Chers frères et sœurs, bien-aimés en Jésus-Christ. Que la Paix du Seigneur et Son amour soient avec vous.
Je viens vers vous, avec un message de paix, du littoral phénicien, évangélisé par le Seigneur lui-même et les Apôtres après Lui. Je viens de Damas où Paul a fait repentance après y avoir été illuminé. Je viens d’Antioche, ville apostolique qui a porté l’Evangile de la réconciliation et du salut aux nations, et où les disciples furent appelés chrétiens pour la première fois (Actes 11:26).
Antioche n’a cessé de défendre, depuis les temps apostoliques, la liberté des enfants de Dieu de L’adorer en esprit et vérité. Et elle a soutenu les Eglises de la Diaspora dans leur lutte contre la discrimination et l’exclusion, les encourageant à proclamer, aux confins de la terre, l’amour de Dieu, manifesté par la mort du Sauveur et Sa Résurrection.
Le mérite de notre rencontre, aujourd’hui, qui réunit divers pays, ethnies et races pour louer le Christ qui nous a réconciliés avec Dieu, et nous a confié le ministère de la réconciliation (2 Corinthiens 5:18), revient peut-être aux prophètes et aux didascales d’Antioche, à ‘Barnabas, Siméon appelé Niger, Lucius de Cyrène, Manahen, qui avait été élevé avec Hérode le tétrarque, et Saul’ (Actes 13:1).
Nous sommes içi aujourd’hui pour que nous nous rappelons et proclamons avec joie que ‘l’amour du Christ mène le monde à la réconciliation et à l’unité’. Dieu est amour. Son amour nous guide et nous convie à l’imiter, et le considérer comme le commandement du Nouveau Testament englobant tous les autres et les complétant en profondeur (Romains 13:9-10, Galates 5:14), car il interpelle l’homme nouveau par l’esprit et pas la lettre.
Les Apôtres qui ont écrit le Nouveau Testament sont d’accord pour dire que l’amour de Dieu s’est manifesté par excellence dans la mort du Christ pour nous. Il nous devient possible de dire que toute l’économie du salut, par l’incarnation de Dieu le Verbe et Sa vie sur la terre en tant qu’homme, ainsi que Son enseignement et Ses conversations avec les humains pour proclamer l’évangile du Royaume, n’est qu’une manifestation de l’amour de Dieu et de Sa compassion pour eux.
L’évangile selon st. Jean donne des exemples de rencontres du Christ avec diverses personnes, chacune différente des autres. Rencontres avec l’apôtre Nathanaël, le fameux docteur pharisien Nicodème, le paralytique de la piscine de Bethesda, l’officier royal, la femme adultère, l’aveugle et bien d’autres. L’amour de Dieu et Sa compassion en vue de notre salut sont les points communs entre ces rencontres. En toutes, se manifeste l’amour du Christ qui guérit le péché et appelle à y répondre comme il convient.
Après que le Seigneur Jésus ait dit à Nicodème : ‘Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle’ (Jean 3:16), Il a poursuivi en parlant combien est terrible le jugement qui attend ceux qui préfèrent ‘les ténèbres à la lumière’, surtout après que ‘la lumière soit venue dans le monde’ (Jean 3:19). Personne n’aime la lumière et ne va vers elle s’il ne s’est pas repenti de ses mauvaises œuvres, et s’il n’agit et ne vit selon la vérité (Jean 3:20-21) et s’il ne marche dans la lumière sur le chemin tracé par Jésus (1 Jean 2:6).
Parmi les rencontres citées par saint Jean l’évangéliste, il en est une, celle de la Samaritaine, où il donne force détails et parle de ses conséquences salvifiques. Dans son préambule, il mentionne que notre Seigneur et Dieu Jésus-Christ ‘devait passer par la Samarie’, pour aller de la Judée en Galilée. L’exégèse biblique nous apprend que la raison de passer par la Samarie n’était pas due à la géographie de la région et à son réseau routier, car les Juifs préféraient d’autres routes pour aller en Galilée à partir de la Judée, mais à l’amour que portait notre Dieu envers les samaritains, et sa volonté de visiter leur ville pour y rencontrer la femme Samaritaine, et l’amener, ainsi que le peuple de Samarie, à la foi dans le ‘Sauveur du monde’, et donner à l’amour de Dieu une occasion d’aboutir au salut d’un grand nombre.
