Saint Isaac, abbé en Dalmatie, confesseur (406) ; saint Maugille, ermite en Picardie (vers 685); saint Hubert, évêque de Tongres et Maastricht (727) ; saint hiéromartyr Basile de Smolensk, prêtre (1942).
SAINT ISAAC DE DALMATIE
Notre saint Père Isaac était un ermite syrien, qui vivait dans le désert au temps de la persécution menée par l’empereur Valens (364-379) contre les orthodoxes. En 378, alors que ce dernier se préparait à partir en campagne contre les Goths qui, rassemblés en masse sur les rives du Danube, menaçaient Constantinople, saint Isaac, répondant à une motion divine, se présenta devant l’empereur et lui dit : « Majesté, ordonne de rouvrir les églises, et tu rentreras victorieux. » Mais le souverain se détourna dédaigneusement de lui. Le lendemain, l’homme de Dieu se tint de nouveau devant lui et lui réitéra sa demande, mais Valens passa outre. Le troisième jour, Isaac lui barra la route et, agrippant la bride de son cheval, il ne cessa de lui répéter sa requête, tantôt sous forme de supplication, tantôt sur un ton de reproche. Lorsqu’ils parvinrent à une gorge profonde, pleine de ronces, l’empereur excédé donna l’ordre à ses gardes d’y précipiter le saint. Par la grâce de Dieu, Isaac tomba au milieu des ronces comme sur un lit douillet, et deux jeunes gens, radieux et vêtus de blanc, l’en tirèrent sans retard et le transportèrent, sain et sauf, à Constantinople, au milieu de l’agora, devant l’empereur qui venait d’y arriver. Stupéfait, Valens demanda s’il était bien celui qu’il avait fait jeter dans le ravin. Le saint lui répliqua : « Ouvre les églises, et tu reviendras dans la joie. Si tu n’agis pas ainsi, sache qu’après avoir eu la vie sauve en fuyant, tu périras, brûlé par tes ennemis, dans un tas de paille. » Ébranlé par cette révélation, l’empereur n’en resta pas moins entêté, et il chargea deux sénateurs, Satornique et Victor, d’assurer la garde d’Isaac, jusqu’à son retour.
La bataille, livrée près d’Andrinople le 9 août 378, tourna à la déroute pour les troupes impériales. Valens parvint à sortir de la mêlée et alla se cacher, avec son aide de camp, dans un tas de paille. Les barbares qui le pourchassaient l’y découvrirent et y mirent le feu, et c’est ainsi que le tyran périt misérablement, réalisant la prophétie de saint Isaac. Au retour des troupes qui avaient pu échapper au carnage, certains, voulant éprouver Isaac, lui dirent : « Prépares-toi à rendre compte de ta conduite, car l’empereur est de retour. » Mais le saint leur répondit : « Voilà plus de sept jours que l’odeur de ses ossements calcinés m’est parvenue. »
Lorsque Théodose le Grand prit le pouvoir, informé des événements et du rôle joué par le saint moine, il lui rendit la liberté, et proclama sans retard un édit restituant aux orthodoxes l’usage de leurs églises, après quarante ans d’interruption. Isaac déclara que, sa mission étant achevée, il n’avait plus qu’à retourner dans son désert de Syrie. Mais Satornique et Victor le supplièrent avec larmes de rester en ville pour y rétablir la vie monastique, délaissée pendant la persécution arienne. Il finit par céder, à la condition qu’ils lui construisent une cellule, dans un endroit calme et retiré, où il pourrait finir ses jours dans l’hésychia. Les deux sénateurs, devenus ses fils spirituels, rivalisèrent de zèle dans leurs propositions, et il porta finalement son choix sur une petite propriété, offerte par Satornique, située hors de l’enceinte d’alors, dans le quartier de Psamathia (Samatya), près de la porte de Xérolophos. Il s’y installa dans une modeste cellule et commença à y mener la vie angélique d’un anachorète. Chaque matin les deux sénateurs allaient prendre sa bénédiction avant de vaquer à leurs affaires, et un nombre croissant d’hommes pieux venaient lui rendre visite, pour s’entretenir avec lui sur la vraie foi et sur la vie spirituelle. L’empereur Théodose lui-même se rendait fréquemment auprès de l’ermite, afin de recevoir ses conseils et de lui demander d’intercéder auprès de Dieu pour lui et pour l’Empire. Beaucoup de chrétiens l’invitaient chez eux, et, rejetant tout esprit de vaine gloire, le saint sortait parfois pour les visiter.
