Grand Carême
Liturgie des Présanctifiés
Saint Marc évêque d’Aréthuse en Syrie et saint Cyrille, diacre à Héliopolis, et leurs compagnons, martyrs (vers 364) ; saint Jean l’ermite (IVème s.) ; saint Diadoque, évêque de Photicée (Vème s.) ; saint Firmin, évêque de Viviers (VIème s.) ; saints Aule, Eumaque et Longin, évêques de Viviers (VIIème s.) ; saint Eustathe, évêque en Bithynie, confesseur (IXème s.) ; saints Marc et Jonas de Pskov (1480) ; saint Michel (Viktorov), confesseur, prêtre (1933).
SAINT MARC ÉVÊQUE D’ARÉTHUSE
Notre saint Père Marc fut consacré évêque de la ville d’Aréthuse (auj. Er Restan), en Syrie, sous le règne de saint Constantin le Grand. Poussé par un zèle divin, il s’illustra alors dans la lutte contre l’idolâtrie et démolit de ses propres mains un temple païen, construisant à sa place une église. Pendant les années troublées qui suivirent le Concile de Nicée, il se laissa entraîner dans les rangs des évêques semi-ariens qui, sans renier la divinité du Verbe, n’admettaient pas l’introduction du terme « consubstantiel » (homoousios) dans le Symbole de foi. Il assista aux conciles de Sardique (343) et de Sirmium (351), et rédigea même un formulaire de foi, qui cherchait à concilier les partis opposés, afin de restaurer l’unité de l’Église (359). Mais il réalisa bientôt son erreur et rejoignit sans ambiguïté les rangs des orthodoxes, peu de temps avant que Julien l’Apostat prenne le pouvoir et commence sa politique de restauration violente du paganisme (361). En apprenant ce retournement de la situation les païens d’Aréthuse, qui gardaient une rancune tenace à l’égard de l’évêque, tentèrent de s’emparer de lui. Sans reconnaissance pour Marc, qui lui avait jadis sauvé la vie au moment de l’assassinat de ses parents, Julien avait accordé toute sa bienveillance aux idolâtres dans cette affaire, et il les laissa perquisitionner dans toute la région à la recherche de l’évêque qui avait fui pour ne pas s’exposer sans nécessité à la persécution. Mais quand il apprit qu’on avait arrêté à sa place d’autres chrétiens et qu’on les soumettait à la torture, il alla se livrer de lui-même aux païens. Dès qu’ils le virent, ceux-ci se jetèrent sauvagement sur le vieillard, sans égard pour ses cheveux blancs, et, le dénudant, ils le couvrirent de coups. Puis ils le jetèrent dans un égout infect et le livrèrent à des enfants qui le percèrent de leurs poinçons à écrire. Par la suite on lui enduisit le corps de saumure et de miel et, l’enfermant dans une corbeille qu’on suspendit en plein air, on l’exposa à l’ardeur du soleil et aux dards des guêpes et des abeilles. Malgré ces tourments, Marc restait inflexible dans sa confession de foi et refusait tout compromis avec les païens qui voulaient lui arracher au moins la promesse de rebâtir à ses frais le temple qu’il avait détruit. Le saint refusa de leur accorder quoi que ce soit, disant qu’une simple obole serait, dans ce cas, équivalente au reniement de la foi tout entière. Et il se moquait de leur bassesse et de leurs soucis terrestres, alors qu’il se trouvait, lui, élevé au ciel par les tourments qu’ils lui infligeaient. Vaincus, finalement les païens le relâchèrent et un certain nombre d’entre eux, édifié par son endurance et par ses discours, se convertit au Christ. Saint Marc mourut en paix en 364, et remporta le trophée des confesseurs du Christ. À la même époque, Cyrille, diacre à Héliopolis de Phénicie, qui avait lui aussi détruit de nombreuses idoles au temps de saint Constantin, fut arrêté par les païens. Ils lui ouvrirent le ventre, dispersèrent ses entrailles sur le sol et mangèrent son foie cru. Les coupables de cette infamie furent par la suite l’objet de la vengeance divine : les uns perdirent toutes leurs dents, les autres eurent la langue atteinte de putréfaction et d’autres perdirent la vue. À Ascalon et Gaza, villes de Palestine, où l’idolâtrie était tenace, les idolâtres s’emparèrent de clercs et de femmes consacrées à Dieu. Ils leur arrachèrent les entrailles et remplirent leur ventre d’orge, puis ils les livrèrent en pâture aux porcs. À Sébaste, ils ouvrirent la châsse contenant les reliques du saint Précurseur Jean le Baptiste et les jetèrent au feu, puis ils dispersèrent les cendres à tout vent. Malgré toutes ces atrocités, les païens ne parvinrent pas à restaurer le culte des idoles et, dans sa grande majorité, le peuple restait indifférent à leurs tentatives, à tel point que, quand Julien voulut organiser une grande fête à Antioche en l’honneur d’Apollon, il eut la surprise de se retrouver seul avec ses courtisans dans le temple vide, pendant qu’en ville on se moquait de lui.
(Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras)
TROPAIRES ET KONDAKIA DU JOUR
Tropaire des saints martyrs, ton 8
Ayant mortifié par le renoncement l’ardeur et l’élan de leurs passions, les Martyrs du Christ ont reçu le pouvoir de chasser toute langueur et toute maladie et de faire des miracles, vivant après leur mort. 0 merveille étonnante! De simples ossements deviennent une source de guérisons. Glorifions l’unique sagesse du Dieu créateur.
Kondakion des saints martyrs, ton 1
Seigneur, gloire des combats et couronne des vainqueurs, tu es la parure des Martyrs glorieux: par leur constance dans les épreuves ils ont mis en fuite les impies et du ciel ils ont reçu la victoire par la puissance de Dieu; Seigneur, accorde-nous par leurs prières la grâce du salut.
LECTURES DE L’ANCIEN TESTAMENT
Isaïe LXVI, 10-24
Jérusalem, réjouis-toi; rassemblez-vous dans ses murs, vous tous qui l’aimez ; réjouissez- vous
de sa joie, vous qui vous êtes afiligés sur elle: Afin que vous vous allaitiez et que vous puisiez la plénitude à la mamelle de sa consolation; afin qu’après vous être allaités, vous trouviez des délices dans le retour de sa gloire. Car ainsi dit le Seigneur : Voilà que Je détourne vers eux comme une flamme de paix, comme un torrent qui leur apportera dans ses flots la gloire des gentils. Les enfants de mon peuple seront portés à bras ; on les prendra sur les genoux pour les consoler. Telle une mère console son enfant, et Je vous consolerai et c’est en Jérusalem que vous serez consolés. Et vous le verrez, et votre cœur sera réjoui, et vos os fleuriront comme l’herbe. Et la main du Seigneur sera connue de ceux qui Le craignent, et elle menacera les rebelles. Car voilà que le Seigneur viendra comme une flamme; les roues de son char seront comme un vent impétueux, apportant sa colère, sa vengeance et sa menace dans une flamme de feu. Car toute la terre sera jugée par le feu du Seigneur, et toute chair par son glaive; une multitude d’hommes seront blessés par le Seigneur. Ceux qui se sanctifient et se purifient dans les jardins, qui mangent sous leurs portiques de la chair de porc, des souris, et d’autres mets abominables, seront tous ensemble consumés par le Seigneur. Et moi qui connais leurs œuvres et leurs pensées, Je vais réunir tous les peuples et toutes les langues, et ils viendront, et ils verront ma gloire. Et Je laisserai sur eux un signe, et J’enverrai ceux d’entre eux qui auront été sauvés chez les gentils à Tharsîs, à Phud, à Lud, à Mosoch, à Thobel, en Grèce, et aux iles lointaines, où mon nom n’a jamais été prononcé, où l’on n’a point vu ma gloire; et ils publieront ma gloire parmi les nations. Et ils amèneront vos frères de toutes les nations pour en faire offrande au Seigneur avec des chevaux et des litières traînées par des mules empanachées dans la ville sainte, dit le Seigneur; comme lorsque les fils d’Israël offraient leurs sacrifices, en chantant des psaumes, dans le temple du Seigneur. Et Je choisirai parmi eux des prêtres et des lévites, dit le Seigneur. Car de même que le ciel nouveau et la terre nouvelle que Je créerai subsisteront devant moi, dit le Seigneur, de même votre race et votre nom seront fermement établis. Et ceci sera de lune en lune, de sabbat en sabbat : toute chair viendra en Jérusalem pour adorer devant moi, dit le Seigneur. Et ils sortiront et ils verront les membres épars de ceux qui auront péché contre moi; car le ver qui les rongera ne finira point; le feu qai les brûlera ne sera jamais éteint, et ils seront exposés à la vue de toute chair.
