ASCENSION DE NOTRE SEIGNEUR
Saint Théodore le Sanctifié (ou le Consacré), disciple de saint Pacôme en Égypte (368) ; saints Guy, Modeste et Crescence (env. 303) ; saint Pèlerin, premier évêque d’Auxerre, martyr (304); saint Abda et Abdiésius, évêques, et de nombreux autres martyrs en Perse (env. 418) ; saint Fort, évêque de Bordeaux, martyr ; bienheureuse vierge Musa de Rome (Vème s.) ; saint Fale (ou Fidole), moine à Troyes (vers 540) ; saint Brendan le voyageur, abbé irlandais fondateur de plusieurs monastères (583) ; saint Eman, prêtre, martyr à Chartres (VIème s.) ; saint Germier, évêque de Toulouse (VIème s.) ; saint Honoré, évêque d’Amiens (600) ; les 44 saints moines massacrés par les Perses à la Laure de Saint-Sabas (614) ; saint Georges II, évêque de Méthylène (IXème s.) ; saints Cassien (1537) et Laurent (1548) de Komel ; saint martyr Voukachine (Serbie, 1943)
SAINT THÉODORE LE SANCTIFIÉ
Né dans une famille de notables chrétiens en Haute Égypte, saint Théodore mena dès son enfance une vie pieuse. À l’âge de douze ans, voyant le festin préparé par sa famille à l’occasion de la fête de la Théophanie, il fut touché de componction et se dit : « Si tu jouis de ces aliments, tu n’obtiendras pas la vie éternelle. » Dès lors, il jeûna tous les jours jusqu’au soir et s’abstint de tout aliment recherché. Deux ans plus tard, il fut reçu au monastère de Latopolis, où il mena la vie anachorétique auprès de quelques vieux moines ; puis, ayant entendu vanter la sagesse de saint Pacôme, il se rendit avec une brûlante ardeur à Tabennêsis (vers 328). Dès son arrivée au monastère, le jeune Théodore s’efforça d’imiter en tout notre Père Pacôme, qu’il regardait comme la présence visible de Dieu. Il veillait à garder rigoureusement la pureté du cœur, un langage mesuré et agréable et une obéissance inconditionnée jusqu’à la mort. Ses admirables progrès dans les vertus lui permirent de devenir, malgré son jeune âge, le réconfort et le modèle de nombreux frères. La première année de son séjour, comme il se levait un jour pour prier, sa cellule fut soudain illuminée et deux anges éblouissants lui apparurent. Effrayé, Théodore sortit précipitamment et grimpa sur le toit ; mais les anges vinrent le rassurer et lui remirent prophétiquement un grand nombre de clés.
Une autre fois, sa mère vint lui rendre visite, mais Théodore refusa de la voir, par crainte de se voir reprocher au jour du Jugement cette transgression du commandement prescrivant à ceux qui veulent obtenir la perfection de renoncer pour toujours à leurs parents, et il dit : « Je n’ai pas de mère et rien en ce monde, car il passe. » Lorsque saint Pacôme le réprimandait à tort pour l’éprouver, Théodore n’essayait pas de se justifier, mais il s’attribuait la faute et disait : « Il faut que je pleure jusqu’à ce que le Seigneur redresse mon cœur et que je mérite d’obéir à ses ordres. »
Un jour, un frère ayant été réprimandé par saint Pacôme, se préparait à quitter le monastère. Théodore vint alors à lui et feignant d’avoir pris une résolution semblable, il put rendre courage au frère et le sauver de la perdition. Une autre fois, ayant interrogé un moine ancien, et l’ayant trouvé incapable de renoncer à son attachement pour sa famille, il fit semblant de vouloir quitter un tel monastère, où l’on faisait si peu de cas de la parole évangélique (Lc 14, 26), et il put ainsi le corriger.
Quand il eut trente ans, un dimanche soir, saint Pacôme, ayant réuni les frères pour sa catéchèse habituelle, céda soudain la parole à Théodore. Obéissant, celui-ci commença à parler selon ce que le Seigneur lui inspirait, et saint Pacôme se tenait debout avec les autres moines pour l’écouter. Certains anciens s’irritèrent pourtant de cette élévation d’un plus jeune qu’eux et quittèrent l’assemblée. À l’issue de la synaxe, Pacôme déclara qu’ils s’étaient rendus étrangers à la miséricorde de Dieu et que s’ils ne se repentaient pas de ce mouvement d’orgueil, il leur serait difficile d’accéder à la vie éternelle. Après cela, il établit Théodore économe du monastère de Tabennêsis (vers 336) et fit de lui son adjoint dans l’administration de la Koinonia. Éprouvé dans l’humilité et dépouillé de toute volonté propre, Théodore ne changea rien à son attitude de disciple et progressa en édifiant les frères, car sa parole était remplie de grâce et sa charité couvrait toutes les faiblesses. Chaque jour, après son travail, il se rendait à Pabau afin d’écouter la catéchèse de Pacôme, puis il revenait à Tabennêsis pour la répéter à ses moines.
