24 août

Saint Eutyque, disciple de saint Jean le Théologien, martyr (Ier s.) ; saint Tation, martyr à Claudiopolis (305) ; sainte Sira, vierge et martyre de Perse (558) ; saint Eptade, ermite à Cervon (VIème s.) ; saint Rigomer, prêtre du diocèse du Mans (VIème s.) ; saint Ouen (ou Dodon), évêque de Rouen (684) ; saint Georges de Lemnos, moine, martyr (716) ; saint Arsène de Komel (1550) ;  translation des reliques de saint Denis, archevêque d’Égine, de l’île des Strophades à Zakynthos (en 1716) ; saint Cosmas d’Aitolie, moine, évangélisateur du sud de l’Albanie, égal aux apôtres, martyr (1779) ; saint Sérapion le thaumaturge, abbé du monastère de saint Jean Baptiste de Garédja (1747) ; saint Aristocle, staretz de Moscou (1918) ; saint martyr Maxime Gorlitzky, prêtre (1914) ; saint moine martyr Séraphim Chakhmout (1946).

SAINT COSMAS D’AITOLIE[1]

Saint Cosmas était natif d’un petit village d’Aitolie, Mega-Dendron, dans le diocèse d’Arta (vers 1714). Ses parents, des gens simples et pieux, l’éduquèrent dans la crainte de Dieu et l’amour des saintes Écritures. Vers l’âge de vingt ans, il se rendit sur la Sainte Montagne de l’Athos pour y étudier à l’Académie alors installée en dépendance du monastère de Vatopédi, où enseignait le célèbre Eugène Boulgaris. Mais les réactions provoquées par la fondation de cet établissement, qui transmettait l’esprit des Lumières au cœur de la citadelle de l’Orthodoxie, obligèrent bientôt Boulgaris et d’autres illustres professeurs à quitter l’Athos, et l’Académie tomba rapidement en déclin (1759). Ce fut pour le jeune Cosmas un signe de la Providence et, renonçant aux études, il s’engagea dans la vie monastique au monastère de Philothéou, où son zèle pour les combats ascétiques et sa piété le rendirent digne d’être ordonné prêtre peu après sa tonsure monastique. Depuis sa jeunesse, le bienheureux avait un grand désir de répandre la Parole de Dieu autour de lui, à tel point qu’il disait que le souci du salut de ses frères le dévorait comme le ver mange l’arbre de l’intérieur. En ces temps difficiles pour le peuple grec opprimé, l’ignorance des rudiments de la foi et de la culture chrétienne entraînait la négligence et la décadence des mœurs, de sorte que la prédication de l’Évangile s’imposait comme la tâche la plus urgente. Mais, averti par l’enseignement des saints Pères, Cosmas ne voulait pas s’engager dans la vie apostolique de sa propre volonté. Désirant donc savoir si telle était la volonté de Dieu, il ouvrit un jour l’Écriture Sainte au hasard et tomba sur cette parole de l’Apôtre : Que personne ne cherche son propre intérêt, mais celui d’autrui (1 Cor 10, 24). Ainsi éclairé par la Parole de Dieu et après avoir pris l’avis des pères spirituels de la Sainte Montagne, il se rendit à Constantinople pour y recevoir la bénédiction du patriarche Séraphim II (1757-1761) et prendre quelques leçons de rhétorique auprès de son cousin, l’archimandrite Chrysanthos, qui devint ensuite directeur de l’Académie patriarcale puis de l’école de Naxos. Le nouvel apôtre commença son œuvre de prédication dans les églises de la région de Constantinople, puis il poussa vers les régions occidentales de la Grèce : Naupacte, Brachori, Mésolongion et la Thessalie, et revint à Constantinople. Après s’être retiré quelque temps à l’Athos, il reçut du patriarche Sophrone II (1774-1780) l’autorisation d’aller prêcher dans l’archipel des Cyclades, afin d’y consoler la population découragée par l’échec d’une tentative d’insurrection suscitée par la Russie (1775). De là, il retourna faire une retraite dans les monastères, complétant ainsi dix-sept ans de séjour sur la Sainte Montagne. Mais son cœur, brûlant d’amour pour ses frères, ne le laissait pas en place. Il repartit donc pour Thessalonique, séjourna brièvement à Bérée et parcourut toute la Macédoine, rassemblant de grandes foules de fidèles qui l’écoutaient avec componction. De Céphalonie, il se rendit dans l’île de Zakynthos puis à Corfou, et de là passa en Épire, où le christianisme se trouvait dans un état lamentable, afin de confirmer la foi orthodoxe dans le peuple et d’empêcher les conversions à l’Islam. Assisté par la grâce de Dieu, saint Cosmas fit des merveilles dans ces régions qui restent imprégnées jusqu’à nos jours des échos de sa prédication, et il parvint, par ses exhortations, à redresser les mœurs des chrétiens. Sa parole était simple, à la portée de tous, employant des images et des expressions empruntées à la vie quotidienne ; mais elle était aussi pleine de la douceur, de la paix et de la joie que seul le Saint-Esprit peut