Saint Nicétas le Confesseur, higoumène du monastère de Médice en Bithynie (824); saint Urbice, évêque de Clermont (IIème s.) saints martyrs Elpidophore, Dios, Bythonios et Galycos ; saint Hillyrios ; sainte martyre Théodosie, vierge (308) ; sainte Burgondofare (ou Fare), abbesse de Faremoutiers (657); saint Joseph l’hymnographe (886) ; saint Paul le Russe, néo-martyr grec (1683), mort par le glaive.
SAINT NICÉTAS LE CONFESSEUR
Notre saint Père Nicétas vit le jour à Césarée de Bithynie, près de Prousse. Sa mère étant décédée huit jours après sa naissance, il fut consacré à Dieu, tel un nouveau Samuel, et mis au service d’une église par son père, Philarète, qui ensuite devint moine. L’évêque de la cité prit avec lui l’enfant pour lui enseigner les saintes lettres et, vers l’âge de douze ans, il l’ordonna lecteur. Méditant avec zèle les livres saints et saisi d’une divine ardeur quand il lisait les paroles du Seigneur exhortant ses disciples à quitter le monde, il décida d’imiter l’exemple de son père et de prendre à son tour sa croix pour suivre le Christ. Il se rendit auprès d’un saint ascète, nommé Étienne, qui demeurait près de la ville dans une grotte, et vécut avec lui pendant quelque temps dans un grand renoncement. Mais l’ermite lui conseilla cependant de se livrer, pour le profit de son âme, aux épreuves de la vie commune. « Tu trouveras là, lui dit-il, l’affliction qui procure la joie et tu pourras acquérir, par les épreuves de la vie cénobitique, le discernement et le progrès dans l’ascension vers Dieu. »
L’adolescent se rendit donc au monastère du Médikion, récemment fondé au Mont Olympe de Bithynie par saint Nicéphore [4 mai]. Son obéissance exemplaire, son amour sans bornes pour son père spirituel, sa tempérance et sa patience le firent aimer de tous les frères et, cinq ans plus tard, il fut ordonné prêtre par le patriarche saint Taraise [25 fév.]. Dès son retour au monastère, saint Nicéphore, sans renoncer officiellement à son titre d’higoumène, lui confia de fait la direction de la communauté qui comptait près de cent moines, en collaboration avec un moine renommé du monastère des Symboles, Athanase, qu’il avait chargé du temporel. Le zèle pour la vertu de ces saints hommes fit du Médikion un modèle pour tous les autres monastères du temps et un véritable ciel terrestre, où jamais on entendait une seule parole vaine. Saint Nicétas était pour les frères une image vivante de toutes les vertus et il les dirigeait avec une rigueur mêlée d’une humilité pleine de douceur. Par la grâce de Dieu, qu’il avait à demeure en lui, il prédisait l’avenir et guérissait nombre de malades qui se présentaient au monastère. Mais, au bout de quelque temps, il se vit privé successivement d’Athanase et de son père spirituel, Nicéphore, et dut accepter, sous la pression des moines et du patriarche Nicéphore Ier [2 juin], la charge d’higoumène.
En ce temps-là, Léon V l’Arménien (815), ayant renouvelé la persécution contre les défenseurs des saintes icônes, convoqua à Constantinople les higoumènes les plus en vue, dans l’espoir de les attirer à son parti et de gagner ainsi par eux l’ensemble du peuple resté fidèle à l’Orthodoxie. Comme le souverain invoquait la prescription du Seigneur de prier en esprit et en vérité (Jn 4, 22) pour justifier le rejet des saintes icônes, Nicétas lui répliqua audacieusement que ceux qui, comme lui, agissent ainsi, renient la réalité de l’Incarnation de notre Seigneur Jésus-Christ. Voyant que ses arguments restaient vains et craignant la réputation de sainteté de l’higoumène du Médikion, le tyran décida de passer à la violence. Il fit jeter le saint dans un cachot, dont la seule odeur était insupportable, et le livra aux outrages et aux injures de ses envoyés, qui venaient régulièrement l’interroger.
