Carême de la Dormition
Après-fête de la Transfiguration de notre Seigneur, Dieu et Sauveur Jésus-Christ ; Saint Euple, archidiacre, martyr en Sicile (304) ; sainte Suzanne, saints Gaïus, pape de Rome et Gabin, prêtre, martyrs à Rome (295-296) ; saint Taurin, évêque d’Evreux (vers 412) ; saint Arige, évêque de Lyon (vers 614) ; saint Géry, évêque de Cambrai et d’Arras (625) ; sainte Rusticole, abbesse en Arles (632) ; sainte Gilberte, abbesse de Jouarre en Ile-de-France (670) ; saints Théodore et Basile, moines, martyrs, des Grottes de kiev (1098) ; saint Théodore, prince d’Ostrog (vers 1483) ; saint Niphon, patriarche de Constantinople (1508) ; saints néomartyrs Anastase et Démètre de Mytilène (1816).
SAINT EUPLE, ARCHIDIACRE[1]
Sous le neuvième consulat de Dioclétien et le huitième de Maximien, le 3 des calendes de mai (29 avril 304), le diacre Euple se rendit à l’entrée du tribunal de Catane en Sicile et cria à haute voix : « Je suis chrétien, je désire mourir pour le Nom du Christ. » Sans retard, le magistrat Calvisianus ordonna d’introduire l’audacieux qui avait osé parler ainsi. Euple fit son entrée, tenant en main le livre des saints Évangiles. L’illustrissime Maxime déclara qu’il possédait des livres interdits par décrets des empereurs. « D’où tiens-tu ces livres ? De chez toi ? » interrogea Calvisianus. Euple répondit : « Je n’ai pas de maison, mon Seigneur le sait bien. » Calvisianus l’invita à faire lecture de ces livres. Euple lut : « Bienheureux ceux qui souffrent pour la justice, car le Royaume des cieux est à eux (Mt 5, 10). Et ailleurs : Si quelqu’un veut être mon disciple, qu’il prenne sa croix et me suive (Lc 14, 27). » « Qu’est-ce que cela veut dire ? » demanda le juge. — « C’est la Loi du Seigneur mon Dieu, telle qu’elle m’a été donnée. » — « Par qui ? » — « Par Jésus-Christ, Fils du Dieu vivant. » Considérant que ces aveux étaient suffisants, Calvisianus livra Euple aux bourreaux pour être soumis à la question. Quelque temps après, la veille des ides d’août (12 août 304), saint Euple fut de nouveau traduit devant le tribunal. Calvisianus lui demanda : « Maintiens-tu tes aveux ? » Euple se signa le front de sa main restée libre et déclara : « Ce que j’ai confessé, je le confesse encore : je suis chrétien et je lis les divines Écritures. » — « Gardes-tu encore ces écrits qui ont été interdits par l’empereur et que tu aurais dû livrer à la justice ? » — « Parce que je suis chrétien, il ne m’est pas permis de les livrer. Plutôt mourir que de les livrer. Ils contiennent la vie éternelle. Celui qui les livre perd la vie éternelle. C’est pour ne pas la perdre que je donne ma vie. » — « Où sont-ils ? » reprit le magistrat. — « En moi », répondit le saint, en indiquant d’un geste qu’il ne possédait plus les livres, mais qu’il les savait par cœur. Le magistrat donna ordre de l’étendre et de le soumettre à la torture, jusqu’à ce qu’il consente à sacrifier aux dieux. Au milieu des supplices, saint Euple rendait grâces au Christ d’avoir été jugé digne de souffrir pour Lui et disait : « Il y a longtemps que je désire ces tourments. Fais tout ce que tu voudras, augmente tes tortures. Je suis chrétien ! » Au bout d’un long moment, le gouverneur fit cesser les bourreaux et somma le saint d’adorer les dieux. Euple lui répliqua : « J’adore le Père, le Fils et le Saint-Esprit, la Sainte Trinité. En dehors d’elle il n’est point de Dieu. Que périssent les idoles qui n’ont créé ni le ciel ni la terre. Je suis chrétien ! » Comme le magistrat lui demandait pour la dernière fois de sacrifier s’il voulait avoir la vie sauve, il répondit : « Oui, je vais sacrifier. Mais c’est moi-même que j’offre en sacrifice au Christ Dieu. Je n’ai rien de plus à lui sacrifier. Tes efforts sont vains. Je suis chrétien ! » Le gouverneur fit redoubler les supplices. Et tandis que les forces du martyr s’épuisaient et qu’il était presque sans voix, ses lèvres continuaient d’articuler des actions de grâces. Calvinianus dicta alors sa sentence qu’un scribe inscrivit sur une tablette : « Attendu que le chrétien Euple a méprisé les édits des empereurs, blasphémé les dieux et refusé de se rétracter, j’ordonne qu’il ait la tête tranchée par le glaive. » On lui suspendit au cou l’Évangile qu’il tenait lors de son arrestation, et devant lui un héraut criait : « Euple, chrétien, ennemi des dieux et des empereurs. » Le saint, plein de joie, pressait le pas, comme s’il marchait vers son couronnement, en répétant sans cesse : « Gloire au Christ Dieu ! » Arrivé sur les lieux de l’exécution, il se mit à genoux et pria longuement en rendant grâces à Dieu. Puis il présenta de lui-même sa tête au bourreau et fut décapité. Plus tard des chrétiens vinrent enlever son corps et l’embaumèrent avant de l’ensevelir.
