La lettre pastorale communiquée à l’occasion de la Nativité du Seigneur par Sa Béatitude Daniel, Patriarche de l’Église orthodoxe roumaine, est intitulée « Dieu est amour humble et généreux ».
Dans son message pastoral, le Patriarche souligne que « la fête de la Nativité ou Noël a été une occasion bénie pour les grands théologiens de réfléchir spirituellement au grand mystère de l’humilité du Fils éternel de Dieu, qui s’est fait homme pour offrir aux êtres humains le pardon des péchés et la vie éternelle».
« L’amour humble et généreux du Fils éternel de Dieu devenu homme, qui s’est manifesté sans cesse depuis sa naissance dans une pauvre grotte près de Bethléem jusqu’à sa mort sur la croix et sa mise au tombeau, appelle tout homme à une grande humilité », déclare le Patriarche de Roumanie.
† Daniel
Par la grâce de Dieu,
Archevêque de Bucarest,
Métropolite de Munténie et Dobrogée,
Locum tenens du Trône de Césarée de Cappadoce
et
Patriarche de l’Église orthodoxe roumaine
À l’adresse du pieux ordre monastique, du très révérend clergé
et des chrétiens orthodoxes de l’archevêché de Bucarest
Recevez la grâce, la paix et la joie de Notre Seigneur
Jésus Christ, et de notre part des bénédictions paternelles
« Dieu est amour » (1 Jean 4, 16)
Révérends et Très Révérends Pères,
Bien-aimés fidèles,
Le mystère de l’humble amour du Fils de Dieu, qui s’est fait homme par amour infini pour l’homme, est le fondement et le cœur de la foi chrétienne. Ce saint et grand mystère du devenir homme du Fils éternel de Dieu ou de l’incarnation du Seigneur Jésus Christ est le but pour lequel Dieu créa le monde.
Ce mystère a été prédit par les prophètes de Dieu inspirés par l’Esprit Saint, puis il a été vu, cru et confessé par les Disciples et les Apôtres de Jésus-Christ (cf. 1 Jean 1, 1-3), défendu et dogmatisé contre les hérésies par les Pères de l’Église, pensé en théologie, prêché et chanté dans la vie liturgique de l’Église par tous les chrétiens orthodoxes et aimant Dieu.
Les Saintes Écritures du Nouveau Testament nous enseignent que le Mystère de l’incarnation du Christ montre le lien direct entre le Fils de Dieu et la création, car l’incarnation du Fils de Dieu était dès le début le but de la création du monde (cf. Ephésiens 1, 4 ; 2 Timothée 1, 9). « Tout est créé par Lui et pour Lui » (cf. Colossiens 1, 16). « Tout fut par Lui, et rien de ce qui fut, ne fut sans Lui. En Lui était la vie et la vie était la lumière des hommes » (Jean 1, 3).
Le ciel et la terre sont le don de Dieu le Père pour son Fils éternel (cf. Colossiens 1,16) et pour tous les hommes créés à l’image de Dieu (cf. Genèse 1, 26-27), car le Fils éternel de Dieu, Jésus Christ, devint un homme terrestre pour offrir aux hommes l’adoption selon la grâce et la vie éternelle dans le Royaume des Cieux (cf. Jean 1, 9-14 ; 17, 2-3 et 1 Jean 1, 2-3).
S’appuyant sur l’enseignement des saints Pères de l’Église, le père Dumitru Stăniloae dit que « Dieu créa le monde par bonté, afin que d’autres êtres puissent participer à Son amour intra-trinitaire »[1]. Puis le même théologien précise : « Par le don du monde (créé) Dieu veut Se faire connaître dans Son amour. Par conséquent, l’homme doit aussi s’élever, au-dessus des dons reçus, vers Dieu lui-même qui les a donnés »[2].
En évoquant la grande humilité du Christ, saint Basile le Grand dit que le pouvoir de Dieu le Verbe de s’humilier en devenant homme est plus grand que le pouvoir qu’Il a manifesté en créant le ciel et la terre, la mer et l’air, et ceux qui sont au-dessus du monde[3].
En s’incarnant ou en devenant homme, le Fils éternel de Dieu nous révèle la vérité selon laquelle l’amour tout-puissant de Dieu est humble et généreux, car, comme le dit saint Maxime le Confesseur, son incarnation « fut une descente volontaire [kénose] de Dieu vers les hommes par Sa bonté. Mais cette descente ne fut pas une chute de la Divinité. Car ce qui était [Dieu] est resté, bien que ce qui n’était pas [l’homme] Se soit fait. Car il est immuable. Et Il a gardé ce qui S’est fait, restant toutefois ce qu’Il était. Parce qu’Il est l’Ami des hommes »[4].
[1] Pr. Dumitru Stăniloae, Teologia Dogmatică Ortodoxă [Théologie dogmatique orthodoxe], tome 1, 5ème édition, dans la collection OPERE COMPLETE, Ed. BASILICA, Bucarest, 2018, p. 352.
[2] Ibid,, p. 357.
[3] Saint Basile le Grand, Omilii la Psalmi, „Omilia la Psalmul 44, 5”[Homélies sur les Psaumes, « Homélie sur le Psaume 44 »], dans PSB 17 (colection PĂRINŢI ŞI SCRIITORI BISERICEŞTI), traduction, introduction, notes et indexes par Pr. Dumitru Fecioru, Ed. Institutului Biblic şi de Misiune al Bisericii Ortodoxe Române, Bucarest, 1986, p. 290.
[4] Saint Maxime le Confesseur, Scrieri şi epistole hristologice şi duhovniceşti, Partea întâi, „Epistola 19” [Écrits et épîtres christologiques et spirituelles, Première partie, « Epître 19 »], dans PSB 81, traduction du grec, introduction et notes par Pr. Prof. Dumitru Stăniloae, Ed. Institutului Biblic şi de Misiune al Bisericii Ortodoxe Române, pp. 153-154.