Jour de jeûne
Après-Fête de la Dormition de la Très-Sainte Mère de Dieu et toujours Vierge Marie ; saints Agathonique, Zotique, Zenon, Théoprèpe, Akindynos, Sévérien et leurs compagnons, martyrs à Nicomédie (IVème s.) ; saint Privat, évêque de Mende et martyr (257) ; sainte Anthouse de Séleucie (298), saints Charissime et Néophyte (270-275), ses serviteurs, et saint Athanase, évêque de Tarse, martyrs (vers 260) ; sainte Eulalie, vierge, martyre à Barcelone (vers 303) ; saint Symphorien, martyr à Autun (IIIème s.) ; saint Isaac d’Optino (1894) ; saint Alexis (Medvedkov), prêtre à Ugine en Savoie (1934) ; saints martyrs de Russie : Macaire, évêque d’Orel, Jean Boyarchinov et Alexis Naoumov, prêtres (1918) ; Théodore, évêque de Penza, et avec lui Basile Smirnov et Gabriel Arkhangelsk, prêtres (1937) ; Jean, évêque de Veliki Louki, Alexis, archevêque d’Omsk, Alexandre Ratkovsky, Michel Lioubertsev et Théodore Maliarovsky, prêtres, moines Hilarion Tsourikov, Jean Laby et Hiérothée Glazkov (1937).
SAINT ALEXIS D’UGINE[1]
Né en 1861, dans la région de Smolensk, le père Alexis Medvedkov étudia d’abord au séminaire de cette région puis à Saint-Pétersbourg. À l’issue de ses études, ne parvenant pas à se décider sur sa vocation sacerdotale, il alla demander conseil à saint Jean de Cronstadt [20 déc.] qui lui donna sa bénédiction. Cet entretien le marqua tellement que la personnalité de saint Jean resta son modèle pour tout le reste de sa vie et de son ministère pastoral. Ordonné prêtre en 1895, il fut assigné dans petite paroisse de Vroudy, dans la région de Saint-Pétersbourg. Pendant vingt-quatre ans, il se consacra avec zèle à l’édification spirituelle de ses ouailles, particulièrement des enfants. Distingué pour son activité pastorale, il devint une des premières victimes du communisme et fut arrêté par les bolcheviques en 1918. Confessant le Christ sous la torture, il fut condamné à mort, mais échappa de peu au peloton d’exécution, grâce à sa fille aînée qui se livra comme otage pour le sauver. Il parvint à émigrer, avec sa famille, en Estonie, qui venait tout juste de recevoir son indépendance. Réduit à une grande pauvreté, il travailla pendant quelques mois comme mineur, puis comme gardien de nuit. Il fut ensuite attaché comme prêtre à la cathédrale de la Théophanie à Iykhvi, et se dépensa beaucoup pour organiser la petite paroisse de Kohtla-Iarve et éduquer les jeunes. Après la mort de son épouse, le Père Alexis vint s’établir en France, avec ses deux filles et son petit-fils (1930). Le métropolite Euloge (Guéorguievsky) (1868 1946), qui dirigeait à l’époque les paroisses russes en Europe occidentale, le reçut à la cathédrale russe de Paris, puis lui confia la petite paroisse Saint-Nicolas d’Ugine en Haute-Savoie, près de Grenoble, pour subvenir aux besoins spirituels des ouvriers russes qui travaillaient à l’usine métallurgique. En plus d’une situation économique précaire, la paroisse s’avéra être une communauté difficile, divisée entre plusieurs tendances. Certains paroissiens ne ménageaient pas leurs critiques à l’égard du Père Alexis pour ses offices liturgiques, qu’ils jugeaient trop longs, ou pour sa façon très modeste de s’habiller. Ils portèrent plainte contre lui auprès du métropolite qui le convoqua à Paris, mais le prélat se rendit bien vite compte que le vieux prêtre, humble et débordant de bonté, était victime de calomnies, et il remplaça le conseil paroissial. Écrasé par les difficultés de la paroisse et dans sa famille, mais remerciant Dieu pour tout, sans rien demander, le Père Alexis se vouait à la prière et distribuait le peu d’argent dont il disposait à ceux qui étaient encore plus que lui dans le besoin. Il célébrait quotidiennement la Divine Liturgie, et se tenait