25 février

Abstinence de viande – semaine des laitages

Saint Taraise, patriarche de Constantinople (806) sainte Adeltrude, abbesse à Maubeuge (vers 696) ; saints néomartyrs de Russie : Alexandre (Vinogradov), prêtre Mstislav (Fokine), martyre (1938), Nicolas (Troïtzky), prêtre (1945)

SAINT TARAISE, PATRIARCHE DE CONSTANTINOPLE

25 février

Ce brillant luminaire de l’Orthodoxie naquit à Constantinople d’une famille très en vue, dont les membres étaient honorés du titre de patriciens. Il reçut de son père, juge célèbre, le sens de l’intégrité et de la protection des faibles et des innocents, et il hérita de sa mère une grande piété. Au terme d’une éducation profane très complète, il fut élevé à la dignité de consul et devint premier secrétaire d’État (protasécretis), sous le règne d’Irène et de son fils Constantin VI (780). Brillant par ses talents politiques, il gardait néanmoins le souci de tout rapporter à Dieu.

En ce temps-là, le patriarche Paul IV (780-784), qui était revenu à l’Orthodoxie après avoir soutenu les briseurs d’images, découragé par la situation inextricable dans laquelle se trouvait l’Église byzantine, renonça à sa charge et se retira au monastère de Florus. À l’impératrice régente et à son fils qui étaient venus lui faire de violents reproches sur sa démission, il répondit qu’il ne lui était plus possible de lutter et leur recommanda Taraise, comme seul homme capable de restaurer la vraie foi et de ramener l’Église de Constantinople à la communion avec les autres patriarcats.

Troublé par cette proposition et alléguant sa condition de simple laïc, Taraise commença par refuser. Mais, sous la pression des souverains, du Sénat et de tout le peuple rassemblé devant le palais, il finit par se soumettre, à la condition toutefois que l’on convoque sans retard un grand Concile Œcuménique, pour mettre un terme à l’hérésie. Il fut consacré archevêque de Constantinople, le 25 décembre 784.

Dès qu’il fut placé sur le candélabre de l’Église, il n’eut pour seul soin que de l’éclairer par la lumière des saintes vertus : le jeûne, les longues veillées nocturnes consacrées à la prière et à la méditation de la Parole de Dieu, et les œuvres de charité évangélique. À l’imitation du Seigneur, il se considérait comme le serviteur de tous et ne souffrait pas qu’on lui rendît les services les plus ordinaires. Vêtu avec simplicité et humble dans tous ses actes, c’est en prêchant par l’exemple qu’il luttait contre le luxe insolent du clergé de cette époque. Il répandait les aumônes avec une telle prodigalité qu’il reçut le surnom de « nouveau Joseph ». Il fit construire des hospices et des hôtelleries, invitait les pauvres à sa table pour partager son frugal repas, et accordait une rente mensuelle à d’autres indigents, qu’il avait fait recenser sur un registre en papyrus. Pendant l’hiver, il allait lui-même, revêtu de ses ornements sacerdotaux, servir un copieux repas aux pauvres.

Par cet exemple de vie vertueuse et par son enseignement, il attira un grand nombre de ses disciples à renoncer au monde, et il fonda pour eux un vaste monastère, sur la rive gauche du Bosphore, à son embouchure dans la mer Noire, d’où sortirent un bon nombre d’évêques, comme saint Michel de Synnades [23 mai] et saint Théophylacte de Nicomédie [8 mars], qui devinrent les colonnes de l’Orthodoxie renaissante. Conformément à sa promesse, le patriarche fit convoquer par les souverains une grande assemblée d’évêques à Constantinople, dans l’église des Saints-Apôtres, en août 786. Mais les iconoclastes firent alors irruption dans l’église et en chassèrent les Pères. On réprima avec peine l’émeute, et le concile fut transféré à Nicée, où la première session s’ouvrit le 24 septembre 787 . Saint Taraise présida les séances et dirigea avec prudence et autorité les débats qui aboutirent à la condamnation de l’hérésie et à la restauration du culte des saintes images.

Par la suite, le bon pasteur mit tous ses soins à ramener avec douceur les hérétiques dans le bercail de la sainte Église, sans les décourager par des mesures d’une trop grande sévérité, ce qui lui valut une certaine opposition de la part des rigoureux stoudites, saint Platon et son neveu saint Théodore [11 nov.]. Il travailla aussi à combattre la simonie dans l’ordination des prêtres, et n’hésita pas à s’exposer lui-même pour défendre le droit d’asile dans les églises. C’est ainsi qu’il protégea un magistrat poursuivi pour avoir dilapidé l’argent de l’État, qui était venu chercher asile à Sainte-Sophie en tenant le coin de l’autel, et qu’il frappa d’excommunication les soldats qui l’avaient arrêté de force.

