Le Saint-Synode de l’Église orthodoxe des Terres tchèques et de Slovaquie adresse à l’ensemble du clergé et des fidèles son message de Noël, à l’occasion de la Nativité de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ.
« Pères, frères et sœurs,
Le Christ est né !
L’Église, par la voix de l’un des auteurs des hymnes liturgiques de la fête de la Nativité, s’écrie avec émerveillement devant le mystère de la naissance dans la chair du Fils unique de Dieu :
« Dieu est né et la Vierge est devenue Mère. Qu’y a-t-il de plus admirable que le monde ait jamais vu ? »
Saint André de Crète appelle toute la création à la joie :
« Réjouissez-vous, justes, exulte le ciel, tressaillez, montagnes, car le Christ est né. La Vierge est assise, semblable aux chérubins ; dans ses bras elle porte le Verbe de Dieu incarné. Les bergers glorifient Celui qui est né. Les mages apportent des dons au Souverain. Les anges chantent et disent : Seigneur incompréhensible, gloire à Toi ! »
Celui qui est « le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14, 6) est venu parmi nous. Le Soleil de justice s’est levé afin de dissiper les ténèbres du péché et de la mort. Le Fils de Dieu a assumé dans son hypostase la nature humaine et l’a divinisée. Son Incarnation demeure un mystère grand et paradoxal, mais avant tout un don immense pour la nature humaine déchue. Le Fils unique et Verbe de Dieu — l’une des Personnes de la Sainte Trinité — est descendu des hauteurs de la divinité pour, dans sa miséricorde, toucher la souffrance humaine, guérir les blessures de notre nature et révéler l’abîme infini de son amour.
Saint Jean Chrysostome affirme :
« Dieu est sur la terre et l’homme est au ciel ; tout a été réuni… La réconciliation a eu lieu… la mort a été détruite, le paradis ouvert, la malédiction supprimée, le péché effacé, la transgression rejetée, la vérité rétablie. »
L’annonce de la naissance du Christ n’a pas été accueillie de la même manière par tous. Aux bergers, elle fut apportée par un ange ; les mages d’Orient furent conduits vers Lui par une étoile. Mais pour Hérode, orgueilleux et hypocrite, cette annonce devint source de crainte et de rejet. Le don fut offert à tous, mais il ne porte du fruit que chez ceux qui cherchent la vérité avec un cœur humble et une intention droite.
« Il est venu chez les siens, et les siens ne l’ont pas reçu. Mais à tous ceux qui l’ont reçu, Il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu » (Jn 1, 11–12).
Le monde d’aujourd’hui, marqué par l’égoïsme, l’exploitation, les guerres, le refus de la dimension spirituelle de l’homme et les impasses du progrès technique, a besoin de la lumière du Christ. Jadis, la lumière de l’étoile conduisit les mages d’Orient jusqu’à Lui. Que la lumière de la foi nous aide, nous aussi, à reconnaître en Lui notre Sauveur, venu dans le monde « afin que quiconque croit en Lui ne périsse pas, mais ait la vie éternelle » (Jn 3, 16).
Une vie sans Dieu devient une vie sans amour, sans joie et sans sens, une vie plongée dans les ténèbres et l’ombre de la mort. Seule la présence de Dieu dans notre cœur, nos pensées et nos décisions peut illuminer notre existence, nos paroles et nos actes, et nous aider à témoigner du grand mystère de la foi auprès des proches comme des lointains.
Dans le bruit et la confusion de la vie contemporaine, il peut parfois sembler que « le monde entier est sous l’emprise du Malin » (1 Jn 5, 19). Cette impression est renforcée par la surmédiatisation du mal et par la diffusion rapide d’informations souvent dénuées de vérification. Pourtant, le bien agit avec humilité, dans le silence et la paix. La naissance du Christ elle-même s’est accomplie sans éclat ni gloire, dans le silence d’une grotte.
L’Église célèbre chaque année la Nativité pour rappeler que le mal n’est ni tout-puissant ni invincible. La violence, la souffrance et la mort n’auront pas le dernier mot. Le mal sera définitivement vaincu par le Christ lors de son second Avènement. Telle est la foi ferme et l’espérance inébranlable de l’Église orthodoxe depuis les temps apostoliques.
L’homme conserve sa dignité, même dans sa plus grande déchéance, car il demeure toujours l’image de Dieu. C’est pourquoi il est appelé à lutter contre le mal, sans s’y résigner ni se laisser entraîner par sa force destructrice. En contemplant le Christ nouveau-né, puisons le courage de combattre le mal avec les forces que Lui-même nous donne.
L’Église du Christ gardera toujours « la foi transmise une fois pour toutes aux saints » (Jude 1, 3). Comme un nouveau Bethléem — Maison du pain — elle ne cessera de nourrir les fidèles du pain céleste et du calice du salut, de donner le Corps et le Sang de notre Sauveur, de réconcilier les hommes avec Dieu et entre eux, et de les enseigner dans l’amour, la justice et les vertus par lesquelles l’homme est sanctifié, renouvelé et renaît spirituellement dans le Christ incarné.
Sa parole aidera toujours ceux qui ont des oreilles pour entendre (Mt 13, 43) à découvrir le Royaume de Dieu au-dedans d’eux-mêmes (Lc 17, 21) et à accomplir leur mission dans le monde.
Avec les armées angéliques, élevons donc notre voix vers Celui qui est né pour notre salut :
« Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre, aux hommes de bonne volonté ! » (Lc 2, 14).
La Nativité du Christ a apporté la joie au monde entier. Partageons cette joie, en particulier avec ceux qui sont seuls, malades ou traversent une nuit intérieure. Que la joie de Celui qui est venu s’abaisser vers tout homme dissipe les horreurs des guerres, de l’injustice et des persécutions.
Que l’Emmanuel — Dieu avec nous, né dans une grotte et déposé dans une mangeoire — nous accorde « tout don excellent et tout don parfait, venant d’en haut, du Père des lumières » (Jc 1, 17), et qu’Il guide nos pas sur le chemin du salut. Lui qui tient en sa puissance les années, les temps et les siècles, qu’Il nous bénisse afin que l’année 2026 soit vécue dans la paix et la joie spirituelle.
† Rastislav
Archevêque de Prešov,
Métropolite des Terres tchèques et de Slovaquie
† Michal
Archevêque de Prague et des Terres tchèques
† Juraj
Archevêque de Michalovce et Košice
† Isaïe
Évêque d’Olomouc et de Brno »