Chrétiens innocents ont également été tués.
Les habitants de certaines régions ont été forcés de quitter leurs maisons, puis ont été abattus et tués, après quoi leurs maisons, leurs biens et leurs voitures ont été volés, comme cela s’est produit à Banias – quartier Al-Qusour, par exemple.
Monsieur le président, l’icône (image) de la Vierge Marie est brisée, piétinée et profanée. C’est Marie, la Vierge, que tous les musulmans honorent avec nous, à qui le saint Coran a consacré une sourate entière, « la Sourate de Marie », et dont il est dit que Dieu l’a choisie et l’a faite la plus honorable parmi les femmes du monde.
Monsieur le président, ce n’est pas votre discours, et ces actes sont incompatibles avec votre vision de la nouvelle Syrie après la victoire de la révolution.
Notre appel à vous est donc d’arrêter, par votre sagesse et vos efforts, ces massacres, de les arrêter immédiatement et de donner un sentiment de sécurité et de stabilité à tous les enfants de la Syrie, dans toute leur diversité.
Monsieur le président, notre appel est que vous poussiez vers la réconciliation nationale, la paix civile, la coexistence pacifique et le respect des libertés comme valeur suprême dans une société fondée sur le principe de la citoyenneté, comme vous le déclarez et l’exprimez constamment.
Monsieur le président, nous prions pour votre santé et pour que vous conduisiez la Syrie vers les sources du salut et le port de la sécurité et de la stabilité.
À bas le sectarisme et vive la patrie. Et vive une Syrie libre et fière.
Vivez, Syriens, musulmans et chrétiens, et restons fermes et unissons nos mains pour témoigner que nous sommes les enfants du Très-Haut, Seigneur des cieux et de la terre, et réjouissons-nous avec les anges dans le ciel : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté. »
Paix à tous ! »