Devenu seul empereur à sa majorité (790), Constantin VI prétendit se mettre au-dessus des lois de l’Église et répudia son épouse, Marie l’Arménienne, pour épouser une de ses servantes, Théodote. Le patriarche refusa de bénir ce mariage adultère et fit de sévères remontrances à l’empereur, en le menaçant d’anathème s’il persévérait dans son péché. L’empereur irrité fit alors enfermer Taraise, avec interdiction à quiconque de communiquer avec lui. Il contraignit son épouse légitime à prendre le voile et fit bénir ses nouvelles noces par un prêtre intrigant, Joseph, économe de la Grande Église. Mais le jugement de Dieu ne se fit pas attendre et, l’année suivante, Constantin VI, victime d’une conspiration, fut aveuglé et détrôné.

Saint Taraise, recouvrant sa liberté, excommunia alors le prêtre Joseph et put ainsi se réconcilier avec les stoudites qui s’étaient séparés de sa communion, en entraînant une grande partie du peuple dans le schisme . Gardant, comme Job, la constance, la paix de l’âme et le recueillement au sein de toutes ces tribulations, le saint patriarche continua dès lors d’exhorter le peuple à faire fructifier la foi restaurée par la pratique des commandements. L’Église ayant finalement retrouvée la paix à l’avènement de l’empereur Nicéphore Ier (802-811), et saint Taraise ayant accompli son œuvre, au terme d’un épiscopat de vingt-deux ans, il fut atteint d’une longue et douloureuse maladie, mais n’en continua pas moins de célébrer chaque jour la Divine Liturgie, appuyé sur un bâton. Lorsqu’il parvint au seuil de la mort, on put le voir mener un combat redoutable contre les démons qui cherchaient à l’accuser de crimes imaginaires. La conscience pure devant Dieu, il les repoussait de la main, car il ne pouvait plus parler. Et lorsqu’on commença à chanter dans l’église le verset : Incline, Seigneur, Ton oreille et écoute-moi… (Ps 85, 1), son âme bienheureuse se débarrassa de sa tunique de peau et monta rejoindre les demeures éternelles, accompagnée par les larmes de toute la ville (18 février 806). Il fut enterré le 25 février dans son monastère, et l’huile de la lampe qui brûlait devant son tombeau accomplit par la suite de nombreux miracles. En 820, l’empereur Léon V l’Arménien, qui avait soutenu pendant sept ans les iconoclastes et avait persécuté férocement les orthodoxes, vit en songe saint Taraise, le visage sévère, qui ordonnait à un certain Michel de percer l’empereur de son épée. De fait, six jours après, Léon fut assassiné par Michel le Bègue qui s’empara du pouvoir (4 décembre 820). L’aspect physique de saint Taraise était, dit-on, fort semblable à celui de saint Grégoire le Théologien.

(Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras)

TROPAIRES ET KONDAKIA DU JOUR

Tropaire de saint Taraise, ton 4

La justice de tes œuvres a fait de toi * pour ton troupeau une règle de foi, * un modèle de douceur, * un maître de tempérance; * c’est pourquoi tu as obtenu par ton humilité l’exaltation * et par ta pauvreté la richesse. * Taraise, pontife sacré, * prie le Christ notre Dieu * de sauver nos âmes.

Kondakion de saint Taraise, ton 4

Comme un immense soleil, * par tes enseignements et tes miracles rayonnants, * tu ne cesses d’illuminer * l’ensemble de la terre habitée, * bienheureux Taraise, initié aux mystères du ciel.

ÉPITRE DU JOUR

Jude I, 1-10

Jude, serviteur de Jésus Christ, et frère de Jacques, à ceux qui ont été appelés, qui sont aimés en Dieu le Père, et gardés pour Jésus Christ : que la miséricorde, la paix et la charité vous soient multipliées ! Bien aimés, comme je désirais vivement vous écrire au sujet de notre salut commun, je me suis senti obligé de le faire afin de vous exhorter à combattre pour la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes. Car il s’est glissé parmi vous certains hommes, dont la condamnation est écrite depuis longtemps, des impies, qui changent la grâce de notre Dieu en dissolution, et qui renient notre seul maître et Seigneur Jésus Christ. Je veux vous rappeler, à vous qui savez fort bien toutes ces choses, que le Seigneur, après avoir sauvé le peuple et l’avoir tiré du pays d’Égypte, fit ensuite périr les incrédules ; qu’il a réservé pour le jugement du grand jour, enchaînés éternellement par les ténèbres, les anges qui n’ont pas gardé leur dignité, mais qui ont abandonné leur propre demeure ; que Sodome et Gomorrhe et les villes voisines, qui se livrèrent comme eux à l’impudicité et à des vices contre nature, sont données en exemple, subissant la peine d’un feu éternel. Malgré cela, ces hommes aussi, entraînés par leurs rêveries, souillent pareillement leur chair, méprisent l’autorité et injurient les gloires. Or, l’archange Michel, lorsqu’il contestait avec le diable et lui disputait le corps de Moïse, n’osa pas porter contre lui un jugement injurieux, mais il dit : Que le Seigneur te réprime ! Eux, au contraire, ils parlent d’une manière injurieuse de ce qu’ils ignorent, et ils se corrompent dans ce qu’ils savent naturellement comme les brutes.