Dieu le Verbe, fatigué du voyage vers la Samarie, eut soif, car Il avait choisi d’être un homme comme nous. Il avait donc senti la fatigue de l’amour sacrificiel envers les autres, en particulier le faible. Il s’assit au bord du puits de Jacob et entra en conversation avec la femme Samaritaine, et ce malgré les barrières sociales, pour illuminer la pécheresse et l’amener à se repentir.
La première barrière qu’Il surmonta était la séparation religieuse entre les Juifs et les Samaritains et leur haine réciproque. Il a voulu passer par la Samarie, envoyé Ses disciples acheter de la nourriture, et demandé à boire à la Samaritaine, malgré le fait qu’il était dit que manger de la main d’un samaritain équivalait à manger de la viande de porc. L’évangéliste a donné tous ces détails exprès pour faire comprendre au lecteur que le comportement du Seigneur Jésus ignorait toute discrimination et toute exclusion, et que les barrières ethniques et sociales n’affectaient guère Son œuvre de salut.
Le Seigneur Jésus n’a pas tout autant considéré la mauvaise réputation de la Samaritaine, probablement due à sa vie débridée, comme il est apparu dans la suite du récit, qu’elle avait eu cinq maris, et qu’elle vivait maintenant avec un sixième qu’elle n’avait pas épousé. C’est ce qui l’a poussé à venir au puits en plein soleil de midi, pour ne pas y rencontrer d’autres femmes, car elles l’évitaient. Mais cela n’empêcha pas le Christ de l’aborder, car Il est le médecin venu pour guérir les malades et non les bien-portants, et pour appeler les pêcheurs et non les justes à la repentance (Matthieu 9:12-13).
La différence de sexe n’a pas été aussi un écueil pour le Seigneur, bien que le fait de parler à une femme seule fût considéré alors comme sujet de scandale pour nombre de personnes. L’évangéliste a d’ailleurs noté l’absence des disciples (Jean 4:8) et leur étonnement à le voir parler à une femme (Jean 4:27). Les sages juifs conseillaient en effet aux hommes de ne pas converser avec des femmes, si cela n’était pas nécessaire. Et ils considéraient que ce genre de conversation empêchait les hommes d’accéder à la sagesse et d’étudier les Écritures auprès d’un sage.
Pourtant, aucun de ces écueils n’empêcha le Seigneur Jésus de transmettre à la Samaritaine et aux samaritains que ‘l’eau vive’ ne jaillissait ni à Jérusalem ni à Sychar, mais seul Jésus, le Messie, pouvait la donner à ceux qui croient en Lui.
Au début de la conversation, la femme considéra avec réprobation le fait qu’un jeune juif lui adressa la parole, et elle se moqua de lui en l’écoutant parler de l’eau vive qu’il pouvait donner, sans avoir de quoi la chercher au fond du puits. Puis, elle apprécia ses paroles à propos de l’eau qu’il donne, et que celui qui la boira n’aura plus jamais soif, car une telle eau lui permettra d’éviter la fatigue de venir puiser l’eau du puits. Notre Seigneur et Dieu ne méprisa point sa façon de comprendre ses mystères célestes ni de considérer les dons divins d’un point de vue égocentrique étroit. Mais, tel un médecin conscient, il continua la conversation et l’amena, petit à petit, à se comprendre et à réaliser qu’il connaissait toutes choses.
Quand elle l’entendit lui dire tout ce qui la concernait, elle comprit qu’elle était devant une personne pouvant réaliser toutes ses promesses (voir Romains 4:21). Et elle réalisa qu’il ne s’arrêtait pas aux séparations ethniques, nationales et sociales, et qu’il ne faisait aucune différence entre un Juif, un Samaritain ou un Grec, ni entre un homme et une femme, un riche et un pauvre, les habitants du Nord de la terre et ceux du Sud, ou ceux qui n’ont pas la même couleur de peau. Il a voulu proclamer à tous l’évangile de la réconciliation avec Dieu afin que tous Lui confient leur vie et par conséquent tous soient sauvés. Il est venu pour qu’ils apprennent à adorer le Père en esprit et vérité, non par des signes extérieurs et des sacrifices d’animaux, mais avec un esprit de repentance. Et pour qu’ils offrent leur corps et leur être ‘comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Die…, un culte raisonnable’, selon les paroles de l’Apôtre Paul (Romains 12:1). Ils deviendront alors de vrais adorateurs du Père par leurs œuvres faites selon la vérité et dans la lumière (voir Jean 3:21).
La rencontre de la Samaritaine avec le Seigneur Jésus fut une occasion de guérison spirituelle qui la délivra de l’attrait des ténèbres, de la passion et du souci de la chair qui sont ‘inimitié contre Dieu’ (voir Romains 8:7). Par la grâce du Christ, elle se réconcilia avec Dieu, changea de vie et de priorités, et annonça le Christ à son peuple.
