Jour du Saint-Esprit
Nativité du vénérable et glorieux prophète, précurseur et baptiste Jean ; saint Orence et ses frères: saints Pharnace, Eros, Firme, Firmin, Cyriaque et Longin, martyrs en Thrace (IVème s.) ; saint Simplice, évêque d’Autun (420) ; saint Nicétas, évêque de Rémésiana (Vème s.) ; saints Agoard et Agilbert, martyrisés avec leurs compagnons à Créteil (Vème s.) ; saint Théodulphe, évêque de Lobbes en Belgique (776) ; saint Rombaut, évêque de Malines (775). saint Antoine de Dymsk (vers 1224) ; saints Jacques et Jean, enfants de Novgorod (1566-1569) ; saint Athanase de Paros (1813).
NATIVITÉ DE SAINT JEAN BAPTISTE
Dès que l’Archange Gabriel eut quitté la Très-Sainte Mère de Dieu, après lui avoir annoncé la Bonne Nouvelle de son enfantement virginal, en prenant pour preuve de ses dires la conception de sa cousine Élisabeth, Marie se rendit en hâte en Judée, dans le village où demeuraient Zacharie et Élisabeth. Elle salua sa cousine et, aussitôt, le fœtus de six mois tressaillit d’allégresse dans le sein d’Élisabeth, se faisant précurseur du Sauveur avant même sa naissance. Remplie de l’Esprit Saint, Élisabeth prêta sa voix au prophète et s’écria : « Bénie es-tu entre toutes les femmes, et béni soit le fruit de ton sein ! Comment m’est-il donné que vienne à moi la mère de mon Seigneur ? » (Lc 1, 39-44). Marie lui répondit par son admirable cantique d’action de grâces : « Mon âme exalte le Seigneur… » . Elle resta trois mois auprès d’Élisabeth, l’assistant et s’entretenant avec elle des merveilles de Dieu, puis rentra chez elle. Le temps étant accompli où Élisabeth devait enfanter, elle mit au monde un fils, qui fut accueilli avec joie et allégresse par sa parenté et par tout le voisinage. Le huitième jour, alors qu’on procédait à la circoncision du nouveau-né, on voulut lui donner le nom de son père, Zacharie, selon la coutume. Mais Élisabeth prit la parole et dit de manière catégorique : « Non, il s’appellera Jean ! » (Lc 1, 59). Les assistants lui objectèrent que personne de sa parenté ne portait ce nom, et s’adressant par signes à Zacharie, qui était resté sourd et muet depuis la visite de l’Archange Gabriel [23 sept.], on lui demanda son avis. Celui-ci demanda une tablette et écrivit : « Jean est son nom. » À l’instant même, délivré de son mutisme et rempli de l’Esprit Saint, il se mit à prophétiser et adressa à Dieu cette hymne : « Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël, de ce qu’Il a visité et délivré son peuple et nous a suscité une puissance de salut dans la maison de David son serviteur, selon qu’Il l’avait annoncé à ses saints prophètes des temps anciens… Et toi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Très-Haut ; car tu marcheras devant le Seigneur, pour lui préparer les voies et pour donner à son peuple la connaissance du salut par la rémission de ses péchés. » (Lc 1, 68-79). Celui qui était né contre toute attente d’un sein flétri annonçait, par sa naissance, comme par un printemps spirituel, que le Messie, dont il préparait la venue, allait renouveler les lois de la nature humaine stérile et lui ouvrir la voie de la divinisation. Lui qui était appelé par Dieu à devenir la Voix du Verbe, délia ainsi la langue de son père, qui avait été liée par son manque de foi, et il mit fin aux figures et aux ombres de l’Ancienne Alliance. Dernier des prophètes, Jean qui, selon le témoignage du Seigneur, est le plus grand de tous ceux qui sont nés de la femme (Mt 11, 11), est aussi le premier des apôtres. Naissant en ce jour, il commence à luire dans le monde comme le Flambeau de la Lumière véritable, comme l’Astre annonçant le