procurer. Elle avait la vertu de pénétrer d’emblée dans l’âme de ses auditeurs et d’être accueillie aussitôt avec enthousiasme comme l’expression de la volonté de Dieu. Comme aucune église ne pouvait contenir les foules qui se rassemblaient autour du nouvel apôtre, il prêchait en plein air, monté sur une estrade portable, auprès d’une grande croix qu’il avait fichée en terre et qui devenait, après son départ, une source de guérisons et de soulagement pour les maux corporels et spirituels. Il enseignait aux chrétiens à vivre selon les commandements du Christ et à observer le dimanche, jour du Seigneur, en laissant de côté leurs occupations pour se rendre à l’église et écouter la Parole de Dieu. Partout où il passait, il fondait des écoles — tâche qu’il considérait comme fondamentale — où l’on enseignait gratuitement le grec et les saintes Écritures. Il persuadait les riches de consacrer leurs surplus à l’aumône, à la distribution de livres de piété, de croix et de chapelets, et les incitait aussi à offrir aux églises des baptistères pour le baptême des enfants. Une foule de deux à trois mille fidèles le suivait partout, si bien que c’était une véritable armée du Christ qui se déplaçait dans toute l’Albanie à la suite du saint, qu’on regardait comme Énoch ou le prophète Élie venu annoncer l’aurore d’un âge nouveau. Avant de commencer sa prédication, il célébrait les vêpres ou une Paraclisis à la Mère de Dieu, puis, après avoir parlé, il laissait le soin aux quelques cinquante prêtres qui l’accompagnaient, de poursuivre son œuvre par la confession, la célébration de l’Office des saintes Huiles, la sainte Communion et la visite de chacun personnellement. Bien que l’enseignement du saint n’eût aucune tendance polémique, mais se limitât à l’enseignement des vertus évangéliques, et qu’ayant comparu devant le pacha de Ioannina, il eût reçu de lui de grandes marques d’honneurs, certains Juifs, excités par la jalousie et furieux depuis que le saint avait fait déplacer le marché du dimanche au samedi, convainquirent le pacha de mettre fin à sa vie. Cosmas avait coutume, en arrivant dans un endroit où il désirait prêcher, d’aller d’abord  demander personnellement la bénédiction de l’évêque du lieu, puis il envoyait quelques-uns de ses disciples solliciter l’autorisation des autorités civiles turques. Arrivé un jour près d’un village d’Albanie nommé Kolikontasi, il apprit que le pacha de la région, Kourt Pacha, séjournait non loin de là, à Bérati. Malgré les conseils de prudence de son entourage, le saint décida d’aller lui-même demander l’autorisation de prêcher au commissaire de la place qui lui apprit qu’il avait reçu l’ordre de le déférer devant Kourt Pacha. À ces mots saint Cosmas comprit que le moment était venu pour lui de couronner son œuvre par le martyre, et il rendit grâces au Christ de l’avoir jugé digne d’un tel honneur. Le lendemain, 24 août 1779, sept soldats l’escortèrent, sous prétexte de l’amener au pacha ; mais, après deux heures de route, ils s’arrêtèrent près du fleuve Paso et lui révélèrent que la sentence de son exécution avait déjà été prise. Plein de joie et rendant grâces à Dieu, le saint bénit du signe de la Croix les quatre directions de l’espace et offrit une prière pour le salut de tous les chrétiens. Il refusa qu’on lui lie les mains, afin de les garder en croix, et c’est sans opposer la moindre résistance qu’il fut pendu à un arbre et qu’il remit glorieusement son âme à Dieu. Il était âgé de soixante-cinq ans. Comme les chrétiens, qui s’étaient précipités pour recueillir dans leurs filets de pêche le corps du saint que ses bourreaux avaient jeté dans le fleuve, étaient restés bredouilles, trois jours après, un prêtre nommé Marc, s’étant armé de prière, découvrit la précieuse relique qui flottait sur les eaux, debout, comme si le saint était encore vivant. On le sortit de l’eau et, après l’avoir revêtu de ses vêtements monastiques, on l’enterra dignement. De très nombreux miracles s’accomplirent par la suite sur son tombeau et par l’intermédiaire de ses reliques . En 1813, Ali Pacha de Ioannina, auquel saint Cosmas avait prédit son glorieux avenir, fit construire une église et un monastère auprès du tombeau et il offrit son crâne, dans un reliquaire en argent, à son épouse chrétienne, Basiliquie. Saint Cosmas, dont la prédication a contribué de manière décisive au réveil de la foi et du sentiment national du peuple grec, fut aussitôt vénéré par le peuple comme nouvel apôtre et « prince des néomartyrs », mais son culte n’a été néanmoins officiellement reconnu qu’en 1961 par le Patriarcat Œcuménique.

