Mémoire des saints Ascètes
Sainte Eudocie, vierge, martyre à Héliopolis (152) ; saints Hermès et Adrien, martyrs à Marseille (vers 290) ; sainte Antonine, martyre à Nicée (vers 306) ; sainte Domnine ascète en Syrie (450-460) ; saint Albin (ou Aubin), évêque d’Angers (550) ; saint Amant de Boixe, ermite (VIème s.) ; saint David, évêque, patron du pays de Galles (vers 600) ; saint Siviard, abbé près du Mans (687) ; saint Martyrius de Zélénets (1603) ; saints néo-martyrs de Russie : hiéromartyrs Basile (Nikitsky), Pierre (Lioubimov), Jean (Streltsov), Benjamin (Famintsev), Michel (Boukinsky), prêtres, Antoine (Korj), moine, Anne (Makandine), Daria (Zaïtsev), Eudocie (Archipov), Nadejda (Abbakoumov), moniales (1938) ; hiéromartyrs Alexandre (Ilienkov), prêtre (1942), Basile (Konstantinov), prêtre (1943).
SAINTE MARTYRE EUDOCIE

D’origine samaritaine, la sainte martyre du Christ Eudocie vivait à Héliopolis, en Phénicie du Liban, sous le règne de Trajan (96-116). Comme elle était dépourvue de toute connaissance de Dieu, elle s’était laissée entraîner à la débauche et avait livré à la prostitution son corps que le Créateur avait orné d’une rare beauté. Nombreux étaient ceux qui venaient de loin et offraient de fortes sommes d’argent pour jouir de ses charmes, si bien qu’elle avait acquis, par ce honteux commerce, une immense fortune. Elle avait ainsi vécu dans l’insouciance jusqu’au jour où un moine, nommé Germain, qui était arrivé en ville pour affaire, vint loger dans la maison voisine. Le soir, après avoir chanté l’office dans sa chambre à l’heure prescrite, comme s’il se trouvait dans son monastère, Germain se mit à lire à haute voix un livre qui décrivait le Jugement dernier, les châtiments des pécheurs et les récompenses des justes. En entendant ces terribles paroles, Eudocie fut tout ébranlée, sa conscience s’éveilla de la torpeur dans laquelle l’avaient plongée de si longues années passées dans le péché et elle versa pendant toute la nuit des torrents de larmes.
Au matin, elle se précipita vers Germain et, tombant à ses pieds, elle l’implora avec larmes de lui indiquer la voie du salut. Après l’avoir dûment catéchisée, en père spirituel prudent, celui-ci la renvoya chez elle, pour qu’elle éprouve sa résolution pendant une semaine de retraite et de prière. Comme elle priait de nuit en versant quantité de larmes sur sa vie passée, Eudocie vit soudain une grande lumière et l’Archange Michel descendit pour la conduire au ciel, où l’assemblée des élus l’accueillit avec joie, alors qu’à l’extérieur le diable, sous la forme d’un être gigantesque, noir et répugnant, accusait Dieu d’injustice pour avoir accepté si rapidement le repentir de cette femme débauchée. Une voix très douce se fit alors entendre du haut du ciel, qui disait : « Tel est le bon plaisir (eudokia) de Dieu : recevoir avec compassion les hommes qui se repentent. » Et, sur l’ordre de Dieu, l’Archange ramena Eudocie dans sa demeure, en lui promettant l’assistance de la grâce pour les combats qu’elle aurait dès lors à mener contre le péché.
Pleine de joie et de confiance en la miséricorde du Seigneur, Eudocie fut baptisée par l’évêque de la cité, Théodote, et, suivant scrupuleusement les instructions de son père spirituel, elle remit avec empressement sa fortune acquise dans l’iniquité à un prêtre, afin qu’il la distribue aux nécessiteux. Puis, ainsi délivrée de l’attachement au monde et de tout souci, elle alla rejoindre Germain qui la fit admettre dans un monastère féminin situé non loin du sien.
Dès son entrée dans le stade de la vertu, la bienheureuse montra un zèle ardent pour effacer par l’ascèse et par les larmes du repentir toutes traces de ses anciennes passions. Portant constamment, sans jamais la changer, la tunique dont elle avait été revêtue à son baptême, elle apprit le Psautier par cœur et fit de la prière et de la méditation de la Parole de Dieu sa nourriture, de préférence à tout autre aliment terrestre. Par cette conduite admirable et cette belle transformation, elle reçut du Seigneur le pouvoir d’accomplir des miracles et, à la mort de la supérieure, elle fut élue par la fraternité pour lui succéder.