Soleil de Justice et comme le Héraut proclamant l’entrée du Verbe. La crainte et l’émerveillement s’emparèrent de tous ceux qui étaient présents et la nouvelle se répandit dans la Judée tout entière. L’enfant grandissait et son esprit se fortifiait, car la main du Seigneur était sur lui. Dès qu’il fut sevré et capable de marcher, il se retira de la maison familiale pour aller vivre dans le désert, vêtu d’une peau de chameau, une ceinture de cuir à ses reins, et se nourrissant de sauterelles et de miel sauvage. Celui dont le monde n’était pas digne, menait là une vie sans soucis, sans tristesse, délivrée des passions et des assauts de la volupté, contemplant Dieu dans son cœur et faisant de Lui ses délices et sa consolation. Évidemment d’autres prophètes et hommes de Dieu avaient, avant lui, séjourné au désert, tel Moïse ou Élie ; mais, vivant au désert comme au ciel, Jean, qui leur était supérieur, manifestait par cette retraite le renouvellement de la nature, dont il avait été institué le Précurseur, et il inaugurait pour les hommes la possibilité de vivre comme des anges dans la chair, par la virginité, l’ascèse et la contemplation. Il mena cette vie angélique au désert jusqu’à l’an quinze du principat de Tibère César (Lc 3, 1) . Alors la parole de Dieu lui fut adressée, lui ordonnant de retourner vers les régions habitées pour y annoncer la venue du Sauveur, et de préparer ses voies en exhortant les hommes au repentir et en les baptisant dans le Jourdain pour la rémission de leurs péchés. Comme tous se demandaient si Jean n’était pas le Messie attendu par Israël, il prit la parole et leur dit : « Pour moi, je vous baptise avec de l’eau, mais vient plus fort que moi et je ne suis pas digne de délier la courroie de ses sandales ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu… » (Lc 3, 15-18). Et par bien d’autres paroles, il annonçait au peuple la Bonne Nouvelle du Salut dans le Christ Jésus, notre Seigneur. Bien que toutes les prophéties de Jean-Baptiste aient trouvé leur accomplissement, son message reste cependant permanent pour l’Église. Il ne cessera d’être, jusqu’à la fin des temps, le Précurseur du Sauveur : annonçant à tout homme qui désire accueillir en lui le Sauveur, que c’est par le repentir, le retranchement des plaisirs de ce monde, la retraite dans le silence et la prière qu’il pourra préparer en lui la voie par laquelle le Christ fera son entrée, dans la puissance du Saint-Esprit.
(Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras)
TROPAIRES ET KONDAKIA DU JOUR
Tropaire, ton 8
Béni es-Tu Christ notre Dieu, qui a rendu très-sages les pêcheurs, leur envoyant le Saint-Esprit, et qui par eux, a pris au filet l’univers, Ami des hommes, gloire à Toi !
Tropaire du saint Précurseur, ton 4
Prophète et Précurseur de la venue du Christ, * nous ne pouvons te louer dignement, nous qui t’honorons avec amour : * par ta glorieuse et vénérable nativité * la stérilité d’une mère et le mutisme d’un père ont cessé, * tandis qu’est annoncée au monde l’incarnation du Fils de Dieu.
Kondakion du saint Précurseur, ton 3
La Stérile de jadis enfante en ce jour le Précurseur du Christ, * le dernier de tous les prophètes et le plus grand; * car à celui que tous ils avaient annoncé * il imposa la main dans les flots du Jourdain * et du Verbe divin s’est de la sorte montré * Prophète, Prédicateur en même temps que Précurseur.
Kondakion, ton 8
Lorsque Tu descendis en confondant les langues, ô Très-Haut, Tu divisas les peuples, lorsque Tu distribuas les langues de feu, Tu appelas tous les hommes à l’unité, et tous d’une seule voix, nous glorifions le Très-Saint Esprit !
