17 avril

Grand Carême

Liturgie des Dons présanctifiés

Le soir : lecture du Grand Canon de Saint André de Crète

Saint Siméon, évêque de Perse, avec saints Abdelaüs et Ananias, prêtres, l’eunuque Husdazate, Azate avec leurs 1150 autres compagnons, tous martyrs en Perse (vers 344); saint Adrien, martyr (251) ; saint Acace, évêque de Mélitène (vers 435) ; saint Agapit, pape de Rome (536) ; saint Pantagathe, évêque de Vienne (540) ; saint Landry, évêque de Meaux (675) ; saint Wandon, abbé de Fontenelle (756) ; saint Éphrem le majeur de Matskvéra (IXème s, Géorgie); saint Zosime, abbé de Solovki (1478) ;  saint Macaire, évêque de Corinthe (1805) ; saints néo-martyrs de Russie : Michel (Novitsky), confesseur, prêtre (1935), hiéromartyr Théodore (Nedosekine), prêtre (1942).

SAINT SIMÉON, ÉVÊQUE DE PERSE 

Lorsque, sous le règne de Sapor (Shâpûr) II (309-378), les chrétiens commencèrent à devenir nombreux et influents en Perse, les mages de la religion mazdéenne, craignant pour leurs privilèges et jaloux de ces succès, les accusèrent auprès du roi des rois de comploter contre lui avec l’empereur romain. En 340, Sapor, ayant besoin d’importantes sommes d’argent pour mener une campagne contre les Romains, fit lever un double impôt sur les chrétiens, en sorte que, forcés par l’indigence et par la cruauté des percepteurs, ceux-ci finissent par renier leur religion. Le bienheureux Siméon Bar Sabbaé, évêque de Séleucie et Ctésiphon, la capitale de l’Empire, et métropolitain de toute l’Église de Perse, refusa de se soumettre à cet édit, et il écrivit au souverain en ces termes : « Jésus est le Roi des rois. Il ne vous est pas possible de nous asservir. Nous sommes des hommes libres, et nous ne serons pas les esclaves des hommes. Notre Dieu est aussi votre Maître. Il est le créateur du soleil et du feu que vous adorez comme dieux. Nous ne pouvons donc pas adorer ses créatures. Il nous a recommandé : Ne portez ni or ni argent dans vos ceintures. Nous n’avons pas d’or à vous fournir, ni d’argent pour vous payer l’impôt. » En recevant cette lettre, le roi s’irrita et, poussé par ses courtisans, il ordonna de passer au fil de l’épée les prêtres et serviteurs de Dieu, de détruire les églises, de livrer les objets sacrés à l’usage profane et de traduire en justice Siméon, comme ayant trahi le royaume de Perse en entretenant des relations avec les Romains.

Tandis que les mages, avec le concours des Juifs, détruisaient les églises, saint Siméon fut capturé, en compagnie de deux de ses prêtres les plus âgés, Abdhaïkla et Hannanie, et fut traîné chargé de chaînes devant Sapor à Karka-de-Lédan, la résidence royale. Parvenu à l’entrée de la salle d’audience, l’évêque ne fit pas le geste ordinaire d’adoration du souverain. Sapor s’en irrita et lui en demanda la raison, alors qu’il s’y soumettait auparavant. « C’est que, jusqu’à présent, je suivais les usages revenant à la majesté royale, sans être sollicité, comme maintenant, de trahir mon Dieu qui est le vrai », répondit le prélat.

Le roi abandonna les chefs d’accusation que les mages proféraient avec haine, pour proposer à l’évêque toute sa faveur s’il adorait le soleil. « Moi je ne t’ai pas adoré, répliqua Siméon, alors que tu es plus excellent que le soleil, car tu possèdes âme et intelligence. Comment pourrais-je adorer le soleil qui est sans âme ? Il n’y a qu’un seul Dieu, Jésus-Christ, mort sur la Croix ! Il est le maître du soleil et le Créateur des hommes. Lorsqu’Il souffrit entre les mains de ses ennemis, le soleil qu’Il a créé prit le deuil, comme un serviteur quand meurt son maître. Mais, le troisième jour, Il est ressuscité dans la gloire du ciel. » Le roi le menaça de faire périr des milliers de chrétiens à cause de son obstination. Siméon répondit : « Si tu verses le sang innocent, comme tu l’annonces, tu en rendras compte au jour du Jugement. Je sais simplement que les victimes régneront grâce à leur mort ; mais leur condamnation sera ta mort. Pour ce qui est de ma vie, prends-la tout de suite, par le genre de mort qui plaira à ta volonté perverse ! »

