Jour de jeûne
Sainte Euphrosyne d’Alexandrie (Vème s.) ; saint Paphnuce l’Égyptien et avec lui 546 martyrs (IIIème s.) ; saint Firmien, évêque d’Amiens (IVème s.) ; saint Principius, évêque de Soissons (Vème s.) ; saint Solenne, évêque de Chartres (vers 533) ; saint Aunachaire, évêque d’Auxerre (605) ; saint Ermenfroi, abbé de Cusance (vers 670) ; saint Arsène le Grand, catholicos de Géorgie (887) ; saint Serge, higoumène de Radonège, thaumaturge et protecteur de la Russie (1392) ; sainte Euphrosyne de Souzdal (1250) ; sainte Dosithée, recluse de Kiev (1776) ; saints nouveaux martyrs de Russie : Nicolas (Rozov), confesseur, prêtre (1941).
VIE DE SAINTE EUPHROSYNE D’ALEXANDRIE[1]
Sainte Euphrosyne vécut à Alexandrie sous le règne de Théodose le Jeune (408-450). Elle était la fille de Paphnuce, Égyptien d’une immense fortune, à qui il ne restait plus que cette enfant après la mort de son épouse. Lorsqu’elle parvint à l’âge de dix-huit ans, son père la fiança malgré elle à un jeune homme riche. Mais, peu avant le mariage, la servante de Dieu profita de l’absence de son père pour se couper les cheveux et, revêtant des effets masculins, elle se présenta à la porte d’un monastère de moines de la région, en se faisant passer pour un eunuque du nom de Smaragde. Le Supérieur l’accepta parmi ses moines et la plaça sous la direction d’un Ancien sage et expérimenté, Agapios, auquel elle se livra à l’obéissance avec empressement et humilité. Brûlante du désir de s’unir au Christ, Euphrosyne se livra avec ardeur à tous les combats de l’ascèse, si bien qu’après peu de temps il eût été difficile de soupçonner que derrière ce visage émacié et ce corps desséché, se cachait une délicate jeune fille. Elle brillait ainsi, telle une pierre précieuse, au milieu de cette image de la Jérusalem céleste qu’était le monastère. Mais le diable, furieux de voir une jouvencelle résister non seulement à toutes ses attaques, mais encore vaincre la faiblesse de sa nature, poussa alors certains moines à jalouser sa vertu et tenta d’en scandaliser d’autres par sa beauté et le charme de sa personne, que les travaux de l’ascèse ne parvenaient pas à dissimuler. Sur la recommandation de l’higoumène, la sainte se retira dans une cellule isolée, sans jamais en sortir, visitée seulement de temps à autre par son père spirituel. Tout entière tendue vers Dieu, par le jeûne, les veilles et la prière continuelle, elle plaçait chaque jour de spirituelles ascensions dans son cœur. Au bout de trente-huit ans, elle tomba malade. Nombreux furent ceux qui vinrent à son chevet, attirés par sa réputation de sainteté. Parmi eux se trouvait Paphnuce, que rien n’avait pu consoler de la perte de sa fille. Assurée par Dieu que le moment était venu pour elle de s’en aller vers les demeures éternelles, et voulant apporter à son père une consolation au déclin de ses jours, Euphrosyne lui révéla sa véritable identité, lui recommandant de laisser au monastère l’héritage qu’il lui avait réservé et de se charger de ses funérailles. Puis elle remit son âme à Dieu dans une grande paix. Frappé de stupeur, Paphnuce tomba à terre comme mort. Quand il revint à lui, comprenant que c’est un péché de pleurer ceux qui sont partis de cette vie de douleurs pour gagner la vie éternelle, ses larmes se changèrent en joie. Il abandonna tout ce qui le retenait au monde et revêtit l’Habit monastique, afin de suivre les traces de sa fille et de la rejoindre dans la joie des élus. Il se retira dans la cellule même où Euphrosyne avait vécu, et après dix années de vie vertueuse et agréable à Dieu, il s’endormit à son tour dans la paix.
[1] Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras
TROPAIRES ET KONDAKIA DU JOUR
Tropaire de sainte Euphrosyne d’Alexandrie, ton 8
En toi, vénérable Mère, la divine Image se reflète exactement: * afin de lui ressembler, tu as pris ta croix et tu as suivi le Christ; * et par ta vie tu nous apprends à mépriser la chair, qui passe et disparaît, * pour s’occuper plutôt de l’âme qui vit jusqu’en la mort et par-delà; * c’est ainsi que ton esprit se réjouit, * sainte Euphrosyne, avec les Anges dans le ciel.
Tropaire de saint Serge de Radonège, ton 4
Champion des vertus, comme un vrai soldat du Christ notre Dieu, * contre les passions tu menas en cette vie le grand combat; * dans les jeûnes, les veilles, les cantiques divins, * tu fus pour tes disciples un modèle, Bienheureux; * aussi fit sa demeure en toi l’Esprit saint * et tu fus orné brillamment par son action; * grâce au crédit que tu possèdes auprès de la sainte Trinité, * rappelle-lui le troupeau que tu as rassemblé * et n’oublie pas de visiter, * comme toi-même tu l’as promis, * vénérable Père Serge, tes enfants.
Kondakion de sainte Euphrosyne d’Alexandrie, ton 2
Désireuse d’obtenir la vie d’en-haut, * tu t’empressas de quitter les délices d’ici-bas; * parmi les moines tu vécus, déguisée, * Euphrosyne toute-digne de nos chants, * par amour pour le Christ, ton Epoux, * ayant en effet renoncé à l’éphémère fiancé.
Kondakion de saint Serge de Radonège, ton 8
Vénérable Serge, percé de flèches par l’amour du Christ * et l’ayant suivi, dans ton irréversible désir, * tu méprisas toute charnelle volupté * et comme un soleil tu brillas sur ta patrie; * aussi le Christ t’enrichit du don des miracles, Père saint; * souviens-toi de nous qui célébrons ta mémoire sacrée, * afin que nous puissions te crier: vénérable Serge, réjouis-toi.
ÉPITRE DU JOUR
2 Cor. XIII,3-13
Vous cherchez une preuve que Christ parle en moi, lui qui n’est pas faible à votre égard, mais qui est puissant parmi vous. Car il a été crucifié à cause de sa faiblesse, mais il vit par la puissance de Dieu ; nous aussi, nous sommes faibles en lui, mais nous vivrons avec lui par la puissance de Dieu pour agir envers vous. Examinez-vous vous mêmes, pour savoir si vous êtes dans la foi ; éprouvez-vous vous-mêmes. Ne reconnaissez-vous pas que Jésus Christ est en vous ? à moins peut-être que vous ne soyez réprouvés. Mais j’espère que vous reconnaîtrez que nous, nous ne sommes pas réprouvés. Cependant nous prions Dieu que vous ne fassiez rien de mal, non pour paraître nous-mêmes approuvés, mais afin que vous pratiquiez ce qui est bien et que nous, nous soyons comme réprouvés. Car nous n’avons pas de puissance contre la vérité ; nous n’en avons que pour la vérité. Nous nous réjouissons lorsque nous sommes faibles, tandis que vous êtes forts ; et ce que nous demandons dans nos prières, c’est votre perfectionnement. C’est pourquoi j’écris ces choses étant absent, afin que, présent, je n’aie pas à user de rigueur, selon l’autorité que le Seigneur m’a donnée pour l’édification et non pour la destruction. Au reste, frères, soyez dans la joie, perfectionnez-vous, consolez-vous, ayez un même sentiment, vivez en paix ; et le Dieu d’amour et de paix sera avec vous. Saluez-vous les uns les autres par un saint baiser. Tous les saints vous saluent.
Gal. V, 22 – VI,2 (S. Serge)
Mais le fruit de l’Esprit, c’est l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bénignité, la fidélité, la douceur, la tempérance ; la loi n’est pas contre ces choses. Ceux qui sont à Jésus Christ ont crucifié la chair avec ses passions et ses désirs. Si nous vivons par l’Esprit, marchons aussi selon l’Esprit. Ne cherchons pas une vaine gloire, en nous provoquant les uns les autres, en nous portant envie les uns aux autres. Frères, si un homme vient à être surpris en quelque faute, vous qui êtes spirituels, redressez-le avec un esprit de douceur. Prends garde à toi-même, de peur que tu ne sois aussi tenté. Portez les fardeaux les uns des autres, et vous accomplirez ainsi la loi de Christ.
ÉVANGILE DU JOUR
Mc IV, 35-41
Ce même jour, sur le soir, Jésus leur dit : Passons à l’autre bord. Après avoir renvoyé la foule, ils l’emmenèrent dans la barque où il se trouvait ; il y avait aussi d’autres barques avec lui. Il s’éleva un grand tourbillon, et les flots se jetaient dans la barque, au point qu’elle se remplissait déjà. Et lui, il dormait à la poupe sur le coussin. Ils le réveillèrent, et lui dirent : Maître, ne t’inquiètes-tu pas de ce que nous périssons ? S’étant réveillé, il menaça le vent, et dit à la mer : Silence ! Tais-toi ! Et le vent cessa, et il y eut un grand calme. Puis il leur dit : Pourquoi avez-vous ainsi peur ? Comment n’avez-vous point de foi ? Ils furent saisis d’une grande frayeur, et ils se dirent les uns aux autres : Quel est donc celui-ci, à qui obéissent même le vent et la mer ?
Lc VI, 17-23 (S. Serge)
Jésus descendit avec eux, et s’arrêta sur un plateau, où se trouvaient une foule de ses disciples et une multitude de peuple de toute la Judée, de Jérusalem, et de la contrée maritime de Tyr et de Sidon. Ils étaient venus pour l’entendre, et pour être guéris de leurs maladies. Ceux qui étaient tourmentés par des esprits impurs étaient guéris. Et toute la foule cherchait à le toucher, parce qu’une force sortait de lui et les guérissait tous. Alors Jésus, levant les yeux sur ses disciples, dit: Heureux vous qui êtes pauvres, car le royaume de Dieu est à vous! Heureux vous qui avez faim maintenant, car vous serez rassasiés ! Heureux vous qui pleurez maintenant, car vous serez dans la joie ! Heureux serez-vous, lorsque les hommes vous haïront, lorsqu’on vous chassera, vous outragera, et qu’on rejettera votre nom comme infâme, à cause du Fils de l’homme! Réjouissez-vous en ce jour-là et tressaillez d’allégresse, parce que votre récompense sera grande dans le ciel; car c’est ainsi que leurs pères traitaient les prophètes.