En ce temps-là, ayant appris que la belle Eudocie avait rejeté les plaisirs de cette vie et le culte des idoles pour tourmenter son corps par amour du Christ, certains de ses anciens amants la dénoncèrent auprès de l’empereur, l’accusant d’utiliser sa fortune pour construire, dans le désert, des refuges pour les chrétiens rebelles à son autorité et à la religion de l’Empire. Lorsque le dignitaire envoyé par l’empereur et les trois cents soldats de son escorte voulurent pénétrer dans le monastère de la sainte, ils en furent empêchés par une force divine et, après avoir tourné autour de l’enceinte pendant trois jours, en cherchant vainement l’entrée, ils furent frappés de mort, à l’exception du magistrat et de trois soldats.
Quand l’empereur apprit ce lamentable échec, il envoya son propre fils pour arrêter la sainte. Mais celui-ci fut frappé par Dieu et mourut après avoir été jeté à bas de son cheval. Sur le conseil d’un ancien amant d’Eudocie, le souverain éploré écrivit alors à la sainte pour lui demander d’intercéder, afin que son fils revienne à la vie. Eudocie lui répondit avec humilité, protestant de son impuissance à accomplir de tels miracles, et elle fit trois signes de croix sur la lettre en la refermant. Dès que le messager apporta la missive au palais devant le cadavre du prince, celui-ci reprit vie, et l’empereur et toute la cour s’écrièrent : « Grand est le Dieu des chrétiens, qui accomplit de telles merveilles ! » On raconte même que le souverain se fit baptiser avec un grand nombre des siens, et que le prince ressuscité devint par la suite archevêque de la cité, tandis que sa sœur, Gélasia, prit le voile dans le monastère de sainte Eudocie.
L’empereur Hadrien (117-138), qui succéda à Trajan, était un farouche adepte de l’idolâtrie. Il envoya à Héliopolis un gouverneur, réputé pour sa cruauté, nommé Diogène, lequel avait été fiancé à Gélasia et que la fuite de sa promise avait mis dans la plus grande irritation à l’égard d’Eudocie. Sitôt installé, il envoya cinquante hommes d’armes pour se saisir de la sainte. Alors que ceux-ci étaient encore en route, le Christ apparut à Eudocie et lui annonça que l’heure était venue pour elle de remporter la couronne du martyre. Elle se rendit alors dans l’église, prit sur elle une parcelle de la sainte Eucharistie et, accueillant les soldats avec calme et dignité, elle les suivit sans offrir de résistance. Sur le chemin, un ange la précédait, tenant un flambeau allumé, sans que les païens s’en rendissent compte.
Après avoir été laissée pendant quatre jours en prison, sans ni nourriture ni boisson, elle fut amenée au tribunal, le visage couvert, et dès qu’on lui retira ce voile une lueur éclatante en resplendit, provoquant un cri de stupeur dans l’assistance. La sainte répondit avec assurance aux questions du gouverneur et l’invita à mettre son dessein à exécution, sans perdre de temps en de vains interrogatoires. Le magistrat la somma de choisir entre trois solutions pour avoir la vie sauve : adorer les idoles, revenir à son ancien mode de vie ou remettre sa fortune au trésor public. Eudocie déclara qu’il était absolument exclu pour elle de retourner à sa vie passée, maintenant qu’elle avait connu la vérité, et qu’elle n’était plus maîtresse de l’argent qu’elle avait distribué. Sur l’ordre de Diogène, quatre hommes se saisirent d’elle et l’accablèrent de coups pendant deux heures entières ; puis, comme ils tentaient de la dénuder afin de l’attacher au poteau de torture, ils trouvèrent sur elle le coffret contenant la Sainte Communion. Lorsque le gouverneur tenta de l’ouvrir, une flamme s’en dégagea, qui consuma tous ceux qui se trouvaient aux alentours et laissa Diogène à demi paralysé. Comme il tombait à genoux en priant le dieu Soleil de le délivrer de ce sortilège, un éclair fendit le ciel et le laissa raide mort sur le sol. Pendant ce temps, un ange rayonnant descendait du ciel et s’entretenait avec la sainte, après l’avoir chastement recouverte d’un voile. Un soldat qui avait été témoin de cette scène, saisi de repentir, alla la détacher et la pria d’intercéder pour ceux qui venaient d’être frappés par la colère de Dieu, afin qu’ils recouvrent la vie et puissent se repentir. Prise de compassion, Eudocie se mit en prière et aussitôt les morts ressuscitèrent, provoquant la conversion d’une grande partie de la population.