ensuite à la disposition de ses paroissiens, se rendant volontiers chez eux pour célébrer des offices privés. En plus de ses sermons, pleins de sève patristique, il aimait rassembler les enfants et leur parler des merveilles de Dieu. Au bout de quatre ans, il fut atteint d’un cancer des intestins et, son état de santé se dégradant rapidement, il fut transféré à l’hôpital d’Annecy. Ses enfants spirituels venaient l’assister, et il leur demanda de convoquer les paroissiens qui s’étaient opposés à lui, pour leur demander pardon et se réconcilier avec eux avant sa mort. Il s’endormit dans le Seigneur, le 22 août 1934. Sur le conseil du médecin, qui craignait que son corps ne se décompose rapidement, il fut enterré sans retard, en présence de toute la population russe d’Ugine. Vingt-deux ans plus tard, le 22 août 1956, à l’occasion de travaux dans le cimetière, on procéda à l’exhumation, et les ouvriers restèrent stupéfaits de trouver son corps intact, ainsi que les vêtements liturgiques dans lesquels il était enveloppé, comme s’il reposait là depuis quelques jours, alors que le cercueil avait été réduit en poussière. La translation de la sainte relique au cimetière russe de Sainte-Geneviève-des-Bois, près de Paris, le 4 octobre 1957, en présence de fidèles de toutes les juridictions de l’émigration, fut un véritable triomphe de l’Orthodoxie. Elles furent ensuite déposées dans la crypte de l’église, et depuis elles ont accompli de nombreux miracles pour les fidèles qui venaient solliciter l’intercession de saint Alexis.
VIE DU SAINT MARTYR AGATHONICE ET DE SES COMPAGNONS
Au temps de la persécution de Maximien, le comte Eutolmios fut envoyé par l’empereur pour soumettre les chrétiens. De Nicomédie, il se rendit dans le Pont, répandant le sang partout où il passait. Cependant, contrairement à ce qu’il escomptait, les gens de bonne volonté, qu’ils fussent soldats ou même brigands, admirant le courage des vrais disciples du Christ, se déclaraient chrétiens, et nombreux étaient ceux qui délaissaient les villes et se retiraient à la campagne pour vivre en petits groupes conformément aux préceptes évangéliques. Eutolmios en fit périr beaucoup par le glaive, et il menaça les plus nobles d’entre eux de les charger de chaînes et de les conduire devant l’empereur. De Néocésarée, il arriva dans la petite ville de Carpè en Bithynie, où on lui livra Zotique, le chrétien le plus en vue. Comme le comte lui demandait pourquoi il enseignait à ses concitoyens à mépriser les sacrifices offerts aux dieux de l’Empire, il répondit qu’il obéissait ainsi à la Parole de Dieu, consignée dans les saintes Écritures. Sommé de sacrifier sous peine de mort, il répliqua : « Le Christ me veut pour sacrifice, afin que son Nom soit glorifié jusqu’aux extrémités de la terre. » Après un jugement sommaire, il fut exécuté avec certains de ses disciples, et des fidèles vinrent ensuite en secret prendre soin de leur sépulture.
De retour à Nicomédie, Eutolmios fut accueilli par les ovations des païens et des flatteurs. On lui rapporta cependant que, l’empereur étant parti pour la Thrace, le premier personnage de la ville avait été converti à la doctrine du Christ par le sage Agathonice, fils du préfet Asclépiade et descendant d’une illustre famille romaine, et qu’ils vivaient ensemble dans le village de Kubaina. Furieux, le comte envoya des soldats pour les arrêter. Quand la troupe arriva dans leur résidence, saint Agathonice rendit gloire au Christ et promit que, confiant en la puissance de son Nom, il marcherait jusqu’au terme de son témoignage. Devant son courage et le rayonnement de sa confiance en Dieu, les soldats se convertirent, mais, contraints néanmoins de remplir leur mission, ils conduisirent le saint à Nicomédie.