Genèse XLIX, 33 – L, 26
Et Jacob cessa de donner ses ordres à ses fils, puis, ayant ramené ses pieds sur sa couche, il défaillit, et il se réunit à son peuple. Joseph aussitôt se jeta sur la face de son père, l’embrassa et le pleura. Puis il ordonna à ses serviteurs préposés aux funérailles d’embaumer son père, et ses serviteurs embaumèrent Israël. Ils y employèrent quarante jours, car tel est le nombre des jours de l’embaumement, et l’Égypte fut en deuil soixante-dix jours. Dès que les jours du deuil furent écoulés, Joseph s’adressa aux grands officiers du Pharaon, et il leur dit : Si j’ai trouvé grâce devant vous, parlez de moi au Pharaon, dites-lui que mon père m’a adjuré, disant : Tu m’enseveliras dans le sépulcre que j’ai creusé pour moi en la terre de Chanaan ; que maintenant donc je parte pour ensevelir mon père, et je reviendrai auprès de vous. Et le Pharaon dit à Joseph : Pars et ensevelis ton père comme il t’en a adjuré. Joseph partit donc pour ensevelir son père ; et avec lui partirent tous les serviteurs du Pharaon, les anciens de sa maison, tous les anciens du peuple d’Égypte, Et toute la famille de Joseph, ses frères, toute sa famille paternelle ainsi que toute sa parenté ; mais les brebis et les bœufs restèrent en la terre de Gessen. Des chars et des cavaliers partirent en outre avec Joseph, et ils formèrent un camp très nombreux. Arrivés à l’aire d’Atad, qui est au delà du Jourdain, ils pleurèrent Jacob avec de grands et violents gémissements, et Joseph fit à son père un deuil de sept jours. Les hommes qui habitaient la terre de Chanaan virent le deuil auprès de l’aire d’Atad, et ils dirent : C’est un grand deuil des Égyptiens. À cause de cela on appela Deuil d’Égypte ce lieu qui est au delà du Jourdain. Ainsi firent à leur père les enfants de Jacob. Ils le transportèrent en la terre de Chanaan et ils l’ensevelirent dans la caverne double qu’avait achetée Abraham d’Ephron l’Hettéen, en face de Mambré, pour en faire une sépulture. Après cela, Joseph retourna en Égypte avec ses frères et tous ceux qui l’avaient accompagné pour ensevelir Israël. Et les frères de Joseph, leur père mort, se dirent : Craignons que Joseph ne nous garde rancune, et ne nous fasse porter la peine de toute la méchanceté que nous avons montrée pour lui. Sur quoi, ils allèrent trouver Joseph, et ils lui dirent : Ton père au moment de mourir t’a adjuré, et nous a dit : Parlez en ces termes à Joseph : Remets à tes serviteurs leur iniquité et le crime qu’ils ont commis en exerçant contre toi leur malice. Pardonne maintenant l’iniquité des serviteurs du Dieu de ton père. Or, pendant qu’ils parlaient ainsi, Joseph pleura. Et, s’étant approchés de lui, ils lui dirent : Nous sommes tes esclaves. Joseph leur répondit : N’ayez point de crainte, car je suis de Dieu. Vous m’avez voulu du mal ; mais Dieu m’a voulu du bien, afin qu’advint ce qui est aujourd’hui et qu’un peuple nombreux fût nourri. Il leur dit encore : N’ayez point de crainte: Je vous nourrirai vous et vos familles. Et il les