Dimanche de Tous les Saints
Saint Élisée, prophète (IXème s. av. J.-C.) ; saint Méthode, patriarche de Constantinople, confesseur (847) ; saint Mstislav baptisé Georges, prince de Novgorod (1180) ; saint Méthode, higoumène de Pechnocha (XIVème s.) ; saint Élisée de Soumy (XVème-XVIème s.) ; saints Valère et Rufin, martyrs à Bazoche (287) ; saint Éthère, évêque de Vienne (VII°) ; saint Psalmode (ou Sayman), anachorète dans le Limousin (VIIème s.) ; saint Agrice, évêque de Sens (Vème s.)
LOUEZ DIEU DANS SES SAINTS !
Les Saints vivent dans le Christ Jésus et le Christ vit en eux. Dans les Saints, Il répète inlassablement, jusqu’à la fin du monde, le mystère unique de Sa mort et de Sa Résurrection, de l’incarnation de Dieu et de la déification de l’homme. Sur les fresques représentant les Martyrs et les Saints militaires – celles de certains réfectoires du Mont Athos notamment – on constate que si les Saints ont des postures, des vêtements et des attributs différents, ils ont à peu près tous le même visage, et ce visage est celui du Christ. Tels sont en effet les Saints: identiques en Christ, mais infiniment divers dans leurs caractères personnels et les conditions dans lesquelles ils ont reproduit l’œuvre du Sauveur, dans un lieu et à un moment donnés. Chez les Saints toutefois cette reproduction de la Passion du Seigneur n’est pas morne répétition. Elle est toujours nouvelle, toujours originale, toujours unique et contribue de manière irremplaçable à l’édification de l’Église des premiers-nés. Le Seigneur Jésus a ouvert la voie, Il a sauvé la nature humaine en mettant à mort dans Son propre corps la mort, mais il faut maintenant que chaque personne participe librement à cette œuvre de salut. Ce qui manque aux tribulations du Christ, écrit Saint Paul, je le complète dans ma chair au profit de Son corps qui est l’Église (Col I, 24). Ces paroles de l’Apôtre ne signifient pas qu’il manque quoi que ce soit à l’œuvre du Christ et à notre Rédemption, mais seulement que chacun d’entre nous doit communier volontairement et de manière personnelle à Sa Passion, pour avoir part à l’héritage des Saints dans la lumière de Dieu (ibid.).
Unis au Christ par la foi et la grâce, les Saints accomplissent les œuvres du Christ (Jn XIV, 12). Habitant en eux par le Saint-Esprit, c’est le Christ Lui-même qui accomplit par eux des miracles, convertit les païens, enseigne les secrets de la science spirituelle, réconcilie les ennemis et donne à leur corps la force d’affronter avec joie les plus horribles tortures ; de sorte que l’Évangile ne cesse d’être écrit jusqu’aujourd’hui par les œuvres évangéliques des Saints. Voilà pourquoi les Saints, proches et lointains, anciens et nouveaux, sont pour nous des guides sûrs nous conduisant au Christ qui habite en eux. Devenez mes imitateurs, tout comme je le suis moi-même du Christ (I Cor XI, 1), nous disent-ils avec saint Paul. Si nous voulons faire resplendir en nous l’image du Christ, nous devons donc souvent tourner nos regards vers les Saints pour avoir des exemples vécus et pratiques de la marche à suivre. Le peintre qui désire faire le portrait d’une personne qu’il ne voit pas devant lui, se sert de reproductions, les regarde attentivement, les compare pour s’en inspirer, de même nous faut-il regarder vers les Saints, lire leurs Vies, les comparer, pour savoir comment progresser dans la vie en Christ.
