Grand Carême
Les 42 martyrs d’Amorrée en Haute-Phrygie : saints Constantin, Bassoès, Théophile, Théodore, Calliste et leurs compagnons (vers 845) ; Invention de la sainte Croix par l’impératrice sainte Hélène (326) ; saint Arcade, évêque de Trimithonte à Chypre (vers 361) ; saint Hésychius, thaumaturge en Bithynie (vers 790) ; saint Chrodegang, évêque de Metz (766) ; saint Job-Josué d’Anzersk (1720).
SAINTS QUARANTE-DEUX MARTYRS D’AMORRÉE
En l’an 838, Dieu retournant son courroux contre l’empereur iconoclaste Théophile (829-842), le calife de Bagdad, à la tête d’une puissante armée de Sarrasins, remporta une éclatante victoire contre les Byzantins et vint assiéger la ville d’Amorium, en Haute Phrygie. Au bout de treize jours, il s’en empara à la faveur d’une trahison et passa au fil de l’épée tous les habitants, portant les armes ou non, ainsi que les nombreux paysans des environs qui y avaient cherché refuge. Ils n’épargnèrent que les principaux officiers, au nombre de quarante-deux, tous hommes illustres, vaillants et de noble naissance, et les emmenèrent, chargés de lourdes chaînes, en Syrie, où on les enferma dans une sombre et infecte prison. Pour toute boisson, ils n’avaient que leurs larmes et pour nourriture, ils devaient essayer de survivre avec quelques morceaux de pain avarié que leurs geôliers daignaient leur jeter de temps à autre ou que l’un d’entre eux était autorisé à mendier dans la rue. Le corps et les vêtements dévorés par la vermine, incapables de se voir les uns les autres dans l’obscurité permanente, réduits à la plus extrême faiblesse, ils n’en perdaient pas néanmoins leur vaillance et la noblesse de leur âme, en résistant à toutes les tentatives des envoyés du calife pour les faire abjurer. Celui-ci, comptant pour rien la conquête d’une ville en comparaison de celle des âmes, leur promettait d’avoir la vie sauve s’ils feignaient seulement de s’être convertis en se présentant à la prière publique avec lui. Les martyrs répondirent aux émissaires : « Feriez-vous de même si vous étiez à notre place ? » — « Certainement, répondirent les musulmans, car il n’y a rien de plus cher que la liberté. » — « Nous, répliquèrent les chrétiens, nous ne prenons pas conseil, lorsqu’il s’agit de religion, de ceux qui ne sont pas fermes dans la leur ! » Quelques jours plus tard, d’autres envoyés se présentèrent sous prétexte de leur faire l’aumône et, feignant de verser des larmes de compassion, ils essayèrent de les attirer à la religion de Mohamed, qui promet toutes sortes de plaisirs charnels dans cette vie et dans l’autre. Après avoir élevé les yeux vers le ciel et s’être armés des paroles inspirées de l’Écriture, les vaillants combattants de la Foi répondirent que de telles promesses étaient bien la preuve de la fausseté de cette religion qui soumet notre âme raisonnable, créée à l’image de Dieu, à la tyrannie de la chair. À des fakirs, religieux de l’Islam qui s’adonnent aux pratiques ascétiques et aux prières extatiques, ils répondirent avec la même assurance, en leur rappelant que Mohamed n’avait été annoncé par aucun prophète, alors que toute l’Ancienne Alliance porte témoignage de la venue de Jésus-Christ.