Des disciples se joignirent peu à peu à lui et l’endroit devint le premier monastère de Constantinople (382). D’autres communautés monastiques, comptant jusqu’à cent cinquante moines, se constituèrent sous son influence, aussi bien à l’intérieur de la ville qu’aux environs, en particulier celle de saint Hypatios, au monastère des Rufinianes [17 juin]. Saint Isaac les visitait tous régulièrement pour entretenir leur zèle spirituel. Bien qu’il n’eût aucune autorité officielle, il était honoré comme un père par tous les moines de la capitale. Par ailleurs, quand il apprenait que des gens manquaient du nécessaire, s’il n’avait rien à leur donner lui-même, il en informait les chrétiens aisés, et ceux-ci leur faisaient parvenir des vivres et des vêtements. Saint Isaac présidait donc, en ce temps-là, non seulement à l’enseignement de la foi et de la vie spirituelle, mais aussi à la charité et aux œuvres de bienfaisance.
Lorsque saint Jean Chrysostome accéda au siège épiscopal de Constantinople (398), constatant qu’un grand nombre de moines circulaient en ville et se rendaient dans les maisons privées, il prit des mesures contre ces abus et leur ordonna de rester dans leurs monastères. Il entreprit aussi de réorganiser les œuvres de charité, en particulier par la fondation d’un grand hôpital, dont il désigna lui-même les responsables. Ces mesures pastorales nécessaires portèrent ombrage à l’activité de saint Isaac et à une grande partie des moines qui se sentirent délaissés. L’archevêque d’Alexandrie, Théophile, s’empressa d’exploiter habilement ce différend et, lorsqu’il arriva à Constantinople, en vue de retourner contre saint Chrysostome les accusations dirigées contre lui, il attira à son parti Isaac et ses moines. C’est ainsi que le vieil ascète prit malheureusement une part active au synode du Chêne, parmi les accusateurs de saint Jean (403). Celui-ci fut alors déposé et condamné à l’exil. Mais cette condamnation suscita de telles réactions que le saint évêque fut bientôt rappelé sur son siège, hélas pour peu de temps.
Saint Isaac ne s’immisça plus dans les affaires ecclésiastiques, et passa ses derniers jours, paisiblement, dans son monastère. Ayant été averti par Dieu de son prochain départ de cette vie, il rassembla ses disciples, leur recommanda de rester fermes dans la vraie foi et désigna Dalmate pour lui succéder, puis il remit son âme à Dieu (406). Il fut pleuré par le peuple tout entier, l’empereur en tête. Après une cérémonie dans la cathédrale, présidée par le patriarche, on organisa un cortège pour aller l’inhumer dans son monastère. Mais Aurélien, un des grands personnages de la cour, qui était un fervent admirateur du saint, posta un fort détachement de soldats sur le chemin. Ceux-ci s’emparèrent de la précieuse dépouille et allèrent la déposer dans la crypte d’une église érigée par Aurélien en l’honneur de saint Étienne, tandis que, contraints de se soumettre à ce pieux coup de force, les moines rentraient à leur monastère, privés de la consolation des reliques de leur père spirituel.
(Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras)
TROPAIRES ET KONDAKIA DU JOUR
Tropaire de la Mi-Pentecôte, ton 8
Au milieu de la fête, abreuve mon âme assoiffée des eaux de la piété, car, ô Sauveur, Tu as clamé à tous : Celui qui a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive. Source de notre vie, ô Christ Dieu, gloire à toi.
Tropaire de saint Isaac, ton 8
Par les flots de tes larmes tu as fait fleurir le désert stérile, * par tes profonds gémissements tu fis produire à tes peines cent fois plus, * par tes miracles étonnants tu devins un phare éclairant le monde entier; * vénérable Père Isaac, prie le Christ notre Dieu * de sauver nos âmes.
Kondakion de saint Isaac, ton 8
Toi le fidèle serviteur de Dieu, * enflammé de zèle pour l’Église du Christ, * lorsque les temples des orthodoxes étaient fermés par ordre de Valens, * tu saisis les rênes de son cheval et prophétiquement * tu prédis sa défaite et sa mort par le feu; * vénérable Père Isaac, intercède pour nous * qui célébrons ta mémoire sacrée.
Kondakion de la Mi-Pentecôte, ton 4
Au milieu de la fête prescrite par la loi, Créateur et Maître de toutes choses, Tu as dit à ceux qui se tenaient auprès de toi : Venez puiser l’eau de l’immortalité. Aussi nous prosternons-nous devant toi et disons-nous avec foi : Accorde-nous ta compassion, ô Christ Dieu, car Tu es la source de notre vie.
ÉPITRE DU JOUR
Actes X, 34-43
Alors Pierre, ouvrant la bouche, dit : En vérité, je reconnais que Dieu ne fait point acception de personnes, mais qu’en toute nation celui qui le craint et qui pratique la justice lui est agréable. Il a envoyé la parole aux fils d’Israël, en leur annonçant la paix par Jésus Christ, qui est le Seigneur de tous. Vous savez ce qui est arrivé dans toute la Judée, après avoir commencé en Galilée, à la suite du baptême que Jean a prêché ; vous savez comment Dieu a oint du Saint Esprit et de force Jésus de Nazareth, qui allait de lieu en lieu faisant du bien et guérissant tous ceux qui étaient sous l’empire du diable, car Dieu était avec lui. Nous sommes témoins de tout ce qu’il a fait dans le pays des Juifs et à Jérusalem. Ils l’ont tué, en le pendant au bois. Dieu l’a ressuscité le troisième jour, et il a permis qu’il apparût, non à tout le peuple, mais aux témoins choisis d’avance par Dieu, à nous qui avons mangé et bu avec lui, après qu’il fut ressuscité des morts. Et Jésus nous a ordonné de prêcher au peuple et d’attester que c’est lui qui a été établi par Dieu juge des vivants et des morts. Tous les prophètes rendent de lui le témoignage que quiconque croit en lui reçoit par son nom le pardon des péchés.
ÉVANGILE DU JOUR
Jn VIII, 12-20
Jésus leur parla de nouveau, et dit: Je suis la lumière du monde; celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie. Là-dessus, les pharisiens lui dirent: Tu rends témoignage de toi-même; ton témoignage n’est pas vrai. Jésus leur répondit: Quoique je rende témoignage de moi-même, mon témoignage est vrai, car je sais d’où je suis venu et où je vais; mais vous, vous ne savez d’où je viens ni où je vais. Vous jugez selon la chair; moi, je ne juge personne. Et si je juge, mon jugement est vrai, car je ne suis pas seul; mais le Père qui m’a envoyé est avec moi. Il est écrit dans votre loi que le témoignage de deux hommes est vrai; je rends témoignage de moi-même, et le Père qui m’a envoyé rend témoignage de moi. Ils lui dirent donc: Où est ton Père? Jésus répondit: Vous ne connaissez ni moi, ni mon Père. Si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père. Jésus dit ces paroles, enseignant dans le temple, au lieu où était le trésor; et personne ne le saisit, parce que son heure n’était pas encore venue.