En lisant assidûment les Vies des Saints, en vivant avec tous les Saints (Eph III, 18), en nous promenant chaque jour dans ce jardin spirituel qu’est le Synaxaire, nous trouverons peu à peu certains Saints qui attirent davantage notre sympathie, notre émotion, notre affection. Ils deviendront pour nous comme des amis intimes à qui nous aimerions confier nos joies et nos peines, à qui nous demanderions plus spécialement le secours de leurs prières, dont nous aimerions souvent relire la Vie, chanter les tropaires et vénérer l’icône. Ces amis intimes seront pour nous une puissante consolation et des guides privilégiés sur la route étroite qui nous mène au Christ (Mt VII, 14). Nous ne sommes pas seuls sur ce chemin et dans ce combat, nous avons avec nous notre Mère, la Toute-Sainte Mère de Dieu, notre Ange Gardien, le Saint dont nous portons le nom et ces quelques amis que nous aurons choisis parmi la grande Assemblée des témoins de l’Agneau. Et si nous trébuchons sous l’effet du péché, ils nous relèveront ; lorsque nous serons tentés par le désespoir, ils nous rappelleront qu’avant nous, et plus que nous, ils ont souffert pour le Christ et goûtent désormais à la joie éternelle. Ainsi, sur le chemin rocailleux de cette vie, ces saints amis nous feront voir un peu de la lumière de la Résurrection. Cherchons donc dans les Vies des Saints ces quelques amis intimes et, avec tous les Saints, marchons vers le Christ.
Dans notre vie spirituelle, nous pouvons communiquer quotidiennement avec les saints de trois façons : en chantant leurs hymnes et leur office liturgique, en vénérant leur icône et en lisant leur Vie dans le Synaxaire. S’il est difficile à ceux qui vivent dans le monde de se rendre chaque jour à l’église pour chanter les louanges des saints, tous les chrétiens peuvent cependant chez eux, seuls ou en famille, chanter le tropaire des Saints du jour, tous peuvent vénérer leur icône, tous peuvent consacrer quelques instants à lire ou à relire leur Vie dans le Synaxaire. Toutefois, la lecture quotidienne de ces résumés des Vies des Saints ne nous sera vraiment profitable que si nous nous approchons d’eux avec les mêmes dispositions que lorsque nous vénérons une icône. Si imparfaites soient-elles, les notices du Synaxaire sont, en effet, dans le domaine du récit ce que sont les icônes dans le domaine de l’image : elles nous rendent le saint présent et peuvent nous apporter autant de grâce que les saintes icônes. Tout dépend de la simplicité de notre cœur. Ainsi, où que nous nous trouvions, quel que soit l’état de notre avancement spirituel, quel que soit notre désir de consacrer notre vie à Dieu, nous trouverons dans le Synaxaire un renouvellement de nos forces et comme un avant-goût de la vie éternelle, où tous les saints danseront avec les anges autour du trône de Dieu en disant : Saint, Saint, Saint est le Seigneur le Dieu Tout-Puissant, Celui qui était, qui est et qui vient ! (Ap IV, 8).
(Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras)
TROPAIRES ET KONDAKIA DU JOUR
Tropaire du dimanche du 8ème ton
Du haut des cieux, Tu es descendu, ô Miséricordieux ! Tu as accepté les trois jours au Tombeau afin de nous libérer des passions : ô notre Vie et notre Résurrection, Seigneur, gloire à Toi !
Tropaire de tous les saints, ton 4
Ornée du sang de Tes martyrs du monde entier comme de pourpre et de lin, Ton Église Te clame par leur intercession, ô Christ Dieu : étends Ta compassion sur Tes fidèles ; accorde la paix à Ton peuple et à nos âmes la grande miséricorde.
Kondakion de tous les Saints, ton 8
Comme prémices de la nature, le monde entier T’offre, Seigneur, les martyrs théophores, à Toi l’Auteur de la création ; par leurs supplications et les prières de la Mère de Dieu, garde Ton Église dans une paix profonde, ô Très-miséricordieux.
ÉPITRE DU JOUR
Hébr. XI, 33 – XII, 2
Frères, c’est par la foi que les saints vainquirent des royaumes, exercèrent la justice, obtinrent des promesses, fermèrent la gueule des lions, éteignirent la puissance du feu, échappèrent au tranchant de l’épée, guérirent de leurs maladies, furent vaillants à la guerre, mirent en fuite des armées étrangères. Certains ressucitèrent pour des femmes leur enfant mort ; d’autres furent livrés aux tourments, et n’acceptèrent point de délivrance, afin d’obtenir une meilleure résurrection ; d’autres subirent les moqueries et le fouet, les chaînes et la prison ; ils furent lapidés, sciés, torturés, ils moururent tués par l’épée, ils allèrent çà et là vêtus de peaux de brebis et de peaux de chèvres, dénués de tout, persécutés, maltraités, eux dont le monde n’était pas digne, errants dans les déserts et les montagnes, dans les cavernes et les antres de la terre. Tous ceux-là, à la foi desquels il a été rendu témoignage, n’ont pas obtenu ce qui leur était promis, Dieu ayant en vue quelque chose de meilleur pour nous, afin qu’ils ne parvinssent pas sans nous à la perfection. Nous donc aussi, puisque nous sommes environnés d’une si grande nuée de témoins, rejetons tout fardeau, et d’abord le péché qui nous entrave si facilement, et courons avec persévérance l’épreuve qui nous est proposée, ayant les regards sur Jésus, qui est à l’origine de notre foi et qui la mène à son ultime perfection.