La sainte resta en ville quelque temps pour enseigner le peuple, et elle accomplit encore d’autres miracles, jusqu’au jour où, Diogène étant décédé, un nouveau gouverneur, nommé Vincent, s’installa à Héliopolis, avec la ferme décision d’en finir avec la célébrité importune d’Eudocie. Il envoya des soldats dans sa résidence et ceux-ci lui tranchèrent la tête, sans autre forme de procès, lui offrant ainsi la satisfaction de son désir le plus cher : l’union définitive avec son Époux céleste. Par la suite, les reliques de sainte Eudocie accomplirent de nombreux miracles qui témoignèrent pour des générations de chrétiens de la puissance du repentir.
(Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras)
TROPAIRES ET KONDAKIA DU JOUR
Tropaire des saints ascètes, ton 4
Dieu de nos pères, dont la clémence agit toujours envers nous, n’éloigne pas de nous ta Miséricorde, mais par leurs supplications gouverne notre vie dans la paix.
Kondakion des saints ascètes, ton 8
Comme les hérauts de la piété qui firent taire les impies, Tu as fait briller nos saints pères théophores pour illuminer le monde entier; par leur intercession garde dans la paix ceux qui Te glorifient et qui Te chantent: Alléluia.
ÉPITRE DU JOUR
Rom. XIV, 19-23 ; XVI, 25-27
Frères, recherchons ce qui contribue à la paix et à l’édification mutuelle. Pour un aliment, ne détruis pas l’œuvre de Dieu. À la vérité toutes choses sont pures ; mais il est mal à l’homme, quand il mange, de devenir une pierre d’achoppement. Il est bien de ne pas manger de viande, de ne pas boire de vin, et de s’abstenir de ce qui peut être pour ton frère une occasion de chute, de scandale ou de faiblesse. Cette foi que tu as, garde-la pour toi devant Dieu. Heureux celui qui ne se condamne pas lui-même dans ce qu’il approuve ! Mais celui qui a des doutes au sujet de ce qu’il mange est condamné, parce qu’il n’agit pas par conviction. Tout ce qui n’est pas le produit d’une conviction est péché. À celui qui peut vous affermir selon mon Évangile et la prédication de Jésus Christ, conformément à la révélation du mystère caché pendant des siècles, mais manifesté maintenant par les écrits des prophètes, d’après l’ordre du Dieu éternel, et porté à la connaissance de toutes les nations, afin qu’elles obéissent à la foi, à Dieu, seul sage, soit la gloire aux siècles des siècles, par Jésus Christ ! Amen !
Galates V, 22 – VI,2 (Saints ascètes)
Frères, le fruit de l’Esprit, c’est l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la mansuétude, la confiance dans les autres, la douceur, la tempérance ; la loi n’est pas contre ces choses. Ceux qui sont à Jésus Christ ont crucifié la chair avec ses passions et ses désirs. Si nous vivons par l’Esprit, marchons aussi selon l’Esprit. Ne cherchons pas une vaine gloire, en nous provoquant les uns les autres, en nous portant envie les uns aux autres. Frères, si un homme vient à être surpris en quelque faute, vous qui êtes spirituels, redressez-le avec un esprit de douceur. Prends garde à toi-même, de peur que tu ne sois aussi tenté. Portez les fardeaux les uns des autres, et vous accomplirez ainsi la loi de Christ.
ÉVANGILE DU JOUR
Matth. VI, 1-13
Gardez-vous de pratiquer votre justice devant les hommes, pour en être vus ; autrement, vous n’aurez point de récompense auprès de votre Père qui est dans les cieux. Lors donc que tu fais l’aumône, ne sonne pas de la trompette devant toi, comme font les hypocrites dans les synagogues et dans les rues, afin d’être glorifiés par les hommes. Je vous le dis en vérité, ils reçoivent leur récompense. Mais quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ne sache pas ce que fait ta droite, afin que ton aumône se fasse en secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. Lorsque vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites, qui aiment à prier debout dans les synagogues et aux coins des rues, pour être vus des hommes. Je vous le dis en vérité, ils reçoivent leur récompense. Mais quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme ta porte, et prie ton Père qui est là dans le lieu secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. En priant, ne multipliez pas de vaines paroles, comme les païens, qui s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés. Ne leur ressemblez pas ; car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez. Voici donc comment vous devez prier : Notre Père qui es aux cieux ! Que ton nom soit sanctifié ; que ton règne vienne ; que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien ; pardonne-nous nos offenses, comme nous aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ; ne nous induis pas en tentation, mais délivre-nous du malin. Car c’est à toi qu’appartiennent, dans tous les siècles, le règne, la puissance et la gloire. Amen !
Matth. XI, 27-30 (Saints ascètes)
Toutes choses m’ont été données par mon Père, et personne ne connaît le Fils, si ce n’est le Père; personne non plus ne connaît le Père, si ce n’est le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler. Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions, car je suis doux et humble de cœur ; et vous trouverez du repos pour vos âmes. Car mon joug est doux, et mon fardeau léger.