Le 25 septembre 2022, 15e dimanche après la Pentecôte, qui précède la fête de l’Exaltation de la sainte Croix et qui clôt la fête de la Nativité de la Mère de Dieu, le patriarche Cyrille de Moscou et de toute la Russie a célébré la Divine Liturgie en l’église du Saint Prince Alexandre-de-la-Neva située dans la skite du même nom, près de Peredelkino (banlieue de Moscou). Après la liturgie, le primat de l’Église orthodoxe russe a prononcé le sermon suivant :
« Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a livré son Fils unique (Jean 3,16). À quoi L’a-t-Il livré ? À la mort ! Le Fils unique, le Fils divin ! Et pourquoi était nécessaire ce terrible Sacrifice divin, dont l’ampleur et la signification ne peuvent être saisies par l’esprit humain ? Le Dieu tout-puissant s’est livré à l’exécution, par laquelle on condamnait des criminels, des parias de la société humaine, qui avaient effectivement commis des crimes terribles et dangereux. Lorsque l’on considère cet ineffable sacrifice divin, il est difficile pour l’esprit humain de saisir l’ensemble du plan divin.
Mais il est tout à fait évident que le Seigneur se donne, souffre comme les humains et meurt, non pas pour quelque chose qui serait totalement incompréhensible pour nous et inhérent uniquement à Lui, qui a une immense connaissance de Lui-même. Il nous permet de comprendre que si Dieu, dans son Fils, donne sa vie humaine pour le bien des autres, pour le bien du genre humain, alors le sacrifice est la plus haute expression de l’amour de l’homme pour ses semblables. Le sacrifice est la plus grande manifestation de la meilleure des qualités humaines.
Nous savons qu’aujourd’hui, de nombreuses personnes meurent sur les champs de bataille de la guerre fratricide. L’Église prie pour que cette guerre prenne fin le plus rapidement possible, afin que le moins de frères possible s’entretuent dans cette guerre fratricide.
Et en même temps, l’Église a conscience du fait que si quelqu’un, incité par le sens du devoir, par la nécessité d’honorer son serment, reste fidèle à sa vocation et meurt dans l’exercice de son devoir militaire, il commet indubitablement un acte qui équivaut à un sacrifice. Il s’offre en sacrifice pour les autres. Aussi, nous croyons que ce sacrifice lave tous les péchés que l’homme a commis.
La guerre, qui se déroule actuellement dans les espaces de la Rus’, est une guerre intestine. Et c’est pourquoi il est si important qu’à l’issue de cette guerre ne surgisse pas une vague d’aigreur et d’aliénation mutuelles, afin que les peuples frères ne soient pas séparés par le mur infranchissable de la haine. Et de la manière dont nous nous comporterons les uns envers les autres, de ce que nous demanderons au Seigneur dans nos prières, de ce que nous espérerons, dépendra dans une large mesure non seulement l’issue des combats, mais aussi ce qui se produira à la suite de tout cela.
Que Dieu fasse que les hostilités actuelles ne détruisent pas l’espace spirituel uni de la Sainte Rus’ et, d’autant plus, n’endurcissent pas nos peuples. Afin que, par la grâce de Dieu, toutes les blessures puissent être guéries. Afin que, par la grâce de Dieu, tout ce qui aujourd’hui afflige de très nombreuses personnes soit effacé de la mémoire. Que ce qui succèdera à la situation actuelle, notamment en ce qui concerne nos peuples frères, soit radieux, pacifique et joyeux.
Et cela ne peut se produire que si nous vivons avec la foi dans nos cœurs. Parce que la foi éradique la peur, la foi permet le pardon mutuel, la foi renforce les relations entre les personnes et peut effectivement transformer et transforment réellement ces relations en relations fraternelles, cordiales et bonnes. Dieu veuille qu’il en soit ainsi, que tout ce qui assombrit aujourd’hui l’âme de nombreuses personnes prenne fin. Que Dieu fasse en sorte qu’au cours de ces luttes intestines, le moins de personnes possible soient tuées ou mutilées. Que Dieu fasse en sorte qu’il y ait moins possible de veuves et d’orphelins, moins de familles divisées, moins d’amitiés et de fraternités brisées.
L’Église, qui exerce son ministère pastoral auprès des peuples de Russie, d’Ukraine, de Biélorussie et de beaucoup d’autres peuples sur les étendues de la Rus’ historique, souffre aujourd’hui et prie tout particulièrement pour que cessent rapidement les luttes fratricides, pour que règne la justice, pour que soit restaurée la communion fraternelle et que soit surmonté tout ce qui, accumulé au fil des ans, a conduit finalement au conflit sanglant.
Nous croyons que tous les saints qui ont brillé sur la terre de Russie – dans le cas présent, en utilisant l’expression déjà courante « sur la terre de Russie », nous entendons là la Rus’, toute la terre russe, la sainte Rus’ – élèvent aujourd’hui avec nous leurs prières au Seigneur pour que la paix s’établisse sur la terre, pour que vienne la réconciliation des peuples frères et, ce qui est le principal, pour que triomphe la justice, car sans justice, il ne peut y avoir de paix durable.
Que le Seigneur nous protège tous et nous aide à parcourir dignement notre chemin chrétien, malgré les circonstances difficiles de la vie, qui est aujourd’hui la réalité de notre existence terrestre. Par les prières des saints, dont nous avons glorifié les noms aujourd’hui, que le Seigneur nous aide tous à être renforcés dans la paix, l’amour, la concorde et la pureté ».
Bureau de presse du Patriarche de Moscou et de toute la Russie »