Le 20 mai à Athènes, dans le cadre de la conférence du centenaire de « Vie et action » organisée par la Commission des Églises pour les affaires internationales (CEAI) du Conseil œcuménique des Églises, les participants se sont immergés dans l’histoire de l’Église, pour en ressortir avec des questions aiguës et des sujets qui nourriront leurs échanges futurs.
La professeure Dimitra Koukoura a, en substance, condensé deux millénaires — et amorcé un troisième — dans un discours intitulé : « De Nicée à Stockholm : les ponts théologiques ».
Elle a montré que le défi de l’unité de l’Église est presque aussi ancien que l’Église elle-même.
« Dans l’ère post-apostolique, divers problèmes internes et externes menaçaient l’unité des communautés ecclésiales », a-t-elle déclaré, avant de décrire le concile œcuménique de Nicée, en 325, comme une rencontre de l’Église avec le monde.
« Les délégués des Églises locales se sont réunis à Nicée en 325 à l’invitation de l’empereur Constantin, afin de préserver l’unité de l’Église et de l’Empire », a-t-elle poursuivi.
Elle a ensuite proposé un panorama de l’histoire de l’Église, de Nicée à Constantinople — et au monde entier.
« Par-dessus tout, les passions humaines et l’instrumentalisation de la foi au service du pouvoir temporel ont renforcé les divisions », a-t-elle reconnu.
Pourtant, le texte du Credo de Nicée demeure aujourd’hui un signe visible d’unité.
« Néanmoins, aujourd’hui, jusqu’aux extrémités de la terre, là où il existe des communautés chrétiennes, on confesse la foi de Nicée-Constantinople », a-t-elle affirmé. « Pendant le culte, il est bouleversant d’entendre l’assemblée le réciter solennellement dans sa langue, de l’entendre chanté à l’orgue, entonné selon les rythmes traditionnels ou même interprété avec vivacité sur fond de musique rock ! »
Au-delà de l’héritage théologique, Koukoura a conclu que Nicée en a laissé un autre, tout aussi essentiel, aux continuateurs du mouvement « Vie et action », aujourd’hui porté par les membres de la Commission des Églises pour les affaires internationales du Conseil œcuménique des Églises (COE) :
« Il a incité tous les défenseurs ultérieurs des droits humains, de la justice et de la paix à approfondir leur compréhension des problèmes contemporains et à utiliser un langage commun avec les sciences sociales. Cependant, leurs paroles et leurs pensées doivent s’inspirer du Seigneur d’amour et de paix, notre Seigneur Jésus-Christ, le Seigneur de l’histoire, le commencement et la fin du monde. »
En réponse, S. E. le métropolite Job de Pisidie, vice-modérateur de la Commission Foi et Constitution du COE, a formulé des propositions destinées à nourrir les travaux à venir de la commission.
Il a commenté le lien entre le concile de Nicée et la manière dont l’Église envisage le service social.
Ce service, selon le métropolite Job, ne saurait être comparé à celui que rendrait une organisation non gouvernementale.
« Notre action sociale a une autre teneur, une autre inspiration, car elle construit le corps du Christ », a-t-il affirmé. « Depuis que le Fils de Dieu s’est fait homme, il nous a invités à devenir membres de son corps mystique — l’Église. »
Ainsi, a-t-il ajouté, toute œuvre sociale de l’Église acquiert une dimension transformatrice. Il a mis en garde contre les dérives d’un réductionnisme théologique, rappelant que la racine de cette transformation est Jésus-Christ lui-même.
« L’Église ne se contente pas de rendre le monde meilleur, comme peuvent le faire les organisations humanitaires ou philanthropiques : elle transforme le monde en y incorporant les êtres humains dans le Corps du Christ — qui est l’Église », a-t-il conclu.
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