La présence des confesseurs dans la capitale représentant une menace pour l’application de ses desseins, Léon envoya Nicétas et ses compagnons à pied, en plein hiver, au fort de Massalaia, en Asie Mineure et, sitôt parvenus à destination, il les fit revenir à Constantinople. Il leur annonça alors qu’il leur suffirait de communier une seule fois avec Théodote (815-821), lequel avait été substitué au patriarche saint Nicéphore envoyé en exil, car celui-ci possédait, prétendait-il, des icônes chez lui et les « vénérait », mais sans les « adorer ». Épuisés par un long emprisonnement et trompés par les paroles hypocrites de l’empereur, les confesseurs acceptèrent de communier avec l’intrus et convainquirent Nicétas de les imiter (Pâques 815).
Aussitôt après cet événement, le saint, brûlé de remords, s’enfuit d’abord vers l’île de Proconnèse (mer de Marmara), en vue de faire pénitence dans un lieu retiré ; puis, pensant à l’influence néfaste qu’avait eu dans l’opinion du peuple cette communion avec les hérétiques, il revint à Constantinople et se rétracta sur la place publique, en se frappant la poitrine et se condamnant pour cette faute commise par respect humain (818) . Il fut aussitôt arrêté et interné dans l’île Sainte-Glycérie, au cap Akritas, où il fut soumis pendant six années aux persécutions d’un certain Anthime, qu’on avait surnommé Caïphe à cause de son attitude cruelle envers le disciple du Christ. Enfermé dans un cachot sans lumière, nourri de quelques morceaux de pain moisi et d’eau croupie, saint Nicétas endurait avec patience ces souffrances, décidé à tout supporter jusqu’à la mort pour effacer sa faute et préserver la foi orthodoxe. Mais si son corps était oppressé de toutes manières, son âme, elle, s’élevait librement dans les hauteurs de la contemplation et Dieu lui accordait d’accomplir des miracles en faveur de ses amis en danger.
À la mort de Léon V (820), la paix étant revenue, Nicétas fut libéré, mais il ne rentra pas au Médikion. Se jugeant en effet indigne de reprendre la direction du monastère après sa chute, et décidé à offrir sa vie, si ce n’était par le martyre du sang tout au moins par celui de la conscience, il passa de lieu en lieu dans les îles proches de Constantinople, vivant seul avec Dieu et offrant l’assistance de ses prières pour la consolation des malades et des affligés. Finalement, il s’installa dans un petit domaine sur la Corne d’Or, en face de Constantinople, où il mena une vie angélique plus qu’humaine. Au bout de quelques mois, exténué par les souffrances de l’emprisonnement et par ces nouvelles austérités, il tomba gravement malade et rendit son âme à Dieu, le 3 avril 824. Un grand nombre de moines et de confesseurs de l’Orthodoxie assistèrent à ses funérailles, parmi lesquels saint Joseph de Thessalonique [14 juin], et ils accompagnèrent son corps en procession jusqu’au monastère du Médikion, où il fut déposé aux côtés de saint Nicéphore.
(Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras)
TROPAIRES ET KONDAKIA DU JOUR
Kondakion de saint Nicétas, t. 2
Au ciel ayant conformé ton esprit et ta vie, * dans la lumière de tes œuvres tu brillas comme soleil, * illuminant ceux qui gisaient dans les ténèbres, ici-bas, * et les conduisant tous vers le Christ notre Dieu; * sans cesse auprès de lui intercède pour nous tous.
Lectures de l’Ancien Testament
Isaïe XLVIII, 17- XLIX, 4
Voici ce que dit le Seigneur, qui t’a délivré, le S4aint d’Israël : Je suis ton Dieu, Je t’ai montré comment tu trouverais la voie où tu dois marcher. Et si tu avais été docile à mes commandements, ta paix aurait été comme un fleuve, et ta justice comme les vagues de la mer. Et ta race aurait été comme le sable, et les fruits de tes entrailles comme la poussière des champs; et maintenant tu ne seras pas entièrement détruit, et ton nom ne périra pas devant moi. Sortez de Babylone, fuyez loin des Chaldéens; poussez un cri d’allégresse; écoutez ces paroles, publiez-les jusqu’aux extrémités de la terre, et dites : Le Seigneur a délivré son serviteur Jacob. Et s’ils ont soif, Il les guidera à travers le désert; Il fera jaillir pour eux l’eau des rochers; la pierre s’ouvrira, des eaux en couleront, et mon peuple boira. Mais pour les impies, il n’y a point de joie, dit le Seigneur. Iles, écoutez-moi; nations, soyez attentives : Après un long temps, ceci arrivera, dit le Seigneur; dès les entrailles de ma mère, le Seigneur m’a donné mon nom. Il a rendu ma bouche aiguë comme un glaive541 ; Il m’a caché en m’abritant de sa main ; Il a fait de moi sa flèche d’élite, et Il m’a caché dans son carquois. Et Il m’a dit : Tu es mon serviteur, Israël, et par toi je serai glorifié. Et j’ai dit : En vain je me suis fatigué; j’ai vainement et sans fruit déployé ma force ; c’est pourquoi j’attends mon jugement du Seigneur, et mon labeur est devant moi.
Genèse XXVII, 1-41
Or, il arriva qu’Isaac ayant vieilli, ses yeux s’affaiblirent, et il appela son fils aîné Ésaü, disant: Mon fils ; et celui-ci répondit : Me voici. Voilà que j’ai vieilli, dit Isaac, et j’ignore le jour de ma fin. Maintenant donc, prends ton équipement, ton carquois et ton arc, sors dans la plaine, chasse pour moi du gibier. Prépare-moi le mets que j’aime, et apporte-le-moi, afin que je mange et que mon âme te bénisse avant de mourir. Or, Rébécca entendit Isaac, comme il parlait à son fils Ésaü ; et pendant que celui-ci allait dans la plaine chasser du gibier pour son père, Rébécca dit à son fils puîné Jacob : J’ai entendu ton père, comme il parlait à ton frère Ésaü, disant : Apporte-moi du gibier, et prépare-moi un mets, afin qu’après avoir mangé je te bénisse devant le Seigneur avant de mourir. Maintenant donc, mon fils, obéis-moi et fais ce que je vais te prescrire. Va aux menus troupeaux, apporte-m’en deux beaux chevreaux tendres, je préparerai pour ton père le mets qu’il aime. Et tu le lui porteras, afin qu’il mange et qu’il te bénisse avant de mourir. Jacob dit à sa mère : Ésaü, mon frère, est velu, et j’ai l’a peau unie. Je crains que mon père ne vienne à me toucher ; il lui semblera que je le méprise, et j’attirerai sur moi sa malédiction au lieu de sa bénédiction. Sa mère lui dit: Je prends sur moi cette malédiction-là, mon enfant ; obéis seulement à mes ordres, pars et apporte-moi ce que j’ai demandé. Il partit donc, et il apporta les deux chevreaux à sa mère, et celle-ci prépara le mets qu’aimait son père. Ensuite, Rébécca ayant pris la belle robe d’Ésaü son fils aîné, qu’elle- même gardait en la maison, elle en revêtit Jacob, son plus jeune fils. Elle entoura de la peau des chevreaux ses avant-bras et les parties nues de son cou ; Elle remit dans les mains de son fils Jacob les pains et le mets qu’elle avait préparé. Puis, il les porta à son père, et il dit : Père ; celui-ci répondit : Me voici ; qui es-tu, enfant ? Jacob reprit : Je suis Ésaü ton premier-né544 ; j’ai fait ce que tu m’as dit : lève-toi donc, mets-toi sur ton séant, mange de mon gibier, et que ton âme me bénisse. Isaac dit à son fils : Comment donc en as-tu trouvé si vite, ô enfant ? Et il répondit : C’est le Seigneur ton Dieu qui l’a procuré et amené devant moi. Isaac dit à Jacob : ‘Viens près de moi, que je te touche, enfant, pour connaître si tu es ou non mon fils Ésaü. Jacob s’approcha d’Isaac son père ; et celui-ci le toucha et il dit : D’une part la voix de Jacob, d’autre part les mains d’Ésaü ! Et il ne reconnut pas Jacob, car les mains de Jacob étaient velues comme les mains d’Ésaü, son frère ; et il le bénit. Et il dit : Tu es mon fils Ésaü ; et Jacob dit : je le suis. Sers-moi, dit Isaac, et je mangerai de ton gibier, afin que mon âme te bénisse. Son fils le servit aussitôt, et il mangea ; il lui apporta du vin, et il but. Et Isaac dit : Approche, enfant, et embrasse-moi. Et s’étant approché, il l’embrassa ; son père sentit le parfum de ses vêtements, et il le bénit en disant: Voilà que le parfum de mon fils est comme le parfum d’un champ couvert de fleurs que le Seigneur a béni. Que le Seigneur te fasse part de la rosée du ciel et de la graisse de la terre, qu’il te donne abondance de pain et de vin. Que les nations te soient soumises, et que les princes se prosternent devant toi ; sois le seigneur de ton frère, et que les fils de ton père se prosternent à tes pieds, maudit soit celui qui te maudira, béni celui qui te bénira. Or, ceci arriva : comme Isaac cessait de bénir Jacob son fils, au moment même où celui-ci s’éloignait de la face d’lsaac son père, Ésaü son frère revint de la chasse. Il prépara pareillement le mets, le porta à son père, et lui dit : Père, lève-toi, et mange du gibier de ton fils, afin que ton âme me bénisse. Isaac lui dit alors : Qui es-tu ? Je suis, répondit-il, ton fils premier-né, Ésaü. Isaac fut saisi d’une très grande stupeur et il dit : Qui donc est celui qui, ayant chassé, m’a apporté de son gibier, et m’a fait manger avant que tu sois revenu ? Je l’ai béni, et il sera béni. Or, Ésaü, ayant ouï ces paroles, jeta un grand cri plein d’amertume, et il dit : Bénis-moi donc aussi, père. Isaac répondit : Ton frère est venu, employant la ruse, et a pris ta bénédiction. Sur quoi Ésaü s’écria : C’est justement qu’il a reçu le nom de Jacob, car il m’a supplanté encore cette fois. Il m’avait d’abord pris mon droit d’aînesse, et maintenant il vient de prendre ma bénédiction. Et s’adressant à Isaac, il ajouta : Père, n’as-tu point réservé une bénédiction pour moi ? Isaac lui répondit : Je l’ai fait ton seigneur, j’ai fait ses serviteurs tous ses frères, je l’ai affermi par le pain et le vin, que puis-je encore pour toi, enfant ? Et Ésaü dit à son père : N’as-tu qu’une seule bénédiction, père ? Bénis-moi donc aussi, père. Et Isaac étant troublé, Ésaü jeta un grand cri et pleura. Isaac reprit: C’est la graisse de la terre qui sera ton partage avec la rosée du ciel. Tu vivras, de ton glaive, et tu seras soumis à ton frère, jusqu’à ce que tu ôtes et délies son joug de ton cou. Or, Ésaü était profondément irrité contre Jacob à cause de la bénédiction que lui avait donnée son père ; et Ésaü dit en sa pensée : Viennent les jours du deuil de mon père, et je tuerai mon frère Jacob. Ces paroles d’Ésaü furent rapportées à Rébécca ; elle envoya chercher Jacob, son plus jeune fils, et elle lui dit : Ton frère Ésaü menace de te tuer.
Proverbes XIX, 16-25
Garder les commandements, c’est sauver son âme ; se négliger en sa voie, c’est courir à sa perte. Celui qui est miséricordieux envers les pauvres prête à usure au Seigneur ; Dieu le rétribuera selon ce qu’il aura donné. Corrige ton fils ; c’est ainsi qu’il sera ton espérance. Ne sois pas exalté en ton âme jusqu’à l’orgueil. L’homme malveillant sera puni sévèrement s’il nuit à autrui, il nuit aussi à son âme. Écoute, ô mon fils, les instructions de ton père pour être sage jusqu’à ta dernière heure. De nombreuses pensées roulent dans le cœur de l’homme ; le conseil du Seigneur demeure dans tous les siècles. La miséricorde est un fruit pour l’homme ; mieux vaut un mendiant juste qu’un riche trompeur. La crainte du Seigneur est la vie de l’homme ; celui qui n’a pas cette crainte habitera des lieux où la doctrine est inconnue. Celui qui cache ses mains sous son manteau, avec de mauvais desseins, n’aura garde de les porter à sa bouche. Les coups qui le flagellent rendent l’insensé plus réfléchi, mais si l’on reprend le sage, il comprend aussitôt la réprimande.