Ll’Église orthodoxe ukrainienne a mis en ligne les réponses aux reproches souvent évoqués par ses adversaires concernant : sont statut, ses relations avec Moscou, son attitude face à la guerre, aux territoires, à la langue de culte, au « monde russe » et à l’Église orthodoxe d’Ukraine.
Le statut
L’Église orthodoxe ukrainienne est l’Église du peuple ukrainien et son histoire remonte au baptême de la Rus’ par le prince Vladimir, égal-aux-apôtres. Tout au long de son histoire, elle a été proche du peuple ukrainien, qu’elle a formé et éduqué, soutenu et inspiré dans les moments les plus difficiles. Elle a partagé avec eux toutes les joies et les peines. Elle a obtenu son statut d’Église indépendante et autonome en 1990. Après le déclenchement de la guerre totale de la Fédération de Russie contre l’Ukraine, le concile de l’Église orthodoxe ukrainienne, qui s’est tenu le 27 mai 2022 avec la participation des hiérarques, du clergé, des moines et des fidèles, a décidé de déclarer la pleine autonomie et l’indépendance de l’Église orthodoxe ukrainienne.
Le statut actuel de l’Église orthodoxe ukrainienne est le suivant :
Le métropolite de Kiev et de toute l’Ukraine est élu de manière indépendante par les évêques ukrainiens.
Les évêques sont élus et nommés par le Saint-Synode, qui crée également de nouveaux diocèses et en modifie les limites.
La plus haute juridiction de l’Église orthodoxe ukrainienne est le concile des évêques de l’Église orthodoxe ukrainienne.
L’Église orthodoxe ukrainienne gère de manière indépendante les relations extérieures de l’Église.
Le Saint-Synode canonise les saints de manière indépendante. À ce jour, environ 300 saints ont été canonisés au sein de l’Église orthodoxe ukrainienne.
Il a été décidé de renouveler l’ancienne pratique de la préparation du saint chrême à Kiev.
L’Église orthodoxe ukrainienne s’occupe elle-même de la diaspora ukrainienne. Elle compte actuellement 40 paroisses actives et 10 centres pastoraux dans 13 pays européens.
Relations avec Moscou
Lors du concile du 27 mai 2022, la Charte de l’Église orthodoxe ukrainienne a été modifiée afin de refléter non seulement l’indépendance administrative, qui existait déjà auparavant, mais aussi la séparation d’avec le Patriarcat de Moscou. Désormais, les statuts ne contiennent aucune disposition indiquant que l’Église orthodoxe ukrainienne est une partie semi-administrée de l’Église orthodoxe russe, les résolutions des conciles de l’Église orthodoxe russe ne constituent pas une base pour les activités de l’Église orthodoxe ukrainienne et le métropolite de Kiev a cessé d’être membre du Saint-Synode de l’Église orthodoxe russe. Le paragraphe sur la commémoration du patriarche de Moscou pendant les divines liturgies dans les églises et les monastères de l’Église orthodoxe ukrainienne a également été supprimé.
Attitude à l’égard de la guerre
En 2014 déjà, l’Église orthodoxe ukrainienne a condamné les hostilités dans l’est de l’Ukraine au plus haut niveau, celui du concile des évêques, et a appelé à la fin de l’effusion de sang et à une résolution pacifique du conflit. Après le début de la véritable invasion militaire de la Russie sur le territoire de l’Ukraine, le primat de l’Église orthodoxe ukrainienne, le métropolite Onuphre, a été le premier chef religieux à s’adresser au peuple ukrainien et à condamner la guerre, l’appelant à défendre la souveraineté et l’intégrité de l’Ukraine, à s’unir dans l’amour de Dieu et de la patrie, à être courageux, à soutenir nos soldats et à se soutenir mutuellement.
Parmi les défenseurs de l’Ukraine, il y a des croyants de l’Église orthodoxe ukrainienne qui servent dans les rangs de la garde nationale, dans les rangs des forces armées de l’Ukraine et dans les forces de défense territoriale. Ce sont des fils de prêtres, des diplômés d’écoles théologiques, des sacristains, des lecteurs et des paroissiens. L’Église orthodoxe ukrainienne fournit une assistance complète au personnel militaire ukrainien, aux hôpitaux, aux civils, aux réfugiés et à tous ceux qui sont dans le besoin. L’Église fait don d’équipements, de médicaments, de nourriture, de vêtements et fournit des abris. Les croyants participent régulièrement au don de sang pour les militaires et les victimes.
Les images de Gostomel, Irpin et Boutcha, libérées il y a un an, ont été particulièrement choquantes pour les citoyens ukrainiens. Les hiérarques de l’Église orthodoxe ukrainienne ont condamné sans ambiguïté ce qui s’est passé là-bas comme un crime. En particulier, le recteur de l’Académie de théologie et du séminaire de Kiev, l’archevêque Sylvestre (Stoïtchev), a exprimé ses condoléances aux familles des victimes et aux habitants de ces villes, et a mentionné dans sa déclaration le phénomène de la « théologie après Auschwitz ». En ce qui concerne la situation en Ukraine, il s’agit de comprendre comment on peut témoigner de Dieu après les horreurs qui se sont produites, lorsque des peuples chrétiens se sont révélés capables de commettre de tels crimes les uns contre les autres. Cette compréhension a été soulignée comme l’un des besoins urgents des chrétiens d’Ukraine.
Attitude à l’égard des territoires
L’Église orthodoxe ukrainienne s’est toujours prononcée en faveur de l’unité de l’Ukraine et a toujours exprimé son soutien à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de notre pays. Outre la défense contre l’ennemi extérieur, l’Église orthodoxe ukrainienne a constamment souligné la nécessité de consolider la société ukrainienne, de préserver la paix et de prévenir l’hostilité interne, y compris l’hostilité fondée sur la religion.
Attitude à l’égard de la langue de culte
Traditionnellement, la langue liturgique du diocèse métropolitain de Kiev est le slavon d’Église, adopté par les pères de l’écriture slave, les saints Cyrille et Méthode égaux-aux-apôtres. L’ukrainien est également une langue de culte dans certaines paroisses de l’Église orthodoxe ukrainienne. La possibilité de prier dans sa langue maternelle a été prévue par le concile des évêques ukrainiens en 1921. Depuis lors, elle est mise en œuvre depuis des décennies dans les paroisses qui le souhaitent. Aujourd’hui, l’Église orthodoxe ukrainienne s’efforce de garantir une traduction littéraire de haute qualité en ukrainien et l’impression des Saintes Écritures et des textes liturgiques en ukrainien.
« Le monde russe »
Dès 2007, l’Église orthodoxe ukrainienne, lors de son concile des évêques, a condamné le phénomène de ce que l’on appelle « l’orthodoxie politique », qui consiste à tenter d’utiliser l’Église orthodoxe et les œuvres des saints Pères et des écrivains chrétiens pour justifier divers concepts et idées politiques. Depuis l’émergence de l’idéologie du « monde russe », celle-ci n’a jamais été officiellement soutenue par l’Église orthodoxe ukrainienne, et encore moins enseignée dans les établissements d’enseignement théologique. Cette idée n’a pu être exprimée que par des individus qui s’écartaient de la position de l’Église dans son ensemble dans leurs déclarations.
Relations avec l’Église orthodoxe d’Ukraine
Les relations entre l’Église orthodoxe ukrainienne et l’Église orthodoxe d’Ukraine sont exclusivement de nature ecclésiastique. Les discussions entre elles portent exclusivement sur le domaine théologique et canonique. Par conséquent, la discussion et la résolution des questions controversées ne doivent avoir lieu que dans le domaine ecclésiastique, avec la participation des Églises orthodoxes du monde, et non sous la pression administrative de l’État.