Le récit du dialogue avec la Samaritaine nous confirme que l’intention du Christ est de guérir les pêcheurs et de réconcilier tous les humains avec Dieu et de les unir en un seul corps. Quant à la Samaritaine, elle nous apprend que être en présence du Christ nous transforme et nous libère des pensées terrestres et des œuvres de la chair qui nous privent de la communion avec Dieu et Son Royaume (Galates 5:19-21), et nous élève vers ‘la pensée de l’esprit’ et la réconciliation dans le sang du Christ.
La rencontre avec le Christ nous enseigne la charité qui ‘est patiente… et ne cherche point son intérêt’. Elle ‘ne fait rien de malhonnête’, et elle ‘accomplit la loi du Christ’ (Galates 6:2).
La Samaritaine nous convie aussi à une foi en Christ sans hypocrisie pour être à même de recevoir l’eau vive et la boire pour n’avoir jamais plus soif. Qui croit au Fils vient à Lui et reçoit de sa plénitude les bienfaits de la grâce et de la vérité qu’Il a en abondance. Il a rendu témoignage à la vérité et nous a appris à la connaître, pour nous éloigner de l’amour de soi et préserver la charité jusqu’à la mort. L’amour du Christ pour nous et notre amour pour Lui, qui se manifeste dans la pratique de Ses commandements (1 Jean 5:2-3), sont le fondement d’une vie nouvelle de réconciliation avec Dieu et d’unité entre ceux qui aiment Son Nom.
Aujourd’hui, c’est aussi un devoir divin qui me pousse à vous demander de passer par le Moyen-Orient, comme Jésus avait choisi de passer par la Samarie, et de regarder les aimés du Christ qui y vivent,
comme Il avait lui-même regardé la Samaritaine, sans mépris et sans exclusion aucune pour la différence des fils de la Syrie, du Liban, de l’Irak et des Lieux Saints, d’autant plus que leurs ancêtres ont servi l’évangile de la réconciliation et l’ont proclamé aux nations.
Élevez la voix pour les peuples du Moyen-Orient, contre leur privation de nourriture, de médicament, de moyens de chauffage et de soins médicaux, et contre les sanctions et le blocus économique qui les frappent pour des différends politiques. Opposez-vous à ce que la terre foulée par les pieds du Christ, et qui a vu l’action de ses Apôtres, ne se vide des chrétiens et de leurs prières et psalmodies qui célébrent l’éternité du Christ.
Élevez la voix pour connaître le sort des deux évêques d’Alep, Paul et Youhanna, dont la communauté internationale s’est désintéressée depuis plus de neuf ans.
Opposez-vous à l’exploitation des chrétiens qui souffrent des sanctions et du blocus, pour les prosélytiser par l’argent et d’autres facilités d’existence pour leur faire abandonner leur Église d’origine et en adopter une autre.
Soutenez par l’action, aimante et sacrificielle, vos frères et non seulement par des paroles. Bien qu’Ils utilisent des langues anciennes différentes des vôtres, ils sont porteurs d’une tradition chrétienne apostolique pétrie d’amour, d’humilité et de piété.
Des déclarations de pure forme sont généralement publiées comme par acquit de conscience, pour ne pas être accusé de fermer les yeux sur la marginalisation de ces frères, leurs communautés et leur région. Mais quand il existe une réelle empathie ou un certain intérêt, les soutiens deviennent plus sérieux, et se poursuivent intensément jusqu’à atteindre le but escompté. Est-ce que les chrétiens d’Antioche ne méritent point une défense contre l’exclusion, la discrimination, la famine, l’oppression, la souffrance et la mort?
Dieu nous aime. Il est l’Emmanuel, avec nous éternellement. Il est notre paix, notre joie, notre vie et notre résurrection. Je prie avec vous, aujourd’hui, pour que notre rencontre, durant cette 11e Assemblée Générale, soit une rencontre avec le Christ. Pour qu’Il nous emplisse de Son amour, nous guérisse et nous amène à la repentance. Qu’Il sauve l’humanité de la pandémie du Covid 19 et de toute autre pandémie, famine et oppression. Et qu’Il donne au monde Sa paix qui surpasse toute intelligence. Que la Sainte Trinité, Père, Fils et Esprit Saint, vous garde et vous accorde pureté, illumination et gloire, par Sa miséricorde et Son amour des humains. Amen.”
Credit/ProviderPhoto by Mike DuBose/WCC