Samedi après l’Exaltation de la Croix
Saint Eustathe-Placide (Eustache), grand-martyr à Rome, avec son épouse, sainte Théopistée et leurs fils Agapios et Théopiste (vers 118) ; saint Hypatios, évêque, avec saint André, prêtre, confesseurs, martyrs à Constantinople (vers 735) ; saint Michel, prince de Tchemigov et saint Théodore, thaumaturges, martyrs (1254) ; saint Oleg, prince de Briansk, moine (vers 1280) ; saint Hilarion le Crétois, néo-martyr grec (1804) ; saints néomartyrs de Russie : Théoctiste (Smelnitsky) et Alexandre (Tetiouïev), prêtres (1937).
VIE DU SAINT GRAND-MARTYR EUSTATHE-PLACIDE

Saint Eustathe, alors qu’il portait encore le nom de Placide et sa femme celui de Tatienne, était général et vivait à Rome sous le règne de Trajan (vers 100). Bien qu’il fût païen, il brillait par ses vertus, en particulier par son amour des pauvres. Voyant les bonnes dispositions de sa nature, Dieu se révéla à lui de manière semblable à celle qu’il utilisa pour l’Apôtre Paul. Un jour où Placide poursuivait un grand cerf dans la forêt, et qu’il était près de l’atteindre, il vit soudain apparaître entre les cornes de l’animal une croix plus lumineuse que le soleil, sur laquelle on distinguait le Christ. Puis il entendit une voix lui dire : « Placide, pourquoi me poursuis-tu ? Je suis le Christ, que tu honores sans le savoir par tes bonnes œuvres. C’est parce que je suis venu sur terre et y ai pris forme humaine pour sauver le genre humain, que je t’apparais aujourd’hui, afin de te capturer dans les filets de mon amour pour les hommes. » Stupéfait et frappé de terreur, Placide tomba de son cheval et resta sans connaissance pendant plusieurs heures. Le Christ lui apparut une seconde fois, pour confirmer l’authenticité de sa vision et lui annoncer que, par nature, il est Dieu, Créateur du ciel et de la terre, et que c’est par amour des hommes qu’il a assumé la nature humaine. Placide crut alors de tout son cœur et se fit baptiser avec toute sa maison. Il changea son nom pour celui d’Eustathe, son épouse pour celui de Théopistée, et leurs deux fils reçurent les noms d’Agapios et Théopistos.
Constatant sa foi et sa vertu, le Seigneur lui apparut une nouvelle fois et lui annonça qu’il serait amené, comme Job, à endurer de nombreuses épreuves de la part du démon, mais que la grâce ne l’abandonnerait pas. Cette prédiction ne tarda pas à se réaliser. Saint Eustathe se vit soudain privé de tous ses biens, aussi décida-t-il de partir pour l’Égypte, avec sa femme et ses enfants. Au moment de débarquer, le capitaine du navire, un barbare rude et débauché, s’empara de sa femme, sous prétexte qu’il n’avait pas payé le prix convenu pour la traversée. Eustathe, éploré, continua néanmoins sa route. Tandis qu’il aidait un de ses fils à traverser un fleuve, un lion ravit celui qui était resté sur la berge. Eustathe se porta au secours de son fils, mais un loup s’empara alors du premier enfant, laissant ce nouveau Job, seul, ruiné, sans autre secours que sa foi et son espérance en la miséricorde du Seigneur. Celui qui, quelque temps auparavant, brillait parmi l’aristocratie romaine, allait désormais de lieu en lieu, vivant de petits travaux, mais gardant sa foi en Dieu aussi solide que le diamant. Il se fixa finalement dans un bourg nommé Badissos, où il était employé à la surveillance des vergers, non loin de l’endroit où vivaient ses deux fils, qui avaient été délivrés de la dent des fauves et recueillis séparément par des bergers.
