Jour de jeûne
Saint Macaire le Grand, d’Égypte (390-391) ; saint Marc, archevêque d’Éphèse (1444) ; sainte martyre Euphrasie, vierge (303) ; saint Macaire d’Alexandrie (395) ; saint Conteste, évêque de Bayeux (513) ; saint Laumer, abbé dans le Perche (593) ; saint Rémi, évêque de Rouen (772) ; saint Arsène, archevêque de Corfou (VIIIème s.) ; saint Théodore, fol en Christ de Novgorod (1392) ; saint Macaire le jeûneur, Laure des grottes de Kiev (XIII-XIVème s., invention des reliques de saint Sabbas de Storojevsk (1652) ; saint Euthyme, confesseur en Géorgie (XXème s.), saints nouveaux martyrs de Russie : Pierre (Skipetrov), prêtre (1918) ; Nicolas (Vostorgov), prêtre (1930), Théodore (Goussev) (1940).
SAINT MACAIRE LE GRAND
Saint Macaire le Grand naquit en l’an 300 dans un village du Delta du Nil, Jijbêr, et exerça d’abord la profession de chamelier. Obéissant à un appel de Dieu, il se retira seul dans une cellule de son village pour y vaquer à la vie ascétique et à la prière. Comme les habitants du lieu voulaient le faire prêtre, il s’enfuit dans un autre village. Une jeune fille, qui s’était trouvée enceinte, accusa, pour se justifier, l’anachorète de lui avoir fait violence. On s’empara alors de Macaire et on le promena dans les rues, des casseroles au cou, en l’accablant de coups et d’injures. Le saint ne dit rien pour se défendre et accepta même de travailler davantage pour subvenir aux besoins de la femme et de l’enfant envoyés par la Providence. Lorsque son innocence fut finalement reconnue, tout le village, saisi d’admiration, voulut venir lui demander pardon. Mais Macaire s’enfuit, pour échapper à la vaine gloire, et se rendit au désert de Scété (auj. Waddi-Natroun), région aride et inhospitalière qu’il connaissait pour y avoir exploité le nitre. Il était alors âgé de trente ans et s’adonna avec un zèle irrésistible à tous les travaux de l’ascèse. Il ne se nourrissait qu’une fois par semaine d’un peu de pain et d’eau, dormait assis contre le mur de sa cellule quelques brefs instants et persévérait constamment dans le silence, dans la garde de l’esprit de toute pensée étrangère et dans la prière intérieure. Qu’il mangeât ou qu’il jeûnât, son corps avait toujours un aspect émacié, comme s’il échappait aux lois de la matière, car disait-il : « Le corps de celui qui est sans cesse occupé à purifier son âme est consumé par la crainte de Dieu comme le tison est brûlé par le feu. »
Il était si détaché des biens de ce monde que lorsqu’il surprit, un jour, un voleur en train de lui dérober le peu d’objets qu’il avait dans sa cellule, il l’aida à les charger sur son chameau. Jour et nuit, il restait assis dans sa cellule, les mains occupées à tresser des feuilles de palmier, l’âme contrite au souvenir de ses péchés et l’esprit transporté au ciel. Il ne se répandait pas en de longues prières, mais, tendant les mains vers le ciel, il disait en tout temps : « Seigneur, comme Tu le veux et Tu le sais, aie pitié de moi ! » Quelqu’un lui demanda un jour comment progresser dans la voie du salut. Le saint l’envoya au cimetière injurier les morts puis leur adresser des louanges, et il lui dit à son retour : « Vois-tu, les cadavres ne t’ont rien répondu. De même, toi aussi, si tu veux être sauvé, deviens comme mort, ne comptant pour rien le mépris des hommes ou leurs louanges.»
Furieux de se voir ainsi attaqués de front dans leur séjour, les démons l’assaillaient de toutes leurs forces, mais le saint les repoussait avec mépris. Un de ces esprits impurs lui confessa : « Tout ce que tu fais, je le fais aussi : tu jeûnes, moi je ne mange pas du tout ; tu veilles, moi je ne dors pas. Tu l’emportes seulement sur un point : par ton humilité. À cause d’elle, je ne puis rien contre toi. » Par ces combats, Macaire devint ainsi expert dans la connaissance des différentes sortes de démons. Il disait qu’ils se divisent en deux catégories principales : celle des esprits qui nous incitent aux passions, comme la colère ou la convoitise, et l’autre, plus redoutable, qui égare les hommes par l’illusion spirituelle, le blasphème et les hérésies.