Sapor le fit ramener en prison, jusqu’au lendemain, dans l’espoir de le voir changer d’opinion. À la porte du palais, se tenait un eunuque âgé, Ustazad, qui avait été précepteur du roi et jouissait de la dignité de maître du palais. Il était chrétien, mais, pendant la persécution, il s’était soumis aux instances du roi et avait adoré le soleil. En voyant l’évêque, il le salua respectueusement, mais Siméon détourna son visage avec répulsion et passa son chemin. Cette attitude fit revenir Ustazad à lui-même, il rentra chez lui en pleurant et changea ses vêtements de cour en habits de deuil. Sapor, apprenant la chose, fit convoquer l’eunuque et lui demanda la raison de son attitude. « J’ai pris le deuil, dit-il, parce que j’ai manqué de loyauté à l’égard de Dieu et de ta majesté. C’est pour te faire plaisir, en effet, et non par conviction que j’ai fait semblant d’adorer le soleil ; aussi est-il doublement juste que je meure : et pour avoir trahi le Christ et pour t’avoir trompé. Je suis chrétien, je ne renierai plus désormais le vrai Dieu ! » Irrité au plus haut point, le monarque ordonna de lui trancher la tête sans retard. Tandis qu’il était sur le chemin du supplice, Ustazad demanda une dernière faveur, au nom du service loyal qu’il avait rendu au roi pendant tant d’années. Et il obtint qu’un héraut proclamât à tout vent que s’il était condamné à mort, ce n’était pas pour avoir commis quelque crime, mais simplement parce qu’il était chrétien. Il périt sous le glaive le Grand Jeudi (341).

Quand Siméon apprit cette nouvelle dans sa prison, il fut tout heureux et rendit gloire au Christ qui relève les morts, convertit les pécheurs et rend l’espérance aux désespérés, et il pria Dieu de hâter l’heure de sa délivrance. Debout toute la nuit du Grand jeudi, les mains levées vers le ciel et le visage ayant l’éclat d’une rose, il priait en ces termes : « Agrée, Seigneur Jésus, qu’en ce jour et à l’heure de ta mort, je sois jugé digne de boire ton calice ! Les fautes de mes pas seront guéries en toi, ô Route de vérité ; les fatigues de mes membres trouveront en toi le repos, ô Christ, Huile de nos onctions sacrées. En toi la tristesse de mon âme disparaît. Tu es la coupe de mon salut ; les larmes de mes yeux seront séchées par toi, ô notre consolation et notre joie ! »

Le lendemain, Grand Vendredi, à la troisième heure, on tira le saint de son cachot pour l’amener devant le roi, qui le somma encore une fois d’adorer le soleil, mais vainement. « Hâte-toi de me condamner, lui dit Siméon, il est temps que je prenne part au festin. La table est prête et ma place est désignée. » En prononçant ces paroles, il se tenait noble, majestueux et le visage radieux, si bien que le souverain ne put s’empêcher de l’admirer ; mais, pressé par les mages et par les notables, il le condamna à périr le jour même par le glaive.

Une centaine d’évêques, prêtres, diacres et moines étaient alors entassés dans les prisons de la ville. Sur l’ordre du roi, le chef des mages leur proposa d’avoir la vie sauve s’ils adoraient le dieu-soleil. Tous répondirent d’une voix forte et unanime : « La mort est peu de chose en comparaison de notre foi. Donner notre vie n’est rien, en regard de notre amour pour le Christ ! » L’ordre fut alors donné de tous les exécuter sous les yeux de Siméon. Mais, loin d’être ébranlé par ce spectacle, le bienheureux les encourageait, comme la mère des frères Maccabées (2 Mac 7), en disant : « Soyez vaillants, frères, confiez-vous à Dieu et soyez sans crainte. Le Seigneur a été mis à mort et Il vit. Quand vous serez morts comme lui, vous vivrez auprès de lui. Maintenant la mort est à l’œuvre, mais sachez-le, bien-aimés, notre mort se changera en vie éternelle, tandis que cette vie se change en mort éternelle pour celui qui renie Dieu. Nous donnons notre sang et lui nous donne son Royaume, avec la joie et le repos. »