Les saints martyrs demeurèrent ainsi, pendant sept années entières, gardant une foi inébranlable qu’ils nourrissaient chaque jour par la récitation des Psaumes de David et des offices de l’Église aux moments prescrits, en rendant grâce à Dieu de les avoir jugés dignes d’endurer de telles épreuves pour Lui. Le 5 mars 845, la sentence de mort ayant été finalement prononcée contre eux pour le lendemain, Boïditzès, le traître qui avait livré la ville d’Amorium et avait ensuite renié le Christ, se rendit secrètement à la prison et, appelant Constantin, le secrétaire du patrice Théophile, il lui annonça la nouvelle et lui suggéra de nouveau de feindre la prière avec le calife pour échapper à la mort, sans pour cela abandonner leur conviction. Constantin repoussa l’apostat avec le signe de la Croix et, rentrant dans la prison, il annonça à son maître que leur dernière heure était proche. Celui-ci réunit alors ses compagnons et tous passèrent la nuit à chanter les louanges de Dieu. Le lendemain matin, un officier accompagné d’une forte escorte vint les tirer de prison et essaya une dernière fois de les résoudre à se joindre à la prière du calife. Ceux-ci répondirent que certes ils prieraient pour leurs ennemis, mais à la façon dont le Christ nous l’a enseigné : en implorant Dieu d’éclairer leur conscience endurcie et de les conduire à la connaissance de la Vérité. Puis ils conclurent en jetant l’anathème sur Mohamed et sur tous ceux qui le confessent comme prophète. Les soldats leur attachèrent alors les mains derrière le dos et les traînèrent comme des brebis d’abattoir jusqu’aux rives de l’Euphrate, où un grand nombre de Sarrasins s’était assemblé pour assister à l’exécution. L’officier appela alors Théodore Cratère et, rappelant à haute voix qu’étant prêtre, il avait autrefois abandonné le sacerdoce et s’était engagé dans l’armée où il avait acquis la charge très enviée de protospathaire, il lui dit : « Toi qui as porté les armes et tué des hommes, pourquoi veux-tu paraître maintenant chrétien ? Ne vaut-il pas mieux implorer le secours de Mohamed, puisque tu n’as plus d’espérance en Jésus-Christ que tu as renié ? » Théodore répondit : « C’est bien à cause de cela que je dois répandre maintenant mon sang pour Lui, afin qu’Il me pardonne mes péchés ! » Et, sur ces mots, prenant la bénédiction du patrice Théophile, il fit une courte prière et présenta sa tête au bourreau. Tous les autres le suivirent en bon ordre, ne montrant ni crainte ni mouvement d’hésitation, et ils remportèrent la couronne de la victoire en laissant les Sarrasins admiratifs devant leur courage. Par la suite, le calife fit convoquer le traître Boïditzès et dit : « S’il avait été un homme honnête, il n’aurait pas livré sa cité, et s’il avait été un bon chrétien il n’aurait pas apostasié après avoir trahi. » Et il le fit décapiter.
(Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras)
TROPAIRES ET KONDAKIA DU JOUR
Tropaire des saints martyrs, ton 4
Tes Martyrs, Seigneur, pour le combat qu’ils ont mené / ont reçu de toi, notre Dieu, la couronne d’immortalité; / animés de ta force, ils ont terrassé les tyrans / et réduit à l’impuissance l’audace des démons; / par leurs prières sauve nos âmes, ô Christ notre Dieu.
Kondakion des saints martyrs, ton 2
De couronnes d’éloges couronnons comme il se doit / les nouveaux hoplites de la foi / qui de grand cœur ont combattu pour le Christ / et pour nous intercèdent auprès de lui, / comme enceinte et remparts protégeant les chrétiens.
Lectures de l’Ancien Testament
Isaïe IV, 2-6 ; V, 1-7
Et ce jour-là Dieu, en son conseil, brillera avec gloire sur la terre, pour relever et glorifier le reste d’Israël. Et il arrivera que le reste de Sion, le reste de Jérusalem, tous ceux qui auront été inscrits à Jérusalem dans la vie, seront appelés saints. Car le Seigneur lavera la souillure des fils et des filles de Sion; et du sang versé parmi eux il la purifiera en un esprit de justice et un esprit d’ardeur. Et voici ce qui arrivera : tout lieu de la montagne de Sion et tout ce qui l’entoure sera ombragé le jour par une nuée qui deviendra la nuit comme une fumée, comme la lumière d’un foyer ardent et le Seigneur les abritera de toute sa gloire. Ce sera comme de l’ombre contre la chaleur, comme une toiture et un abri contre le froid et la pluie. Je chanterai pour mon bien-aimé le cantique que mon bien-aimé chante à ma vigne. Mon bien-aimé avait une vigne sur une éminence, en un lieu fertile. Et Je l’ai entourée d’une haie, et Je l’ai palissadée, et Je l’ai plantée du plant de Sorec ; et au milieu j’ai bâti une tour, où J’ai creusé un cellier; et J’ai compté qu’elle me donnerait du raisin, mais elle a produit des épines. Et maintenant, vous, habitants de Jérusalem, et toi, homme de Juda, jugez entre moi et ma vigne. Que ferai-Je encore pour ma vigne que je n’aie point déjà fait? J’avais compté qu’elle me donnerait du raisin, mais elle a produit des épines. Or Je vais maintenant vous déclarer ce que Je ferai à ma vigne. Je lui arracherai sa haie, et elle sera mise au pillage; J’abattrai son mur, et elle sera foulée aux pieds. Et J’abandonnerai ma vigne, et elle ne sera plus ni taillée ni bêchée; et sur elle s’élèveront des épines comme sur une terre aride, et J’ordonnerai aux nuées de ne jamais l’arroser de pluie. Or la vigne du Seigneur Dieu des armées, c’est la maison d’Israël et l’homme de Juda est mon nouveau plant bien-aimé. J’ai attendu qu’il ferait la justice, et il a
fait l’iniquité; et ce n’est pas la voix de l’équité mais des cris que J’entends.