La renommée des vertus de saint Macaire fut bientôt connue dans toute l’Égypte, et de nombreux visiteurs commencèrent à affluer vers le désert de Scété. Le saint accueillait avec joie et simplicité tous ceux qui venaient à lui, sans juger personne, et prodiguait à chacun ce qui lui convenait : parole d’édification ou prière. Pour honorer ses hôtes, il leur offrait un peu de vin et buvait avec eux ; mais, une fois seul, il restait sans boire d’eau autant de jours qu’il avait bu de coupes de vin. On disait de lui qu’il était comme un « dieu terrestre » car, de même que Dieu protège le monde par sa providence, de même abba Macaire cachait les fautes qu’il voyait comme ne les voyant pas et couvrait tous les hommes de son amour. Sa charité extrême le poussait à prier avec larmes même pour les damnés. Un jour, comme il marchait dans le désert, il trouva le crâne d’un prêtre des idoles, qui prenant la parole lui dit : « Chaque fois que tu prends en pitié ceux qui sont dans les tourments, nous qui sommes plongés dans le feu, le dos de l’un collé à celui de l’autre, nous recevons quelque soulagement en pouvant voir un peu la face de nos compagnons de malheur. »
Saint Macaire rendit visite à saint Antoine le Grand qui apprécia fort ses vertus et fit de lui un de ses disciples et héritiers spirituels . De retour à Scété, il commença à accepter des disciples en nombre croissant, c’est pourquoi il est considéré à juste titre comme le fondateur de cet illustre centre du monachisme orthodoxe. Parmi ses premiers disciples, on compte des astres brillants dans le firmament spirituel comme les abbas Moïse [28 août], Sisoès [6 juil.], Isaïe [3 juil.], Aïus, Zacharie [24 mars] et d’autres grands lutteurs. Chacun vivait dans une cellule séparée, occupé toute la semaine à un travail manuel suffisant pour lui assurer de quoi vivre et, le cas échéant, de quoi faire l’aumône ; mais surtout utile pour lutter contre l’ennui (acédie) et garder l’esprit vigilant. Les moines de Scété s’adonnaient en effet à de grandes austérités dans le seul but de garder leur intelligence constamment fixée en Dieu par la prière pure, et ils alimentaient leur contemplation en récitant par cœur les psaumes et de longs passages de l’Écriture sainte. Lorsqu’ils eurent bâti une église, ils se réunissaient tous, le samedi soir, pour célébrer la vigile nocturne et communier aux saints Mystères. Au matin, après la Divine Liturgie, ils partageaient un repas fraternel, qui était pour beaucoup d’entre eux le seul repas de la semaine, et conversaient librement, en interrogeant les plus avisés pour l’édification de leur âme. Puis chacun repartait vers sa cellule, en emportant les feuilles de palmier nécessaires au travail de la semaine.
Comme le nombre des disciples et des visiteurs croissait sans cesse, saint Macaire changea à plusieurs reprises de résidence. Il vivait loin des autres cellules, avec seulement deux compagnons à proximité, et avait aménagé une galerie souterraine qui menait de sa cellule à une grotte éloignée, de sorte qu’il pouvait s’isoler à l’insu de tous, pour garder son esprit sans distractions, lorsque les visites se faisaient trop fréquentes.
Au début, chaque fois qu’il désirait participer à la Divine Liturgie, le saint devait se rendre à pied à Nitrie, à plus de quarante milles de là, dans le désert brûlant. L’effort était trop grand pour ses disciples, aussi, sur les instances de saint Antoine, accepta-t-il de recevoir l’ordination sacerdotale, à l’âge de quarante ans. Le Saint-Esprit lui accorda alors en abondance les charismes de guérisons, de prophétie et de discernement des pensées. À deux reprises il ressuscita un mort : la première fois pour faire éclater innocence d’un malheureux injustement accusé d’assassinat, et la seconde pour démontrer à un hérétique la vérité de la foi en la résurrection des corps. Attirés par la réputation de saint Macaire et de ses disciples et par la prédication enthousiaste de saint Athanase en faveur du monachisme, des hommes venaient à Scété de toutes les parties de l’Égypte et des contrées éloignées de l’Empire pour y embrasser la vie angélique. Le désert devint une véritable ville, si bien qu’à la fin du siècle on comptait à Scété quatre églises, où les ascètes se réunissaient par centaines chaque dimanche.
