La cérémonie officielle de signature de l’acte de canonisation de saint Christophore « Papoulakos » s’est déroulée hier à l’église patriarcale Saint-Georges d’Istanbul.
Le patriarche Bartholomée a présidé la cérémonie, avec la participation des hiérarques synodaux et du métropolite Jérôme de Kalavryta et Aigialeia, qui avait initialement proposé la canonisation de ce moine missionnaire du XIXe siècle, rapporte l’agence de presse Orthodoxia.
Saint Christophore, affectueusement surnommé « Papoulakos », a été canonisé, sur la proposition l’Église de Grèce, par le Saint-Synode de Constantinople le 30 août dernier. Sa fête a été fixée au 18 janvier, jour de son repos.
Après la lecture de l’acte patriarcal et synodal hier, l’acte a été signé par le patriarche Bartholomée et les hiérarques présents.
Vie abrégée de saint Christophore

Saint Christophore Panagiotopoulos est né en 1770 dans le village d’Arbounas, dans la province de Kalavryta, département d’Achaïe, et travaillait initialement comme boucher. Lorsqu’il décida d’embrasser la vie monastique, il commença par devenir moine au monastère de la Grande Grotte, puis vécut en ermite dans une cabane près de son village. Il resta dans l’isolement pendant environ 20 ans, période durant laquelle il apprit à lire et à écrire. À l’âge de 80 ans, il prit la décision de prêcher. Sa réputation se répandit rapidement, car il avait sa propre façon unique de captiver son auditoire. Il prêchait principalement contre l’adultère et le vol, et en faveur de la prière. À travers ses sermons, il critiquait la politique du gouvernement bavarois dans le pays et la complaisance du Synode de l’Église à son égard. Il fut déféré devant l’évêque de Kalavryta, qui le réprimanda et lui demanda de limiter ses prêches.
Six mois plus tard, « Papoulakos » entama une tournée dans le sud du Péloponnèse, rassemblant des milliers de personnes sur son passage. Sous la pression, le roi Othon signa un décret pour confiner « Papoulakos » dans un monastère. « Papoulakos » se réfugia dans le Magne pour se sauver. La réaction du gouvernement fut d’envoyer immédiatement le général Genaios Kolokotronis avec un état-major d’officiers pour organiser son arrestation. L’armée arriva dans la nuit, mais au matin, elle se trouva encerclée par 2 000 Maniotes[1]. S’ensuivit un soulèvement des Maniotes, et dans de nombreux cas, l’armée se battit au corps à corps avec les partisans de « Papoulakos ». Finalement, le 21 juin 1852, il fut arrêté par l’armée, après une trahison, et transféré aux prisons de Rio, où il resta deux ans en isolement. Il devait être jugé par la cour criminelle d’Athènes comme insurgé, mais les événements de la guerre de Crimée obligèrent Othon à lui accorder l’amnistie. En 1854, il fut exilé au monastère de Panachrantos d’Andros, où, pendant son séjour, il recevait de nombreux visiteurs.
« Papoulakos » Christophore Panagiotopoulos s’endormit dans le Seigneur le 18 janvier 1861, à l’âge de 91 ans, et fut enterré au monastère de Panachrantos d’Andros.
[1] Les Maniotes (« Μανιάτες » en grec) sont les habitants du Magne (« Μάνη »), une région historique située dans le sud du Péloponnèse en Grèce. Les Maniotes sont historiquement réputés pour leur farouche indépendance et leur résistance aux occupants : ils n’ont jamais été complètement soumis par les Ottomans. Dans le contexte de l’article sur saint Christophore « Papoulakos », les Maniotes se sont révoltés pour le protéger contre les forces gouvernementales, ce qui illustre bien leur tradition de résistance à l’autorité centrale et leur capacité à se mobiliser rapidement pour défendre leurs causes. Le fait que 2 000 Maniotes aient encerclé l’armée venue arrêter Papoulakos est caractéristique de leur solidarité et de leur puissance militaire. Cette région et ses habitants ont gardé jusqu’à aujourd’hui une identité culturelle très forte et distinctive au sein de la Grèce.