[1] Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras.

TROPAIRES ET KONDAKIA DU JOUR

 Tropaire de saint Eutyque, ton 4

Disciple des saints Apôtres, tu devins toi-même docteur de la foi et tu prêchas l’incarnation du Verbe clairement; puis, en brillant par tes peines de témoin, tu as affermi les croyants; hiéromartyr Eutyque, pour nos âmes intercède auprès du Christ notre Dieu.

 Tropaire de saint Cosmas d’Aitolie, ton 3

L’Église, tu l’as ornée par ton enseignement de la sainte foi, toi qui des Apôtres fus l’imitateur; car, sur les ailes de la divine charité, tu propageas l’évangile et finis en martyr; illustre Cosmas, prie le Christ notre Dieu de nous accorder la grâce du salut.

Kondakion de saint Eutyque, ton 4

Toi qui siégeas parmi les Apôtres du Seigneur et des pontifes as atteint la splendeur, en martyr, Eutyque, ta fus également glorifié; comme un soleil tu brillas sur l’univers et dissipas la sombre nuit de l’impiété; aussi nous t’honorons comme initiateur des divins mystères du Christ.

Kondakion de saint Cosmas d’Aitolie, ton 3

Sur l’Athos ayant mené ta pure vie, à l’instar de Moïse tu méritas la divine apparition; puis, par tes œuvres et ta prédication, tu fis briller l’Église, Père saint; et, pour elle ayant souffert en témoignage de la foi, tu fus orné, Cosmas, de la couronne des ascètes et des martyrs.

ÉPÎTRE DU JOUR

II Cor. VII, 1-10

Purifions-nous de toute souillure de la chair et de l’esprit, en achevant notre sanctification dans la crainte de Dieu. Donnez-nous une place dans vos coeurs ! Nous n’avons fait tort à personne, nous n’avons ruiné personne, nous n’avons tiré du profit de personne. Ce n’est pas pour vous condamner que je parle de la sorte ; car j’ai déjà dit que vous êtes dans nos coeurs à la vie et à la mort. J’ai une grande confiance en vous, j’ai tout sujet de me glorifier de vous ; je suis rempli de consolation, je suis comblé de joie au milieu de toutes nos tribulations. Car, depuis notre arrivée en Macédoine, notre chair n’eut aucun repos ; nous étions affligés de toute manière : luttes au dehors, craintes au dedans. Mais Dieu, qui console ceux qui sont abattus, nous a consolés par l’arrivée de Tite, et non seulement par son arrivée, mais encore par la consolation que Tite lui-même ressentait à votre sujet : il nous a raconté votre ardent désir, vos larmes, votre zèle pour moi, en sorte que ma joie a été d’autant plus grande. Quoique je vous aie attristés par ma lettre, je ne m’en repens pas. Et, si je m’en suis repenti, -car je vois que cette lettre vous a attristés, bien que momentanément, – je me réjouis à cette heure, non pas de ce que vous avez été attristés, mais de ce que votre tristesse vous a portés à la repentance ; car vous avez été attristés selon Dieu, afin de ne recevoir de notre part aucun dommage. En effet, la tristesse selon Dieu produit une repentance à salut dont on ne se repent jamais, tandis que la tristesse du monde produit la mort.

ÉVANGILE DU JOUR

Mc I, 29-35

En sortant de la synagogue, ils se rendirent avec Jacques et Jean à la maison de Simon et d’André. La belle-mère de Simon était couchée, ayant la fièvre ; et aussitôt on parla d’elle à Jésus. S’étant approché, il la fit lever en lui prenant la main, et à l’instant la fièvre la quitta. Puis elle les servit. Le soir, après le coucher du soleil, on lui amena tous les malades et les démoniaques. Et toute la ville était rassemblée devant sa porte. Il guérit beaucoup de gens qui avaient diverses maladies ; il chassa aussi beaucoup de démons, et il ne permettait pas aux démons de parler, parce qu’ils le connaissaient. Vers le matin, pendant qu’il faisait encore très sombre, il se leva, et sortit pour aller dans un lieu désert, où il pria.

À propos de l'auteur

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Jivko Panev

Jivko Panev, cofondateur et journaliste sur Orthodoxie.com. Producteur de l'émission 'Orthodoxie' sur France 2 et journaliste.
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