Ayant ensuite reçu de saint Pacôme l’ordre de visiter les monastères de la Koinonia, il était toujours accueilli par les frères avec grande joie, car Dieu lui avait accordé le charisme de la consolation, et Pacôme disait de lui : « Théodore et moi accomplissons le même service en l’honneur de Dieu, et il a pouvoir de commander en qualité de père et maître. » C’est pourquoi, après quelque temps, il le retira de Tabennêsis pour l’associer à la direction spirituelle de toute la congrégation. C’était lui qui recevait les nouveaux moines dans tous les monastères et qui expulsait les récalcitrants. Lorsqu’il corrigeait un frère, il s’astreignait à accomplir la même pénitence, craignant d’être condamné par Dieu pour ne pas avoir accompli lui-même ce qu’il ordonnait aux autres.
Une fois, saint Pacôme étant tombé malade, les frères vinrent trouver Théodore pour lui demander de prendre la succession dans le cas où le Père mourrait. Quand Pacôme se fut rétabli, il demanda compte à chacun de ses pensées. Théodore confessa que, sous la pression des frères, il avait acquiescé à leur proposition de lui succéder. Pacôme lui retira alors toute autorité sur les moines et le relégua dans un endroit solitaire, où il versa beaucoup de larmes à cause de son péché d’orgueil. Après des années de pénitence et peu de temps avant de mourir, Pachôme le rétablit dans ses fonctions, déclarant aux frères que cette épreuve avait fait progresser Théodore sept fois plus que ses ascèses antérieures, à cause de l’humble repentir qu’il avait montré.
Après la mort de saint Pacôme (346), Théodore, qui l’avait enseveli dans un endroit secret, fut envoyé à Alexandrie pour affaires. Il rendit visite à saint Antoine le Grand, qui témoigna de son admiration pour Pacôme et la vie cénobitique, et l’envoya à saint Athanase avec une lettre de recommandation. C’est à Alexandrie qu’il apprit la mort de Pétronios et, de retour en Thébaïde, il se soumit avec humilité et ferveur à saint Horsièse. Il était devant lui comme une brebis, ayant déraciné de son cœur toute pensée de pouvoir, bien qu’aux yeux de beaucoup il fût le plus digne de succéder à saint Pacôme. Voyant que de nombreux frères avaient recours à lui, et voulant éviter toute rivalité, il obtint d’être envoyé au monastère de Pachnoum, pour y diriger la boulangerie.
Lorsque le supérieur du monastère de Monchôsis (Thmousons), Apollonios, se fut révolté, prétendant rendre son monastère indépendant, Horsièse se retira et désigna Théodore pour lui succéder à la tête de la Koinonia. Théodore réunit aussitôt les frères et les exhorta, avec force larmes, à maintenir la tradition instituée par saint Pacôme et à garder l’unité de leur sainte assemblée. Puis il visita avec soin les monastères, changea tous les supérieurs et distribua de nouvelles charges. Se souvenant pourtant de la pénitence imposée jadis par Pacôme pour sa pensée concernant la succession, il ne s’estimait pas le supérieur des monastères, mais seulement remplaçant et serviteur d’abba Horsièse ; et chaque fois qu’il voulait prendre une décision, il allait d’abord en demander l’autorisation à Horsièse qui s’était retiré à Chenoboskion. Il était au milieu des frères un modèle d’humilité, tant dans l’habillement que dans la parole et dans tout son comportement, malgré sa renommée qui s’était étendue à toute l’Égypte, et les nombreuses guérisons qu’il accomplissait.
Grâce à sa diligence, il parvint à restaurer le bon ordre et à réanimer le zèle des moines. Il s’entretenait avec chacun, les exhortant à résister avec courage à l’assaut des pensées, et corrigeait les négligents avec patience, en priant ardemment pour leur correction. Aux monastères fondés par saint Pacôme, il ajouta ceux de Kaïor et Ouï dans la région d’Hermoupolis et un autre près d’Hermonthis, ainsi que deux monastères féminins.
Vers 363, saint Athanase, exilé, vint rendre visite à la Koinonia, dont il admira l’ordre et les règlements, aptes à procurer la paix à tant d’âmes. Théodore lui dit : « Cette faveur de Dieu nous appartient grâce à notre Père Pacôme. Mais quand nous te voyons, c’est comme le Christ que nous te voyons. »
Par la suite Théodore réussit à faire revenir Horsièse à Pabau et le servit en qualité de second, et ils alternaient pour visiter les monastères. Toutefois les préoccupations matérielles ayant considérablement augmenté du fait de l’accroissement du nombre des frères, Théodore se désolait de voir les moines abandonner la rigueur et la simplicité de vie instituées par saint Pacôme. Il se mortifiait pour qu’ils fassent pénitence et il allait passer de longues nuits de prière sur le tombeau de saint Pacôme, connu de lui seul.