ÉVANGILE DU JOUR
(Matth. X, 32-33,37-38 ; XIX, 27-30)
En ce temps-là, Jésus déclara : « En vérité, je vous le dis, quiconque me confessera devant les hommes, je le confesserai aussi devant mon Père qui est dans les cieux ; mais quiconque me reniera devant les hommes, je le renierai aussi devant mon Père qui est dans les cieux. Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive. Car je suis venu mettre la division entre l’homme et son père, entre la fille et sa mère, entre la belle-fille et sa belle-mère ; et l’homme aura pour ennemis les gens de sa maison. » Pierre, prenant alors la parole, lui dit : « Voici, nous avons tout quitté, et nous t’avons suivi ; qu’en sera-t-il pour nous ? » Jésus leur répondit : « Je vous le dis en vérité, quand le Fils de l’homme, au renouvellement de toutes choses, sera assis sur le trône de sa gloire, vous qui m’avez suivi, vous serez de même assis sur douze trônes, et vous jugerez les douze tribus d’Israël. Et quiconque aura quitté, à cause de mon nom, ses frères, ou ses sœurs, ou son père, ou sa mère, ou sa femme, ou ses enfants, ou ses terres, ou ses maisons, recevra le centuple, et héritera la vie éternelle. Plusieurs des premiers seront les derniers, et plusieurs des derniers seront les premiers.
SAINT PROPHÈTE ÉLISÉE
Le saint prophète Élisée, dont le nom signifie « Dieu est salut », était fils d’un riche cultivateur d’Abel-Mehola dans la vallée du Jourdain. Un jour qu’il labourait avec douze paires de bœufs, le saint prophète Élie [20 juil.] s’approcha et jeta sur lui sa mélote , signifiant par cet acte qu’il l’instituait son disciple et l’héritier de son charisme prophétique. Élisée immola deux bœufs et se servit de leur attelage pour les brûler en sacrifice au Seigneur. Puis, renonçant à tout et sans aller dire adieu aux siens, il suivit Élie et se fit son serviteur dévoué. Quand Élie eut achevé sa mission, Élisée insista pour le suivre jusqu’au lieu où il devait être enlevé au ciel, et il demanda à son maître de lui léguer une double part de son esprit prophétique. Un char de feu apparut, et Élie monta au ciel dans un tourbillon, laissant glisser à terre son manteau. Élisée le prit et revint sur la rive du Jourdain. Il frappa les eaux en invoquant le « Dieu d’Élie », et les eaux se divisèrent d’un côté et de l’autre pour le laisser traverser à pied sec. La congrégation des frères prophètes vint alors se prosterner devant lui, disant : « L’esprit d’Élie s’est reposé sur Élisée ! » Élisée accomplit son ministère prophétique pendant environ cinquante ans (850-800 av. J.-C.), dans le royaume de Samarie, sous les règnes successifs de Joram, Jéhu, Joachaz et Joas. Il exhortait inlassablement les Israélites : rois, puissants et gens du peuple, à se détourner des dieux étrangers, Baal et Astarté, pour retourner au culte du seul vrai Dieu. Certains prophètes prêchèrent par des paroles et des visions, d’autres par leurs souffrances et leurs tribulations, Élisée, lui, comme son maître, manifesta la véracité de sa prédication par des miracles. L’Esprit de Dieu était en lui « puissance » qui renversait les lois naturelles pour témoigner de la grâce accordée à ceux qui adhèrent au vrai Dieu, et annonçait ainsi, en figure, l’œuvre du Sauveur. Le prophète assainit par du sel les eaux d’une fontaine près de Jéricho, multiplia la réserve d’huile d’une pauvre veuve pour lui permettre de s’acquitter de ses dettes, transforma du potage amer en une soupe délicieuse pour nourrir les frères prophètes, et multipliant vingt pains d’orge, il nourrit plus de cent personnes. Chaque fois qu’il passait à Sumen, l’homme de Dieu était hébergé chez une femme de qualité. Un