Genèse III, 21 – IV, 7
Le Seigneur Dieu fit ensuite à Adam et à sa femme des tuniques de peau dont Il les revêtit. Et Dieu dit : Voilà donc Adam devenu comme l’un de nous, pour connaître le bien et le mal ; mais maintenant qu’il n’aille pas étendre la main et prendre encore de l’arbre de vie, et en manger, car il vivrait toujours. Et le Seigneur Dieu le chassa du paradis de délices, pour qu’il travaillât à la terre de laquelle il avait été tiré. Il bannit Adam ; il l’établit à l’opposé du paradis de délices, et il plaça des chérubins, armés d’épées flamboyantes qu’ils faisaient tournoyer, pour garder le chemin de l’arbre de vie. Or, Adam connut Éve sa femme, qui, ayant conçu, enfanta Caïn ; et elle dit : J’ai obtenu un homme grâce à Dieu. Ensuite elle enfanta son frère Abel, qui fut pasteur des brebis ; de son côté Caïn s’adonna au labourage de la terre. Après bien des jours, il arriva que Caïn apportât des fruits de la terre en offrande au Seigneur. Or, Abel apporta des premiers-nés de son troupeaux et de leur graisse. Et Dieu regarda Abel et ses présents. Mais il ne fit attention ni à Caïn, ni à son offrande ; Caïn en fut très affligé, et eut le visage tout abattu. Le Seigneur dit à Caïn : D’où vient que tu es si fort affligé et que ton visage est tout abattu ? Si tu as bien fait de m’apporter des offrandes, en les choisissant mal n’as-tu pas péché ? Calme-toi, le péché est sous ta puissance, et c’est à toi de le dominer.
Proverbes III, 34 – IV, 22
Le Seigneur résiste aux orgueilleux ; mais Il donne Sa grâce aux humbles. Les sages auront la gloire pour héritage; tandis que les impies exalteront leur propre ignominie. Écoutez, enfants, l’enseignement d’un père, et soyez attentifs à connaître la sagesse. Car je vous fais un cadeau précieux ; ne délaissez point ma loi. J’ai été un fils docile à mon père, et cher aux yeux de ma mère. Ils m’ont instruit, disant que nos discours soient fixés dans ton cœur ; garde nos préceptes ; ne les oublie pas. Ne méprise pas les paroles de ma bouche. Ne les abandonne point, et elles s’attacheront à toi ; aime-les, et elles te garderont. Entoure-les de palissades, et elles t’exalteront ; honore-les, afin qu’elles t’embrassent ; afin qu’elles mettent sur ta tête une couronne de grâces, et te couvrent d’une couronne de délices. Écoute, mon fils, et recueille mes paroles, et les années de ta vie se multiplieront, autant que se multiplieront les voies de ta vie. Car je t’enseignerai les voies de la sagesse, et je te ferai cheminer dans les droits sentiers. Si tu marches, rien n’entravera tes pas ; si tu cours, tu ne sentiras point la fatigue. Retiens mes instructions, ne les néglige point ; mais garde-les en toi-même toute ta vie. Ne va pas sur la voie des impies ; ne porte point envie aux voies des pervers. N’approche pas du lieu où ils dresseront leur camp ; éloigne-toi d’eux ; hâte-toi de passer outre. Car ils ne s’endormiront pas qu’ils n’aient fait quelque mal ; le sommeil leur est enlevé, et ils ne reposent pas. Car ils se nourrissent du pain de l’impiété, et s’enivrent du vin des pécheurs. Les voies des justes brillent comme la lumière; ils marchent, et ils sont illuminés jusqu’à ce que le jour se lève. Mais les voies des impies sont impures; ils ne savent pas comment ils trébuchent. Mon fils, sois attentif à ma voix, et prête l’oreille à mes paroles; Et pour que les sources de vie ne te manquent pas, garde-les en ton cœur. Car elles sont la vie de ceux qui les trouvent, et la santé de leur chair.