Après la Pâque 368, Théodore tomba malade. Horsièse supplia le Seigneur de mourir le premier et de laisser Théodore, dont la Koinonia avait un si grand besoin. Mais tel n’était pas la volonté de Dieu et, après avoir confessé qu’il n’avait jamais rien fait sans obéissance, Théodore s’endormit très paisiblement, le 27 avril. Tous les frères poussèrent alors une grande clameur et s’écrièrent : « Nous sommes devenus orphelins, car c’est en effet notre juste Père Pacôme qui est mort aujourd’hui (en sa personne) ! » Après les funérailles, saint Horsièse alla déposer son corps aux côtés du tombeau secret de saint Pacôme. Aussitôt qu’il apprit la nouvelle, saint Athanase écrivit aux frères que Théodore ne cessait d’être parmi eux, puisqu’ils formaient un seul homme avec abba Horsièse, et il les exhorta à ne pas pleurer celui qui était désormais parvenu au séjour des bienheureux.
(Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras)
TROPAIRES ET KONDAKIA DU JOUR
Tropaire de la fête, ton 4
Tu t’es élevé dans la gloire, ô Christ notre Dieu, réjouissant Tes disciples par la promesse de l’Esprit Saint, et les affermissant par Ta bénédiction, car Tu es le Fils de Dieu, le Rédempteur du monde.
Kondakion de la fête, ton 6
Ayant accompli Ton dessein de Salut pour nous, et uni ce qui est sur terre à ce qui est aux cieux, Tu T’es élevé dans la gloire, ô Christ notre Dieu, sans nullement T’éloigner, mais en demeurant inséparable et clamant à ceux qui T’aiment : Je suis avec vous et personne ne prévaudra contre vous.
ÉPÎTRE DU JOUR
Actes I, 1-12
Mon premier livre, Théophile, je l’ai consacré à tout ce que Jésus s’est mis à faire et à enseigner jusqu’au jour où, après avoir donné ses ordres aux apôtres qu’il avait choisis, il fut enlevé au ciel par le Saint Esprit. Après sa passion, il leur apparut vivant, et leur en donna plusieurs preuves, se montrant à eux pendant quarante jours, et parlant des choses qui concernent le royaume de Dieu. Au cours d’un repas qu’il prenait avec eux, il leur recommanda de ne pas s’éloigner de Jérusalem, mais d’attendre ce que le Père avait promis, « ce que je vous ai annoncé, leur dit-il ; car Jean a baptisé d’eau, mais vous, dans peu de jours, vous serez baptisés du Saint Esprit. » Alors les apôtres réunis lui demandèrent : « Seigneur, est-ce en ce temps que tu rétabliras le royaume d’Israël ? » Il leur répondit : « Ce n’est pas à vous de connaître les temps ou les moments que le Père a fixés de sa propre autorité. Mais vous recevrez une puissance, le Saint Esprit descendant sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. » Après avoir dit cela, il fut élevé pendant qu’ils le regardaient, et une nuée le déroba à leurs yeux. Et comme ils avaient les regards fixés vers le ciel pendant qu’il s’en allait, voici que deux hommes vêtus de blanc leur apparurent et dirent : « Hommes Galiléens, pourquoi vous arrêtez-vous à regarder au ciel ? Ce Jésus, qui a été enlevé au ciel du milieu de vous, viendra de la même manière que vous l’avez vu aller au ciel. » Alors, depuis le mont des oliviers, qui est près de Jérusalem, à la distance d’un chemin de sabbat, ils s’en retournèrent à Jérusalem.
ÉVANGILE DU JOUR
Lc XXIV, 36-53
Tandis qu’ils parlaient de la sorte, lui-même se présenta au milieu d’eux, et leur dit: La paix soit avec vous! Saisis de frayeur et d’épouvante, ils croyaient voir un esprit. Mais il leur dit: Pourquoi êtes-vous troublés, et pourquoi pareilles pensées s’élèvent-elles dans vos cœurs? Voyez mes mains et mes pieds, c’est bien moi; touchez-moi et voyez: un esprit n’a ni chair ni os, comme vous voyez que j’ai. Et en disant cela, il leur montra ses mains et ses pieds. Comme, dans leur joie, ils ne croyaient point encore, et qu’ils étaient dans l’étonnement, il leur dit: Avez-vous ici quelque chose à manger? Ils lui présentèrent du poisson rôti et un rayon de miel. Il en prit, et il mangea devant eux. Puis il leur dit: C’est là ce que je vous disais lorsque j’étais encore avec vous, qu’il fallait que s’accomplît tout ce qui est écrit de moi dans la loi de Moïse, dans les prophètes, et dans les psaumes. Alors il leur ouvrit l’esprit, afin qu’ils comprissent les Écritures. Et il leur dit: Ainsi il est écrit que le Christ souffrirait, et qu’il ressusciterait des morts le troisième jour, et que la repentance et le pardon des péchés seraient prêchés en son nom à toutes les nations, à commencer par Jérusalem. Vous êtes témoins de ces choses. Et voici, j’enverrai sur vous ce que mon Père a promis; mais vous, restez dans la ville jusqu’à ce que vous soyez revêtus de la puissance d’en haut. Il les conduisit jusque vers Béthanie, et, ayant levé les mains, il les bénit. Pendant qu’il les bénissait, il se sépara d’eux, et fut enlevé au ciel. Pour eux, après l’avoir adoré, ils retournèrent à Jérusalem avec une grande joie; et ils étaient continuellement dans le temple, louant et bénissant Dieu.