Eutolmios fit comparaître Agathonice en un lieu nommé Lampsos, et lui demanda s’il avait bien persuadé le chef du sénat local de se faire chrétien. Le saint répondit qu’il convient d’obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes. Son apologie laissa le magistrat et ses assesseurs muets de stupeur. Comme des gens bien informés rapportaient à Eutolmios que la famille d’Agathonice était venue s’installer de Rome à Nicomédie, conformément à une prédiction divine, le saint ajouta que celui qui renonce à ses terres, à ses richesses et à son renom à cause de l’Évangile, recevra le centuple en cette vie et héritera la vie éternelle (cf. Mt 19, 29). Le comte le fit fouetter puis le renvoya en prison pour le traduire devant l’empereur avec les autres nobles qu’il avait arrêtés ; quant aux chrétiens d’humble condition, il ordonna de les supprimer par le glaive. Ils furent donc rassemblés en grand nombre sur une hauteur de la ville, où ils priaient sans cesse en attendant d’être consommés dans la foi. Inquiétés par les succès grandissants de la prédication d’Agathonice, les gens influents de la cité pressèrent le magistrat de l’envoyer sans tarder à l’empereur, lui et ses compagnons. Le lendemain, Eutolmios se mit en route avec ses prisonniers, suivis de loin par les fidèles de Nicomédie, qui déploraient la perte de leur nouvel apôtre. Saint Agathonice se tourna alors vers eux et leur dit : « Vous avez avec vous Jésus et les saints qui prient pour vous d’un cœur pur. Convertissez-vous dans la crainte et la vérité tout le reste de votre vie. »
Le tyran exténua ses prisonniers par la faim, la longueur du chemin et les sévices. À l’occasion d’une halte au village de Potamoi, il fit amener devant lui Zénon et deux de ses compagnons, Théoprépios et Akindynos, des officiers qui avaient été convertis par Agathonice, et comme les tortures s’étaient avérées inutiles, il les fit mourir en les étendant sur des catapultes. Quand la troupe arriva à Chalcédoine, des prêtres des idoles amenèrent à Eutolmios un vieillard, Sévérien, qui avait encouragé sainte Euphémie avant son martyre, et qu’ils accusaient d’avoir transformé en école catéchétique le prétoire de Darius, entraînant ainsi à sa suite un nombre grandissant de citoyens. Le comte l’interrogea, et comme il le trouvait fervent à condamner les païens et à annoncer le châtiment divin qui les attendait, il le fit aussitôt exécuter, un peu en dehors de la cité. Les autres saints furent ensuite conduits à Byzance, où ils comparurent au tribunal. Interrogé le premier, Agathonice fut invité à se soumettre aux ordres de l’empereur. Il répliqua que la Parole de Dieu dans le Psaume nous invite à ne pas aller au conseil des impies et à ne pas nous tenir dans la voie des pécheurs, mais à nous perfectionner dans la foi au Christ (cf. Ps 1, 1). « S’il est vraiment Dieu et Roi celui que tu confesses, comment a-t-il été mis à mort par les Juifs ? Comment n’a-t-il pas délivré de la mort ceux qui à son exemple s’opposent à nos dieux ? Laisse-toi convaincre et renonce à ta folie », déclara le juge avec colère. Le saint lui répondit en confessant sa foi en la puissance du Sauveur qui a souffert pour nous. La sentence ayant été finalement rendue, il fut conduit hors de la ville pour être écorché vif sur les remparts. Tandis que ses chairs et son sang se mêlaient à la terre, Agathonice se tourna vers ses compagnons pour les assurer que les souffrances du moment présent ne sont rien en comparaison de la gloire qui sera révélée aux serviteurs du Christ dans le Royaume (cf. Rm 8, 18). À ces paroles qu’attestait le sang versé, plusieurs juges et militaires furent gagnés à la foi.
Après ce supplice, Eutolmios prit des chevaux de poste et alla retrouver en hâte Maximien à Sélybrie, en Thrace, sur les bords de la mer de Marmara ; et après lui avoir rendu compte de sa mission, il lui présenta les chrétiens de haut rang qu’il venait de torturer. Quand vint le tour d’Agathonice de décliner son identité, Maximien reconnut qu’il appartenait à sa parenté et il lui demanda pourquoi il avait été arrêté. Le saint répondit que c’était pour le Christ, qui a prescrit à ses disciples de s’offrir en spectacle au monde et aux anges afin de témoigner de l’Évangile (cf. 1 Cor 4, 9), et il ajouta qu’il valait mieux subir les tourments ici-bas, plutôt que d’être livré au feu éternel dans lequel seront jetés les impies et les tyrans de son espèce. Maximien écouta ces paroles avec attention, mais restant endurci, il ordonna de le faire périr avec ses compagnons, puis de mettre fin à la persécution qui s’était avérée impuissante à réfréner l’expansion de la Bonne Nouvelle. Saint Agathonice marcha vers le lieu de l’exécution avec allégresse et, après une dernière prière, il fut décapité, avec le sénateur et beaucoup d’autres chrétiens qu’il avait convertis et dont les noms sont inscrits dans le Livre de vie. Les chrétiens de Sélybrie vénérèrent par la suite saint Agathonice comme le protecteur et patron de leur cité.
(Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras)
[1] Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras.
TROPAIRES ET KONDAKIA DU JOUR
Tropaire de la Dormition, ton 1
Dans l’enfantement, Tu as gardé la virginité; dans Ta dormition, Tu n’as pas abandonné le monde, ô Mère de Dieu. Tu as été transférée à la Vie, étant Mère de la Vie, et par Tes prières, Tu délivres nos âmes de la mort.
Tropaire du saint martyr Agathonique, ton 3
Brillamment, Agathonique, tu remportas le trophée de ta victoire sur l’erreur et méritas les incorruptibles trésors; car, ayant imité la mort du Seigneur, tu as reçu ta part d’éternelle vie; illustre martyr, prie le Christ notre Dieu de nous accorder la grande miséricorde.
Kondakion du saint martyr Agathonique, ton 1
Saint Martyr qui avais en partage le bon renom, tu fis cesser la vénération des hommes pervers, sans craindre toute espèce de châtiments; c’est pourquoi tu héritas les biens éternels, Agathonique, et tu fus digne d’obtenir avec tes compagnons de lutte la couronne des cieux.
Kondakion de la Dormition, ton 2
Tombeau et mort n’ont pu retenir la Mère de Dieu, toujours vigilante dans ses intercessions, espérance inébranlable dans sa protection, car étant la Mère de la Vie, Il l’a transférée à la Vie, Celui qui demeura dans Son sein toujours virginal.
ÉPITRE DU JOUR
2 Cor. III, 4-11
Cette assurance-là, nous l’avons par Christ auprès de Dieu. Ce n’est pas à dire que nous soyons par nous-mêmes capables de concevoir quelque chose comme venant de nous-mêmes. Notre capacité, au contraire, vient de Dieu. Il nous a aussi rendus capables d’être ministres d’une nouvelle alliance, non de la lettre, mais de l’esprit ; car la lettre tue, mais l’esprit vivifie. Or, si le ministère de la mort, gravé avec des lettres sur des pierres, a été glorieux, au point que les fils d’Israël ne pouvaient fixer les regards sur le visage de Moïse, à cause de la gloire de son visage, bien que cette gloire fût passagère, combien le ministère de l’esprit ne sera-t-il pas plus glorieux ! Si le ministère de la condamnation a été glorieux, le ministère de la justice est de beaucoup supérieur en gloire. Et, sous ce rapport, ce qui a été glorieux ne l’a point été, à cause de cette gloire qui lui est supérieure. En effet, si ce qui était passager a été glorieux, ce qui est permanent est bien plus glorieux.
ÉVANGILE DU JOUR
Matth. XXIII, 29-39
Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! Parce que vous bâtissez les tombeaux des prophètes et ornez les sépulcres des justes, et que vous dites : Si nous avions vécu du temps de nos pères, nous ne nous serions pas joints à eux pour répandre le sang des prophètes. Vous témoignez ainsi contre vous-mêmes que vous êtes les fils de ceux qui ont tué les prophètes. Comblez donc la mesure de vos pères. Serpents, race de vipères! Comment échapperez-vous au châtiment de la géhenne? C’est pourquoi, voici, je vous envoie des prophètes, des sages et des scribes. Vous tuerez et crucifierez les uns, vous battrez de verges les autres dans vos synagogues, et vous les persécuterez de ville en ville, afin que retombe sur vous tout le sang innocent répandu sur la terre, depuis le sang d’Abel le juste jusqu’au sang de Zacharie, fils de Barachie, que vous avez tué entre le temple et l’autel. Je vous le dis en vérité, tout cela retombera sur cette génération. Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l’avez pas voulu! Voici, votre maison vous sera laissée déserte; car, je vous le dis, vous ne me verrez plus désormais, jusqu’à ce que vous disiez: Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur!