Jour de jeûne
Saint Sisoès le Grand, ascète au désert de Scété (429) ; sainte Lucie, vierge, et ses 24 compagnons de martyre en Campanie dont : saints Antoine, Lucien, Isidore, Dion, Diodore, Apamos et Rixos (301) ; saints Archippe et Philémon ; saint Goar, ermite en Rhénanie (575) ; saints Berthier, prêtre et Athalène, diacre, martyrs en Franche Comté (764 ; saint Sisoès des Grottes de Kiev (XIIIème s.) ; saints nouveaux martyrs de Russie : moine Euthyme Liobovitchev (1931) ; moine Théodore Bogoyavlensky (1943).
SAINT SISOÈS LE GRAND
Ayant pris sur lui la croix du Seigneur depuis sa jeunesse, notre bienheureux Père Sisoès se retira au désert de Scété. Il progressa si rapidement dans la vertu et dans les combats ascétiques, qu’il fut bientôt considéré par tous comme le modèle du moine. Peu après la mort de saint Antoine, alors que les déserts de Scété et de Nitrie commençaient à être trop peuplés, il décida de se rendre, avec son disciple Abraham, dans la montagne intérieure, où avait vécu le grand patriarche du désert et qui se trouvait alors abandonnée à cause des incursions des barbares (vers 357). Il y demeura soixante-douze ans, suivant en tout les traces de saint Antoine . Un frère lui demanda un jour s’il était parvenu à la mesure d’abba Antoine. Il répondit : « Si j’avais l’une des pensées d’abba Antoine, je deviendrais tout entier comme du feu ; pourtant je connais un homme qui, avec peine, peut porter la pensée d’abba Antoine » . Il recevait de temps en temps des provisions d’un moine venu de Pispir ; mais il advint que ce dernier tarda pendant près de dix mois. Comme il marchait dans la montagne, Sisoès rencontra un chasseur, venu de Pharan (Sinaï), qui n’avait vu personne depuis onze mois. Le vieillard rentra alors dans sa cellule et se frappa la poitrine en disant : « Voilà, tu as pensé que tu avais fait quelque chose, mais tu n’es même pas arrivé au niveau de ce séculier ! » . Parmi les vertus qui ornaient son âme, il excellait avant tout dans l’humilité, et il enseignait à ses visiteurs qu’elle s’acquiert premièrement par l’abstinence, deuxièmement par la prière, et troisièmement en s’efforçant de se considérer en toute circonstance comme inférieur à tous les hommes. Il aimait tellement le jeûne, et était si absorbé par la prière, qu’il restait des jours entiers sans aucun souci pour la nourriture, et quand son disciple, Abraham, lui en faisait la remarque, il lui répondait avec une grande simplicité : « N’avons-nous pas mangé, mon enfant ? » L’autre lui ayant répondu que non, il disait : « Si nous n’avons pas mangé, apporte et mangeons ». Le fils d’un homme qui était venu rendre visite à l’Ancien sur la montagne, étant mort en chemin, le père, sans se troubler, l’apporta avec confiance au vieillard, et s’inclina devant lui avec son fils. Puis, il sortit. Le saint, pensant que l’enfant restait prosterné par respect, dit : « Lève-toi, va dehors ! » Sur-le-champ, le défunt se leva et sortit . S’arrêtant un jour auprès du tombeau d’Alexandre le Grand, l’Ancien contempla avec stupeur la vanité de la gloire terrestre et versa des larmes sur le sort commun de tout homme . Puis il retourna dans sa cellule, pour y persévérer dans l’attente du Seigneur. À un frère qui était tombé à plusieurs reprises dans le péché, il dit : « Relève-toi encore et encore. » — « Jusques à quand ? » demanda le frère. L’Ancien répondit : « Jusqu’à ce que tu sois saisi soit dans le bien, soit dans le péché. Car l’homme se présente au jugement dans l’état dans lequel il est trouvé ». Lorsque, ayant accompli sa course, saint Sisoès fut sur le point de mourir, alors que des Pères étaient assis autour de lui, son visage brilla soudain comme le soleil. Et il leur dit : « Voici que vient abba Antoine. » Peu après, il dit : « Voici le chœur des prophètes. » Son visage brilla avec plus d’éclat et il dit : « Voici que vient le chœur des apôtres. » Puis sa face s’illumina, et il semblait parler avec un personnage invisible. Les Pères lui ayant demandé quel était son interlocuteur, il répondit : « Voici que les anges viennent me prendre, et je les supplie de me laisser faire un peu pénitence. » Les anciens répliquèrent : « Mais tu n’as plus besoin de faire pénitence, Père. » Il répondit alors en pleurant : « En vérité je n’ai pas même conscience d’en être au commencement. » Les Pères s’émerveillèrent d’une telle humilité et comprirent qu’il avait atteint la perfection. Son visage devint alors subitement plus brillant que le soleil, et tous les assistants furent remplis de crainte. L’Ancien murmura : « Regardez, le Seigneur vient et il dit: “Apportez-moi le vase du désert” ». À ces mots, saint Sisoès remit son âme entre les mains de Dieu. Il y eut comme un éclair fulgurant et tout l’endroit fut rempli de bonne odeur.
(Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras)
TROPAIRES ET KONDAKIA DU JOUR
Tropaire de saint Sisoès, ton 1
Le désert fut ta cité, dans la chair tu fus un Ange, * tes miracles signalèrent, Père Sisoès, porteur de Dieu; * par le jeûne, les veilles et l’oraison * tu as reçu les charismes du ciel * pour guérir les malades et les âmes des fidèles qui accourent vers toi. * Gloire à celui qui t’a donné ce pouvoir, * gloire à celui qui t’a couronné, * gloire à celui qui opère en tous le salut, par tes prières.
Kondakion de saint Sisoès, ton 4
Sur terre tu as paru, vénérable Sisoès, * comme un ange de l’ascèse, illuminant * de tes miracles divins * l’âme des fidèles chaque jour; * c’est pourquoi nous te glorifions avec foi.
ÉPÎTRE DU JOUR
Rom. XI, 25-36
Car je ne veux pas, frères, que vous ignoriez ce mystère, afin que vous ne vous regardiez point comme sages, c’est qu’une partie d’Israël est tombée dans l’endurcissement, jusqu’à ce que la totalité des païens soit entrée. Et ainsi tout Israël sera sauvé, selon qu’il est écrit : Le libérateur viendra de Sion, Et il détournera de Jacob les impiétés ; et ce sera mon alliance avec eux, Lorsque j’ôterai leurs péchés. En ce qui concerne l’Évangile, ils sont ennemis à cause de vous ; mais en ce qui concerne l’élection, ils sont aimés à cause de leurs pères. Car Dieu ne se repent pas de ses dons et de son appel. De même que vous avez autrefois désobéi à Dieu et que par leur désobéissance vous avez maintenant obtenu miséricorde, de même ils ont maintenant désobéi, afin que, par la miséricorde qui vous a été faite, ils obtiennent aussi miséricorde. Car Dieu a renfermé tous les hommes dans la désobéissance, pour faire miséricorde à tous. Ô profondeur de la richesse, de la sagesse et de la science de Dieu ! Que ses jugements sont insondables, et ses voies incompréhensibles ! Car qui a connu la pensée du Seigneur, Ou qui a été son conseiller ? Qui lui a donné le premier, pour qu’il ait à recevoir en retour ? C’est de lui, par lui, et pour lui que sont toutes choses. À lui la gloire dans tous les siècles ! Amen !
ÉVANGILE DU JOUR
Matth. XII, 1-8
En ce temps-là, Jésus traversa des champs de blé un jour de sabbat. Ses disciples, qui avaient faim, se mirent à arracher des épis et à manger. Les pharisiens, voyant cela, lui dirent : Voici, tes disciples font ce qu’il n’est pas permis de faire pendant le sabbat. Mais Jésus leur répondit : N’avez-vous pas lu ce que fit David, lorsqu’il eut faim, lui et ceux qui étaient avec lui ; comment il entra dans la maison de Dieu, et mangea les pains de proposition, qu’il ne lui était pas permis de manger, non plus qu’à ceux qui étaient avec lui, et qui étaient réservés aux sacrificateurs seuls ? Ou, n’avez-vous pas lu dans la loi que, les jours de sabbat, les sacrificateurs violent le sabbat dans le temple, sans se rendre coupables ? Or, je vous le dis, il y a ici quelque chose de plus grand que le temple. Si vous saviez ce que signifie : Je prends plaisir à la miséricorde, et non aux sacrifices, vous n’auriez pas condamné des innocents. Car le Fils de l’homme est maître du sabbat.