ÉPÎTRE DU JOUR
Éph. V, 8-19
Conduisez-vous en fils de lumière, car le fruit de l’Esprit, c’est tout ce qui est bonté, justice et vérité. Sachez reconnaître ce qui plaît au Seigneur, et ne prenez aucune part aux œuvres stériles des ténèbres ; démasquez-les plutôt. Ce qui s’y fait en cachette, on rougit même d’en parler. Mais, quand ces choses-là sont démasquées, leur réalité se révèle au grand jour, car ce qui révèle tout, c’est la lumière. C’est pourquoi l’on chante : « Toi qui dors, éveille-toi, d’entre les morts relève-toi, et le Christ t’illuminera ». Prenez donc bien garde à votre conduite : ne vivez pas comme des insensés, mais comme des sages ; tirez parti du temps présent, car nous traversons des jours mauvais. Ne soyez donc pas irréfléchis, mais comprenez bien quelle est la volonté du Seigneur. Ne buvez pas jusqu’à l’ivresse, car le vin porte à la débauche : laissez-vous plutôt remplir par l’Esprit saint. Dites entre vous des psaumes, des hymnes et des cantiques spirituels, chantez pour le Seigneur et psalmodiez de tout cœur. En tout temps et pour toutes choses, rendez grâces à Dieu le Père, au nom de notre Seigneur Jésus Christ. Soyez soumis les uns aux autres, dans la crainte de Dieu.
Rom. XIII, 12-XIV, 4 (S. Jean Baptiste)
Frères, la nuit est avancée, le jour approche. Dépouillons-nous donc des œuvres des ténèbres, et revêtons les armes de la lumière. Marchons honnêtement, comme en plein jour, loin des excès et de l’ivrognerie, de la luxure et de l’impudicité, des querelles et des jalousies. Mais revêtez-vous du Seigneur Jésus Christ, et ne vous souciez pas de la chair pour en satisfaire les convoitises. Faites accueil à celui qui est faible dans la foi, et ne discutez pas sur les opinions : tel croit pouvoir manger de tout, tel autre, qui est faible, ne mange que des légumes. Que celui qui mange de tout ne méprise pas celui qui ne mange pas, et que celui qui ne mange pas ne juge pas celui qui mange de tout, car Dieu l’a accueilli. Qui es-tu, toi qui juges un serviteur d’autrui ? S’il se tient debout, ou s’il tombe, cela regarde son maître. Mais il se tiendra debout, car le Seigneur a le pouvoir de l’affermir.
ÉVANGILE DU JOUR
Matth. XVIII, 10-20
Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits; car je vous dis que leurs anges dans les cieux voient continuellement la face de mon Père qui est dans les cieux. Car le Fils de l’homme est venu sauver ce qui était perdu. Que vous en semble? Si un homme a cent brebis, et que l’une d’elles s’égare, ne laisse-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres sur les montagnes, pour aller chercher celle qui s’est égarée? Et, s’il la trouve, je vous le dis en vérité, elle lui cause plus de joie que les quatre-vingt-dix-neuf qui ne se sont pas égarées. De même, ce n’est pas la volonté de votre Père qui est dans les cieux qu’il se perde un seul de ces petits. Si ton frère a péché, va et reprends-le entre toi et lui seul. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère. Mais, s’il ne t’écoute pas, prends avec toi une ou deux personnes, afin que toute l’affaire se règle sur la déclaration de deux ou de trois témoins. S’il refuse de les écouter, dis-le à l’Église; et s’il refuse aussi d’écouter l’Église, qu’il soit pour toi comme un païen et un publicain. Je vous le dis en vérité, tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel. Je vous dis encore que, si deux d’entre vous s’accordent sur la terre pour demander une chose quelconque, elle leur sera accordée par mon Père qui est dans les cieux. Car là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d’eux.