jour, le fils qu’elle avait obtenu grâce aux prières d’Élisée, vint à mourir. Elle alla en hâte rejoindre le prophète au mont Carmel et le supplia de venir auprès du défunt. Élisée le trouva étendu sur son propre lit et, alors que le miracle aurait pu s’accomplir par sa seule prière, il s’étendit sur l’enfant, mettant sa bouche contre sa bouche, ses yeux contre ses yeux, ses mains contre ses mains, et il lui insuffla un souffle de vie. Par cet acte, le prophète figurait l’Incarnation de notre Seigneur Jésus-Christ qui est descendu du ciel, pour se proportionner à la mesure de l’homme, mort par le péché, et lui insuffler son Esprit de vie éternelle. Par la suite, Élisée engagea la même Sunamite à fuir le royaume d’Israël et à se rendre dans le pays des Philistins, afin d’échapper à une famine qui allait durer sept années. Une autre fois, un des frères prophètes, qui était au travail au bord du Jourdain, laissa tomber le fer de sa hache dans le fleuve. À sa prière, Élisée prit un morceau de bois, le jeta à cet endroit et fit surgir le fer, annonçant ainsi en figure la vertu de la Croix qui relève la nature humaine déchue. Illuminé par la grâce de Dieu, le regard d’Élisée était si pénétrant qu’il dévoilait aux rois d’Israël et à leurs alliés, les plans du roi d’Assyrie. Et chaque fois que celui-ci voulait dresser une embuscade aux Israélites, il les trouvait déjà en place et prêts au combat. Dans Samarie assiégée par les Syriens et aux prises avec la famine, l’homme de Dieu annonça la prochaine délivrance au roi qui était prêt à blasphémer. Le lendemain, on découvrit que l’armée ennemie avait décampé, à la suite d’une vision terrifiante, laissant derrière elle toutes ses réserves et un immense butin. Non content de prophétiser pour les Israélites, le prophète Élisée exerça aussi son ministère envers les païens. Il prédit l’assassinat du roi de Damas, Ben-Hdad II, par son officier Hazaèl et annonça à ce dernier qu’il allait prendre le pouvoir. Une autre fois, il guérit de la lèpre Naaman, le général de l’armée syrienne, en lui ordonnant d’aller se baigner dans le Jourdain, figurant ainsi le salut des païens par le saint baptême. Mais la grâce de Dieu agissait aussi par lui pour châtier le péché. Des enfants insolents s’étant moqués du prophète, il les maudit, et deux ours sortirent du bois et déchirèrent quarante-deux d’entre eux. Comme son serviteur, Ghézi, avait voulu soutirer les présents que Naaman lui avait envoyés en signe de gratitude, il ne put échapper au regard infaillible de son maître et fut atteint de lèpre. Par toutes ces actions d’éclats accomplies par Dieu, par l’entremise de son prophète, le royaume d’Israël fut presque débarrassé du culte de Baal ; mais les Juifs, coupables d’avoir rompu l’unité du royaume, avaient néanmoins besoin de constantes interventions divines, pour se détourner des idoles et du péché, et revenir au culte du vrai Dieu. Le saint prophète Élisée mourut dans un grand âge, après avoir prédit au roi d’Israël, qui était venu à son chevet pleurer sur sa perte, qu’il vaincrait les Syriens. Cette année-là, un mort, qui avait été jeté dans la tombe du prophète au cours d’une attaque des Moabites, reprit vie et se dressa sur ses pieds. C’est pourquoi Sirac le Sage loue le saint prophète en disant : « Et jusque dans la mort son corps prophétisa » (Sir 48,13). Cette sépulture, après avoir été en grand honneur chez les Juifs, fut violée sous Julien l’Apostat (362), mais des fragments des reliques du prophète purent être transférés à Alexandrie et Constantinople, où une église lui était dédiée.
(Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras)