Le nouveau métropolite de France, Mgr Dimitrios a été ordonné le 26 juillet, lors de la divine liturgie en l’église patriarcale du Patriarcat œcuménique Saint-Georges au Phanar (Istanbul). À la liturgie, présidée par Sa Sainteté le patriarche œcuménique Bartholomée, ont participé Mgr Emmanuel, métropolite de Chalcédoine, Mgr Méliton, métropolite de Philadelphie, Mgr Barnabé, métropolite de Néapolis et Stavropol et Mgr Joachim, métropolite de Prousse. Avant la consécration du métropolite de France, le patriarche œcuménique lui a adressé des paroles paternelles d’édification et des recommandations pour la nouvelle mission apostolique que l’Église mère lui a confiée :
« Une fois de plus, nous célébrons la Pentecôte et la venue de l’Esprit dans les parvis du Grand Monastère de notre foi, car une fois de plus la Grâce de Dieu descend par les mains de notre humilité et celles de nos frères concélébrants les saints hiérarques en posant les mains sur ta tête, afin de te faire archipasteur de l’un des vénérables diocèses du Trône de Constantinople.
Et tu es maintenant appelé, en tant que hiérarque, en tant que celui qui est l’image et occupe la place du Christ, à incarner le message de son Évangile au monde entier, et naturellement dans cette terre d’Europe, qui tend à oublier ce qu’elle est, une grande civilisation et un très haut niveau d’éducation et d’idéaux, qu’elle doit en grande partie à la foi et à l’identité chrétiennes. À la base de l’esprit européen se trouvent les traces des pas apostoliques, qui ont changé la marche de ce monde et divisé l’histoire en deux parties. En tant que Hiérarque orthodoxe, tu as l’obligation inéluctable de servir la seule et inaltérable Vérité du Christ. Il n’y a pas plusieurs vérités, évêque élu ! Il n’y a qu’une seule Vérité et c’est notre Seigneur Jésus-Christ ! Et tu as et nous avons tous, nous qui servons cette Église une, sainte, catholique et apostolique, la responsabilité indéniable et en même temps le privilège, de servir la Tente du Témoignage, où sont conservés le Corps et le Sang du Seigneur et le dépôt de la Grâce, afin que le cheminement de notre Église continue à avancer dans le temps.
Il n’y a pas de fragments et d’éclats de la Vérité que nous voulons unir par le dialogue en une nouvelle foi, mais nous entreprenons, malgré des malentendus délibérés ou dus à l’ignorance, d’apporter la Vérité du Christ telle que nos Pères l’ont vécue, expérimentée, enseignée et nous l’ont transmise, à nos frères qui, soit croient en une certaine religion, soit suivent une déviation par rapport à la foi qui nous a été transmise par les Conciles et les actes des Saints, afin de nous rendre tous participants de cette expérience unique et immuable de la vie pour le Christ dans son Église, et de vivre dans l’Église et, là seulement, l’économie ineffable de l’unique Trinité.
La vérité de l’Église doit donc constituer aussi pour toi, Excellence, la plus haute préoccupation de ton futur ministère. Un hiérarque orthodoxe sans la vérité n’est pas concevable pour nous. L’Évangile de la grâce, c’est-à-dire la proclamation aux quatre coins du monde que « le Christ est ressuscité », est la mission principale du membre du clergé. Et il n’y a pas de plus grande proclamation de ce miracle que l’office divin.
Pour la foi orthodoxe, il n’y a pas de vérité sans Amour ! Il n’y a pas non plus d’Amour sans Vérité ! Ce sont les vertus que nous t’exhortons à incarner dans ton futur ministère épiscopal, saint évêque élu. Avec ces vertus, sors pour récolter comme l’un des rares mais précieux ouvriers, pour offrir tout ton être au troupeau raisonnable de la Sainte Métropole qui t’a été confiée.
Nous t’avons connu par les paroles de celui qui était jusque récemment ton archipasteur et qui est maintenant métropolite de Chalcédoine Mgr Emmanuel et nous avons apprécié la nature discrète mais essentielle de ton ministère sacerdotal, un ministère que tu as reçu des mains du défunt métropolite Procope de Néa Krini et Kalamaria, qui t’a ordonné diacre, recevant ensuite le rang de presbytre et le dépôt du sacerdoce du très aimé frère le métropolite Barnabé de Néapolis et Stavroupolis, qui concélèbre maintenant avec nous, près duquel tu as fidèlement assumé les responsabilités ecclésiastiques qui t’ont été confiées et ce en la sainte église historique de Sainte-Parascève de Xérokrini, dont la bénédiction et celle de notre prédécesseur Joachim III, qui l’a construite en tant que métropolite de Thessalonique, t’a donné de recevoir aujourd’hui le très précieux sacre épiscopal à la veille de la commémoration de la sainte.
Mais l’heure bénie est venue, à laquelle, depuis les vénérables diocèses de Grèce de notre très saint Trône œcuménique, apostolique et patriarcal – et nous profitons de cette occasion pour dire que nous avons ici, en leur saint centre, un soin évident et une préoccupation inébranlable pour le bien-être sacré de ces diocèses et de tous les nôtres dans le monde entier, sans distinction – le temps est venu, disons-nous, où tu as été transplanté en Europe occidentale, dans la sainte métropole de France, où, avec le même amour, le même sérieux et la même constance dans l’exécution de la volonté du Seigneur, tu as reçu la faveur de notre frère Emmanuel, qui a toujours parlé de ta personne avec des paroles chaleureuses ».
Ensuite, le Patriarche a souligné que le ministère authentique de l’évêque signifie le sacrifice pour la vérité et l’amour et a ajouté ce qui suit, en commençant par les mots de son père spirituel, le métropolite Méliton de Chalcédoine d’éternelle mémoire :
« Le glorieux vêtement d’aujourd’hui, cédera bientôt sa place à la chlamyde rouge, la mitre à la couronne d’épines, la crosse au roseau, le trône au Golgotha. Le siège de l’évêque n’est pas un trône de gloire mais un prototype de la Croix, et celui qui gravit ses marches doit toujours être prêt à boire la coupe que le Seigneur a bue » (métropolite Méliton de Chalcédoine, p. 27), selon les sages paroles de notre bienheureux père spirituel le métropolite Méliton de Chalcédoine. Tel est le ministère authentique du successeur des Apôtres, ce sacrifice pour la Vérité et l’Amour. C’est ce que signifie être un évêque orthodoxe authentique. Toi aussi, au moment des tentations et des épreuves, garde ton esprit tourné sur Celui qui est sorti victorieux. Puisses-tu remporter la victoire, tel un autre Étienne, le patron de ton église métropolitaine ! Sache qu’après la Croix et la mort, il y a toujours la Résurrection pour celui qui choisit de vivre en Christ. Et le Christ signifie la vie éternelle, la vie pour l’éternité, l’espoir d’une immortalité complète. Le Christ et le désespoir ne sont pas compatibles, Excellence, comme ne le sont pas le Christ et la déception, le Christ et l’abandon du bon effort. Tu as fait l’expérience de ce Mystère de la Grâce, et maintenant appelle à celui-ci les personnes confiées à ta responsabilité pastorale pour lesquelles le Christ est mort ».
Enseigne à tous la nécessité de la solidarité, du partage mutuel, car cela est le puissant antidote dans une société qui privilégie le droit individuel par rapport à la personne humaine. La personne est sociale, aime et est aimée, elle a une perspective d’éternité. L’individu fixe des limites par rapport aux autres, met en avant sa propre personne, parle de droits qui priment sur les obligations. L’individu ne connaît pas l’amour inconditionnel de la personne envers les autres. Toi donc, en tant que personne du saint clergé, tu es tenu d’inspirer l’esprit de ton peuple, afin que ceux qui sont sous ton omophore renoncent à l’individualité et reçoive la personnalité et toutes ces choses par la puissance de l’amour selon Dieu ! Excellence, tu prends en charge, au nom du Phanar, du gouvernail de l’un de ses diocèses d’Europe.
Voici un champ de gloire pour le ministère, le service et les œuvres de bienfaisance sociale ! Garde toujours à l’esprit que la première et principale tâche et préoccupation du pasteur est d’être un apôtre, un évangéliste et un prédicateur fervent, en théorie et en pratique, de la résurrection du Christ. De poursuivre l’œuvre des prophètes et des saints ancêtres, dont le sommet est saint Anne, dont nous célébrons la dormition. Ceux-ci avaient prophétisé, mais toi, annonce le royaume de Dieu, venu avec puissance ! Notre Saint Père Irénée, évêque de Lyon, écrit que l’Église a reçu « un seul Dieu, Père, tout-puissant, qui a fait le ciel et la terre, les mers et tout ce qui s’y trouve, et un seul Christ Jésus, le Fils de Dieu, qui s’est fait chair pour notre salut, et un seul Esprit saint, qui, par les prophètes, a annoncé les économies, les allées et venues, et la naissance virginale… » (Contre les hérésies, chapitre I du livre I).
Cette foi inaltérée, ainsi que la Résurrection du Christ, proclame-la et entreprends avec un cœur fervent l’accomplissement de la sainte Volonté, et que le Seigneur très miséricordieux te vienne en aide et te protège en toutes choses ! »