Ils ne restaient plus en vie que Siméon et les deux vieux prêtres qui l’accompagnaient. Tandis qu’on dépouillait Hannanie de ses vêtements pour l’attacher, il se mit à trembler à la vue du glaive. Pusaïk , l’intendant de tous les artisans du royaume, homme puissant et respecté, qui se tenait là, s’écria : « Ne tremble pas Hannanie, ne tremble pas ! Lève un peu les yeux et tu verras la lumière du Christ ! » Il fut aussitôt saisi par les gardes et traîné devant le roi offusqué de voir un de ses favoris prendre parti pour les chrétiens. Aux questions de Sapor, Pusaïk répondit : « Oui, je suis chrétien, et je préfère leur mort et je répudie tes honneurs, car cette mort est signe de joie. » Fou de rage, Sapor ordonna qu’on l’exécute de manière particulièrement cruelle. On l’égorgea et on lui arracha la langue au travers du cou, puis on exécuta sa fille qui était, elle aussi, chrétienne.

L’heure de son supplice étant arrivée, saint Siméon pria pour la conversion de ses bourreaux, il demanda au Seigneur de bénir les villes d’Orient qu’Il lui avait confiées et de garder sous sa protection les fidèles jusqu’à la fin de la persécution. Sa tête tomba sous le glaive, conformément à son vœu, le Grand Vendredi, à la neuvième heure. On raconte qu’à ce moment, l’obscurité envahit la terre perse et que les spectateurs furent saisis d’une grande frayeur. Des chrétiens ensevelirent de nuit les corps des bienheureux martyrs et, par la suite, saint Maruthas fit transférer ces reliques dans sa cité épiscopale qui prit le nom de Martyropolis [16 fév.].

Le martyre du catholicos de Perse marqua le début d’une persécution générale. Pendant dix jours, les mages païens, profitant de l’emportement du roi des rois pour assouvir leur haine et satisfaire leurs rancunes personnelles, massacrèrent aveuglément tous les chrétiens qu’ils trouvaient, jusque dans le palais. Lorsque Sapor apprit qu’on avait mis à mort son eunuque préféré, Azat, il en fut tellement affligé qu’il ordonna de faire cesser ce massacre public, pour n’exécuter que les évêques et les prêtres. La persécution continua ainsi, à l’égard des clercs et des moines, pendant près de quarante ans, jusqu’à la mort de Sapor II (379) ; mais elle orna de joyaux incorruptibles la robe nuptiale de l’Église de Perse .

(Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras)

TROPAIRES ET KONDAKIA DU JOUR

Tropaire de St Siméon ton 4

Annonciateur des divins enseignements, tu as entraîné à la lutte sacrée, par tes paroles et ta vie, une armée de Témoins; avec eux, pontife Siméon, tu as lutté et tu es monté vers le Christ, t’écriant avec eux: Comme brebis d’abattoir, voici que pour toi, Sauveur, nous sommes comptés.

Kondakion de St Siméon ton 4

Depuis la Perse tu brillas comme étoile du matin, bienheureux Siméon, faisant lever sur nous comme astres nouveaux une armée de saints Martyrs dignes d’être acclamés avec toi.

LECTURES DE LA LITURGIE DES PRÉSANCTIFIÉS

Isaïe XLI, 4-14

Qui a opéré, qui a fait ces choses? C’est Celui qui a appelé la justice, qui l’a appelée dès le commencement des générations. Je suis Dieu, le premier, et pour tous les siècles à venir Je suis. Les nations ont vu, et elles ont eu crainte, et elles sont accourues des extrémités de la terre ; et elles sont venues toutes à la fois. Chaque homme, jugeant pour son prochain, et pour secourir son frère, dira : L’artisan a réuni tous ses efforts, ainsi que l’ouvrier qui forge au marteau ; et il dira : Voilà une pièce bien jointe ; on en a ajusté les parties avec des clous, on va les fixer, et elles ne seront pas ébranlées. Et toi, Israël, toi, Jacob, mon serviteur, toi que J’ai choisi, postérité d’Abraham, mon bien-aimé; Toi que J’ai fait revenir des extrémités de la terre; Je t’ai convoqué du haut de toutes ses collines, et Je t’ai dit : Tu es mon serviteur; je t’ai élu, et Je ne t’ai pas abandonné. Ne crains pas, car Je suis avec toi; ne t’égare pas car Je suis ton Dieu; c’est moi qui t’ai fortifié, moi qui t’ai secouru, et t’ai affermi par la justice de ma droite. Voilà que tous tes adversaires vont être humiliés et confondus ; car ils seront comme s’ils n’étaient pas, et tous tes ennemis périront. Tu les chercheras et tu ne trouveras plus ces hommes qui t’insultaient dans l’ivresse; car ils seront comme s’ils n’étaient pas et ceux qui te faisaient la guerre n’existeront plus. Je suis ton Dieu qui t’ai pris par la main droite et qui te dis: ne crains pas. Jacob, pauvre ver, Israël, si amoindri que tu sois. C’est moi qui t’ai secouru, dit ton Dieu; c’est moi, ô Israël, qui t’ai racheté.

Genèse XVII, 1-9

Abram atteignit sa quatre-vingt-dix-neuvième année, et le Seigneur lui apparut, disant : Je suis ton Dieu ; cherche à plaire à mes yeux ; sois sans péché. J’établirai mon alliance entre moi et toi, et je te multiplierai beaucoup. Abram tomba la face contre terre, et Dieu lui parla, disant: Et moi voici que je fais alliance avec toi, tu seras le père d’une multitude de nations. Et tu ne t’appelleras plus Abram, mais ton nom sera Abraham, parce que je t’ai fait le père de nombreuses nations. Et je t’augmenterai beaucoup, beaucoup ; je te constituerai père de plusieurs peuples, des rois proviendront de toi. J’établirai mon alliance entre moi et entre toi, et entre ta race après toi, dans toutes ses générations ; alliance éternelle par laquelle Je serai ton Dieu et le Dieu de ta race après toi. Je te donnerai, et après toi à ta race, la terre que tu habites, toute la terre de Chanaan, pour héritage perpétuel, et je serai votre Dieu. Dieu ajouta : De ton côté, tu maintiendras mon alliance, toi et ta postérité, dans toutes les générations.

Proverbes XV, 20 – XVI, 9

Le fils sage réjouira son père ; le fils insensé se moque de sa mère. Les voies de l’insensé manquent de sagesse ; l’homme prudent va droit son chemin. Ceux qui n’honorent pas l’assemblée des anciens sont en désaccord ; le conseil demeure dans le cœur des sages. Le méchant n’obéit pas à la raison ; il ne dira rien qui soit à propos et utile au bien public. Les pensées du sage conduisent à la vie ; par elles il se détourne de l’enfer. Le Seigneur abat les maisons des superbes ; il affermit l’héritage de la veuve. Les desseins iniques sont en abomination au Seigneur ; les discours des hommes purs sont vénérés. Il se perd lui-même celui qui se laisse gagner par des présents ; celui qui les repousse avec indignation est sauvé ; les péchés sont purifiés par la foi et l’aumône; tout homme se préserve du mal par la crainte du Seigneur. La foi est le sujet des méditations des cœurs justes ; de la bouche des impies sortent des paroles coupables. Les voies des hommes justes sont agréables au Seigneur ; en les suivant, les ennemis mêmes deviennent amis. Dieu s’éloigne des méchants ; Il exaucera les vœux des justes. Mieux vaut petite récolte avec la justice, que grande abondance avec l’iniquité. Que le cœur de l’homme ait des pensées de justice, afin que Dieu le fasse cheminer dans la droite voie. L’œil réjouit le cœur par la vue des belles choses, et la bonne renommée engraisse les os. Celui qui repousse les corrections est ennemi de soi-même; celui qui se rend aux réprimandes aime son âme. La crainte du Seigneur est enseignement et sagesse; les plus grands honneurs lui seront rendus. Toutes les œuvres de l’homme humble sont rendues manifestes auprès de Dieu, mais pour les impies, ils périssent en un jour fatal. Tout homme au cœur hautain est impur devant Dieu ; celui qui, ayant une pensée injuste, met sa main dans la main d’autrui, ne sera pas innocent pour cela. Pratiquer la justice, c’est le commencement de la bonne voie, plus agréable à Dieu que le sacrifice des victimes. Celui qui cherche le Seigneur trouvera la science et la justice ; ceux qui Le cherchent avec droiture trouveront la paix. Toutes les œuvres du Seigneur sont selon la justice. L’impie est réservé pour un jour fatal.

À propos de l'auteur

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Jivko Panev

Jivko Panev, cofondateur et journaliste sur Orthodoxie.com. Producteur de l'émission 'Orthodoxie' sur France 2 et journaliste.
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