Saint Ignace Briantchaninov (1807-1867) est l’un des auteurs spirituels majeurs dans la Russie du XIXe siècle. Il était l’un des seuls, avec saint Théophane le Reclus, à trouver grâce aux yeux du Père Georges Florovsky ; il était aussi l’auteur de référence du starets Nikon Vorobiev et du starets Ioann Krestiankin.
Issu d’une famille noble, il fit des études à l’Académie du génie militaire de Saint-Pétersbourg, qu’il acheva avec le grade de lieutenant. Cependant il dut rapidement abandonner sa carrière militaire en raison de problèmes de santé.
Influencé par le futur starets Léonide d’Optino, marqué par la spiritualité hésychaste diffusée par saint Païssy Velitchkovky et ses disciples, il s’engagea dans la vie monastique, devint higoumène de plusieurs monastères, avant d’être, en 1857, nommé évêque du Caucase et de la Mer Noire. En 1861, en raison de problèmes de santé (qui l’affectèrent à divers degrés pendant toute sa vie), il se retira dans un monastère où il put se consacrer pleinement à l’écriture.
Saint Ignace n’est pas un inconnu des lecteurs francophones, puisque, après la publication de son court traité sur la Prière de Jésus par Émile Simonod qui l’a aussi largement introduit (La Prière de Jésus selon l’évêque Ignace Briantchaninoff, Présence, Sisteron, 1978), deux de ses livres ont été traduits par l’Archimandrite Syméon de Maldon (Les miettes du festin. Introduction à la tradition ascétique de l’Église d’Orient, Présence, Sisteron, 1978, et Approches de la prière de Jésus, Abbaye de Bellefontaine, 1983), et divers textes courts ont paru dans diverses revues et divers sites internet orthodoxes.
La présente publication rassemble des textes qui n’avaient pas encore été traduits, et qui constituent une grande partie du premier des cinq volumes des œuvres complètes du saint intitulé La Vie ascétique. Ces textes, de longueurs inégales, ont été écrits à diverses époques de la vie d’Ignace, dans des styles très différents (plusieurs d’entre eux sont des méditations poétiques). Il traitent des sujets les plus variés, soit, en suivant les titres des chapitres : Suivre notre Seigneur Jésus Christ ; Du repentir ; Voir le Christ ; De la lecture de l’Évangile ; De la lecture des saints Pères ; S’abstenir de lire des ouvrages, contenant une fausse doctrine ; La vérité et l’Esprit ; De l’amour du prochain ; De l’amour envers Dieu ; Du jeûne ; De la prière (1) ; De la prière (2) ; Réflexion sur la foi ; Jardin en hiver ; Un arbre en hiver sous les fenêtres de ma cellule ; Méditation au bord de la mer ; Cimetière ; Une voix venue de l’éternité (Méditation devant une tombe) ; À propos des larmes ; L’intellect en état d’oraison cherche à s’unir au cœur ; Preuve de la résurrection des corps humains puisée dans l’oraison mentale ; De la patience ; De la pureté ; La rosée ; L’océan de l’existence ; La conscience ; De la vie distraite et de la vie attentive ; À propos des habitudes ; Réflexion sur la mort ; Les filets du Prince de ce monde ; Méditation au coucher du soleil ; De la véritable et de la fausse humilité.
Les textes de saint Ignace se situent dans la droite tradition des Pères. Reliés à sa profonde expérience spirituelle, ils ont un caractère vivant et convainquant. Écrits dans un style simple qui les rend facilement accessibles, ils ont aussi une vraie qualité littéraire, à laquelle Anne Davidenkoff rend hommage dans son introduction et qu’elle a su transposer dans sa traduction.
L’Archimandrite Syméon de Maldon donnait ce conseil : « Pour réconforter nos cœurs et fortifier nos pensées, écoutons les conseils de saint Ignace. »
Saint Ignace Briantchaninov, Méditations spirituelles. Traduit du russe par Anne Davidenkoff, Éditions des Syrtes, Genève 2022, 252 p.
Jean-Claude Larchet