27 mai (ancien calendrier) / 9 juin (nouveau)

Dimanche de l’Aveugle né

Saint Théraponte, évêque de Sardes, martyr (IIIème s.) ; sainte martyre Théodora, vierge et saint martyr Didyme le soldat, d’Alexandrie (304) ; saint Eutrope, évêque d’Orange (Vème s.) ; saint Hildevert, evêque de Meaux (680) ; saint Basile, petit-fils du roi Bagrat (Géorgie, XIème s.) ; saint Théraponte du Lac Blanc (1426) ; Saint Théraponte de Monza (1597) ; saint Jean le Russe, confesseur en Cappadoce (1730).

SAINT JEAN LE RUSSE

27 mai (ancien calendrier) / 9 juin (nouveau)

Notre saint Père Jean naquit dans un village de Petite Russie (Ukraine), en 1690, et grandit dans la piété et l’amour des saintes vertus. Parvenu à l’âge adulte au temps de la guerre russo-turque (1710), il fut enrôlé dans l’armée du tsar. Ayant participé à la désastreuse campagne de Put, il fut capturé par les Tatares  et vendu comme esclave à un Turc, officier de cavalerie, qui l’emmena dans sa patrie, Prokopion, en Cappadoce. Contrairement à beaucoup de ses compagnons de captivité, qui abjuraient le christianisme, saint Jean résistait aux propositions et aux coups de son maître, en disant qu’aucun tourment ne pourrait le séparer de l’amour du Christ. Il ajoutait : « Tu es maître de mon corps, mais pas de mon âme. Si tu me laisses libre d’accomplir mes devoirs religieux, c’est avec promptitude que j’obéirai à tes ordres. C’est avec plaisir que je reposerai dans ce coin de ton écurie, en pensant au Christ qui a considéré la crèche de Bethléem comme un lit royal. Je supporterai sans murmure tes coups de bâton, comme le Seigneur endura les coups des soldats. Je suis prêt à endurer les plus grands et plus effroyables tourments, si tu veux m’y soumettre, mais je ne renierai jamais le Christ. » Ces paroles pleines de ferveur chrétienne, ainsi que sa conduite chaste et humble, changèrent le cœur et les sentiments de l’officier turc à son égard. Il cessa de le tyranniser et ne l’obligea pas à renier sa foi. Commis au soin des chevaux, Jean habitait un coin sombre de l’écurie, et lorsque son maître sortait dans la bourgade, à cheval, il devait le suivre à pied, comme un esclave. Le bienheureux acceptait cependant avec reconnaissance cette condition avilissante et glorifiait Dieu de l’avoir ainsi délivré de l’apostasie. Sans chaussures, été comme hiver, vêtu de guenilles, et prenant un peu de repos sur la paille ou le fumier, comme le Juste Job, Jean n’en continuait pas moins ses exercices de piété, et il passait des nuits entières, en prière, à genoux sur le parvis de l’église voisine dédiée à saint Georges. Il acceptait sans murmure les insultes et les moqueries des autres esclaves, et se mettait volontiers à leur service. Ces sacrifices et combats vertueux ne restèrent pas sans effets bénéfiques pour son maître, qui devint le plus riche et le plus respecté des habitants de la ville. Ayant décidé d’entreprendre le pèlerinage à La Mecque, prescrit à tout pieux musulman, ce dernier parvint à la ville sacrée après un long et pénible voyage. Quelques semaines après son départ, sa femme invita parents et amis à un grand dîner, afin que les convives expriment leurs vœux pour l’heureux retour de son époux. Comme Jean entrait dans la salle pour y servir un plantureux