Quinze ans plus tard, les barbares, chez lesquels Théopistée se trouvaient captive, se préparaient à envahir en grand nombre la terre des Romains. Comme on ne pouvait trouver un chef d’armée assez habile pour leur résister, l’empereur se souvint alors d’Eustathe, de son courage, de ses nombreuses victoires, et il le fit quérir. Lorsque le bienheureux parut à la cour, c’est tout juste si on le reconnut, tant la pauvreté et les afflictions avaient marqué ses traits. L’empereur lui rendit ses titres et ses biens, et le mit à la tête d’une armée qui, avec l’assistance de Dieu, repoussa l’ennemi. C’est au cours de cette campagne que, pour ne pas laisser la patience du saint sans récompense dès cette vie, le Seigneur permit à Eustathe de retrouver son épouse et ses fils.
Rentrant à Rome triomphant, il fut couvert de biens par le nouvel empereur, Hadrien (117138), qui lui demanda d’offrir un sacrifice aux idoles en action de grâces pour sa victoire. Eustathe lui répondit que cette victoire était due au seul Christ Sauveur, et non à la puissance illusoire des faux dieux. Cette réponse déclencha la colère du souverain, qui le priva à nouveau de tous ses biens et le livra, avec sa femme et ses fils, en pâture aux lions. Comme les bêtes n’osaient pas les toucher, ils furent jetés dans un chaudron d’airain incandescent ayant la forme d’un bœuf, où ils rendirent leurs âmes à Dieu. Trois jours après, leurs corps furent découverts intacts, à la stupeur des païens mais à la joie des fidèles, lesquels reconnurent à ce signe que la grâce de Dieu habitait les corps des saints martyrs, qui leur étaient laissés pour consolation.
(Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras)
TROPAIRES ET KONDAKIA DU JOUR
Tropaire de l’Exaltation de la Croix, ton 1
Seigneur, sauve Ton peuple et bénis Ton héritage ; accorde aux chrétiens orthodoxes la victoire sur les ennemis et garde Ton peuple par Ta Croix.
Tropaire des saints martyrs Eustathe, son épouse et ses enfants, ton 4
Tes Martyrs, Seigneur, pour le combat qu’ils ont mené * ont reçu de toi, notre Dieu, la couronne d’immortalité; * animés de ta force, ils ont terrassé les tyrans * et réduit à l’impuissance l’audace des démons; * par leurs prières sauve nos âmes, ô Christ notre Dieu.
Kondakion des saints martyrs Eustathe, son épouse et ses enfants, ton 2
Imitant les souffrances du Christ * et buvant son calice avec foi, * Gloire à ta puissance, Eustathe, tu communias à sa gloire, dont tu devins l’héritier, * ayant reçu du Dieu de tous la divine rémission.
Kondakion de l’Exaltation de la Croix, ton 4
Toi qui T’es volontairement élevé sur la Croix, ô Christ Dieu, accorde Tes miséricordes au nouveau peuple qui porte Ton Nom. Réjouis les chrétiens orthodoxes par Ta Puissance et donne-leur la victoire sur les ennemis, ayant pour secours Ton arme de paix et trophée invincible.
ÉPÎTRE DU JOUR
1Co IV,17-V,5
Je vous ai envoyé Timothée, qui est mon enfant bien-aimé et fidèle dans le Seigneur ; il vous rappellera quelles sont mes voies en Christ, quelle est la manière dont j’enseigne partout dans toutes les Églises. Quelques-uns se sont enflés d’orgueil, comme si je ne devais pas aller chez vous.
Mais j’irai bientôt chez vous, si c’est la volonté du Seigneur, et je connaîtrai, non les paroles, mais la puissance de ceux qui se sont enflés. Car le royaume de Dieu ne consiste pas en paroles, mais en puissance. Que voulez-vous ? Que j’aille chez vous avec une verge, ou avec amour et dans un esprit de douceur ? On entend dire généralement qu’il y a parmi vous de l’impudicité, et une impudicité telle qu’elle ne se rencontre pas même chez les païens ; c’est au point que l’un de vous a la femme de son père. Et vous êtes enflés d’orgueil ! Et vous n’avez pas été plutôt dans l’affliction, afin que celui qui a commis cet acte fût ôté du milieu de vous ! Pour moi, absent de corps, mais présent d’esprit, j’ai déjà jugé, comme si j’étais présent, celui qui a commis un tel acte. Au nom du Seigneur Jésus, vous et mon esprit étant assemblés avec la puissance de notre Seigneur Jésus, qu’un tel homme soit livré à Satan pour la destruction de la chair, afin que l’esprit soit sauvé au jour du Seigneur Jésus.