Luc I, 1–25, 57–68, 76, 80 (S. Jean Baptiste)
Plusieurs ayant entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous, suivant ce que nous ont transmis ceux qui ont été des témoins oculaires dès le commencement et sont devenus des ministres de la parole, il m’a aussi semblé bon, après avoir fait des recherches exactes sur toutes ces choses depuis leur origine, de te les exposer par écrit d’une manière suivie, excellent Théophile, afin que tu reconnaisses la certitude des enseignements que tu as reçus. Du temps d’Hérode, roi de Judée, il y avait un prêtre, nommé Zacharie, de la classe d’Abia ; sa femme était d’entre les filles d’Aaron, et s’appelait Élisabeth. Tous deux étaient justes devant Dieu, observant d’une manière irréprochable tous les commandements et toutes les ordonnances du Seigneur. Ils n’avaient point d’enfants, parce qu’Élisabeth était stérile ; et ils étaient l’un et l’autre avancés en âge. Or, pendant qu’il s’acquittait de ses fonctions devant Dieu, selon le tour de sa classe, il fut appelé par le sort, d’après la règle du sacerdoce, à entrer dans le temple du Seigneur pour offrir l’encens. Toute la multitude du peuple était dehors en prière, à l’heure de l’encens. Alors un ange du Seigneur apparut à Zacharie, et se tint debout à droite de l’autel de l’ encenss. Zacharie fut troublé en le voyant, et la frayeur s’empara de lui. Mais l’ange lui dit : « Ne crains point, Zacharie ; car ta prière a été exaucée. Ta femme Élisabeth t’enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jean. Il sera pour toi un sujet de joie et d’allégresse, et plusieurs se réjouiront de sa naissance. Car il sera grand devant le Seigneur. Il ne boira ni vin, ni liqueur enivrante, et il sera rempli de l’Esprit Saint dès le sein de sa mère ; il ramènera plusieurs des fils d’Israël au Seigneur, leur Dieu ; il marchera devant Dieu avec l’esprit et la puissance d’Élie, pour ramener les cœurs des pères vers les enfants, et les rebelles à la sagesse des justes, afin de préparer au Seigneur un peuple bien disposé. » Zacharie dit à l’ange : « À quoi reconnaîtrai-je cela ? Car je suis vieux, et ma femme est avancée en âge. » L’ange lui répondit : « Je suis Gabriel, je me tiens devant Dieu ; j’ai été envoyé pour te parler, et pour t’annoncer cette bonne nouvelle. Et voici, tu seras muet, et tu ne pourras parler jusqu’au jour où ces choses arriveront, parce que tu n’as pas cru à mes paroles, qui s’accompliront en leur temps. » Cependant, le peuple attendait Zacharie, s’étonnant de ce qu’il restait si longtemps dans le temple. Quand il sortit, il ne put leur parler, et ils comprirent qu’il avait eu une vision dans le temple ; il leur faisait des signes, et il resta muet. Lorsque ses jours de service furent écoulés, il s’en alla chez lui. Quelque temps après, Élisabeth, sa femme, devint enceinte. Elle se cacha pendant cinq mois, disant : « C’est la grâce que le Seigneur m’a faite, quand il a jeté les yeux sur moi pour ôter mon humiliation parmi les hommes. » Le temps où Élisabeth devait accoucher arriva, et elle enfanta un fils. Ses voisins et ses parents apprirent que le Seigneur avait fait éclater envers elle sa miséricorde, et ils se réjouirent avec elle. Le huitième jour, ils vinrent pour circoncire l’enfant, et ils l’appelaient Zacharie, du nom de son père. Mais sa mère prit la parole, et dit : « Non, il sera appelé Jean. » Ils lui dirent : « Il n’y a dans ta parenté personne qui soit appelé de ce nom. » Et ils firent des signes à son père pour savoir comment il voulait qu’on l’appelle. Zacharie demanda des tablettes, et il écrivit : « Jean est son nom. » Et tous furent dans l’étonnement. Au même instant, sa bouche s’ouvrit, sa langue se délia, et il parlait, bénissant Dieu. La crainte s’empara de tous les habitants d’alentour, et, dans toutes les montagnes de la Judée, on s’entretenait de toutes ces choses. Tous ceux qui les apprirent les gardèrent dans leur cœur, en disant : « Que sera donc cet enfant ? » Et la main du Seigneur était avec lui. Zacharie, son père, fut rempli du Saint Esprit, et il prophétisa, en ces mots :
« Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël,
De ce qu’il a visité et racheté son peuple,
Et toi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Très Haut ;
Car tu marcheras devant la face du Seigneur, pour préparer ses voies,
Afin de donner à son peuple la connaissance du salut
Par le pardon de ses péchés,
Grâce aux entrailles de la miséricorde de notre Dieu,
En vertu de laquelle le soleil levant nous a visités d’en haut,
Pour éclairer ceux qui sont assis dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort,
Pour diriger nos pas dans le chemin de la paix. »
Or, l’enfant croissait, et se fortifiait en esprit. Et il demeura dans les déserts, jusqu’au jour où il se présenta devant Israël.