riz pilaf, la maîtresse de maison s’exclama : « Comme son maître se serait réjoui, s’il avait été ici pour manger avec nous ce met dont il est si friand ! » Jean, s’étant recueilli quelques instants en une prière silencieuse, demanda à sa maîtresse de lui donner un plat garni de ce pilaf, pour l’envoyer à son maître à La Mecque. Comme tous les convives se gaussaient, la maîtresse de maison lui donna un plat de riz en souriant. Jean se retira alors dans l’écurie et éleva la prière suivante vers Dieu : « Que Celui qui, autrefois, envoya le prophète Habacuc à Babylone pour apporter de la nourriture au prophète Daniel, dans la fosse aux lions (Dn 14, 33sv.], exauce aussi ma prière et fasse parvenir ce plat à mon maître ! » Puis il retourna dans la salle du banquet et annonça que le plat était arrivé à destination. Tout le monde éclata alors de rire, en l’accusant de s’en être gavé en secret. Cependant, quand le maître rentra de voyage, rapportant avec lui ce plat vide orné de ses initiales, et raconta qu’il l’avait trouvé, garni d’un délicieux pilaf, un soir en rentrant dans sa tente, tous les habitants de la maison furent saisis de stupéfaction, et, invoquant Allah, ils commencèrent à témoigner honneur et grand respect à l’esclave chrétien. On lui proposa de lui rendre la liberté et de lui donner une chambre plus digne, mais saint Jean refusa, disant qu’il préférait rester dans le coin sombre de l’écurie, où il pourrait mieux glorifier Dieu. C’est ainsi qu’il vécut pieusement, pendant plusieurs années. Lorsqu’il tomba malade, il demanda qu’un prêtre lui apportât la sainte Communion. Mais le prêtre, craignant de transporter ouvertement la sainte Communion dans la maison d’un musulman, la cacha dans une pomme qu’il offrit au saint. C’est ainsi que saint Jean reçut le viatique de la vie éternelle, et il s’endormit en paix, pour obtenir la glorieuse liberté des enfants de Dieu, le 27 mai 1730. Trois ans plus tard, un vieux prêtre et d’autres chrétiens virent plusieurs fois dans la nuit une colonne de feu qui descendait du ciel sur le tombeau du saint. Ils ouvrirent la tombe, et trouvèrent son corps intact, exhalant une odeur suave. Ils le transportèrent alors avec grande allégresse dans l’église de Saint-Georges, et le déposèrent dans une châsse, sous l’autel. Dès lors les précieuses reliques accomplirent d’innombrables miracles pour les chrétiens de Cappadoce, et même pour des musulmans. Lors du pillage du village par les troupes d’Osman Pacha, en 1832, les reliques furent jetées au feu par les soldats turcs. Mais elles restèrent inaltérables, et le saint apparut au milieu des flammes, menaçant les soldats impies. Les Turcs effrayés abandonnèrent tout leur butin et s’enfuirent du village. Une autre fois, le saint apparut pour retenir de ses deux mains le toit de l’école grecque qui s’écroulait, et il sauva ainsi les vingt enfants qui se trouvaient à l’intérieur. Lors de l’expulsion des Grecs d’Asie Mineure (1922), les chrétiens de Prokopion transportèrent avec eux en Grèce, au village de Nouveau-Prokopion, dans l’île d’Eubée, ces saintes reliques, comme leur plus grand trésor. Saint Jean y est depuis vénéré comme une source inépuisable de guérisons et de bénédictions, pour tous ceux qui l’approche avec foi.

(Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras)

TROPAIRES ET KONDAKIA DU JOUR

Tropaire du dimanche du 5ème ton

Fidèles, chantons et adorons le Verbe coéternel au Père et à l’Esprit, né d’une Vierge pour notre salut : car il Lui a plu, en Sa chair, de monter sur la Croix, de subir la mort et de relever les défunts par Sa glorieuse Résurrection !

Kondakion de l’aveugle né, ton 3

Les yeux de mon âme étant aveugles, je viens à toi, ô Christ, comme l’aveugle de naissance, et avec repentir je te clame : Tu es la Lumière qui resplendit sur ceux qui sont dans les ténèbres.

Kondakion de Pâques, ton 8

Bien que Tu sois descendu, ô Immortel, dans le tombeau, Tu as cependant détruit la puissance de l’enfer et Tu es ressuscité en vainqueur, ô Christ Dieu. Aux femmes myrrhophores Tu as annoncé: Réjouissez-vous, et à Tes apôtres Tu as donné la paix, accordant à ceux qui sont tombés la résurrection.

ÉPÎTRE DU JOUR

Actes XVI,16-34

Un jour, comme nous allions au lieu de la prière, vint à notre rencontre une servante qui avait un esprit de divination, et qui, par ses oracles, procurait un grand profit à ses maîtres. Elle se mit à nous suivre, Paul et nous en criant : « Ces hommes sont les serviteurs du Dieu Très Haut, et ils vous annoncent la voie du salut. » Elle fit cela pendant plusieurs jours. Paul, excédé, se retourna et dit à l’esprit : « Je t’ordonne, au nom de Jésus Christ, de sortir d’elle. » Et il sortit à l’heure même. Les maîtres de la servante, voyant disparaître l’espoir de leur gain, se saisirent de Paul et de Silas, et les traînèrent sur la place publique devant les magistrats. Ils les présentèrent aux préteurs, en disant : « Ces hommes troublent notre ville ; ce sont des Juifs, qui annoncent des coutumes qu’il ne nous est permis ni de recevoir ni de suivre, à nous qui sommes Romains. » La foule se souleva aussi contre eux, et les préteurs, ayant fait arracher leurs vêtements, ordonnèrent qu’on les batte de verges. Après qu’on les eut chargés de coups, ils les jetèrent en prison, en recommandant au geôlier de les surveiller de près. Le geôlier, ayant reçu cet ordre, les jeta dans la prison intérieure, et leur mit des entraves aux pieds. Vers le milieu de la nuit, Paul et Silas priaient et chantaient les louanges de Dieu, et les prisonniers les entendaient. Tout à coup il se fit un si grand tremblement de terre, que les fondements de la prison furent ébranlés ; au même instant, toutes les portes s’ouvrirent, et les liens de tous les prisonniers furent rompus. Le geôlier se réveilla, et, lorsqu’il vit les portes de la prison ouvertes, il tira son épée et allait se tuer, pensant que les prisonniers s’étaient enfuis. Mais Paul cria d’une voix forte : « Ne te fais point de mal, nous sommes tous ici. » Alors le geôlier, ayant demandé de la lumière, entra précipitamment, et se jeta tout tremblant aux pieds de Paul et de Silas ; il les fit sortir, et dit : « Mes seigneurs, que faut-il que je fasse pour être sauvé ?  » Paul et Silas répondirent : « Crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé, toi et ta famille. » Et ils lui annoncèrent la parole du Seigneur, ainsi qu’à tous ceux qui étaient dans sa maison. À l’heure même, en pleine nuit, il les prit avec lui, lava leurs plaies, et aussitôt fut baptisé, lui et tous les siens. Les ayant conduits dans sa maison, il leur servit à manger, et il se réjouit avec toute sa famille de ce qu’il avait cru en Dieu.