1 Cor. I, 26-29 (samedi après l’Exaltation de la Croix)
Considérez que parmi vous qui avez été appelés il n’y a ni beaucoup de sages selon la chair, ni beaucoup de puissants, ni beaucoup de nobles. Mais Dieu a choisi les choses folles du monde pour confondre les sages ; Dieu a choisi les choses faibles du monde pour confondre les fortes; et Dieu a choisi les choses viles du monde et celles qu’on méprise, celles qui ne sont point, pour réduire à néant celles qui sont, afin que nulle chair ne se glorifie devant Dieu.
ÉVANGILE DU JOUR
Matth. XXIV, 1-13
Comme Jésus s’en allait, au sortir du temple, ses disciples s’approchèrent pour lui en faire remarquer les constructions. Mais il leur dit: Voyez-vous tout cela? Je vous le dis en vérité, il ne restera pas ici pierre sur pierre qui ne soit renversée. Il s’assit sur la montagne des oliviers. Et les disciples vinrent en particulier lui faire cette question: Dis-nous, quand cela arrivera-t-il, et quel sera le signe de ton avènement et de la fin du monde? Jésus leur répondit: Prenez garde que personne ne vous séduise. Car plusieurs viendront sous mon nom, disant: C’est moi qui suis le Christ. Et ils séduiront beaucoup de gens. Vous entendrez parler de guerres et de bruits de guerres: gardez-vous d’être troublés, car il faut que ces choses arrivent. Mais ce ne sera pas encore la fin. Une nation s’élèvera contre une nation, et un royaume contre un royaume, et il y aura, en divers lieux, des famines et des tremblements de terre. Tout cela ne sera que le commencement des douleurs. Alors on vous livrera aux tourments, et l’on vous fera mourir; et vous serez haïs de toutes les nations, à cause de mon nom. Alors aussi plusieurs succomberont, et ils se trahiront, se haïront les uns les autres. Plusieurs faux prophètes s’élèveront, et ils séduiront beaucoup de gens. Et, parce que l’iniquité se sera accrue, la charité du plus grand nombre se refroidira. Mais celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé.
Jn VIII, 21-30 (samedi après l’Exaltation de la Croix) Jésus leur dit encore : Je m’en vais, et vous me chercherez, et vous mourrez dans votre péché ; vous ne pouvez venir où je vais. Sur quoi les Juifs dirent: Se tuera-t-il lui-même, puisqu’il dit: Vous ne pouvez venir où je vais? Et il leur dit: Vous êtes d’en bas; moi, je suis d’en haut. Vous êtes de ce monde; moi, je ne suis pas de ce monde. C’est pourquoi je vous ai dit que vous mourrez dans vos péchés; car si vous ne croyez pas ce que je suis, vous mourrez dans vos péchés. Qui es-tu? lui dirent-ils. Jésus leur répondit: Ce que je vous dis dès le commencement. J’ai beaucoup de choses à dire de vous et à juger en vous; mais celui qui m’a envoyé est vrai, et ce que j’ai entendu de lui, je le dis au monde. Ils ne comprirent point qu’il leur parlait du Père. Jésus donc leur dit: Quand vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous connaîtrez ce que je suis, et que je ne fais rien de moi-même, mais que je parle selon ce que le Père m’a enseigné. Celui qui m’a envoyé est avec moi; il ne m’a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui est agréable. Comme Jésus parlait ainsi, plusieurs crurent en lui.