En 374, l’arien Lucius s’empara du siège épiscopal d’Alexandrie et raviva la persécution contre les orthodoxes. Il s’attaqua en premier lieu aux moines les plus influents et fit déporter dans une île du Delta du Nil les deux Macaire et d’autres saints moines. Leur exil tourna cependant à l’avantage de l’Église, car ces confesseurs convertirent les païens du lieu et, bientôt rappelés grâce aux protestations indignées du peuple, ils rentrèrent dans leur désert avec une gloire accrue. Saint Macaire, sentant sa fin prochaine, rendit une dernière fois visite à ses disciples de Nitrie. En guise de testament spirituel, il leur déclara, les larmes aux yeux : « Pleurons, frères, et que nos yeux répandent sans cesse des larmes, avant que nous allions là où nos larmes brûleront nos corps. » Quelque temps plus tard, le « père spirituel du désert » remit en paix son âme au Seigneur, âgé de quatre-vingt-dix ans. Après avoir subi diverses translations lors de la conquête musulmane, ses précieuses reliques furent ramenées au monastère copte (784) qui porte son nom, édifié sur les lieux que le saint avait sanctifiés par sa présence.
On attribue traditionnellement à saint Macaire le Grand un ensemble d’admirables homélies spirituelles, dans lesquelles le saint évoque, à l’aide de splendides images empruntées au monde naturel, les effets variés de la grâce de Dieu en nous. Après avoir adhéré au Seigneur par la foi et s’être consacré à Lui par le renoncement, nous devons, dit-il, « cultiver la terre de notre cœur » , c’est-à-dire forcer notre nature rebelle dans la pratique de toutes les saintes vertus évangéliques, et principalement dans l’assiduité à la prière. Voyant alors notre bonne volonté, le Christ nous donnera la force d’accomplir tous ses commandements, ou plutôt Il les accomplira Lui-même en nous par l’énergie du Saint-Esprit. Progressant ainsi de vertu en vertu et de gloire en gloire vers la plénitude, notre esprit sera intimement mêlé au feu de l’Esprit Saint, il deviendra « tout œil, toute lumière » , et acquerra les propriétés de Dieu. Lors de la résurrection générale, le feu de l’Esprit Saint, caché dans le cœur des saints, débordera sur leur corps et les fera resplendir pour l’éternité de la lumière de Dieu. Pour saint Macaire, la vie chrétienne a pour seul but d’acquérir, dès ici-bas, l’expérience de l’Esprit Saint, de subir cette belle transformation qui nous donnera une « sensibilité spirituelle », par laquelle nous pourrons « goûter » la présence de Dieu à chaque instant de notre vie.
(Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras)
TROPAIRES ET KONDAKIA DU JOUR
Tropaire de saint Macaire, ton 1
Le désert fut ta cité, dans la chair tu fus un Ange, * tes miracles te signalèrent, Père Macaire porteur de Dieu; * par le jeûne, les veilles et l’oraison * tu as reçu les charismes du ciel * pour guérir les malades et les âmes des fidèles qui accourent vers toi. * Gloire à celui qui t’a donné ce pouvoir, * gloire à celui qui t’a couronné, * gloire à celui qui opère en tous, par tes prières, le salut.
Tropaire de saint Marc d’Éphèse, ton 8
Guide de l’Orthodoxie, combattant contre les innovations, fondement de l’Orthodoxie, luminaire de l’Église, sceau inspiré des docteurs, ô Marc, qui est toute sagesse, tu as illuminés tous les hommes par tes écris, lyre spirituelle, prie le Christ Dieu de sauveur nos âmes.
Tropaire de saint Sabbas de Storojevsk, ton 8
Dès la jeunesse enflammé de zèle pour Dieu, tu as aimé la pureté et, dédaignant les charmes et les vanités de cette vie, tu as suivi ton sage maître, le bienheureux Serge, dans les peines, les veilles, les jeûnes, les ascétiques exploits; sur le mont de La Garde pratiquant le silence et la garde de l’esprit, tu acquis la sagesse par ta vigilante vigie devant Dieu, élevant vers lui tes regards pour surmonter les pièges et les menaces des démons; ayant reçu en toi l’illumination de l’Esprit très-saint, tu rayonnas comme un astre splendide sur les croyants; c’est pourquoi tu devins pour ton troupeau un, très-sage pasteur, un supérieur illuminé; de ta lumière éclaire-nous aussi, Père Sabbas, nous les fidèles qui de toi nous approchons, et pour le salut de nos âmes prie le Christ notre Dieu.