consola, et il leur parla au cœur. Après cela, Joseph demeura en Égypte avec ses frères, et toute la famille de son père ; et Joseph vécut cent dix ans. Joseph vit des fils d’Ephraïm jusqu’à la troisième génération, et les fils de Machir, fils de Manassé, naquirent sur les genoux de Joseph. Joseph parla ensuite à ses frères, et il leur dit : Je meurs ; mais Dieu vous visitera, et il vous conduira de cette terre en la terre qu’il a promise à nos pères Abraham, Isaac et Jacob. Et Joseph adjura ses frères, disant : Lorsque Dieu vous visitera, emportez d’ici mes ossements avec vous. Joseph mourut à cent dix ans, et après qu’ils l’eurent embaumé, ils le mirent dans un cercueil en Égypte.
Proverbes XXXI, 8-32
Ouvre la bouche à la parole de Dieu, et rends justice à tous. Ouvre la bouche et juge selon l’équité, et plaide la cause du pauvre et du faible. Une femme forte, qui la trouvera ? Une telle femme a plus de prix que les pierres précieuses. Le cœur de son mari a confiance en elle; jamais une telle femme n’aura besoin de recourir aux riches dépouilles d’un ennemi. Car elle emploie toute sa vie au bien de son époux. Elle dévide le lin et la laine, et elle fait de ses mains d’utiles travaux. Elle est comme un navire qui arrive de loin chargé de vivres ; elle se lève avant le jour pour donner sa provende à la maison, et leur tâche à ses servantes. Elle a considéré le champ, et l’a acheté ; et, dans cette propriété, elle sème des graines que ses mains ont recueillies. Elle ceint fortement ses reins, et met à l’œuvre toute la force de ses bras. Elle sait par expérience que le travail est bon, et sa lampe ne s’éteint pas de toute la nuit. Elle étend les bras partout où il est utile, et ses mains ne quittent pas le fuseau. Elle a la main ouverte pour le pauvre, et présente un fruit au mendiant. Son mari n’a pas à s’inquiéter des gens de sa maison, quel que soit le lieu où il est retenu ; car elle a vêtu tous ceux qui sont auprès d’elle. Elle a fait pour son mari des manteaux doubles, et pour elle-même des manteaux de fin lin et de pourpre. Son mari est considéré devant les portes de la ville, lorsqu’il siège au conseil avec les anciens de la terre. Elle fait des toiles de fin lin ; elle vend des ceintures aux Chananéens. Elle ouvre la bouche avec prudence et mesure ; elle a mis un frein à sa langue. Elle s’est revêtue de force et de beauté, et goûte une douce joie dans ses derniers jours. Les habitudes de sa maison sont réglées ; elle ne mange point les fruits de la paresse. Elle ouvre la bouche sagement et selon la loi. Elle a élevé ses enfants avec tendresse, et ils se sont enrichis ; et son époux a fait son éloge. Beaucoup de filles ont acquis des richesses, beaucoup ont été vertueuses ; mais toi, tu es au-dessus d’elles, tu les as toutes surpassées. Les grâces sont trompeuses, et la beauté de la femme est vanité ; mais la femme intelligente sera bénie, et celle qui craint le Seigneur sera louée. Donnez-lui les fruits de ses lèvres, et que son époux soit loué aux portes de la ville.