ÉVANGILE DU JOUR

Lc XXII, 39-42, 45 – XXIII, 1

Après être sorti, il alla, selon sa coutume, à la montagne des Oliviers. Ses disciples le suivirent. Lorsqu’il fut arrivé dans ce lieu, il leur dit : Priez, afin que vous ne tombiez pas en tentation. Puis il s’éloigna d’eux à la distance d’environ un jet de pierre, et, s’étant mis à genoux, il pria, disant: Père, si tu voulais éloigner de moi cette coupe! Toutefois, que ma volonté ne se fasse pas, mais la tienne. Après avoir prié, il se leva, et vint vers les disciples, qu’il trouva endormis de tristesse, et il leur dit: Pourquoi dormez-vous? Levez-vous et priez, afin que vous ne tombiez pas en tentation. Comme il parlait encore, voici, une foule arriva; et celui qui s’appelait Judas, l’un des douze, marchait devant elle. Il s’approcha de Jésus, pour le baiser. Et Jésus lui dit: Judas, c’est par un baiser que tu livres le Fils de l’homme! Ceux qui étaient avec Jésus, voyant ce qui allait arriver, dirent: Seigneur, frapperons-nous de l’épée? Et l’un d’eux frappa le serviteur du souverain sacrificateur, et lui emporta l’oreille droite. Mais Jésus, prenant la parole, dit: Laissez, arrêtez! Et, ayant touché l’oreille de cet homme, il le guérit. Jésus dit ensuite aux principaux sacrificateurs, aux chefs des gardes du temple, et aux anciens, qui étaient venus contre lui: Vous êtes venus, comme après un brigand, avec des épées et des bâtons. J’étais tous les jours avec vous dans le temple, et vous n’avez pas mis la main sur moi. Mais c’est ici votre heure, et la puissance des ténèbres. Après avoir saisi Jésus, ils l’emmenèrent, et le conduisirent dans la maison du souverain sacrificateur. Pierre suivait de loin. Ils allumèrent du feu au milieu de la cour, et ils s’assirent. Pierre s’assit parmi eux. Une servante, qui le vit assis devant le feu, fixa sur lui les regards, et dit: Cet homme était aussi avec lui. Mais il le nia disant: Femme, je ne le connais pas. Peu après, un autre, l’ayant vu, dit: Tu es aussi de ces gens-là. Et Pierre dit: Homme, je n’en suis pas. Environ une heure plus tard, un autre insistait, disant: Certainement cet homme était aussi avec lui, car il est Galiléen. Pierre répondit: Homme, je ne sais ce que tu dis. Au même instant, comme il parlait encore, le coq chanta. Le Seigneur, s’étant retourné, regarda Pierre. Et Pierre se souvint de la parole que le Seigneur lui avait dite: Avant que le coq chante aujourd’hui, tu me renieras trois fois. Et étant sorti, il pleura amèrement. Les hommes qui tenaient Jésus se moquaient de lui, et le frappaient. Ils lui voilèrent le visage, et ils l’interrogeaient, en disant: Devine qui t’a frappé. Et ils proféraient contre lui beaucoup d’autres injures. Quand le jour fut venu, le collège des anciens du peuple, les principaux sacrificateurs et les scribes, s’assemblèrent, et firent amener Jésus dans leur sanhédrin. Ils dirent: Si tu es le Christ, dis-le nous. Jésus leur répondit: Si je vous le dis, vous ne le croirez pas; et, si je vous interroge, vous ne répondrez pas. Désormais le Fils de l’homme sera assis à la droite de la puissance de Dieu. Tous dirent: Tu es donc le Fils de Dieu? Et il leur répondit: Vous le dites, je le suis. Alors ils dirent: Qu’avons-nous encore besoin de témoignage? Nous l’avons entendu nous-mêmes de sa bouche. Ils se levèrent tous, et ils conduisirent Jésus devant Pilate.

À propos de l'auteur

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Jivko Panev

Jivko Panev, cofondateur et journaliste sur Orthodoxie.com. Producteur de l'émission 'Orthodoxie' sur France 2 et journaliste.
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