[1] Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras.
TROPAIRES ET KONDAKIA DU JOUR
Tropaire de la Transfiguration, ton 7
Tu t’es transfiguré sur la montagne, ô Christ notre Dieu, laissant tes Disciples contempler ta gloire-autant qu’ils le pouvaient: fais briller aussi sur les pécheurs que nous sommes ton éternelle clarté, par les prières de la Mère de Dieu; Source de lumière, gloire à toi.
Tropaire de saint Euple, ton 4
En saint diacre de l’Église du Christ, tu as accompli fidèlement ton ministère divin et tu luttas à la perfection; sur l’océan des multiples combats tu te montras un navigateur excellent; guide-nous donc à présent vers le havre de Dieu.
Kondakion de saint Euple, ton 1
Dans tes mains portant les tables de la loi du Christ, tu parus sur le stade, criant aux ennemis: C’est de mon chef que devant vous je me présente pour lutter vaillamment; et, plein de joie, inclinant la nuque, tu te soumis au tranchant du glaive, menant ta course à bonne fin.
Kondakion de la Transfiguration, ton 4
Sur la montagne tu t’es transfiguré et tes Disciples contemplèrent ta gloire, ô Christ notre Dieu, pour autant qu’ils le pouvaient, afin qu’en te voyant sur la croix ils comprennent que ta Passion était voulue et proclament à la face du monde que tu es en vérité le reflet de la splendeur et de la gloire du Père.
ÉPÎTRE DU JOUR
Rom. XIV, 6-9
Celui qui distingue entre les jours agit ainsi pour le Seigneur. Celui qui mange, c’est pour le Seigneur qu’il mange, car il rend grâces à Dieu ; celui qui ne mange pas, c’est pour le Seigneur qu’il ne mange pas, et il rend grâces à Dieu. En effet, nul de nous ne vit pour lui-même, et nul ne meurt pour lui-même. Car si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur ; et si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur. Soit donc que nous vivions, soit que nous mourions, nous sommes au Seigneur. Car Christ est mort et il a vécu, afin de dominer sur les morts et sur les vivants.
ÉVANGILE DU JOUR
Matth. XV, 32-39
Jésus, ayant appelé ses disciples, dit: Je suis ému de compassion pour cette foule; car voilà trois jours qu’ils sont près de moi, et ils n’ont rien à manger. Je ne veux pas les renvoyer à jeun, de peur que les forces ne leur manquent en chemin. Les disciples lui dirent: Comment nous procurer dans ce lieu désert assez de pains pour rassasier une si grande foule? Jésus leur demanda: Combien avez-vous de pains? Sept, répondirent-ils, et quelques petits poissons. Alors il fit asseoir la foule par terre, prit les sept pains et les poissons, et, après avoir rendu grâces, il les rompit et les donna à ses disciples, qui les distribuèrent à la foule. Tous mangèrent et furent rassasiés, et l’on emporta sept corbeilles pleines des morceaux qui restaient. Ceux qui avaient mangé étaient quatre mille hommes, sans les femmes et les enfants. Ensuite, il renvoya la foule, monta dans la barque, et se rendit dans la contrée de Magadan.