
Dans son interview de Noël à la télévision « TV Hram » , le patriarche de Serbie Irénée a déclaré, au sujet du Kosovo : « Le Kosovo peut nous être arraché et occupé, comme c’est le cas aujourd’hui, mais les Serbes ne pourront jamais dire qu’ils le donnent, car ce qui est donné est perdu à jamais. Nous ne pouvons imaginer la Serbie sans Kosmet [Kosovo et Métochie]. À l’époque récente, nous avons appelé cette région « Kosovo et Métochie », mais c’est en fait l’Ancienne Serbie, qui a enfanté cette autre partie de la Serbie ». Le patriarche a mentionné ensuite que l’Église orthodoxe serbe espérait que la direction de l’État pense aussi de même et a exprimé le souhait de voir de grands efforts réalisés pour que le Kosovo et la Métochie restent dans le cadre de la Serbie. Le patriarche a jouté que le Kosovo et la Métochie constituent l’histoire, la culture et la spiritualité serbes, rappelant que Prizren était la capitale du peuple serbe, tandis que le Patiarcat de Peć était la résidence des archevêques et patriarches de Serbie. « Pouvons-nous permettre que le Patriarcat de Peć se trouve dans un autre État ? Cela, un peuple qui est conscient de lui-même, de son histoire et de sa culture ne peut se le permettre. Le monastère de Dečani, l’église de la Mère de Dieu Ljeviška [à Prizren], le monastère de Gračanica et les autres saints lieux peuvent-ils être la propriété d’un peuple qui jusqu’à hier les détruisaient et les incendiaient ? » se demande le patriarche. Parlant de la Serbie comme un pays se trouvant entre l’Orient et l’Occident, le patriarche a rappelé que la Serbie était une partie de l’Europe, mais aussi du monde slave. « L’Église et le peuple souhaitent la paix avec tous, et ce contact avec le monde et la Russie est vu par certains comme une position entre deux chaises. Nous, nous sommes assis sur notre chaise, et depuis celle-ci, nous savons qui sont nos amis », a déclaré le patriarche. Commentant la situation de l’Église orthodoxe serbe dans la région, le patriarche a souligné que la réalité du peuple serbe est très difficile, mais qu’il se réjouissait de l’unité des évêques. Au sujet même de la région, le patriarche Irénée a déclaré « qu’il y a des problèmes avec la Macédoine », et considère « immature » le fait que l’Église orthodoxe de Macédoine, non reconnue canoniquement, demande que son Église-mère soit l’Église orthodoxe de Bulgarie. Abordant la prochaine commémoration du huitième centenaire de l’autocéphalie de l’Église orthodoxe serbe, le patriarche a souligné que l’obtention de l’autocéphalie était un grand événement, de portée historique. « La commémoration qui se prépare pour 2019 doit montrer le rôle historique qu’avait et a encore aujourd’hui l’Église, éclairer les moments historiques et présenter l’Église comme une partie du peuple, sans quoi l’homme et l’humanité perdent le caractère qu’ils ont et doivent avoir » a-t-il ajouté. Le primat a encore déclaré que la cathédrale Saint-Sava à Belgrade serait l’un des points principaux des solennités du huitième centenaire de l’autocéphalie. Lorsque sa décoration sera terminée, pour l’achèvement de laquelle le président russe Vladimir Poutine a promis son aide, on pourra parler de la plus grande surface couverte de mosaïque dans le monde https://orthodoxie.com/mosaiques-coupoles-de-cathedrale-saint-sava-de-belgrade-achevee/. Quant à la visite du pape en Serbie, le patriarche a précisé : « En ce qui concerne le souhait de l’évêque de Rome de visiter la Serbie, ce sont de bons souhaits, que nous saluons. Ce serait une bonne chose pour notre peuple, considérant les relations avec nos voisins les plus proches, les Croates, lesquelles sont fondées sur de grandes injustices historiques et des crimes. Cependant, en raison précisément de ces relations qui sont toujours récentes et proches, nous considérons que le moment de cette visite n’est pas encore venu » a ajouté le patriarche. Celui-ci a dit qu’il était grand temps que l’Église catholique-romaine qui a contribué en grande partie aux « relations passées », élève sa voix dans l’intérêt de la vérité, de la justice et de la foi commune. « L’Église [catholique-romaine] en Croatie se tait. Et il se produit aujourd’hui de nombreux événements désagréables, tandis que l’Église se tait, ce qui n’est pas bien. Le peuple dit que le silence est signe d’approbation. Il existe le souhait d’une union réelle de l’Église catholique-romaine et de l’Église orthodoxe, mais celle-ci attend que le souhait envers l’unité soit sincère », a souligné le primat. « Je souhaite à tous la bénédiction divine et cette joie qu’ont eu les bergers de Bethléem et les anges qui fêtaient la nativité du Seigneur, et que cette joie s’installe avant tout dans nos cœurs, nos maisons, dans la société, les écoles et partout où vivent les hommes. J’adresse à tous la joyeuse salutation : « Le Christ est né ! »