Kondakion de saint Macaire, ton 4
En sa maison le Seigneur t’a placé * comme un astre de tempérance, un astre non errant, * illuminant de ta clarté * les confins de l’univers, * Père des Pères, Macaire bienheureux.
Kondakion de saint Marc d’Éphèse, ton 8
Tu as reçu dans ton cœur les écrits sages en Dieu des théologiens, comme un véritable héraut de Dieu, tu as annoncé la procession de l’Esprit Saint, comme elle doit être, et tu as scellé le Symbole très saint, aussi nous te chantons : réjouis-toi, ô Marc le héraut de Dieu !
Kondakion de saint Sabbas de Storojevsk, ton 8
Par amour du silence et pour crucifier la chair étant allé demeurer sur la montagne des Gardes, tu te montras, vénérable Père Sabbas, une colonne inébranlable de la foi, sous le rayonnement de l’Esprit très-saint la demeure de la divine Trinité, et par tes incessantes prières, tes larmes, tes gémissements, tes exploits, de la divine grâce tu as reçu ta part; c’est pourquoi le Christ t’a glorifié en gardant ton corps à l’abri de la corruption et par le pouvoir miraculeux qu’il t’a donné; quant à nous, dans l’allégresse nous te chantons: Réjouis-toi, sublime thaumaturge Sabbas.
ÉPÎTRE DU JOUR
1 Pi IV, 1-11
Christ ayant souffert dans la chair, vous aussi armez-vous de la même pensée. Car celui qui a souffert dans la chair en a fini avec le péché, afin de vivre, non plus selon les convoitises des hommes, mais selon la volonté de Dieu, pendant le temps qui lui reste à vivre dans la chair. C’est assez, en effet, d’avoir dans le temps passé accompli la volonté des païens, en marchant dans la dissolution, les convoitises, l’ivrognerie, les excès du manger et du boire, et les idolâtries criminelles. Aussi trouvent-ils étrange que vous ne vous précipitiez pas avec eux dans le même débordement de débauche, et ils vous calomnient. Ils rendront compte à celui qui est prêt à juger les vivants et les morts. Car l’Évangile a été aussi annoncé aux morts, afin que, après avoir été jugés comme les hommes quant à la chair, ils vivent selon Dieu quant à l’Esprit. La fin de toutes choses est proche. Soyez donc sages et sobres, pour vaquer à la prière. Avant tout, ayez les uns pour les autres une ardente charité, car La charité couvre une multitude de péchés. Exercez l’hospitalité les uns envers les autres, sans murmures. Comme de bons dispensateurs des diverses grâces de Dieu, que chacun de vous mette au service des autres le don qu’il a reçu, Si quelqu’un parle, que ce soit comme annonçant les oracles de Dieu ; si quelqu’un remplit un ministère, qu’il le remplisse selon la force que Dieu communique, afin qu’en toutes choses Dieu soit glorifié par Jésus Christ, à qui appartiennent la gloire et la puissance, aux siècles des siècles. Amen !
ÉVANGILE DU JOUR
Mc XII, 28-37
Un des scribes, qui les avait entendus discuter, sachant que Jésus avait bien répondu aux sadducéens, s’approcha, et lui demanda: Quel est le premier de tous les commandements? Jésus répondit: Voici le premier: Écoute, Israël, le Seigneur, notre Dieu, est l’unique Seigneur; et: Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée, et de toute ta force. Voici le second: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas d’autre commandement plus grand que ceux-là. Le scribe lui dit: Bien, maître; tu as dit avec vérité que Dieu est unique, et qu’il n’y en a point d’autre que lui, et que l’aimer de tout son cœur, de toute sa pensée, de toute son âme et de toute sa force, et aimer son prochain comme soi-même, c’est plus que tous les holocaustes et tous les sacrifices. Jésus, voyant qu’il avait répondu avec intelligence, lui dit: Tu n’es pas loin du royaume de Dieu. Et personne n’osa plus lui proposer des questions. Jésus, continuant à enseigner dans le temple, dit: Comment les scribes disent-ils que le Christ est fils de David? David lui-même, animé par l’Esprit Saint, a dit: Le Seigneur a dit à mon Seigneur: Assieds-toi à ma droite, Jusqu’à ce que je fasse de tes ennemis ton marchepied. David lui-même l’appelle Seigneur; comment donc est-il son fils? Et une grande foule l’écoutait avec plaisir.