Carême des saints Apôtres
Saint Manuel, Sabel et Ismaël, martyrs à Constantinople (362) ; saint Isaure et ses compagnons : saints Basile, Innocent, Félix, Hermias et Pérégrin, martyrs en Macédoine (vers 300) ; saint Antide, évêque de Besançon, martyr (411) ; saint Hypatios, higoumène du monastère de Rufinianes en Chalcédoine (446) ; saint Avit, abbé de Micy (vers 530) ; saint Hervé, abbé en Bretagne (568) ; saint Vérédème, évêque d’Avignon (720) ; saint Chalva le nouveau, prince d’Akhaltsikhé, martyr (1227) ; saint néomartyrs de Russie : Aberce Severovostokov, prêtre (1918) ; Maxime Popov, moine, confesseur (1934) ; martyre Pélagie Balakirev (1943).
SAINTS MARTYRS MANUEL, SABEL ET ISMAËL
Ces glorieux martyrs étaient trois frères d’une noble famille perse. Instruits par leur mère dans la doctrine chrétienne et confiés à un prêtre, Eunoïkos, pour leur éducation, ils menaient une vie pieuse. Ils n’en étaient pas moins honorés à la cour du roi Batanus, si bien que, lorsque Julien l’Apostat envoya en Perse des propositions de paix (362), le roi les choisit pour se rendre à Constantinople comme ambassadeurs. Ils furent reçus avec de grands égards et Julien les invita à se joindre à lui et à sa cour, pour aller assister, près de Chalcédoine, à des fêtes somptueuses, au cours desquelles devaient être offerts des sacrifices aux dieux. Tous prirent part au sacrifice, exceptés les trois jeunes ambassadeurs perses qui, se détournant avec mépris de cette démonstration d’impiété, s’étaient retirés dans un coin, pour prier Dieu avec larmes d’accorder la lumière de sa connaissance à ceux qui gisaient dans les ténèbres. Comme un chambellan était venu les sommer de participer au sacrifice, ils répondirent que leur mission était de négocier la paix entre les deux royaumes et aucunement de donner leur caution à l’Apostat en reniant leur foi. Informé de cette résistance inattendue de la part de Perses, Julien les fit emprisonner sur-le-champ et, le lendemain, ils comparurent devant lui. Il essaya d’abord de les convaincre par des flatteries, vantant le culte du feu et du soleil en faveur chez les Perses mazdéens. Mais les trois jeunes gens répondirent, par l’entremise d’un traducteur, qu’ils étaient disciples de Jésus-Christ et que, pour rien au monde, ils n’accepteraient de retourner au culte insensé de leurs ancêtres en se détournant du Créateur pour adorer les créatures. Furieux, Julien les fit fustiger par quatre soldats, puis, après les avoir fait clouer par les mains à un poteau, il ordonna qu’on leur lacérât le corps avec des ongles de fer. L’esprit fixé sur la Passion du Christ, les saints martyrs priaient le Seigneur de leur faire endurer la souffrance avec patience, et aussitôt, un ange apparut pour guérir leurs plaies et les revigorer. Quand ils se présentèrent de nouveau devant le tyran, ils déclarèrent qu’ils étaient prêts à endurer toute torture comme joie et délice. Julien prit alors Sabel et Ismaël à part et essaya de les attirer en accusant leur frère ; mais, ayant œuvré en vain, il les renvoya aux bourreaux pour qu’ils leur brûlent les côtes avec des torches. Ne ressentant aucun mal, tant leur joie était grande de participer à la Passion du Christ, les saints continuèrent de proclamer à haute voix la puissance du Sauveur. L’empereur se tourna alors vers Manuel, mais le saint, refusant même de prêter la moindre attention à ses menaces, lui dit : « Pourquoi te donnes-tu ainsi de la peine, insensé ? Inutile d’essayer de nous séparer, nous sommes tous les trois unis par la foi en la Sainte Trinité, et ce que l’un d’entre nous déclare est la conviction inébranlable des deux autres. Rien ne pourra nous faire changer. Nous n’échangerons pas les biens éternels pour ce qui est vain et transitoire ! » Réalisant qu’il n’obtiendrait rien et qu’il risquait de provoquer de nombreuses conversions parmi les siens, Julien ordonna de lui brûler les aisselles, puis de le lier fortement avec des roseaux et de le percer de flèches. Il prescrivit ensuite à ses bourreaux d’enfoncer des clous dans le crâne et les omoplates des trois martyrs, puis de leur enfiler des roseaux sous les ongles, avant de les décapiter et de jeter finalement leurs corps au feu. On les conduisit alors à l’extérieur de la ville de Constantinople, dans un lieu escarpé, situé à l’est du mur de Constantin, et, après avoir élevé vers le Christ une prière d’action de grâces, à laquelle répondit une voix céleste, ils furent exécutés. Dès qu’ils rendirent leur dernier soupir, la terre s’ouvrit et garda leur corps pendant deux jours, à l’abri des recherches des païens ; puis ils réapparurent miraculeusement et les chrétiens qui attendaient sur place purent les ensevelir dignement. Par la suite, une église fut érigée au-dessus de leur tombeau, dans laquelle les saints accomplissaient de nombreux miracles.
(Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras)
TROPAIRES ET KONDAKIA DU JOUR
Tropaire, ton 3
La sizaine et le trio des saints martyrs ont mis en fuite les phalanges ennemies: ce sont Isaure, Félix et Pérégrin, Basile, Hermias et Innocent, avec Ismaël, le bienheureux Sabel et l’illustre Manuel; ayant témoigné pour le Seigneur, ils ont reçu la récompense des vainqueurs.
Kondakion, ton 2
Immolés pour votre foi dans le Christ, ayant bu son calice, Bienheureux, à terre vous avez abattu l’audace des Perses et leur culte du feu; en nombre égal à celui de la sainte Trinité, vous intercédez en sa présence pour nous tous.
ÉPÎTRE DU JOUR
Rom. IX, 18-33
Ainsi, il fait miséricorde à qui il veut, et il endurcit qui il veut. Tu me diras : Pourquoi blâme-t-il encore? Car qui est-ce qui résiste à sa volonté ? Ô homme, toi plutôt, qui es-tu pour contester avec Dieu ? Le vase d’argile dira-t-il à celui qui l’a formé : Pourquoi m’as-tu fait ainsi ? Le potier n’est-il pas maître de l’argile, pour faire avec la même masse un vase d’honneur et un vase d’un usage vil ? Et que dire, si Dieu, voulant montrer sa colère et faire connaître sa puissance, a supporté avec une grande patience des vases de colère formés pour la perdition, et s’il a voulu faire connaître la richesse de sa gloire envers des vases de miséricorde qu’il a d’avance préparés pour la gloire ? Ainsi nous a-t-il appelés, non seulement d’entre les Juifs, mais encore d’entre les païens, selon qu’il le dit dans Osée : J’appellerai mon peuple celui qui n’était pas mon peuple, et bien-aimée celle qui n’était pas la bien-aimée ; et là où on leur disait : Vous n’êtes pas mon peuple ! Ils seront appelés fils du Dieu vivant. Ésaïe, de son côté, s’écrie au sujet d’Israël : Quand le nombre des fils d’Israël serait comme le sable de la mer, Un reste seulement sera sauvé. Car le Seigneur exécutera pleinement et promptement sur la terre ce qu’il a résolu. Et, comme Ésaïe l’avait dit auparavant : Si le Seigneur des armées Ne nous eût laissé une postérité, Nous serions devenus comme Sodome, Nous aurions été semblables à Gomorrhe. Que dirons-nous donc ? Les païens, qui ne cherchaient pas la justice, ont obtenu la justice, la justice qui vient de la foi, tandis qu’Israël, qui cherchait une loi de justice, n’est pas parvenu à cette loi. Pourquoi ? Parce qu’Israël l’a cherchée, non par la foi, mais comme provenant des œuvres. Ils se sont heurtés contre la pierre d’achoppement, selon qu’il est écrit: Voici, je mets en Sion une pierre d’achoppement Et un rocher de scandale, Et celui qui croit en lui ne sera point confus.
ÉVANGILE DU JOUR
Matth. XI, 2-15
Jean, ayant entendu parler dans sa prison des œuvres du Christ, lui fit dire par ses disciples: Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre? Jésus leur répondit: Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et ce que vous voyez: les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres. Heureux celui pour qui je ne serai pas une occasion de chute! Comme ils s’en allaient, Jésus se mit à dire à la foule, au sujet de Jean: Qu’êtes-vous allés voir au désert? un roseau agité par le vent? Mais, qu’êtes-vous allés voir? Un homme vêtu d’habits précieux? Voici, ceux qui portent des habits précieux sont dans les maisons des rois. Qu’êtes-vous donc allés voir? Un prophète ? Oui, vous dis-je, et plus qu’un prophète. Car c’est celui dont il est écrit: Voici, j’envoie mon messager devant ta face, Pour préparer ton chemin devant toi. Je vous le dis en vérité, parmi ceux qui sont nés de femmes, il n’en a point paru de plus grand que Jean Baptiste. Cependant, le plus petit dans le royaume des cieux est plus grand que lui. Depuis le temps de Jean Baptiste jusqu’à présent, le royaume des cieux est forcé, et ce sont les violents qui s’en s’emparent. Car tous les prophètes et la loi ont prophétisé jusqu’à Jean ; et, si vous voulez le comprendre, c’est lui qui est l’Élie qui devait venir. Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.