ÉVANGILE DU JOUR

Jn IX, 1-38

Jésus vit, en passant, un homme aveugle de naissance. Ses disciples lui firent cette question: Rabbi, qui a péché, cet homme ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle? Jésus répondit: Ce n’est pas que lui ou ses parents aient péché; mais c’est afin que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui. Il faut que je fasse, tandis qu’il est jour, les œuvres de celui qui m’a envoyé; la nuit vient, où personne ne peut travailler. Pendant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. Après avoir dit cela, il cracha à terre, et fit de la boue avec sa salive. Puis il appliqua cette boue sur les yeux de l’aveugle, et lui dit: Va, et lave-toi au réservoir de Siloé (nom qui signifie envoyé). Il y alla, se lava, et s’en retourna voyant clair. Ses voisins et ceux qui auparavant l’avaient connu comme un mendiant disaient: N’est-ce pas là celui qui se tenait assis et qui mendiait? Les uns disaient: C’est lui. D’autres disaient: Non, mais il lui ressemble. Et lui-même disait: C’est moi. Ils lui dirent donc: Comment tes yeux ont-ils été ouverts? Il répondit: L’Homme qu’on appelle Jésus a fait de la boue, a oint mes yeux, et m’a dit: Va au réservoir de Siloé, et lave-toi. J’y suis allé, je me suis lavé, et j’ai recouvré la vue. Ils lui dirent: Où est cet homme? Il répondit: Je ne sais. Ils menèrent vers les pharisiens celui qui avait été aveugle. Or, c’était un jour de sabbat que Jésus avait fait de la boue, et lui avait ouvert les yeux. De nouveau, les pharisiens aussi lui demandèrent comment il avait recouvré la vue. Et il leur dit: Il a appliqué de la boue sur mes yeux, je me suis lavé, et je vois. Sur quoi quelques-uns des pharisiens dirent: Cet homme ne vient pas de Dieu, car il n’observe pas le sabbat. D’autres dirent: Comment un homme pécheur peut-il faire de tels miracles? Et il y eut division parmi eux. Ils dirent encore à l’aveugle: Toi, que dis-tu de lui, sur ce qu’il t’a ouvert les yeux? Il répondit: C’est un prophète. Les Juifs ne crurent point qu’il eût été aveugle et qu’il eût recouvré la vue jusqu’à ce qu’ils eussent fait venir ses parents. Et ils les interrogèrent, disant: Est-ce là votre fils, que vous dites être né aveugle? Comment donc voit-il maintenant? Ses parents répondirent: Nous savons que c’est notre fils, et qu’il est né aveugle; mais comment il voit maintenant, ou qui lui a ouvert les yeux, c’est ce que nous ne savons. Interrogez-le lui-même, il a de l’âge, il parlera de ce qui le concerne. Ses parents dirent cela parce qu’ils craignaient les Juifs; car les Juifs étaient déjà convenus que, si quelqu’un reconnaissait Jésus pour le Christ, il serait exclu de la synagogue. C’est pourquoi ses parents dirent: Il a de l’âge, interrogez-le lui-même. Les pharisiens appelèrent une seconde fois l’homme qui avait été aveugle, et ils lui dirent: Donne gloire à Dieu; nous savons que cet homme est un pécheur. Il répondit: S’il est un pécheur, je ne sais; je sais une chose, c’est que j’étais aveugle et que maintenant je vois. Ils lui dirent: Que t’a-t-il fait? Comment t’a-t-il ouvert les yeux? Il leur répondit: Je vous l’ai déjà dit, et vous n’avez pas écouté; pourquoi voulez-vous l’entendre encore? Voulez-vous aussi devenir ses disciples? Ils l’injurièrent et dirent: C’est toi qui es son disciple; nous, nous sommes disciples de Moïse. Nous savons que Dieu a parlé à Moïse; mais celui-ci, nous ne savons d’où il est. Cet homme leur répondit: Il est étonnant que vous ne sachiez d’où il est; et cependant il m’a ouvert les yeux. Nous savons que Dieu n’exauce point les pécheurs; mais, si quelqu’un l’honore et fait sa volonté, c’est celui là qu’il l’exauce. Jamais on n’a entendu dire que quelqu’un ait ouvert les yeux d’un aveugle-né. Si cet homme ne venait pas de Dieu, il ne pourrait rien faire. Ils lui répondirent: Tu es né tout entier dans le péché, et tu nous enseignes! Et ils le chassèrent. Jésus apprit qu’ils l’avaient chassé; et, l’ayant rencontré, il lui dit: Crois-tu au Fils de Dieu? Il répondit: Et qui est-il, Seigneur, afin que je croie en lui? Tu l’as vu, lui dit Jésus, et celui qui te parle, c’est lui. Et il dit: Je crois, Seigneur. Et il se prosterna devant lui. Puis Jésus dit: Je suis venu dans ce monde pour un jugement, pour que ceux qui ne voient point voient, et que ceux qui voient deviennent aveugles.

À propos de l'auteur

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Jivko Panev

Jivko Panev, cofondateur et journaliste sur Orthodoxie.com. Producteur de l'émission 'Orthodoxie' sur France 2 et journaliste.
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